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On peut raisonnablement supposer que lorsqu'un jeune homme se choisit un état, son instruction préparatoire est finie; c'est-à-dire qu'il possède déjà ce fonds de connaissances élémentaires qui le rend apte à embrasser la carrière qu'il veut parcourir.

Mais l'étude de la diplomatie proprement dite exige la connaissance spéciale :

1° Du droit des gens naturel et du droit public universel, qui renferment les maximes fondamentales de toute jurisprudence positive en matière politique;

2o Du droit des gens positif européen, fondé sur les traités et les usages, lesquels, en modifiant les maximes fondamentales, ont réglé les rapports des nations, soit en paix, soit en guerre;

3o Du droit public des principaux Etats de l'Europe, fondé sur les lois de chaque État;

4 De l'histoire et de ses branches subsidiaires, particulièrement de l'histoire des guerres, des négociations et des traités des derniers siècles, qui servent à

ministère des affaires étrangères. Les principes politiques sur lesquels se fonde ce qu'on nomme le droit public sont la première et, pour ainsi dire, l'unique règle de cette administration pour toutes les affaires où elle est obligée d'aller chercher ses motifs de décision dans le droit civil, dans le droit criminel, dans le droit commercial ou dans l'usage, l'application pratique de leurs dispositions, telle qu'elle est prescrite par les diverses parties de la législation générale, ne peut s'en faire que d'après des règles et dans des formes qui soient parfaitement en accord avec les principes du droit public. Il importe donc aux personnes qui sont attachées aux légations de ne pas rester étrangères à l'étude de ce droit. (Comte d'HAUTERIVE.)

faire connaître la marche et la tendance des cabinets; 5" Des divers systèmes politiques qui peuvent être mis en œuvre, tels que ceux de domination, d'équilibre, de confédération, etc.

6° De l'économie politique, qui enseigne comment les richesses sociales, indépendamment de l'organisation politique, se forment, se distribuent et se consomment;

7° De la géographie et de la statistique des États; 8° De la conduite des négociations, ou, pour mieux dire, de la marche à suivre dans la discussion des intérêts entre les États (§§ 65 et 66);

9° De l'art d'écrire en affaires politiques, c'est-à-dire de composer et de rédiger les actes et offices auxquels les rapports entre les États donnent lieu. (T. II, chap. IV.)

Quoique nous ayons placé à la fin de ce volume une Bibliographie spéciale des meilleurs écrits publiés sur les diverses branches de la diplomatie, telles que nous venons de les énumérer, nous croyons cependant rendre service aux jeunes gens qui se vouent à la carrière diplomatique, en indiquant ici quelquesuns des principaux ouvrages dont l'étude nous semble le plus indispensablement nécessaire à leur première instruction.

DROIT DES GENS NATUREL ET POSITIF.

Les ouvrages de GROTIUS, de PUFFENDORFF, de BARBEYRAC, leur traducteur, et de WOLFF, qui exposent les

principes du droit naturel et des gens, ont vieilli ('); ils ont été dépassés par les progrès que l'on a faits dans l'art de développer les principes et de simplifier les discussions: on n'y a presque plus recours aujourd'hui. Le traité de Grotius, « De jure Belli ac Pacis,» traduit en francais par Barbeyrac, sera toujours néanmoins un ouvrage de premier ordre.

Parmi les écrivains plus modernes, nous devons sans doute nommer VATTEL, dont le principal ouvrage, « Le droit des gens, ou principes de la loi naturelle appliqués à la conduite et aux affaires des nations et des souverains, » a valu à son auteur une si juste célébrité. Les Institutions du droit de la nature et des gens, par GÉRARD DE RAYNEVAL (2),

sont exposées avec beaucoup de sagesse, et les développements et les notes que l'auteur a ajoutés à la fin de chaque section en rendent l'étude d'autant plus instructive.

Mais de tous les ouvrages qui traitent du droit des gens positif européen, nous croyons devoir placer en première ligne :

(1) L'ouvrage de WOLFF, le plus étendu que l'on ait sur le droit naturel, est en latin, et en 8 vol. in-4o; FORMEY en a publié un extrait en français, dans lequel il a très-bien fait ressortir la qualité distinctive de Wolff, une bonne méthode pour développer ses idées et établir ses principes.

C'est sur

(2) Nouv. édit. (la 3e), Paris, 1832, 2 vol. in-8°. un exemplaire chargé de corrections de la main de G. de RAYNEVAL, et qui offrait plusieurs changements et de nombreuses additions, qu'a été faite cette édit., qui est sans contredit la meilleure; elleest due au comte de Rayneval, fils de l'auteur des Institutions du droit de la nature et des gens, mort en 1836, à Madrid, où il remplissait les fonctions d'ambassadeur de France.

Précis du droit des gens moderne de l'Europe, fondé sur les traités et les usages, par G.-F. DE MARTENS (1);

Le droit des gens moderne de l'Europe, par J.-L. KLUBER (2);

Ce traité, rédigé avec beaucoup de clarté et de précision, est enrichi de notes critiques et historiques, qui en rendent la lecture doublement utile. Le droit des gens actuel de l'Europe, par M. A.-W. HEFFTER (3).

Cet ouvrage (écrit en allemand) présente, et par sa rédaction et par les notes dont l'auteur l'a enrichi, les mêmes avantages que celui de Klüber.

Nous devons aussi recommander deux ouvrages spéciaux qui traitent du droit des gens maritime: Le droit maritime de l'Europe, par Azuni (*);

De la liberté des mers, par DE RAyneval (5).

(1) Édition de Paris de 1846, annotée par M. S. PINHEIROFERREIRA.

(2) Stuttgard, 1819, in-8°.

(3) Berlin, 1848, 2e édit., in-8°.

(4) Paris, an vi, 2 vol. in-8°. Traduction de J. M. DIGEON, faite sous les yeux de l'auteur pendant son séjour en France; Paris, 1814, in-8°.

(5) Paris, 1814, 2 vol. in-8°.

DROIT PUBLIC EXTERNE ET INTERNE DES ÉTATS DE
L'EUROPE ET DES DEUX AMÉRIQUES.

Le droit public peut se diviser comme le droit civil, qui traite successivement des personnes, des choses et des conventions. Les personnes sont les États, dont le droit public détermine le rang, les prérogatives et le plus ou moins d'indépendance. Les choses sont les territoires, et les divers droits qui sont compris dans la souveraineté, et que les États possèdent, acquièrent ou transmettent, à l'instar de ce qui a lieu pour la propriété en droit civil. Les conventions, ou les contrats du droit civil, sont, en droit public, les traités et les autres actes diversement dénommés par lesquels s'accomplit la transmission des droits, et s'établissent les rapports de médiation, de protectorat, d'alliance, de confédération, de neutralité, dans lesquels un État, quelle que soit sa force ou sa faiblesse, peut se trouver placé relativement aux autres.

Les traités de paix et les diverses transactions entre les nations devant être considérés comme les sources du droit public, leur connaissance forme une branche essentielle de l'instruction du diplomate. Nous indiquerons ici les principaux recueils à consulter.

Le Corps universel diplomatique du droit des gens, par J. DUMONT, et les Compléments publiés par BarBEYRAC, ROUSSET et J.-Y. de SAINT-PREST, renferment des recueils des traités de paix, d'alliance, etc., depuis les temps les plus reculés jusqu'à Charlemagne, et de l'année 800, époque où commence le travail de Du

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