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Représentez-vous une ville couverte de ténèbres, tout ardente d'un feu de soufre et de poix qui exhale une horrible vapeur, et pleine d'habitants désespérés qui ne peuvent ni en sortir ni y mourir.

CONSIDÉRATIONS

1. Les damnés sont dans l'abîme infernal, comme les citoyens infortunés dans cette affreuse ville : ils y souffrent dans tous leurs sens et dans tout leur corps des tourments qu'on ne peut expliquer; car, comme ils ont employé à pécher tout ce qui était en eux, ils endureront aussi dans tout ce qu'ils sont les peines dues au péché. Ainsi les yeux souffriront, pour leurs regards criminels, la vue des démons sous mille formes hideuses, et la vue de tout l'enfer. L'on n'entendra que lamentations, désespoirs, blasphèmes, discours diaboliques; ce qui sera un tourment spécial pour punir les péchés commis par les sens de l'ouïe; et il faut dire la même chose des autres.

2o Outre tous ces tourments, il y en a un beaucoup plus grand : c'est la privation et la perte de la gloire de Dieu, qu'ils ne verront jamais. Quelque douce que fût la vie d'Absalon dans Jérusalem, il protesta que le malheur de ne pas voir son cher père depuis deux ans lui était plus intolérable que n'avaient été pour lui toutes les peines de l'exil. O mon Dieu, quelle peine sera-ce donc et quel regret d'être éternellement privé de votre vue et de votre amour?

3o Considérez surtout l'éternité, qui toute seule rend l'enfer insupportable. Hélas! si la piqûre d'un insecte, si la chaleur d'une petite fièvre nous rend une courte nuit fort longue et fort ennuyeuse, que serace donc de l'épouvantable nuit de l'enfer, où l'éternité est jointe à l'excès de la douleur? Et de cette éternité naissent le désespoir éternel, des blasphèmes exécrables, et des rages infinies.

AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS

Jetez la frayeur dans votre âme par ces paroles du prophète Isaïe: O mon âme, pourrais - tu vivre

éternellement au milieu de ce feu dévorant, et habiter avec les ardeurs éternelles? Veux-tu bien quitter ton Dieu pour jamais?

Confessez que vous avez mérité ces horribles châtiments mais combien de fois? Oh! désormais je veux prendre le bon parti, et marcher par une autre voie. Pourquoi me précipiter dans cet abîme de misères ?

Je ferai donc tel effort pour éviter le péché, qui seul peut me donner cette mort éternelle.

CONCLUSION

Remerciez, etc. Offrez, etc. Priez, etc. Pater,

Are.

CHAPITRE XVI

Huitième méditation.

Du paradis.

PRÉPARATION

1 Mettez-vous en la présence de Dieu.
2o Faites l'invocation ordinaire.

CONSIDÉRATIONS

1° Représentez-vous une nuit sereine et tranquille, et pensez combien il est doux de voir le ciel tout brillant de la lumière de tant d'étoiles. Ajoutez à cette charmante beauté les délices d'un agréable jour, où la lumière la plus vive du soleil ne vous déroberait point la vue de la lune et des étoiles, et puis dites-vous à vous-même que tout cela mis ensemble n'est rien absolument en comparaison de la beauté et de la gloire du paradis. Oh! que ce séjour si charmant mérite bien nos désirs! O sainte cité de Dieu, que vous êtes glorieuse et aimable !

2 Considérez la noblesse, la beauté, les richesses, et toute l'excellence de la sainte société de ceux qui

y vivent ces millions d'Anges, de Chérubins et de Séraphins; ces troupes innombrables d'apôtres et de martyrs, de confesscurs et de vierges, et tant d'autres saints et saintes. O la bienheureuse union que celle des saints dans la gloire de Dieu! Le moindre de tous est mille fois plus beau à voir que le monde tout entier que sera-ce de les voir tous? Mon Dieu ! qu'ils sont heureux ! ils chantent perpétuellement le doux cantique de l'amour éternel; ils jouissent d'une constante allégresse; ils se donnent les uns aux autres mille sujets de joie, et vivent dans les consolations ineffables d'une heureuse et indissoluble société.

