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basses affectations qu'il trouvera condamnées dans tous les bons auteurs, s'il se mêle jamais de les lire?

Toutes ces critiques sont le partage de quatre ou cinq petits auteurs infortunés, qui n'ont jamais pu par eux-mêmes exciter la curiosité du public. Ils attendent toujours l'occasion de quelque ouvrage qui réussisse, pour l'attaquer; non point par jalousie, car sur quel fondement seraient-ils jaloux ? mais dans l'espérance qu'on se donnera la peine de lenr répondre, et qu'on les tirera de l'obscurité où leurs propres ouvrages les auraient laissés toute leur vie.

ACTEURS.

TITUS, empereur de Rome.
BÉRÉNICE, reine de Palestine.
ANTIOCHUS, roi de Comagène.

PAULIN, confident de Titus.
ARSACE, confident d'Antiochus.

PHÉNICE, confidente de Bérénice.

RUTILE, Romain.

SUITE de Titus.

La scène est à Rome, dans un cabinet qui est entre l'appartement de Titus et celui de Bérénice.

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TRAGÉDIE.

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

ANTIOCHUS, ARSACE.

ANTIOCHUS.

ARRÊTONS un moment : la pompe de ces lieux,
Je le vois bien, Arsace, est nonvelle à tes yeux.
Souvent ce cabinet, superbe et solitaire,
Des secrets de Titus est le dépositaire:

C'est ici quelquefois qu'il se cache à sa cour,
Lorsqu'il vient à la reine expliquer son amour.
De son appartement cette porte est prochaine,
Et cette autre conduit dans celui de la reine.
Va chez elle: dis-lui qu'importun à regret
J'ose lui demander un entretien secret.

ARSACE.

Vous, seigneur, importun? Vous, cet ami fidèle

Qu'un soin si généreux intéresse pour elle?
Vous, cet Antiochus, son amant autrefois?

Vous, que l'Orient compte entre ses plus grands rois ?
Quoi! déja de Titus épouse en espérance,

Ce rang entre elle et vous met-il tant de distance?

ANTIOCHUS.

Va, dis-je; et, sans vouloir te charger d'autres soins, Vois si je puis bientôt lui parler sans témoins.

SCÈNE II.

ANTIOCHUS.

Hé bien! Antiochus, es-tu toujours le même?
Pourrai-je, sans trembler, lui dire: Je vous aime?
Mais quoi! déja je tremble ; et mon cœur agité
Craint autant ce moment que je l'ai souhaité.
Bérénice autrefois m'ôta toute espérance;
Elle m'imposa même un éternel silence.
Je me suis tû cinq ans ; et, jusques à ce jour,
D'un voile d'amitié j'ai couvert mon amour.
Dois-je croire qu'au rang où Titus la destine
Elle m'écoute mieux que dans la Palestine ?
Il l'épouse. Ai-je donc attendu ce moment
Pour me venir encor déclarer son amant?
Quel fruit me reviendra d'un aveu téméraire ?
Ah! puisqu'il faut partir, partons sans lui déplaire.

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