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dans l'éternité, pour vous donner sa gloire; et si, d'une part, votre raison, absorbée par l'immensité de l'amour que nous révèle la croix, vous force à vous écrier, avec saint Paul: Certainement le mystère de la pieté est grand: Dieu manifesté en chair; de l'autre, votre âme rachetée, entonne le cantique de la délivrance: Grâce à Dieu qui nous a donné la victoire par Jésus-Christ (1). Réalisez donc de plus en plus le mystère de l'incarnation par une union intime avec votre Sauveur, et que la vie de Christ débordant en vous, atteste que votre foi n'est pas une illusion, mais que le Dieu qui a été manifesté en chair, habite, vit et règne véritablement en vous !

Je n'ai plus qu'un mot à dire, mes frères et mes chers auditeurs, et ici je m'adresse à tous indistinctement. Dimanche passé on vous a annoncé pour aujourd'hui une collecte en faveur des pauvres, et il pourrait paraître à plusieurs d'entre vous, que j'ai trop tardé d'aborder ee sujet, et que le texte que j'ai choisi pour en faire le sujet de cette méditation n'a qu'un rapport indirect et éloigné avec l'aumône. Je crois cependant qu'il est plus propre qu'aucun autre à vous préparer à l'acte par lequel nous devons terminer ce service religieux. Car, quand je vous aurais dit que jamais le nombre des pauvres n'a été plus grand, moyens de subsistance plus rares, et la détresse plus

les

(1) 1 Cor. XV, 57.

générale, que vous aurais-je appris que vous ne sachiez parfaitement, que vous ne puissiez voir et constater tout aussi bien que moi? et pourtant les nécessiteux ne sont que faiblement secourus, et il reste encore un nombre immense de misérables à soulager. D'où cela vient-il? De ce que le sentiment de la pitié ou de la commisération naturelle est insuffisant pour faire faire l'aumône avec efficace et persévérance. Dans l'Eglise primitive, il n'y avait personne, nous dit l'écrivain sacré, qui fût dans l'indigence (1). Pourquoi? parce qu'on y possédait le secret de la vraie charité, qui est l'amour de Christ. Et c'est là, mes chers frères et mes chers auditeurs, le motif, le seul motif, mais aussi le puissant motif que je vous propose dans ce moment pour vous engager à ouvrir vos cœurs et vos bourses à tant d'infortunés qui vous tendent leurs bras supplians, et qui comptent sur vous pour subsister pendant cette saison rigoureuse. Je vous parle de l'amour infini de Dieu envers vos âmes, afin de vous déterminer à exercer la charité envers les hommes vos frères. Est-ce quelque chose, que nous donnions un peu d'argent périssable, pour l'amour de Celui qui nous a donné les richesses impérissables de son ciel? Est-ce quelque chose, que nous fassions quelques sacrifices de luxe, d'aisance, d'amour-propre à Celui qui nous a fait volontairement le sacrifice de sa vie? Est

(1) Actes, IV, 34.

ce quelque chose, que nous concourions à retirer d'une misère temporelle des êtres dans la personne desquels Dieu veut que nous considérions Celui qui nous a arrachés à l'éternelle misère ? Souvenons-nous donc de la charité de notre Seigneur Jésus Christ, qui étant riche s'est fait pauvre pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions rendus riches (1), et en nòus rappelant qu'en se donnant à nous, il nous a tout donné, donnons aux pauvres non à regret ni par contrainte, car Dieu aime celui qui donne gaiement (2). Amen!

(1) 2 Cor. VIII, 9.

(2) 2 Cor. IX, 7.

L'HEURE EN GOLGOTHA,

ου

LA REDEMPTION.

Et quand Jesus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli, et baissant la tête, il rendit l'esprit. Jean, XIX, 30.

MES FRÈRES,

L'HEURE dans laquelle furent prononcées les paroles que je viens de vous lire, est la plus grande et la plus importante qui ait sonné depuis le commencement de l'univers. Marquée de toute éternité dans le conseil de Dieu, elle apparaissait solennelle aux yeux même de Celui pour qui l'avenir est comme le présent, et le présent comme l'avenir. Dans le ciel, les intelligences célestes, qui avaient connaissance de l'OEuvre mystérieuse qu'elle devait enfanter, la voyaient approcher avec saisissement, dans l'humble silence de l'adoration; et sur la terre, des hommes éclairés de l'Esprit de ré

vélation, et qui sentaient de quelle importance était pour eux l'événement dont elle devait être témoin, l'entrevoyaient par la foi dans la nuit des siècles et la hâtaient par les désirs de leurs cœurs. Maintenant qu'elle est passée et que dix-huit siècles, dans leur vol rapide, ont vu se succéder sur la scène mobile de ce monde tant de révolutions illustres et d'exploits mémorables, cette heure en Golgotha demeure pourtant toujours la plus grande des heures. Depuis lors, quand on a voulu connnaître de toutes les choses la plus digne d'être connue, il a fallu tourner ses regards de ce côté; et quand l'âme pécheresse, accablée sous le poids de sa misère, ne trouvait plus rien au monde qui la satisfît, si elle se souvenait de ce qui s'est passé dans cette heure à jamais mémorable, elle se sentait aussitôt renaître à une nouvelle existence. Il y a plus, mes frères, quand l'ange de la mort aura publié, dans la vaste étendue, qu'il n'y a plus de temps, et quand les périodes sans fin de l'éternité auront commencé, alors encore on se souviendra de cette heure, elle sera toujours présente à la pensée des bienheureux, elle sera pour eux comme un point de ralliement, où ils viendront concentrer et mettre à l'unisson leurs âmes dans l'amour de Dieu; et pour tout dire, en un mot, l'éternité des élus ne sera qu'un long souvenir de cette heure.

Que s'y est-il donc passé de si extraordinaire, de si important? Vous l'avez entendu de la bouche même de Celui qui y expira dans les angoisses de la mort

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