suivant, les Vendéens, sous la conduite de MM. de la Rochejacquelein et de Beauvollier, pénétrèrent dans l'Indre-et-Loire, tous les parents d'émigrés du district de Chinon furent emprisonnés, sur l'ordre des autorités républicaines; et un peu plus tard, en juillet, croyons-nous, on agit de même dans le reste du département. Il n'y eut d'exception que pour les individus âgés de moins de seize ans ou pouvant justifier d'un certificat de civisme. Quant aux autres, leur détention devait se continuer jusqu'à ce que la Convention nationale eut déclaré que les départements de l'Ouest n'étaient plus en danger; de fait, elle se prolongea pour le plus grand nombre jusqu'à la chute de Robespierre. Trois opinions partageaient notre département en 1793: l'une, formant une petite minorité, représentait le jacobinisme: l'autre, comprenant la grande majorité de la population, rattachait tous ses vœux aux principes constitutionnels de 89, repoussant à la fois la république et les abus des temps féodaux; la troisième, faible quant au nombre de ses adhérents, mais forte de son dévouement, de sa richesse et de ses convictions ardentes, tendait au rétablissement des Bourbons sur le trône, et dans une certaine mesure, à la conservation des anciens priviléges de la noblesse et du clergé. Plus entreprenant que le second parti, qui se contentait de protester par son silence et son inertie, le royalisme brava les menaces et les violences des terroristes. L'organisation redoutable des forces militaires de la République dans le département d'Indre-et-Loire ne lui permettait pas, comme en Vendée, de déployer son drapeau au grand jour; mais pour être secret et circonspect, son concours donné aux insurrections, dans les contrées limitrophes, n'en fut pas moins très-actif et efficace. En mars 1793, lors des premières manifestations insurrectionnelles dans l'Anjou, le bas et le haut Poitou, les royalistes de Touraine, particulièrement ceux qui se trouvaient dans le rayon comprenant Tours, Amboise, Langeais, Azay-le-Rideau, Bourgueil, Château-la-Vallière, Chinon, Richelieu, l'Ile-Bouchard et Ste-Maure, se concertèrent pour aider les Vendéens, soit en leur faisant passer de l'argent, des blés et des munitions, soit en leur servant d'intermédiaire pour leur correspondance avec les émigrés réunis en armes sur nos frontières. A Tours, les principaux agents du parti étaient MM. P..., ancien officier du régiment de Viva rais; M. J..., dont le frère avait un commandement dans l'armée vendéenne; M. S..., qui, par l'entremise de son beau-frère, alors en Angleterre, put faire arriver en Bretagne de forts approvisionnements de poudre et de boulets; le baron de L...; S. O ancien juge dans une ville du midi, et P... qui entretenait directement une correspondance avec les princes exilés, ainsi qu'avec divers chefs vendéens, entre autre M. le marquis de R... et M. le vicomte de S... alliés de sa famille. Dans le district d'Amboise, l'intermédiaire entre les émigrés et l'insurrection était Mme de B..., qui, incarcérée plusieurs fois comme parente d'émigré et suspecte, fut mise en liberté par Tallien. A Chinon et dans les communes voisines, les agents royalistes étaient en très-grand nombre. Ils entravaient la marche de l'administration, et leur influence était telle, qu'ils parvinrent dans le principe à empêcher l'exécution de la loi sur le recrutement. Ce fut à leur sollicitation qu'une partie de l'armée vendéenne tenta une invasion dans le département d'Indre-en-Loire, en 1793. Le 16 mars de cette année, le directoire du district de Chinon, instruit des premiers mouvements de l'insurrection qui menaçait Loudun et Thouars, adopta, de concert avec le Conseil général d'Indre-et-Loire, certaines dispositions, pour s'opposer à la fois à l'entrée des Vendéens dans notre département, et aux tentatives que les royalistes du pays pourraient faire pour les aider dans leur entreprise. Il décida l'envoi du côté de Loudun, de forts détachements de gardes nationales tirées des communes de Chinon, Azay-le-Rideau, l'Ile-Bouchard, St-Epain, SteMaure, Seuilly, Lerné, Marçay et Ligré, et adressa des demandes de secours aux districts. voisins. Aux forces militaires qu'il avait déjà rassemblées, vinrent se joindre cinq cents hommes envoyés par les districts de Preuilly et de Loches, des gardes nationaux de Langeais et d'Amboise, et cent cinquante hommes détachés de la garnison de Tours. Ces renforts réunis et conduits par le nommé Devaulivert, commissaire spécial, désigné à cet effet par le Conseil général d'Indre-et-Loire, furent expédiés du côté de Thouars, dont les Vendéens paraissaient vouloir s'emparer. En même temps, on fit venir un détachement de la légion-germanique récemment organisée par les représentants du peuple Julien (de Toulouse) et Bourbotte, commissaires près l'armée des côtes de la Rochelle. Ce détachement devait tenir garnison à Chinon, où la 1 |