112. Quels sont les signes extérieurs de ces passions. 113. Des actions des yeux et du visage. 114. Des changements de couleur. 115. Comment la joie fait rougir. X 116. Comment la tristesse fait pâlir. 125. Pourquoi il n'accompagne point les plus grandes joies. 126. Quelles sont ses principales causes. 127. Quelle est sa cause en l'indignation. 129. De la façon que les vapeurs se changent en eau. 130. Comment ce qui fait de la douleur à l'œil l'excite à pleurer. 131. Comment on pleure de tristesse. 132. Des gémissements qui accompagnent les larmes. 133. Pourquoi les enfants et les vieillards pleurent aisément. 134. Pourquoi quelques enfants pâlissent au lieu de pleurer. 136. D'où viennent les effets des passions qui sont particulières à certains 137. De l'usage des cinq passions ici expliquées en tant qu'elles se rapportent 138. De leurs défauts et des moyens de les corriger. 139. De l'usage des mêmes passions en tant qu'elles appartiennent à l'âme, et 141. Du désir, de la joie et de la tristesse. 142. De la joie et de l'amour comparés avec la haine et la tristesse. 143. Des mêmes passions en tant qu'elles se rapportent au désir. 144. Des désirs qui ne dépendent que de nous. 145. De ceux qui ne dépendent que des autres choses, et ce que c'est que la 146. De ceux qui dépendent de nous et d'autrui. 147. Des émotions antérieures de l'âme. 148. Que l'exercice de la vertu est un souverain remède contre les passions. TROISIÈME PARTIE. 150. Que ces deux passions ne sont que des espèces d'admirations. 151. Qu'elles sont plus remarquables quand nous les rapportons à nous-mêmes. 153. En quoi consiste la générosité. 154. Qu'elle empêche qu'on ne méprise les autres. 155. En quoi consiste l'humilité vertueuse. 156. Quelles sont les propriétés de la générosité, et comment elle sert de remède 164. De l'usage de ces deux passions. 165. De l'espérance et de la crainte. 168. En quoi cette passion peut être honnête. 169. En quoi elle est blâmable.. 173. Comment la hardiesse dépend de l'espérance. 174. De la lâcheté et de la peur. 179. Pourquoi les plus imparfaits ont coutume d'être les plus moqueurs. 183. Comment elle peut être juste ou injuste. 184. D'où vient que les envieux sont sujets à avoir le teint plombé, 196. Pourquoi elle est quelquefois jointe à la pitié et quelquefois à la moquerie. 197. Qu'elle est souvent accompagnée d'admiration et n'est point incompatible 200. Pourquoi ceux qu'elle fait rougir sont moins à craindre que ceux qu'elle 201. Qu'il y a deux sortes de colère, et que ceux qui ont le plus de bonté sont les 202. Que ce sont les âmes faibles et basses qui se laissent le plus emporter à LES PASSIONS DE L'AME. PREMIÈRE PARTIE. DES PASSIONS EN GÉNÉRAL, ET PAR OCCASION DE TOUTE LA NATURE DE L'HOMME. Art. 1. Que ce qui est passion au regard d'un sujet est toujours action Il n'y a rien en quoi paraisse mieux combien les sciences que nous avons des anciens sont défectueuses qu'en ce qu'ils ont écrit des passions; car bien que ce soit une matière dont la connaissance a toujours été fort recherchée, et qu'elle ne semble pas être des plus difficiles, à cause que chacun les sentant en soi-même on n'a point besoin d'emprunter d'ailleurs aucune observation pour en découvrir la nature, toutefois ce que les anciens en ont enseigné est si peu de chose, et pour la plupart si peu croyable, que je ne puis avoir aucune espérance d'approcher de la vérité qu'en m'éloignant des chemins qu'ils ont suivis. C'est pourquoi je serai obligé d'écrire ici en même façon que si je traitais d'une matière que jamais personne avant moi n'eût touchée et pour commencer je considère que tout ce qui se fait ou qui arrive de nouveau est généralement appelé par les philosophes une passion au regard du sujet auquel il arrive, et une action au regard de celui qui fait qu'il arrive; en sorte que, bien que l'agent et le patient soient souvent fort différents, l'action et la passion ne laissent pas d'être toujours une même chose qui a ces deux noms, à raison des deux divers sujets auxquels on la peut rapporter. Art. 2. Que pour connaître les passions de l'âme il faut distinguer ses fonctions d'avec celles du corps. Puis aussi je considère que nous ne remarquons point qu'il y ait aucun sujet qui agisse plus immédiatement contre notre âme que le corps auquel elle est jointe, et que par conséquent nous devons penser que ce qui est en elle une passion est communément en lui une action; en sorte qu'il n'y a point de meilleur chemin pour venir à la connaissance de nos passions que d'examiner la différence qui est entre l'âme et le corps, afin de connaître auquel des deux on doit attribuer chacune des fonctions qui sont en nous. Art. 3. Quelle règle on doit suivre pour cet effet. A quoi on ne trouvera pas grande difficulté si on prend garde que tout ce que nous expérimentons être en nous, et que nous voyons aussi pouvoir être en des corps tout à fait inanimés, ne doit être attribué qu'à notre corps; et, au contraire, que tout ce qui est en nous, et que nous ne concevons en aucune façon pouvoir appartenir à un corps, doit être attribué à notre âme. Art. 4. Que la chaleur et le mouvement des membres procèdent du corps; les pensées, de l'âme. Ainsi, à cause que nous ne concevons point que le corps pense en aucune façon, nous avons raison de croire que toutes sortes de pensées qui sont en nous appartiennent à l'âme; et à cause que nous ne doutons point qu'il n'y ait des corps inanimés qui se peuvent mouvoir en autant ou plus de diverses façons que les nôtres, et qui ont autant ou plus de chaleur (ce que l'expérience fait voir en la flamme, qui seule a beaucoup plus de chaleur et de mouvement qu'aucun de nos membres), nous devons croire que toute la chaleur et tous les mouvements qui sont en nous, en tant qu'ils ne dépendent point de la pensée, n'appartiennent qu'au corps. Art. 5. Que c'est erreur de croire que l'âme donne le mouvement et la chaleur au corps. Au moyen de quoi nous éviterons une erreur très-considérable en laquelle plusieurs sont tombés, en sorte que j'estime qu'elle est la première cause qui a empêché qu'on n'ait pu bien expliquer jusques ici les passions et les autres choses qui appartiennent à l'âme. Elle consiste en ce que, voyant que tous les corps morts sont privés de chaleur, et ensuite de mouvement, on s'est imaginé que c'était l'absence de l'àme qui faisait cesser ces mouvements et cette chaleur; et ainsi on a cru, sans raison, que notre chaleur naturelle et tous les mouvements de nos corps dépendent de l'âme : au lieu qu'on devait penser au contraire que l'âme ne s'absente lorsqu'on meurt qu'à cause que cette chaleur cesse, et que les organes qui servent à mouvoir le corps se corrompent. |