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INTRODUCTION.

Le

La mort nous a enlevé M. Barbieux, qui, depuis plus de quatre ans, était le gérant du Caméléon auquel il a même donné l'existence. Employé comme professeur, pendant quelques années, en Angleterre, M. Barbieux avait été à même de se former une juste idée des avantages qu'une publication de ce genre pourrait offrir aux personnes qui s'occupent de la langue Française, soit comme étude, soit comme délassement. succès du Caméléon prouve que M. Barbieux ne s'était pas trompé. En effet, de nombreux lecteurs se sont empressés de prendre une feuille qui, par sa variété, était de nature à satisfaire tous les goûts, à entretenir la connaissance des principaux littérateurs du jour; enfin, à nous mettre au courant des nouveautés.

Appelé à remplacer M. Barbieux, je me propose de suivre son idée dans son ensemble, mais en y apportant toutefois quelques changements de détail, quelques modifications dans l'arrangement, qui m'ont paru nécessaires afin d'étendre la sphère du Caméléon. Tout en continuant à lui faire rendre les couleurs et les nuances de la littérature Française, à lui faire refléter ces esquisses de mœurs, ces apperçus d'histoire, ces scènes de la vie, qui vous mettent, pour ainsi dire, en présence des gens et des choses, je me propose aussi de n'admettre que ce qui appartient absolument à la partie saine de la littérature; que ce qui est marqué du cachet de la bonne morale que ce qui, en intéressant et en amusant, ne pourra laisser cependant que des impressions favorables et une empreinte salutaire. Si la convulsion politique qui, depuis plus de quarante ans, se fait sentir en France, en bouleversant les institutions les plus sacrées, en dérangeant l'équilibre moral, a enfanté l'abus de la liberté intellectuelle après celui de la liberté politique; si celui-là imprime fortement aujourd'hui des traces VOL. I.

B

profondes dans la plupart des écrits modernes, il en est du moins aussi quelques uns qui heureusement échappent à la contagion, et qui se distinguent par les sentiments religieux, la pureté des idées et la décence du style: c'est à ceux-là que je m'attacherai sans exception. Je ne me laisserai entraîner par le brillant du style, ni par le charme du sujet, pour peu que l'auteur y mêle la moindre chose qui répugne aux esprits bien pensants, au père le plus soigneux des mœurs de ses fils, à la mère la plus craintive lorsqu'il s'agit de la pudeur et de l'innocence de ses filles.

ni

M. Barbieux, ayant cru devoir céder aux avis de quelques personnes, avait retranché les morceaux d'histoire et de géographie; mais aujourd'hui que nous allons nous efforcer de doubler l'existence du Caméléon en lui donnant un caractère qui convienne aux deux âges, qui se préte à amuser l'âge mûr et à instruire la jeunesse, j'ai dû revenir sur cette décision un peu hâtive. Conséquemment, les morceaux d'histoire reparaî tront, mais plus longs et plus rapprochés, et choisis surtout parmi ceux qui présenteront le plus d'intérêt, ou les faits les plus remarquables. Sans en faire un cours régulier d'histoire, il y aura cependant liaison et ordre chronologique entr'eux.

Comme il est dans la nature des articles, dont le Caméléon se composera principalement, de présenter une foule de mots et d'expressions, qui embarrasseront le lecteur anglais même le plus versé dans le Français, parce qu'ils appartiennent au langage usuel et familier, j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de donner la traduction anglaise des expressions de ce genre, au bas de la page. Le lecteur me saura peut-être quelque gré de lui éviter ainsi l'embarras de recourir à son dictionnaire; chose qui répugne toujours, surtout lorsque l'on lit pour s'amuser.*

1" Janvier, 1837.

J. C. T.

À l'exception des verbes et des mots terminés en ois. ais, je me ferai une loi de respecter l'orthographe des auteurs.

LE CAMÉLÉON.

LE BEEFSTEAK D'OURS.

J'ARRIVAI à l'hôtel de la poste à Martigny vers les quatre heures du soir.

Ah! dis-je au maître de la maison, en posant mon bâton ferré dans l'angle de la cheminée, et en ajustant mon chapeau de paille au bout de mon bâton,-il y a une rude trotte' de Bex ici.

