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lation de l'offrir à madame L. Cette espérance ne se réalisa point, et le projet qui suivit, celui de chercher ailleurs une place dont le salaire appartiendrait tout entier à la veuve et à sa fille, devait échouer également, la pauvre domestique s'étant brisé le pied lorsqu'elle se préparait à ce dernier sacrifice. Forcée de garder le lit pendant quarante jours, elle s'afflige, elle pleure, beaucoup moins occupée de ses souffrances que de la pensée d'être une charge pour celles dont l'état maladif et le dénûment ne laissent à son cœur aucun repos. La voilà guérie ou à peu près; mais elle est infirme, et ce n'est qu'en posant un genou sur une chaise et à l'appui d'un bâton qu'elle se traîne dans la chambre pour reprendre son travail ordinaire, et épargner à sa maîtresse quelques fatigues. — Peu à peu, elle marcha avec moins de difficulté, et, un jour, elle trouva dans la ville un ménage à faire, ce qui lui permit d'apporter chaque mois à madame L. une pièce d'argent. Avec cette pièce un repas par jour lui est assuré, et c'est pour elle une cause de chagrin, quand le pain manque au logis, d'avoir un bon repas qu'elle ne peut céder, ou partager du moins avec la veuve et la fille de l'horloger. Jeanne aura 59 ans le 15 décembre prochain, et les fatigues, les soucis, les privations l'ont tellement vieillie qu'on la croirait septuagénaire. Elle a perdu un œil, l'autre est affaibli, ce qui ne l'empêche pas de faire du tricot avec madame L., travail si peu rétribué, et qui ne peut suffire à leur procurer seulement le pain nécessaire à leur existence.

Nous croyons avoir raconté une vie méritoire et touchante, et nous désirons vivement que les derniers jours de cette vie soient un peu adoucis par les libéralités de l'Académie française. Il nous a semblé que si l'Académie récompensait fréquemment le dévouement, l'abnégation de quelques années pénibles après de longues années heureuses passées au service d'un maître, elle ne verrait pas avec un intérêt moins grand, ce choix de la pauvreté fait dans la jeunesse ; cette affection qui commence dans les épreuves et se fortifie de plus en plus par quarante années de constance dans le sacrifice.

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LE COLLECTIONNEUR BRETON, Recueil historique, archéologique et littéraire. Tomes I et II. Nantes, bureaux de la Revue de Bretagne

et de Vendée, 1862-1863.

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Nous avons déjà eu occasion de parler à nos lecteurs du Collectionneur breton, au moment où cet utile et modeste recueil fit son apparition dans le monde. Le Collectionneur, ayant publié ses douze fascicules annuels, se présente à nous sous la nouvelle forme de deux jolis volumes; car il est très-clair qu'un recueil de cette nature n'offre pas moins d'intérêt et ne doit pas avoir moins de succès à une époque plus ou moins éloignée de sa publication première; son but principal est non-seulement de réunir, mais encore de conserver les travaux utiles disséminés dans les feuilles périodiques de Bretagne, ne sint ludibria ventis, comme le dit excellemment sa devise. Les éditeurs ont donc eu raison de penser qu'à leurs abonnés viendraient journellement se joindre des acheteurs attardés, et de réunir en deux volumes annuels les douze cahiers qu'ils impriment chaque mois.

Il est facile, en parcourant ces deux volumes, d'apprécier le mérite et l'utilité de cette publication, et nous ne saurions mieux faire que de relever, au hasard, quelques-uns des principaux articles indiqués dans la table méthodique qui termine chaque volume.

I. Histoire et archéologie. Vitré (A. de la Borderie).

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(J de Penguern). Les compagnons de Jacques Cartier (Ch. Cunat).
Nantes (Eug. de la Gournerie). Saint-Jean-du-Doigt (Pol de
Courcy). Le château de Quimper (A. de Blois). -Saint-Guenrat
(S. Ropartz). La Bourse de Saint-Brieuc (A. de Barthélemy).
Les Fréron et les Royou (Du Chatellier). Tumulus de Penmarc'h
(A. de Blois). Église et château de Callac (l'abbé Daniel).

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Entrée de Charles IX à

II. Bibliographie.-Le Dictionnaire d'Ogée, le Combat des Trente de M. de Courcy. La monarchie française au XVIIIe siècle de

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M. de Carné.

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Poèmes et Chants marins de M. de la Landelle.
Saint-Malo illustré par ses marins de

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Euvres de Le Gonidec. M. Cunat. Origines de Vannes de M. Lallemand. Vies des saints de Bretagne de M. de la Rallaye. -Annuaire de Bretagne de M. de la Borderie. - Merlin de M. de la Villemarqué, etc.

III. Biographie. - Pondaven. - Penguern. Ch. Cunat. Brunet de Baines. L'abbé Tresvaux. Mlle de la Fruglaye.

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Mer Pellerin. Mme de Marigny. M. Jourjon, etc.

Puis des poésies, des récits légendaires, des critiques d'art breton, etc.

