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me de vous & d'elle-même. «‹ Qu'est-ce que fe dépouiller de Dieu ? Apparemment on entend la privation des confolations intérieures, acceptée avec foumiffion. Sur celui de la PofSeffion: » Que les ames adorent en Jesus-Chrift

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la poffeffion qu'il a de lui-même, & qu'elles » n'aient point de vue, s'il lui plaît les poflé» der, ou non ; étant affez qu'il fe poffède lui» même. » Sur le 16e, attribut de l'Inapplica» tion : Que les ames s'appliquent à cette inap »plication de Jesus-Christ, aimant mieux être expofées à fon oubli, qu'étant en fon fouvenir lui donner fujet de fortir de l'application » de foi-même. Il paroît que la perfonne qui parle ainfi, ne s'entend pas bien elle-même ; mais ce qu'elle avoit dans l'ame, c'est la vue de la grandeur de Dieu,qui fe fuffit à lui-même, &-qui ne pense à fes créatures que pour La pro pre gloire.

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Plufieurs Docteurs de Sorbonne ayant vu le jugement de ceux de Louvain, fe rangérent de leur côté, & prirent parti contre les huit qui avoient cenfuré l'Ecrit, ayant Duval à leur tête. On imprima une Rélation de toute cette affaire, où la Cenfure des huit est discutée & réfutée. M. de Saint Ciran fit auffi l'Apologie du Chapelet, pour combattre les Remarques du Jéfuite, que M. de Sens avoit fait paroître contre l'Ecrit dès le commencement de la querelle. C'eft ce qui a donné lieu dans la fuite aux Jéfuites d'attribuer fauffement à M. de Saint Ciran le Chapelet fecret comme en étant l'auteur, par l'efpéce d'acharnement qu'ils ont toujours eu à faire de M. de Saint Ciran un héréfiarque. Dans ces entrefaites on apprit à Paris le jugement que le Saint Pere avoit porté de l'Ecrit ; fçavoir qu'il ne feroit ni cenfuré, ni mis à l'In

XIII.

dex, mais qu'il demeureroit fupprimé, de peur que les perfonnes fimples n'en abufaffent. La difpute s'affoupit, & le réveilla plusieurs fois : il fe fit plufieurs Ecrits pour & contre : & l'affaire tomba enfin tout-à-fait en 1636. Cette difpute intéreffa par deux endroits la maison de P. R. D'un côté les gens mal intentionnés & Les ennemis de P. R. en prirent occafion de décrier les Religieufes de ce Monaftére, & de les traiter de vifionnaires, d'hérétiques, & même de forcières.Une malheureufe rencontre vint à l'appui de ces calomnies; c'eft qu'il arriva dans le même tems qu'une Religieufe d'un autre Couvent débita effectivement de véritables blafphêmes contre le Saint Sacrement dans un Écrit dont le ftile étoit tout fingulier pour la fublimité des expreffions. Le public peu attentif confondit aifément ces deux affaires, & attri buoit à P. R. la feconde dont il étoit fort in, nocent. L'autre endroit par où l'affaire du Chapelet fecret tient à l'hiftoire de P. R. c'est qu'elle fut l'occafion dont la Providence fe fervit pour approcher de plus près M. de Saint Ciran du Monaftére de P. R. & pour l'en établir Dire &teur dans le fpirituel, comme nous allons le voir.

M. de Langres fut fi fatisfait de M. de S. Ciran Eftime de M. qui avoit feul entrepris fa défense dans l'affaire de Langres du Chapelet, qu'il fe lia avec lui beaucoup plus pour M. de étroitement qu'auparavant. La fréquentation le qui devient lui fit encore mieux connoître, & eftimer daDirecteur des vantage. On a fçu que fon affection pour cet filles du Saint Abbé alla jufqu'à vouloir fe le donner pour fuc

Saint Ciran

Sacrement.

ceffeur, & qu'il avoit prié plufieurs fois M.
Molé, Procureur Général, & depuis premier
Préfident & Garde des Sceaux, d'en
porter la
role au Cardinal de Richelieu. Il engagea donc

pa

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M. de Saint Ciran, en partant pour fon Diecèfe, à rendre fervice à fes filles en fon abfen ce,à leur faire des conférences,à les conduire par fes confeils, & même à les confeffer. Ainfi M, de Saint Ciran commença à vifiter fouvent P. R. & à faire fréquemment des conférences au Parloir. La raifon pour laquelle il ne faifoit fes inftructions qu'au Parloir, c'eft que F'Archevêque de Paris ne vouloit point permettre qu'on prêchât dans l'Eglife; c'étoit une fuite du mécontentement qu'il avoit de cet établissement fait fans lui.