-Six petites lieues du pays, monsieur.

-Oui, qui en font douze de France à peu près.-Et d'ici à Chamouni?

-Neuf lieues.

-Merci.-Un guide demain à dix heures du matin.
--Monsieur va à pied?

-Toujours.

-Monsieur dîne-t-il?

Lorsqu'il eut entendu ma réponse affirmative:-Monsieur est bien tombé aujourd'hui, continua-t-il; nous avons encore de l'ours. -Ah! ah! fis-je, médiocrement flatté du rôti.-Est-ce que c'est bon, votre ours?

-L'hôtelier sourit en secouant la tête avec un mouvement de haut en bas, qui pouvait se traduire ainsi : Quand vous en aurez goûté, vous ne voudrez plus manger d'autre chose.

-Très-bien, continuai-je, et à quelle heure votre table d'hôte? -A cinq heures et demie.

Je tirai ma montre, il n'était que quatre heures dix minutes.C'est bon, dis-je, à part moi, j'aurai le temps d'aller voir le vieux château.

-Monsieur veut-il quelqu'un pour le conduire, et pour lui expliquer de quelle époque il est? me dit l'hôte, répondant à mon à parte.

-Merci, je trouverai mon chemin tout seul; quant à l'époque à laquelle remonte votre château, ce fut Pierre de Savoie, surnommé le Grand, qui, si je ne me trompe, le fit élever vers la fin du douzième siècle.

-Monsieur sait notre histoire aussi bien que nous,

It is a good way.

Je le remerciai pour l'intention, car il était évident qu'il croyait me faire un compliment.

Oh! reprit-il, c'est que notre pays a été fameux autrefois; il avait un nom latin; il a soutenu de grandes guerres, et il a servi de résidence à un empereur de Rome.

-Oui, repris-je, en laissant tomber négligemment la science de mes lèvres; oui, Martigny est l'Octodurum des Celtes, et ses habitans actuels sont les descendans des Veragriens dont parlent César, Pline, Strabon et Tite-Live, qui les appellent même demiGermains. Cinquante ans environ avant Jésus-Christ, Sergius Galba, lieutenant de César, fut assiégé par les Sédunois: l'empereur Maximien y voulut faire sacrifier son armée aux faux dieux, ce qui donna lieu au martyre de saint Maurice et de toute la légion thébéenne; enfin lorsque Petronius, préfet du prétoire, fut chargé de diviser les Gaules en dix-sept provinces, il sépara le Valais de l'Italie, et fit de votre ville la capitale des Alpes Pennines, qui devaient former avec la Tarentaise la septième province viennoise.-N'est-ce pas cela, mon hôte?

Mon hôte était stupéfait d'admiration.-Je vis que mon effet était produit; je m'avançai vers la porte, il se rangea contre le mur, le chapeau à la main, et je passai fièrement devant lui, fredonnant aussi faux que cela m'est possible.*

Viens, gentille dame,

Viens, je t'attends!....

Je n'avais pas descendu dix marches, que j'entendis mon homme crier à tue-tête au garçon :

-Préparez pour Monsieur le n° 3.-C'était la chambre où avait couché Marie-Louise, lorsqu'elle passa à Martigny en 1829.

Ainsi mon pédantisme avait porté le fruit que j'en espérais. Il m'avait valu le meilleur lit de l'auberge, et depuis que j'avais quitté Genève, les lits faisaient ma désolation.

C'est qu'il faut vous dire3 que les lits suisses sont composés purement et simplement d'une paillasse et d'un sommier sur lequel on étend, en la décorant du titre de drap, une espèce de nappe si courte, qu'elle ne peut ni se replier à l'extrémité inférieure sous le matelas, ni se rouler à l'extrémité supérieure, autour du traversin, de sorte que les pieds ou la tête en peuvent jouir alternativement, il est vrai, mais jamais tous deux à la fois. Ajoutez à cela que, de tous côtés, le crin sort roide et serré à travers la toile, ce qui produit sur la 2 As much out of tune as I possibly could. 3 For I must tell you. Hair mattress,

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