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Anges. Agnès de S. Paul, Abbeffe. Dorotée de
l'Incarnation, Prieure. Catherine de Saint Paul.
Anne de Saint Auguftin. Antoinette de Saint
Auguftin. Elizabeth-des-Anges. Catherine de
Sainte Flavie. Barbe de Sainte Eulalie. Mar-
gueritte de la Paffion. On n'avoit pu dref-
fer cet acte du vivant de la Mere Angélique,
qui ne l'auroit pas permis. Car pour le dire en
paffant,puifque l'occafion s'en préfente, la Mere
Angélique n'a jamais rien tant appréhendé que
de faire parler d'elle. Pendant le cours de sa
vie, elle n'a prefque jamais voulu s'expliquer
quand on la prioit de raconter quelques traits
de fa vie. Dans fa derniére maladie en 1662..
qui fut longue, elle dit que tout cela étoit

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une occafion au Démon qui profitoit de tout » pour détourner de l'application à Dieu » feul, & du filence qu'elle avoit bien remarqué ce qu'on avoit fait au fujet de la Mere » Marie-des-Anges; qu'elle ne vouloit pas qu'il » en fût de même à fon égard. » C'est ce qui eft caufe qu'on aura fans doute perdu un grand nombre de beaux traits, qui auroient été trèsédifians, & qui ne font fuppléés que par celui d'une humilité également édifiante. Il est vrai qu'on a d'elle-même une Relation de la Réforme. Mais elle n'a été faite que par obéissance à M. de Singlin, qui lui en fit un commandement : & comme elle n'y travailloit qu'avec une répugnance infinie, elle ne l'a point achevée. On me permettra encore une feconde digreffion qui ne déplaira pas,

En 1630. la jeune Demoifelle de Conflans entra Penfionnaire dans la maison, avec deffein de s'y faire Religieufe. Elle n'avoit alors que onze ans. Je vais préfenter en racourci le tableau que les Religieufes ont fait de cette

IV.

Vertus émi entes de la

Sœur Marie de Saint Au

gultin, Made

ans.

moifelle de petite Sainte. Les merveilles de la grace dans Conflans les enfans font autant partie de l'hiftoire de d'Arimentié P. R. que celles qu'elle a opérées dans les granres, morte à des perfonnes. A l'âge de 9. ans, M. fon pere l'âge de 14. la mit dans l'Abbaye de Fervac, où il fe propofoit de la faire fuccéder à l'Abbeffe. Elle y vécut en vraie Religieufe, ne prenant point de part à ce qu'elle voyoit d'irrégulier dans l'Abbeffe, fans cependant le faire paroître d'une maniére qui pût la choquer. Madame de Fervac s'étant dégoûtée d'elle, elle revint chez M. fon pere, de qui elle obtint qu'il la mît à P. R. qu'elle avoit connu dans un voyage qu'elle y avoit fait avec Madame de Fervac. La Mere Angélique lui donna le petit habit, dès qu'elle fut entrée. Ses vertus dominantes qui n'attendirent point la maturité de l'âge pour fe mon

trer,

furent une piété grave, une humilité à l'épreuve de tout, une charité active pour le prochain, & un amour fingulier pour la mortification du corps.

La premiére de ces vertus fe fit tout d'un coup remarquer par l'air férieux qu'elle portoit fur fon vifage: elle jouoit, elle rioit avec fes petites compagnes ; mais il fembloit qu'elle ne le faifoit que par complaifance. Dès-lors elle avoit un grand defir de la Sainte Communion, & elle exhortoit fouvent fes compagnes à bien faire, afin qu'on la leur permit plus fouvent, & qu'elle pût elle-même avoir ce bonheur; car elle a eu la difcrétion de ne la demander jamais pour elle feule. A l'Eglife elle ne levoit jamais les yeux; fes petites compagnes l'obfervoient par malice, pour la trouver en défaut fur cet article, mais inutilement: elles étoient forcées d'admirer l'air de dévotion qui fe fousenoit conftamment. Elle fe leva pendant quel

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que tems des 4. heures du matin pour prier;& lorfqu'une Sœur venoit dans la chambre pour réveiller les enfans, elle fe remettoit au lit,afin que cela ne parût point. Lorfqu'elle fut un peu plus grande, elle ne manqua jamais à l'Oraifon du matin, qui se faisoit à cinq heures, quoiqu'elle se couchât très-tard. Comme on lui donna une cellule à part, hors de la Chambre commune la troifiéme année de fon entrée qui fut la derniére de fa vie, elle obtint de tems-en-tems la permiffion d'y faire des retraites ; & alors elle ne faifoit autre chofe que travailler, lire, écrire, prier & elle le faifoit avec une telle récollection, qu'elle n'entendoit pas quand on l'ap pelloit, quoiqu'on le fit long-tems: elle manquoit quelquefois le refectoire, n'entendant pas la cloche. Ses converfations fur tout fur la fin étoient toutes de piété. C'étoit la Paffion de Notre Seigneur, qui en faifoit le fujet le plus ordinaire.

