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Cependant, contre toute attentc, Madelor ne mourut point. Une crise se déclara au sortir de laquelle il entra en convalescence.

Il ne voulut point en avertir Fechter, aimant mieux que Marie le crût mort, et dans les jours qu'il passa à Saint-Quentin, craignant, ce qui arriva plus tard, que sa fille avertie n'accourût et ne recherchât le lieu de sa sépulture, il avait donné un faux nom aux gens chez lesquels il recevait les soins les plus empressés. Il ne voulait pas apprendre à Marie et à Jérôme qu'il vivait toujours. Il voulait, au contraire, leur faire perdre sa piste. On sait qu'il y était arrivé.

Il était allé chercher sa guérison dans une ville du midi. Au bout de quelques mois, il était revenu.

La pensée de sa fille ne le quittait pas. Il éprouvait un impérieux besoin de se rapprocher d'elle. Il voulait tenir jusqu'au bout la promesse qu'il avait faite, ne pas revoir Marie. Mais ce n'était point manquer à cette promesse que de chercher à savoir des nouvelles de la jeune femme.

Il était trop connu dans les environs du Haut-Butté pour que la pen sée lui vint de s'y établir. Il demeura quelques jours à Reims, puis à Sedan, puis à Dinan, en Belgique. C'était déjà un immense bonheur pour lui que d'être rapproché de sa fille. Mais ce qu'il désirait, c'était rencontrer Siméonne, se mettre en rapport avec elle, lui recommander surtout un secret absolu, et, par l'intermédiaire de la paysanne, veiller sur Marie, vivre pour ainsi dire auprès d'elle, être heureux de son bonheur et de la sérénité où il la verrait.

La prudence extrême dont il devait user pour que ses tentatives ne fussent point découvertes par Jérôme ou par Josillet, le fit attendre longtemps avant qu'il trouvât l'occasion de parler à Siméonne. Il avait bien songé à lui écrire, mais confier sa lettre à la poste eût été trop dangereux. Avant d'être remise à Siméonne, la lettre pouvait passer par les mains de Marie, de Jérôme ou de Josillet, qui eussent reconnu son écriture.

Ce fut un paysan de la frontière, intelligent et honnête, qu'il chargea de cette délicate mission. Le paysan remit la lettre de Madelor à Siméonne. Le vieillard priait la fermière de lui écrire, de lui parler de Marie, de lui en parler longuement surtout.

On juge de la surprise et de la joie de Siméonne lorsqu'elle reçut cette lettre. Elle n'avait pas les mêmes motifs que Madelor pour no point se servir de la poste. Elle lui répondit.

Dès lors commença entre la paysanne et le vieillard une correspondance très active. Madelor adressait ses lettres poste restante à Monthermé, Siméonne les prenait quand l'occasion la conduisait vers le village, si l'occasion se faisait trop attendre, elle cherchait un prétexte quelconque et s'absentait pendant quelques heures. De là ces voyages inexpliqués, cette gêne, ces bizarreries, ces inquiétudes ou ces joies que

ou,

Josillet avait remarquées chez sa femme et dont il avait un jour demandé l'explication.

Lorsque la petite Berthe était devenue malade,lorsque la maladie out empiré, lorsque Le Bailly n'eut laissé aucun doute sur la nature du mal dont souffrait l'enfant, lorsque ce terrible mot de croup se fut répandu dans la ferme, propagé dans le village, épouvantant toutes les mères, inquiétant tous les gens du Haut-Butté qui s'intéressaient à Jérôme ; lorsque Siméonne vit que tous les efforts de Le Bailly restaient impuissants, elle songea à Madelor. C'était une dernière chance qui restait, Siméonne la tenta. Elle écrivit à Madelor, le priant de venir, lui donnant un rendez-vous sur le chemin de Monthermé, vers le moulin de la Pillette. Madelor arriva dans la soirée. Il trouva Siméonne au rendez-vous. Ensemble le vieillard et la jeune femme prirent le chemin de la Cendrière, mais le médecin, sur le conseil de Siméonne, s'arrêta dans la petite maison que la fille de Lantaume habitait avant son mariage et resta là une heure. Siméonne était allée à la ferme, où rien n'était changé, Berthe était toujours au plus mal; Marie continuait de veiller, et Jérôme veneit de sortir, oppressé et douloureusement affecté par la vue de sa femme et de sa fille.