On le voit, il est impossible de méconnaître l'intérêt de ce recueil. Il est aussi impossible de nier le goût sûr et impartial qui le dirige. Tous ceux qui s'occupent de l'histoire et des antiquités de notre pays trouvent là des documents rares et précieux, qui leur échappaient jusqu'à présent, soit parce que la publicité restreinte des feuilles locales ne les faisait pas arriver jusqu'à eux, soit parce que l'on songe rarement à recueillir et à conserver les feuilles d'un vieux journal. Le Collectionneur est le frère cadet de la Revue de Bretagne et de Vendée, il est né du même esprit, de la même pensée. Nos fidèles lecteurs trouveront dans le Collectionneur des travaux excellents publiés dans les divers journaux, avant que la Revue de Bretagne devînt en quelque sorte l'organe central de l'école catholique en Bretagne, par les écrivains dont ils apprécient le plus le talent sympathique. A ce point de vue, le Collectionneur complète la Revue et doit trouver place à côté d'elle dans la bibliothèque de tous nos amis.

LOUIS DE KERJEAN.

LE POLE ET L'ÉQUATEUR, Etudes sur les dernières explorations du globe, par Lucien Dubois, membre des sociétés géographiques de Paris et de Berlin. Un vol. grand in-18. Paris, Charles Douniol, éditeur, rue de Tournon. 1863.

Il n'y a guère de lecture plus attrayante que les récits des voyages lointains. Cet attrait se double par une comparaison égoïste: on sent mieux la douceur d'un foyer confortable, quand l'imagi

nation frissonne au milieu des glaces du pôle; on apprécie mieux la fraîcheur de son jardin, quand la pensée traverse haletante les déserts brûlants de l'équateur. Il faut bien le dire, cet attrait est tel, qu'il fait passer par dessus bien des insuffisances littéraires. On oublie les négligences, les redites, les longueurs d'un journal écrit à la hâte par le voyageur lui-même ; bien mieux, on pardonne leur style à ces littérateurs de troisième ordre qui, depuis la colossale encyclopédie patronnée par La Harpe, semblent avoir le monopole de traduire et d'abréger, en les déflorant, les récits originaux des aventuriers de toutes les nations.

Or, le livre dont nous transcrivons le titre en tête de cette notice, a tout l'intérêt de son sujet, et, de plus, il est écrit par un véritable savant et un véritable écrivain. C'est le résumé, rapide, substantiel, complet, des travaux volumineux des voyageurs modernes les plus célèbres. Le plan de ce résumé est excellent. L'auteur commence par établir clairement et nettement le point où s'arrêtaient nos connaissances géographiques avant les récentes découvertes, qu'il va raconter. On voit ainsi quelle lacune a été comblée et quelle était la portée et l'utilité de l'entreprise. Par les difficultés, les obstacles, les dangers, on peut apprécier le courage de la tentative et la gloire de la réussite. L'auteur montre ensuite quel profit les diverses sciences peuvent retirer des résultats acquis par chaque exploration, et termine en indiquant ce qui reste encore problématique et incertain.

L'ouvrage est divisé en trois parties distinctes. La première est consacrée aux émouvantes péripéties des voyages au pôle, entrepris dans le but de découvrir les traces de l'expédition de Franklin, et qui amenèrent Kane jusqu'aux mystérieuses régions de la mer libre. La troisième retrace les voyages non moins extraordinaires que Barth et ses émules ont exécutés à travers le centre de l'Afrique, et à ce propos l'auteur consacre des pages pleines de science et de faits à l'ethnologie et à la linguistique comparées, et vient proclamer, une fois de plus, l'unité de l'espèce humaine et la fraternité originelle des diverses races qui la composent; c'est ainsi qu'il justifie le titre même de son livre : Le Pôle et l'Equateur.

Dans la seconde partie, lien des deux autres, on trouve une étude très-curieuse et très-intéressante des doctrines du météorologiste américain Maury. « Interrogeant successivement l'atmosphère et l'océan dans leurs mystérieuses profondeurs, et décrivant le double système circulatoire qui fait de notre globe un organisme vivant, nous avons essayé, dit M. Dubois, de faire ressortir, par des preuves nouvelles, la merveilleuse sagesse qui préside à l'économie des mondes. D

Tel est ce livre, animé partout du souffle élevé d'une science profondément chrétienne. L'auteur dit quelque part : « Le temps n'est plus où la géographie n'était qu'une sèche nomenclature de montagnes, de fleuves, de royaumes ou de villes. » Si le temps est venu, où les géographes écriront souvent des livres comme celui de M. Lucien Dubois, j'en félicite de tout mon cœur les écoliers de l'avenir.

S. ROPARTZ.

CONFIRMATION DU CULTE DE LA BIENHEUREUSE FRANÇOISE D'AMBOISE.

Nous publions, d'après la Correspondance de Rome, la traduction française du décret de la Sainte-Congrégation des Rites sur la confirmation du culte décerné de temps immémorial à Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne, religieuse carmélite, appelée Bienheureuse.

<< FRANÇOISE D'AMBOISE, duchesse, naquit l'an de la Rédemption 1427, du mariage de Louis d'Amboise, vicomte de Thouars, et de Marie de Rieux, de l'illustre maison de Bretagne. Favorisée des plus douces bénédictions divines, elle répandit sur son enfance et sur sa jeunesse la bonne odeur de ses vertus. A l'âge de quinze ans, Françoise épousa Pierre, un des fils de Jean V, duc de Bretagne. Pierre, rempli d'admiration pour la piété de son épouse, l'aimait trèstendrement. Il advint néanmoins que par l'œuvre du perfide enne mi

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