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et toutes les fureurs de la vengeance; tous déploraient dans leurs cœurs les malheurs et la honte de Jérusalem. Le peuple élevait la voix vers le ciel, pour demander à Dieu qu'il daignât jeter un regard sur sa ville chérie; les uns offraient leurs richesses, les autres leurs prières tous promettaient de donner leur vie pour la délivrance des saints lieux.-MICHAUD, Histoire des Croisades.

NAPOLÉON À L'ÉCOLE MILITAIRE DE PARIS. MAIS, disait mon père, en parlant du jeune Napoléon, pourquoi est-il dans un état permanent de colère depuis son arrivée à Paris? pourquoi crie-t-il du haut de sa tête contre le luxe indécent (ce sont ses paroles), de tous ses camarades de l'école ? Parce que leur position blesse à chaque instant la sienne. Il trouve ridicule que ces jeunes gens aient un domestique, parce qu'il n'en a pas; il trouve mauvais que l'on mange à deux services,' parce que, lorsqu'il y a des piqueniques en fraude, il ne peut pas y contribuer. L'autre jour, j'ai su par Dumarsay, le père de l'un de ses camarades, qu'il devait y avoir un déjeûné donné à l'un des maîtres, et que chaque élève devait contribuer pour une somme vraiment trop forte pour ces enfans. En cela Napoléon a raison. Bref, je fus le voir, et je le trouvai encore plus triste que de coutume. Je me doutai pourquoi, et j'abordai le sujet3 en lui proposant la petite somme qu'il lui fallait : il devint aussitôt très rouge, puis sa figure reprit cette teinte d'un jaune pâle qu'il a toujours, et il me refusa.

C'est que tu t'y seras mal pris! s'écria Madame Pernon. Les hommes sont toujours maladroits."

Quand je vis que le cœur du jeune homme était aussi élevé, dit mon père, sans se laisser déconcerter par la vivacité de ma mère, à laquelle il était habitué, je fis un mensonge, et Dieu me le pardonnera sans doute. Je lui dis que, lorsque son père était mort dans nos bras à Montpellier, il m'avait remis une petite somme pour lui être donnée de cette manière, dans un cas pressant pour sa convenance personnelle." Il me regarda fixement, ajouta mon père, avec un œil si scrutateur qu'il m'intimida presque.-Puisque cet argent vient de mon père, Monsieur, me dit-il, je l'accepte; mais si c'eût été à titre de prêt, Some pic-nic on the sly.

'People should have two courses. I broke the subject. 4 Which he wanted. You did not go the right way.

10

5 His countenance.

7 Awkward.

Personal accommodation.

'He fixed upon me such a scrutinizing look.

10 But had it been as a loan.

je n'aurais pu le recevoir. Ma mère n'a déjà que trop de charges;" je ne dois pas les augmenter par des dépenses, surtout lorsqu'elles me sont imposées par la folie stupide de mes camarades.-Mde LA DUCHESSE D'ABRANTÈS.

"Has already but too many calls upon her purse.

LE POULET;

OU, LES BATTUS PAYENT L'AMENDE.

PROVERBE.

SCENE I.-M. D'ORVILLE, COMPTOIS, LA BRIE.

M. D'Orville. PARBLEU,' cette médecine-là m'a bien fatigué !" je meurs de faim. Et mon poulet, La Brie?

La Brie. Monsieur, vous allez l'avoir tout à l'heure.

M. D'Orv. Pourquoi Comtois n'y est-il pas allé?

Comtois. Monsieur, il falloit bien être auprès de vous,* pour vous habiller. Nous allons mettre le couvert.*

M. D'Orv. Ils ne finiront pas. Est-ce qu'il ne peut pas ranger cela tout seul? Allons, va-t'en.

Comt. J'y vais, j'y vais.

M. D'Orv. Je tombe d'inanition. Donnez-moi un fauteuil. (Il s'assied.) Allons, finis donc."

La Brie. Je vais mettre la table devant vous. (Il approche.) Je m'en vais chercher du pain.

M. D'Orv. Je crois qu'ils me feront mourir d'impatience.

Le Brie. Déployez toujours votre serviette, pour ne pas perdre de temps.

SCENE II.-M. D'ORVILLE.

M. D'Orv. Je n'en puis plus ! Je m'endors" de fatigue et de foiblesse. (Il s'endort et ronfle.)1o

SCENE III.-M. D'ORVILLE, LA BRIE, COMTOIs, portant le poulet. La Brie. Apporte du pain.

Comt. Il y en a là. J'apporte le poulet. Quoi! il dort déjà !13 La Brie. Je ne fais pourtant que de le quitter.

Comt. Mais son poulet va refroidir." Réveille-le.

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La Brie. Moi? Je ne m'y joue pas ; il crieroit comme un aigle." Comt. Comment ferons-nous ?

La Brie. Je n'en sais rien; cela nous fera dîner à je ne sais quelle heure, et je meurs de faim.

Comt. Et moi aussi; ma foi, je m'en vais l'éveiller.

La Brie. Tu n'en viendras jamais à bout."

Comt. criant. Monsieur !

La Brie. Oui, oui; vois comme il remue, il n'en ronfle que plus fort.19

Comt. Quel diable d'homme! Coupe le poulet; en cas qu'il se réveille, ce sera toujours autant de fait.

La Brie. Oui, et il sera plus froid; je ne m'y joue pas.

Comt. Hé bien, je m'en vais le couper, moi. (Il coupe une cuisse.) Tiens, vois comme cela sent bon.