Elle retourna chercher Madelor, le ramena et l'introduisit.

Marie ne s'était pas réveillée. Il s'approcha, s'agenouilla devant elle, la figure illuminée par un sourire de bonheur. Puis, après cette contemplation passionnée, il vint au lit où agonissait la petite Berthe, souleva les couvertures, se pencha au-dessus de l'enfant et la regarda.

Cette fois, ce n'était plus le père, c'était le médecin, l'homme chargé d'une haute mission, en qui reposait peut-être tout l'espoir de cette chère vie. Ses mains, qui tout à l'heure tremblaient en se joignant devant Marie, étaient redevenues plus sûres d'elles. Aucune émotion ne les agitait. L'homme se possédait bien.

Siméonne, qui l'observait, ne put deviner ce qui se passait dans cette âme. Et pourtant Madelor était bouleversé. Ce qu'il voyait, les symptômes qu'il reconnaissait lui enlevaient tout espoir.

Alors le vieillard découvrit entièrement la poitrine de Berthe, y ap. puya les deux mains largement tendues et pesa légèrement, faisant l'office de soufflet, de manière à faciliter, à chaque mouvement qu'il faisait pour les retirer, la respiration de l'enfant. Il approcha sa tête du visage bouffi de la pauvrette et ses lèvres cherchant les lèvres décolorées et froides de l'enfant allaient s'y appuyer, essayer de leur inspirer la vie. A co moment il se passa une scène étrange.

(A suivre)

JULES MARY.

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VARIÉTÉS ET ROMANS

LE RÊVE

SUITE

ΧΙ

Hubert, machinal, alla ouvrir la porte du poël de faïence, dont le ronflement ressemblait à une plainte. Le silence se fit, une douce chaleur pâlissait les roses. Depuis un instant, Hubertine écoutait les bruits de la cathédrale, derrière le mur. Un branle de cloche donnait un frisson aux vieilles pierres; sans doute l'abbé Cornille quittait l'église, avec les saintes huiles; et elle descendit pour le recevoir, au seuil de la maison. Deux minutes s'écoulèrent, un grand murmure emplit l'étroit escalier de la tourelle. Puis, dans la chambre tiède, Hubert, frappé d'étonnement, se mit à trembler, tandis qu'une crainte religieuso, un espoir aussi, le faisaient tomber à genoux.

Au lieu du vieux prêtre attendu, c'était Monseigneur qui entr..it, Monseigneur en rochet de dentello, ayant l'étole violette et portant le vaisseau d'argent, où se trouvait l'huile des infirmes, bénite par lui-même le jeudi saint. Les yeux d'aigle restaient fixes, sa belle face pâle, sous les épaisses boucles de ses cheveux blancs, gardait une majesté, Et, derrière lui, comme un simple clerc, marchait l'Abbé Cornille, un crucifix à la main, et le rituel sous l'autre bras.

Debout un moment à la porte, l'évêque dit d'une voix grave :

Pax huic domui.

Et omnibus habitantibus in ea, répondit plus bas le prêtre. Quand ils furent entrés, Hubertine, qui remontait à leur suite, tremblante elle aussi de saisissement, vint s'agenouiller près de son mari. L'un et l'autre, prosternés, les mains jointes, prièrent de toute leur âme.

Au lendemain de sa visite à Angélique, l'explication terrible avait eu lieu entre Félicien et son père. Dès le matin, ce jour-là, il força les portes, Voir pages 173, 190, 206, 221, 235,250, 264, 277, 290, 303, 317, 331, 343, 356, 370, 386, 396 410, 419, 433 447.

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