3 Considérez enfin l'excellence de leur beatitude dans le bonheur de voir Dieu, qui les honore et les gratifie pour jamais de ce regard aimable et fécond en mille biens, par lequel il répand en même temps toutes les lumières de la sagesse dans leur esprit et toutes les délices de son amour dans leur volonté. Quel bonheur d'être intimement et éternellement uni à Dieu par de si précieux liens ! C'est là qu'environnés et pénétrés de la Divinité, comme les oiseaux le sont de l'air, ils sont toujours et uniquement occupés de leur Créateur, par un exercice perpétuel d'adoration, d'amour et de louange, sans ennui et avec un plaisir ineffable. Soyez donc, disent-ils, éternellement béni, ô souverain et infiniment aimable Créateur, qui vous glorifiez en nous avec tant de bonté par la communion de votre gloire. Et en même temps Dieu leur fait toujours entendre cette parole béatifique : Soyez bénis d'une bénédiction éternelle, mes chères créatures, qui m'avez servi avec fidélité et qui louerez à jamais votre Seigneur dans l'union de son amour.

AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS

1 Abandonnez votre esprit à l'admiration de votre céleste patrie. Oh! que vous êtes belle, riche et magnifique, ma chère Jérusalem ! et que bienheureux sont vos habitants !

2° Reprochez à votre cœur la lâcheté qui l'a dé

tourné des voies du ciel. Pourquoi donc ai-je fui de la sorte mon souverain bonheur? Ah! misérable que je suis j'ai mille fois renoncé à ses infinies et éternelles délices, pour chercher des plaisirs superficiels, passagers et mêlés de beaucoup d'amertumes. Où était mon esprit, quand j'ai méprisé ainsi des biens si solides et si désirables, pour des plaisirs si vains et si dignes de mépris?

3 Ranimez cependant votre espérance, et aspirez de toute votre force à ce séjour si délicieux. O mon aimable et souverain Seigneur, puisqu'il vous a plu de me faire entrer dans les voies du ciel, il ne m'arrivera jamais de m'en écarter, ni de m'y arrêter, ni de retourner sur mes pas. Allons, ma chère âme, quelque fatigue qu'il nous en coûte, allons à ce séjour du repos éternel, marchons et avançons toujours vers cette terre bénie qui nous est promise: que faisons-nous en Egypte ?

Je me priverai donc de telles et telles choses qui me détournent de mon chemin, ou qui m'y arrêtent. Je ferai donc celles-ci et celles-là, qui peuvent servir à m'y conduire.

CONCLUSION.

Remerciez, etc. Offrez, etc. Priez, etc. Pater,

Ave.

CHAPITRE XVII

Yeuvième méditation. Du choix du paradis.

PRÉPARATION

Mettez-vous en la présence de Dieu.
Humiliez-vous et priez-le qu'il vous inspire.

CONSIDÉRATIONS

Imaginez-vous que vous êtes dans une vaste pagne avec votre Ange gardien, à peu près comme

le jeune Tobie dans son voyage avec le saint Archange Raphaël; que, vous ouvrant le ciel, il vous en fait voir toute la beauté et toute la gloire ; qu'en même temps il vous fait paraître l'enfer ouvert à vos pieds.

2° Cette supposition étant ainsi faite et vous tenant à genoux, comme en la présence de votre bon Ange, considérez que véritablement vous êtes en cette vie entre le paradis et l'enfer, et que l'un et l'autre sont ouverts pour vous recevoir, selon le choix que vous ferez. Mais considérez bien que ce choix, qu'on peut faire en cette vie, subsiste éternellement en l'autre. 3° Quoique le choix que vous ferez doive régler la conduite de Dieu sur vous, conduite de miséricorde pour vous recevoir dans le ciel, ou de justice pour vous précipiter dans l'enfer, cependant il est certain que, du propre mouvement de sa bonté, il veut trèssincèrement que vous choisissiez l'éternité bienheureuse, et que votre bon Ange vous y porte de tout son pouvoir, en vous présentant de la part de Dieu tous les moyens qui sont absolument nécessaires pour la mériter.

4 Ecoutez intérieurement et attentivement toutes les voix qui viennent du ciel pour vous y inviter. Venez, dit Jésus-Christ, ô ma chère âme, que j'ai plus aimée que mon sang. Je vous tends les bras pour vous recevoir dans le séjour des délices immortelles de mon amour. Venez, dit la sainte Vierge; ne méprisez pas la voix et le sang de mon fils, ni les désirs que j'ai de votre salut, et les prières que je lui présente pour vous en obtenir les grâces. Venez, vous disent les saints et les saintes, qui désirent l'union de votre cœur avec le leur pour louer Dien éternellement ; venez, le chemin du ciel n'est pas si difficile que le monde pense. Nous l'avons parcouru, et vous nous voyez au terme; entrez-y seulement avec courage; vous verrez que, par une voie incomparablement plus douce et plus heureuse que celle du monde, nous sommes parvenus au comble de la gloire et de la félicité.

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