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Prieure, & dans 12. de fes filles. Mais le refte étoit ligué contre toute Réforme. La préfence de la Mere ne produifit pas grand effet. Il eft cependant vrai que la Prieure fut bien fortifiée & encouragée par fes difcours pleins de fens & de piété ; & que plufieurs des difcoles rabbatoient toujours quelque chofe de leur entêtement, toutes les fois que la Mere leur avoit parlé.

En 1626. la Coadjutrice de l'Abbaye de Gif vint à P. R. & y demeura pendant les deux an nées 1626. & 1627. pour s'inftruire de la Réforme, & pour en prendre l'efprit.

La même année l'Abbeffe du Couvent des Ifles près Auxerre, Ordre de Cîteaux, pria l'Abbeffe de P. R. de lui envoyer quelques filles. de mérite de fa maison, pour l'aider à réformer la fienne. Ce furent les Soeurs Marie-Claire Arnaud, & Marie de S. Jofeph qui furent députées à cette Miffion. L'Abbeffe ne les y garda pas long-tems. On ne fçait point quelle en fut la caufe.

Encore cette même année la Mere Angélique alla à l'Abbaye de Gomer-Fontaine proche Gifors dans le grand Vicariat de Pontoife, Diocèfe de Rouen, pareillement pour y jetter les premiéres femences de la Réforme.

En 1628. la Prieure de S. Aubin même Diocèfe vint avec 4. de fes Religieufes paffer trois mois à P. R. pour y apprendre les principes & les exercices de la Réforme fous la Mere Angélique: & celle-ci l'année fuivante fe tranfporta à S. Aubin, & y paffa fix femaines. Quant à la Prieure, elle fit depuis deux autres voyages à P. R. Elle y fut huit mois dans le premier, faifant tous les exercices du Noviciat ; & dans le fecond elle y mourut en 1642.

Enfin la même année 1628. on envoya à l'Abbaye de Tard proche Dijon des Sœurs de P. R. mais on verra dans la fuite, que les perfonnes qui fe mêloient de cette affaire,avoient deflein, non de porter la Réforme de P. R. à Tardi, mais plutôt de faire prendre à P. R. une Réforme d'un autre goût, qui venoit de s'établir dans cette maison de Bourgogne. L'histoire en eft un peu longue, & comme elle entre naturellement dans celle de P. R. nous la rapportetons au long dans fon tems.

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confcience.

Outre la part que la Mere Angélique à eue dans ces Réformes particuliéres, elle a eu fou- La Mere Ar vent occafion dans la fuite de fa vie d'employer confultée pas gélique eft fon zéle pour le bien fpirituel des ames. Le beaucoup de recueil de fes Lettres nous en préfente un grand perfonnes fur nombre, pleines de fages confeils qu'elle donne des affaires de à un Couvent d'Annonciades de Boulogne, & à un Eccléfiaftique qui en prenoit la direction. Il y a au plus de 200. Lettres à la Reine de Pologne qui avoit toujours confervé la tendre & intime confiance qu'elle avoit prife à P. R. dans les lumiéres & la haute piété de la Mere. Le commerce de Lettres entre la Reine & la Mere Angélique n'étoit pas moins que de tous les ordinaires, comme nous le dirons plus bas. La Mere Angélique ne perdit pas non plus de vue l'Abbaye de Gif dont il a été parlé. Elle y étoit devenue fufpecte pour la doctrine vers 1646. que commença la perfécution de P. R. Elle ménagea tellement les efprits, foit par l'accueil qu'elle fit à plufieurs Religieufes de cette maifon qui fe réfugiérent à P. R. dans les guerres de Paris, foit par fa conduite & fa maniére d'agir dans les vifites qu'elle rendit au Couvent de tems-en-tems en allant à P. R. de Paris ou en revenant à fa maison des Champs, que

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LII. Mort de la

Boucher.

le

toutes les Religieufes de cette Abbaye prirem
confiance en elle. Elle en étoit comme la Mere.
Elle tint tout en paix par fes bons avis pendant
gouvernement de quelques mauvaises Ab-
beffes. Elle réuffit même à gagner à Dieu une
jeune Abbeffe de ce Monaftére, âgée de 24. ans,
& elle eut la confolation de la voir fuivant fon
confeil fe démettre de fon Abbaye pour deve→
nir fimple Religieufe à P. R. à commencer par
le Noviciat. Enfin la parfaite Réforme de cette
Abbaye de Gif y a été établie, telle qu'elle sub-
fifte encore aujourd'hui, par une Dame de Mon-
glat Abbeffe, qui avoit été du nombre de ces
fages penfionnaires qui furent chaffées de P. R.
en 1661. La Mere Angélique a été encore utile
à une infinité de perfonnes particuliéres tant
Religieufes que féculiéres, qui la confultoient;
comme on le voit dans les 3. volumes de Let-
tres qu'on a d'elle imprimés. Il n'auroit même
tenu qu'à elle que des Eccléfiaftiques fe fuffent
mis fous fa conduite. Nous verrons plus bas un
reproche que lui fit M. Zamet Evêque de Lan-
gres de ce qu'elle avoit refufé fa'direction à
un Eccléfiaftique de condition, qui touché &
éclairé par une converfation de piété qu'il avoit
eue avec la Mere, avoit fortement défiré d'être
conduit par elle pour
fa confcience. Mais fa
modeftie & fon humilité l'emportérent fur ce
reproche mal placé.