Sa charité étoit telle, que fouvent elle laffoit & fes compagnes & d'autres par les fervices qu'elle rendoit plus qu'on ne vouloit : & lors qu'on la rebutoit, elle ufoit de fineffe pour revenir à la charge, & faire encore quelque chofe. Dès qu'elle voyoit une de fes compagnes un peu trifte, elle s'étudioit à la confoler; elle difoit aux autres qu'elle alloit lui faire fi bonne mine, & fe contraindre fi fort pour ne rien faire qui lui déplât, qu'elle viendroit à bout de l'égayer. Elle a toujours eu une grande atten tion à excufer les autres, quand on parloit de leurs défauts; elle les couvroit toujours par quelqu'apparence favorable qu'elle donnoit à leurs actions. Dès qu'il y avoit dans la chambre quelqu'infirme, elle étoit fa garde jour & nuit elle fe relevoit continuellement pour l'af

les

fifter. Elle étoit chargée de tous les petits enfans qui étoient dans la maison, pour leur faire tout ce que fait une fervante, les coucher, lever, les mener dans la journée où ils ont be foin; elle le faifoit avec une patience admirable.

Elle eut bien des occafions d'exercer l'humilité: elle en avoit déja par elle-même un grand fonds. Elle avoit totalement oublié ce qu'elle étoit par fa condition; elle n'en a jamais parlé : elle réuffiffoit prefque toujours à éviter la rencontre des Princeffes & des Dames de qualité qui entroient dans le Couvent, & demandoient à la voir. Les louanges qu'on lui donnoit, lui déplaifoient jufqu'a lui faire commettre quelquefois de petites fautes de colére. Les plus bas Offices, les ouvrages les plus humilians étoient à fon goût; & elle ne tariffoit pas fur les éloges qu'elle faifoit de la condition de Sœur Converfe, à caufe que dans cet état on ne se mêle de rien, on n'eft point confidéré, on est toujours occupé à des chofes viles. Mais ce qui lui donna lieu de faire éclater fon humilité, c'eft que Dieu permit que pendant près de deux ans,toutes les compagnes traitoient d'hypocrifie tout ce qu'elle faifoit de bien le zéle empreffé qu'elle montroit pour fervir les autres, pour s'humilier, pour faire des dévotions, leur paroiffoit avoir quelque forte d'affectation. Ce fut, dit la Mere Dufargis qui avoit été fa compagne, & qui a fait toute cette Relation, ce fut une vraie perfécution. Car bien loin qu'on imposât filence aux petites filles qui ne ceffoient de l'appeller hypocrite, la plupart des Meres en jugoient de même; & la Mere Angélique qui étoit alors Maîtreffe des enfans, la qualifioit fouvent infi, foit qu'elle en crût quelque chofe, foit qu'el

le

le voulût l'éprouver. La jeune Sœur ne s'offensa
jamais de tous ces traitemens ; elle portoit avec
tranquillité toutes ces humiliations, & avouoit
tout ce qu'on lui reprochoit avec une franchise.
qui étonnoit. Elle en devenoit encore plus acti-
ve pour
fervir celles qui l'avoient ainfi traitée.

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Sa vie dure & mortifiée la conduifit à la mort au bout de 3. ans. Elle fut attaquée d'un gros thume, & d'une perte de fang confidérable. Elle cacha fon mal tant qu'elle put, allant toujours à tous les exercices, fe relevant la nuit pour affifter quelque infirme. Enfin il fallut fe mettre au lit. La gangrene gagnoit par tout; lorfqu'on la plaignoit dans ce qu'elle fouffroit: "Voilà, difoit-elle, de beaux petits maux : qu'est-ce que cela au prix de ce que Jefus » Christ, & les Martyrs ont fouffert ? Elle avoit fouhaité toute fa vie de faire tout haut fa con feffion générale,mais on ne le lui avoit pas permis elle le demanda à l'heure de la mort avec tant d'inftance, que la Mere Angélique le lui permit. Après avoir été adminiftrée, elle demanda le Crucifix qu'elle tint toujours entre fes mains, le baifant amoureusement, & mourut dans cet état, âgée feulement de 14. ans, comme je l'ai dit.

:

La haute réputation de la maifon de P. R.

Zamet Evê. que de Lan

établie à Paris, lui attira la connoiffance de Liaison de la plufieurs Evêques affectionnés au bien, & d'au- Mere Angéli tres Eccléfiaftiques qui étoient en quelque di- que avec M. ftinction dans le monde, tels que les PP. de l'Oratoire. Cependant il parut par l'événement gres & les que ce n'étoit pas un grand profit pour le bien PP. de l'O:a fpirituel de la maifon. L'Evêque du Bellai, toire, M. le Camus, avoit connu P. R. à l'occafion de la liaifon de la Mere Angélique avec Saint François de Sales dont il étoit ami. Voici ce Tome I.

G

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