La Brie. Je n'ai pas besoin de sentir pour avoir encore plus de

faim.

Comt. Ma foi, j'ai envie de manger cette cuisse-là. Monsieur Frémont lui a ordonné de ne manger qu'une aile, il n'y prendra peutêtre pas garde. (Il mange la cuisse.) Ma foi, elle est bonne. Je m'en vais boire un coup." 20 Donne-moi un verre.

boire, et boit.)

19

La Brie. Et s'il se réveille ?

Comt. Hé bien, il me chassera," et je m'en irai.

(Il se verse à

La Brie. Ah, tu le prends sur ce ton-là ! Oh, j'en ferai bien autant que toi; allons, allons, donne-moi l'autre cuisse.

Comt. Je le veux bien; nous serons deux contre lui, il ne saura lequel renvoyer. Tiens. (Il lui donne l'autre cuisse.)

La Brie. Donne-moi donc du pain.

Comt. En voilà.

La Brie. Ma foi, tu as raison; ce poulet est excellent! Mais je veux boire aussi.

23

Comt. He bien, bois. Je songe une chose;" comme il ne doit manger qu'une aile, il ne m'en coûtera pas davantage de manger l'autre, je m'en vais en mettre une sur son assiette. (Il mange.) La Brie. C'est bien dit, donne-moi le corps."

24

Comt. Ah! le corps, c'est trop ; je m'en vais te donner le croupion." (Ils mangent tous les deux.)

15 I will not venture. 17 You will never accomplish it.

19 He will not notice it.

16 He would scold famously.

20 Draught.

"Oh, oh! you take it so.
24 Breast.

18 He snores but the louder. 21 He will turn me out. 23 I am considering one thing. 25 Back.

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Comt. Je suis ton serviteur, je veux en avoir autant que toi.

La Brie. Tu es bien gourmand.

Comt. Tu ne l'es pas, toi? Ah ça, buvons, buvons.

La Brie. Prends ton verre. (Ils boivent.)

Comt. A présent, que ferons-nous, quand il s'éveillera ?

La Brie. Je n'en sais rien.

Buvons, pour nous aviser.' Comt. Il ne reste plus rien dans la bouteille.

30

La Brie. Non? Et que dira dame Jeanne," quand elle verra la

bouteille vide?

Comt. Et les restes du poulet?

La Brie. Ma foi, elle dira ce qu'elle voudra. Attends, le voilà qui remue.

32

Comt. Comment ferons-nous? Que dirons-nous ?

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La Brie. Tiens, mets tous les os sur son assiette, et dis comme moi.

Comt. Oui, oui, ne t'embarrasse pas.

La Brie. Paix donc.

33

M. D'Orv., se frottant les yeux. Hé bien, qu'est-ce que vous faites là, vous autres 234

La Brie. Monsieur, nous attendons. (A Comtois.) Rince son verre, et mets de l'eau dedans.

M. D'Orv. Hé bien, ces coquins-là ne veulent donc pas me donner mon poulet?

La Brie. Votre poulet, monsieur?

M. D'Orv. Oui! comment, depuis deux heures que j'attends p La Brie. Que vous attendez, monsieur! vous badinez, il est bien loin.

M. D'Orv. Comment bien loin! Qu'est-ce que cela veut dire ?”

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La Brie. Tenez, monsieur, regardez devant vous.

M. D'Orv. Quoi ?

La Brie. Vous ne vous souvenez pas que vous l'avez mangé?
M. D'Orv. Moi?

La Brie. Oui, monsieur.

Comt. Monsieur a dormi depuis.

M. D'Orv. Je n'en reviens pas ! Je l'ai mangé?

La Brie. Oui, monsieur, et vous n'avez rien laissé; voyez. M. D'Orv. Je l'ai mangé! C'est incompréhensible! Et je meurs de faim.

Comt. Cela n'est pas étonnant, vous n'aviez rien dans le corps; cela a passé tout de suite en dormant.

M. D'Orv. Mais je voudrais boire un coup, du moins.

La Brie. Vous avez tout bu. Nous ne vous avons jamais vu une soif et un appétit pareils.

M. D'Orv. Je le crois bien;" car je l'ai encore.

Comt. C'est sûrement la médecine qui fait cela."

il son verre d'eau ?

M. D'Orv. Un verre d'eau ?

Monsieur veut

Comt. Oui, pour vous rincer la bouche; parce que nous irons dîner, nous, après cela.

M. D'Orv. Je n'y comprends rien. (Il se rince la bouche.)

La Brie, à Comtois, bas. Tu vois bien que dame Jeanne n'aura

rien à dire non plus.

SCENE IV.-M. D'ORVILLE, M. FREMONT, LA BRIE, COMTOIS. La Brie, annonçant. Monsieur Frémont.

M. Frémont. Hé bien, la médecine, depuis ce matin?

M. D'Orr. Ah, monsieur, elle m'a donné un appétit dévorant. M. Frém. Tant mieux, cela prouve qu'elle a balaye" le reste des humeurs.

Comt. C'est ce que nous avons dit à monsieur.

M. D'Orv. Mais, monsieur, je meurs de faim.

M. Frém. N'avez-vous pas mangé votre aile de poulet, comme je vous l'avais ordonné ?42

La Brie. Bon! Monsieur a bien plus fait, il a mangé le poulet tout entier.

M. Frém., en colère. Sa bouteille de vin et un poulet!

M. D'Orv. Hé, monsieur, je mourais de faim.

28 I can't understand it.

39 I dare say I had.

44 Cleared.

42 Prescribed.

4 No doubt the effect of the physic.

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