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logies pour Janfénius, dont le Livre intitulé Auguftinus, qui eft devenu depuis fi fameux, commençoit à paroître, & étoit déja vivement attaqué. Nous aurons lieu dans la fuite d'en parler plus au long.

les adver

III.

Commence

ment de la perfécution contre P.R.

de fon Livre

Les Religieufes de P. R. n'entroient pout rien dans ces conteftations.Quand le Livre de la fréquente Communion auroit été auffi plein de blafphêmes contre l'Eucharistie, que faires le publioient, ces faintes Vierges ne de- l'occafion de voient point être inquiétées à ce fujet le moins M.Arnaud & du monde; puifqu'il étoit notoire d'un côté de la Fréquen qu'elles étoient nuit & jour en adoration de-te Communion. vant le S. Sacrement, & que de l'autre l'usage de la communion étoit très-fréquent parmi elles, de tous les jours même pour quelques-unes. Mais M. Arnaud frere de la M. Angélique; Madame Arnaud la mere, morte Religieufe à P. R; douze, tant fœurs que niéces de M. Arnaud, auffi Religieufes à P. R; M. Arnaud lié à P. R. jufqu'à s'être dépouillé de tout fon bien pour le donner au Couvent; enfin M. Arnaud,folitaire depuis quelque tems à P. R. des Champs avec plufieurs de fes neveux folitaires comme lui; c'étoient autant de crimes pour la M. Angélique ; & il n'en falloit pas davantage pour qu'elle & fa maifon fuffent coupables aux yeux des Jéfuites, auffi bien que M. Arnaud.» Ils » s'accoutumérent, dit M. Racine dans fa belle » Hiftoire de P. R. à confondre dans leur idée » les noms d'Arnaud & de P. R. & conçurent »pour les Religieufes de ce Monaftére là même haine qu'ils avoient contre la perfonne de >ce Docteur. >>

L'Archevêque de Paris, Jean-François de Gondy, , pour contenter la Cour horriblement prévenue contre P. R. fit,& fit faire plufieurs vi

IV.

Ecoles de P. R. vexées.

fites dans ce Couvent. Il y en eut une très-longue en 1644. qui fut terminée le 13. Décembre. M. de Paris en avoit donné la commiffion à deux hommes qui ne pouvoient être fufpects à la Cour, étant eux-mêmes affez mal intentionnés pour les Meffieurs qui conduifoient les Religieufes; c'étoit M. du Sauffai Official de l'Archevêché, depuis Evêque de Toul, & M.

Charton Grand-Pénitencier de Notre Dame.Ces deux Commiffaires après une recherche faite avec grand foin dans le Monaftére, & après de longs interrogatoires de chaque Religieufe, non feulement ne trouvérent rien qui fût digne d'animadverfion, mais déclarérent même qu'ils étoient très-fatisfaits, & qu'ils s'en retournoient bien contens.

Ce qu'on appelle les Ecoles de P. R. avoit commencé dès l'année précédente 1643. C'étoit une petite poignée de jeunes enfans qu'on y avoit affemblés pour leur donner une éducation chrétienne. On fe conformoit en cela aux vœux de M. de S.Ciran, qui avoit eu une dévotion particuliére pour cette bonne œuvre de l'éducation de la jeuneffe, & qui en avoit parlé fréquemment aux pieux pénitens qu'il conduifoit. J'ai nommé ailleurs les plus diftingués de ces enfans qui eurent le bonheur de fe former dans cette Ecole. Les Bignon, les Tillemont, les Bagnols, les Dufoffé qui en font fortis, font à leur tour l'honneur de l'Ecole. On leur donna pour Maîtres au commencement un Eccléfiaftique de mérite, nommé M. de Serres, & un gentilhomme Baïonnois M. de Bascle, qui étant venu à Paris, pour demander la protection de M. de S. Ciran auprès de fes amis, dans une affaire temporelle qu'il avoit, avoit rencontré plus qu'il ne cherchoit. Car M. de S. Ciran, qu'il eut per

mission d'aller voir à Vincennes, l'inftruifit fur la Religion, le toucha, & le mit dans la bonne voie pour le falut. M. de Serres étoit pour les Belles-Lettres, & M. de Bascle pour Î'instruction de la Religion & pour les mœurs.