Avant que d'entamer les grands événemens Sœur Margue qui vont fuivre, je rapporterai en deux mots rite-Gertrude l'éloge qui eft dans les Relations d'une Sœur Marguerite-Gertrude Boucher, qui mourut en 1625. Elle étoit Profeffe de Maubuiffon fous la Mere Angélique, & vint avec elle à P. R. Elle a vécu très-peu de rems, & n'a eu aucune occafion de rien faire d'extraordinaire. Mais ce

qui l'a rendue recommandable dans l'efprit des Religieufes, qui ont fait une petite Relation de fa vie, c'eft un caractére admirable de fimplicité, pareil à celui de la Sœur Martine dont il a été parlé plus haut. Or c'étoit cette vertu de fimplicité qui conftituoit l'efprit de P. R. dans la premiére ferveur de la Réforme, & que les Meres auroient bien voulu perpétuer dans leur maison, préférant cette vertu à d'autres, qui, quoique très-eftimables ne leur paroiffoient pas fi Evangéliques. Voici les traits différens de la fimplicité aimable de la Sœur Gertrude. Elle devint fcrupuleufe étant au Noviciat, pour vou loir être trop exacte aux obfervances; pour la guérir on lui ordonna deux chofes ; la premiére, de faire une certaine pénitence toutes les fois qu'elle réfléchiroit fur fes fcrupules: la feconde, de déclarer tout haut toutes fes penfées à la récréation, quelque confufion qu'elle en pût avoir. Elle pratiqua ces deux chofes très-longtems, fans fe laffer ni fe rebuter. Quand on l'envoyoit à quelque emploi, toute fon inquiétu de étoit de fçavoir s'il y auroit-là quelqu'un à qui elle obéiroit, fa dévotion étant d'honorer de tout fon pouvoir la fainte enfance de Notre Seigneur. Etant à l'Infirmerie, fi on lui propofoit de prendre l'air, elle répondoit qu'elle feroit ce qu'on fouhaiteroit, qu'elle étoit venue pour obéir. Il n'y avoit rien d'affecté chez elle. Quoiqu'exacte au filence plus que toute autre, elle ne paroiffoit point renfermée. Dans les récréations elle avoit un air d'honnête liberté, riant dans l'occafion, mais jamais avec éclat. Comme elle ne vouloit point être louée elle ne louoit auffi perfonne : elle n'a jamais dit aucune parole qui tînt du compliment. Sa mortification étoit telle, même dans fes maladies,

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LIII.

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qu'on auroit dit qu'elle n'avoit ni corps ni goût. Lorfqu'elle vit la Mere Angélique partir de Maubuiffon avec 20. Novices pour retourner à P. R. l'impoflibilité qu'il y cut pour elle d'accompa gner la Mere pour le préfent, à caufe qu'elle fe croyoit liée à Maubuiffon par fa profeffion ne la tira point de fa tranquillité. Elle demeura 4. mois en paix & en filence, jufqu'à ce qu'elle eût fon obédience des Supérieurs pour P. R. Elle n'a vécu que fix mois à P. R. dont elle en a paffé 4. à l'Infirmerie étant hydropique. La Sœur Infirmière lui ayant une fois demandé comment elle avoit paffé la nuit,elle dit qu'elle avoit eu une grande altération. L'Infirmière lui dit » qu'il falloit appeller une Sour Converse qui couchoita là: Quoi! ma Mere, dit-elle, pourrois-je bien

croire qu'il y a ici quelqu'un pour me fervir?Je » ne le fçaurois croire. Elle avoua peu de jours avant fa mort qu'elle avoit long-tems défiré d'effayer un reméde qu'une autre Soeur hydropique avoit pris, & dont elle s'étoit bien trouvée, mais qu'elle n'avoit pas cru devoir le dire. La nuit qui précéda la mort, elle fentit fon mal augmenter confidérablement & fa fin approcher ; elle différa toujours d'en avertir. Ce fut par hazard qu'on s'apperçut qu'elle étoit très-mal: on courut chercher les Sacremens, & elle expira peu après ; c'eft ainfi qu'elle a vécu,& eft morte dans la vraie enfance chrétienne.

J'ajouterai encore ici un petit article fur une Religieufe Religieufe fourde & muette, qui mourut en fourde & 1634. Elle fe nommoit Anne-Marie Joannet.

muette.

Quoique fourde & muette dès l'âge de 6. ans elle fut reçue à P. R. avant la Réforme, & y prit l'habit de Religieufe Profeffe. Elle comprenoit par figne prefque toutes choses. Lorfqu'on prit la Réforme, on n'avoit point in

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