Un nombre de gens de bien ne manquoient pas ces conférences de l'Abbé de Saint Ciran, entr'autres le célébre P. Amélotte de l'Oratoire, qui difoit qu'il viendroit de so. lieues pour entendre de tels difcours. Ces conférences difpoférent peu-à-peu les efprits dans la maifon du Saint Sacrement à prendre confiance en lui. Car quelque cas que fiffent ces filles de fon mérite & de fa grande piété, elles le redoutoient, s'imaginant qu'il feroit un peu févére fur-tout pour la Communion. La Mere Angélique tâchoit d'infinuer doucement cette confiance; mais elle ne vouloit rien prefler ; elle attendoit avec patience ce qu'il plairoit à Dieu de mettre dans le coeur de fes filles. M. de Saint Ciran de fon côté, comme nous l'avons déja obfervé, avoit pour maxime de ne jamais s'avancer, & d'attendre même que Dieu lui ouvrît les voies. Dieu benit cette conduite pleine d'humilité & de fageffe ; & environ un an après que M. de Saint Čiran eut commencé fes inftrucons à la grille, il vint en penfée à toutes les Sœurs dans le même tems de lui faire une confefiion générale. Il ne fe refufa pas à cette bonne œuvre. C'étoit vers le commencement du

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Carême, & il ne les tint que jufqu'à la fin de la Quarantaine dans les épreuves de la pénitence. Il les envoya toutes à la Communion le Jeudi-Saint quoiqu'elles fuffent toutes trèsfincérement difpofées à différer autant qu'il l'auroit jugé à propos. Qu'il me foit permis de remarquer en paffant combien peu étoit fondée l'accufation fi fouvent intentée contre M. de Saint Ciran, d'un rigorifme outré pour le refus de l'abfolution, & l'éloignement de la Communion. Une épreuve de fix femaines une fois en la vie, dans l'intention de fe renouveller dans la vraie piété, & de réparer des Confeffions & des Communions, peut-être bien défectueufes par le paffé, je le demande à tout homme raisonnable: Y a-t'il en cela de quoi fe récrier, & fe fcandalifer fi fort? Une d'entre ces filles lui ayant demandé à demeurer encore quelque tems éloignée de la Sainte Table, il lui répondit qu'elle fe laifsât conduire, qu'il pourroit venir un tems où on l'en priveroit plus qu'elle ne voudroit. Il a été Prophête.

La Mere Angélique lui fit auffi quelque tems après fa confeffion générale. Ce fut en 1635. vers l'Affomption: elle en avoit déja fait plufieurs à d'autres perfonnes, entr'autres à Saint François de Sales. Elle les faifoit toujours avec un nouveau profit: elle en remportoit un accroiffement fenfible de ferveur & de vertu. On trouva le papier où elle avoit écrit les réfolutions qui étoient au nombre de douze : celuici fervira d'échantillon: » Je converferai avec »mes fœurs avec la plus grande humilité que » je pourrai. Je ne les reprendrai jamais de leurs fautes à l'heure qu'elles les feront, ni pour » la premiére fois, ni que je n'aie prié Dieu auparavant qu'il me faffe la

grace

de le faire

» par fon efprit, & qu'elles le reçoivent de mê » me. « Pour ce qui eft des Religieufes, le fruit de ce renouvellement qu'elles avoient fait entre les mains de M. de faint Ciran, fut de mener une vie pleinement conforme à toutes les maximes & à tous les principes de la Mere Angélique. La direction de cet excellent Maître, & les conférences de la Mere qui étoient toutes pleines des vues faintes & lumineuses du Directeur, arrofoient ce beau plan: auffi les Sœurs étoient ravies, lorfque cette Poftulante difcole, Anne de Jefus, étoit obligée de s'abfenter de la conférence pour quelque raifon : parce que la Mere étoit alors plus libre pour s'expliquer & pour produire de fon bon tréfor tout ce qu'il y

avoit.

XIV.

gres contre

Cette Sœur Anne de Jefus ne laiffa pas dans da fuite de donner aufli quelque figne de vie. Préventions Elle voulut faire un renouvellement comme les de M. de Lanautres fous la direction de M. de faint Ciran. M. de Saint Elle étoit en effet aufli frappée que les Sœurs Ciran, de fa grande capacité, & de l'intelligence profonde qu'il avoit des chofes de la Religion. Il pouvoit même fe faire qu'elle eût le cœur réellement touché. Mais la fuite fit voir que l'impreffion étoit légére. Elle fe confeffa donc, & témoigna à M. de faint Ciran qu'elle étoit fâchée de fe voir hors de fa place naturelle de Poftulante. Le Directeur applaudit ; & en conféquence elle vint importuner la Mere Angélique pour être déchargée du foin des Novices; la Mere le lui accorda après avoir confulté M. de Langres qui ne s'en éloigna pas. Il parut que cette fille fut fâchée qu'on l'eut prise au mot: elle n'acheva pas fon renouvellement avec M. de faint Ciran, & elle reprit la premiére conduite. M. de Langres lui-même qui lui étoit

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