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-Ce doit être là, dit Chaffert.

Ils entrèrent, non sans émotion. La hutte était déserte. Ils la visitèrent minutieusement, cherchant si quelque indice pouvait les renseigner et leur faire découvrir la présence de la petite Rose.

Ce qui les frappa tout d'abord, ce fut les cordes enroulées autour du tronc d'abres et qui tranchées par le feu, gisaient sur le sol. Jérôme les montra à Josillet. Celui-ci hocha la tête.

Oui, je comprends, dit-il. Le gredin, pour l'empêcher de fuir, l'aura attachée avec ces cordes.

Ce qui n'a pas empêché la petite de prendre la clé des champs, dit Chaffert. Elle aura réussi à brûler les cordes et elle est partie. Cela me semble clair comme le soleil.

- Alors, nous n'avons plus rien à faire ici, dit Chaffert.

Qui sait? reprit Josillet, retournez à la Cendrière voir si l'enfant est de retour. Moi, je reste ici à tout hasard.

Les autres acceptèrent et rentrèrent dans la forêt, regagnant le HautButté. C'était le soir. Les premières ombres de la nuit envahissaient le haut des arbres et quelques flocons de brume s'accrochaient aux broussailles. Tout à coup ils entendirent un grand cri et une petite fille se jeta en sanglotant dans les bras de Jérôme. C'était Rose.

Enfin, te voilà! dit Jérôme en l'embrassant, en la calmant. Où étais tu ? Qu'es-tu devenue depuis ces trois jours ? Dans quel état je te retrouve, ma chère petite... Qui t'a maltraitée ?

C'est Piéqueur, dit-elle.

Piéqueur, où est-il donc ? Parle, conduis-nous vers ce coqnin.

Nous en aurons raison une fois pour toutes.

Ce qu'il est devenu ? fit-elle avec un sourire.

Elle se tut. On eût dit qu'elle n'osait parler... Puis tout à coup très bas, rapidement, elle raconta ce qui s'était passé.

VI

Piéqueur, au moment où il allait attirer la corde à lui pour se suspendre dans l'espace, s'était retourné d'instinct, par un mouvement irréfléchi. Il avait aperçu Rose, qui passait la tête par-dessus le fourré pour suivre ses mouvements. Il laissa échapper une imprécation, jeta sa pipe, lâcha l'échelle et avant que la petite fille eût pu faire aucun mouvement, il l'avait renversée et ses deux poings fermés s'abattaient sur sa joue, ses yeux,

son cou.

Ah! tu t'es sauvée ! disait le scélérat qui écumait de colère. Eh bien, avoue que tu n'as pas de chance.

Rose, étendue sur l'herbe, ne bougeait pas. Piéqu ur crut qu'il l'avait tuée. Il la souleva, la secoua rudement. Elle ouvrit les yeux, tout gonflés. Le sang lui sortait du nez et de la bouche.

dit-il.

-Attends, je vais te ficeler de façon à ce que tu ne me quittes plus,

Il avait dans un sac une corde de rechange. Il alla la chercher, revint et lia les bras et les pieds de Rose, serrant les nœuds à broyer les os de l'enfant.

Elle ne poussa pas un cri. Inerte, comme si elle n'eût pas senti la souffrance, elle gardait ses yeux fermés et ne songeait ni à crier ni à se défendre. Il la laissa ainsi et revint à son arbre. Il monta de nouveau l'échelle et ralluma sa pipe. Rose s'était couchée sur le côté et par un interstice, entre deux buissons, l'apercevait et ne perdait aucun de ses mouvements. Elle eut un moment d'anxiété terrible. Piéqueur semblait hésiter. Est-ce qu'il allait s'apercevoir que la corde avait été à moitié sciée ? Alors elle était perdue. Il la tuerait. Elle ne pouvait plus s'enfuir.

Mais non, elle se trompait, Le bandit n'avait rien vu. Des deux mains il avait pris la corde et, d'un élan, s'était assis sur les petites planches, qu'il faisait descendre de noeud en nœud, au fur et à mesure qu'il écorçait, La corde tenait bon. Rose regardait toujours. Un frisson passa dans ses épaules. Elle murmura avec angoisse :

- Je n'aurai fait qu'entamer la corde. Alors il ne lui arrivera rien. Il se sauvera. C'est le démon, bien sûr, qui le protége!

Elle attendit ainsi cinq minutes.

une

Piéqueur travaillait, ne se doutant pas du danger de mort qui le menaçait. Alors, la même expression de haine implacable passa comme lueur dans les yeux de la petite fille.

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Elle se roula sur l'herbe, évitant de faire du bruit, cherchant partout autour d'elle. A deux pas, la serpe qu'elle avait prise dans la hutte brillait sur la mousse. Quand Piéqueur s'était jeté sur elle et l'avait battue, elle s'était laissée tomber sur la serpe, pour la cacher au bandit, devinant qu'elle lui serait utile.

Un mouvement l'amena auprès d'elle. Eu un instant, les cordes qui retenaient ses mains furent coupées. Ses bras devenus libres, elle trancha les liens qui entouraient ses jambes, puis, toujours couchée, resta immobile, de façon à ne pas donner l'éveil à Piéqueur qui, du chêne où il travaillait, lui envoyait encore des injures et d'horribles menaces.

(A suivre)

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Puis, chaque fois, jusqu'à présent, à la minute de son extrême détresse, une fraîcheur la soulageait. C'était la grâce qui avait pitié, qui entrait en elle lui rendre son illusion. Elle sautait pieds nus sur le carreau de la chambre, elle courait à la fenêtre, dans un grand élan; et là, elle entendait de nouveau les voix, des ailes invisibles effleuraient ses cheveux, le peuple de la Légende sortait des arbres et des pierres, l'entourait en foule. Sa pureté, sa bonté, tout ce qu'il y avait d'elle dans les choses, lui revenait et la sauvait. Dès lors, elle n'avait plus peur, elle se savait gardée: Agnès était de retour, en compagnie des vierges, errantes et douces dans l'air frissonant. C'était un encouragement lointain, un long murmure de victoire qui lui parvenait, mêlé au vent de la nuit. Pendant une heure, elle respirait cette douceur calmante, mortellement triste, affermie en sa volonté d'en mourir, plutôt que de manquer à son serment. Enfin, brisée, elle se recouchait, elle se rendormait avec la crainte de la crise du lendemain, tourmentée toujours de cette idée qu'elle finirait par succomber, si elle s'affaiblissait ainsi, à chaque fois.

Une langueur en effet épuisait Angélique, depuis qu'elle ne se cro. yait plus aimée de Félicien. Elle avait la blessure au flanc, elle en mourait un peu à chaque heure, muette, sans une plainte. D'abord, cela s'était traduit par des lassitudes: un essoufflement la prenait, elle devait lâcher son fil, restait une minute les yeux pâlis, perdus dans le vide. Puis elle avait cessé de manger, à peine quelques gorgées de lait, et elle cachait son pain, le jetait aux poules des voisines, pour ne pas inquiéter ses parents. Un médecin appelé, n'ayant rien découvert, accusait la vie trop. cloîtrée, se contentait de recommander l'exercice. C'était un évanouissement de tout son être, une disparition lente. Son corps flottait comme au

1 Voir pages 178, 190, 206, 221, 235,250, 264, 277, 290, 303, 317, 331, 343,356, 370, 386, 396 410 et 419.

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