L'orage qui grondoit fur le Monaftére de P. R. de Paris, détermina à retirer les enfans de P. R. des Champs. On les mena au Chefnai proche Verfailles, dans une maison appartenante à M. de Berniéres Confeiller d'Etat, de qui j'ai parlé au même endroit. L'année suivante 1645. on crut pouvoir les ramener à P. R. des Champs, parce que le Monaftére de Paris jouiffoit d'une efpéce de calme. Et ce fut alors que ces enfans eurent pour maître le célébre M. Lancelot, qui dans la fuite a eu l'honneur d'être auprès de MM. les Princes de Conti en qualité de Précepteur,& qui a été depuis Religieux dans l'Abbaye de S. Ciran. Il compofa dans fon féjour de P. R. ces excellentes méthodes grecque & latine, qui ont eu tant de réputation, & qui en ont tant acquis à l'Auteur, En 1646, ces Ecoles furent encore tranfplantées. On jugea à propos, pour la commodité & pour la sûreté de l'oeuvre, de la placer à Paris. On mit les enfans dans une maison qui étoit dans le cul-de fac de la rue S. Dominique au fauxbourg S. Jacques. Il fe trouva alors 24. enfans, partagés en quatre bandes de fix, ayant chacune fon Maître particulier. Un M. de Beaupuis avoit comme une intendance générale fur tout le petit College, & les 4. Maîtres des 4. bandes étoient M. Lancelot, le célébre M. Nicole qui eft devenu enfuite un fi grand homme, & deux autres Meffieurs dont le nom eft moins connu.

V.

Il ne fe paffa rien de confidérable à P. R. chez' les Religieufes pendant cette année 1645. fi ce Mort de MaM S

demoiselle

Lorraine.

n'eft la perte que fit la maifon de deux perfond'Elbeuf de nes très-illuftres, qui lui étoient attachées, & d'une Mere d'un grand mérite. La premiére eft la jeune Princefle d'Elbeuf,de la maison de Lorraine, qui mourut cette année. Elle se nommoit dans le Couvent fœur Catherine-Henriette de S. Auguftin. Elle avoit été élevée dans la maifon dès l'âge de 8. ans. Sa jeunesse fut trèsédifiante, fur tout par le mépris perfévérant des grandeurs du monde, qui fut remarqué en elle. A l'âge de 17. ans elle conçut le défir d'être Religieufe. Il est étonnant avec quelle conftance elle fe foutint dans fon pieux deffein. Elle eut à combattre & son illuftre famille qui fit tous les efforts pour l'en détourner, & les Supérieures de la maifon qui la fatiguérent par un refus perfévérant, parce qu'elles redoutoient extrêmement de recevoir chez elles des filles d'un fi haut rang. La maifon cependant ne rifquoit rien du côté de cette Princeffe, dont l'humilité fut telle que fa résolution étoit, fi elle avoit fait profeffion, de joindre aux trois vœux de la Religion, un quatrième de nejamais accepter d'Abbaye. Elle paffa donc plufreurs années dans la poftulance, oppofant à tous les obftacles qu'elle rencontroit, tantôt la fermeté d'une résistance chrétienne, tantôt les inftances & les larmes, tantôt le filence & la patience; & fur tout fouffrant fans aucun reffentiment le peu d'égard qu'on affectoit quelquefois de faire paroître pour fa qualité. Elle fut admife à la fin, & commença fon Noviciat. Elle y pratiqua les vertus de fon état dans un dégré de perfection qui la faifoit admirer. Comme on étoit sûr de la fincérité de sa vertu on ne la ménageoit point; on ne lui paffoit rien ; & elle le foumettoit à tout fans peine.

Dieu fe contenta de fa bonne volonté : unè maladie qui furvint avant qu'elle pût faire profef-fion, l'emporta à l'âge de 22. ans & demi. On lui donna l'habit de Religion dans fon lit la veille de fa mort, pour fatisfaire l'ardent défir qu'elle en avoit. M. de S. Ciran lui a écrit plufieurs lettres, une entre autres fort ample fur le mépris du monde & le bonheur de la vie Religieufe; elle eft partagée en 28. chapitres.

L'autre perte que fit le Monaftére, fut celle de la Reine de Pologne qui partit pour fes Etats. C'étoit la Princeffe Marie de Gonzague de Cléves de Mantoue, dont j'ai fuffisamment parlé plus haut. Ce fut cette année qu'elle quitta la France, étant mariée au Roi de Pologne.

VI.
Mort de la
Mere le Tar-
d.f.Abregé de

Au commencement de l'année suivante 1646. la maison fit une troifiéme perte auffi fenfible dans la perfonne de la Mere Geneviève de S. Auguftin le Tardif, premiére Abbeffe triennale (a vie. de P. R. depuis la fuppreffion de l'Abbeffe titulaire. Elle étoit née de parens gens de bien mais peu à leur aife. Elle eut le cœur tourné á la piété dès fa plus tendre enfance, & elle conçut bientôt le défir d'être Religieufe. Le détroit où le trouvoit fa famille, ne lui laiffoit point entrevoir d'efpérance de pouvoir effectuer fon pieux deffein. Ayant entendu parler de la générofité de la Mere Angélique, qui recevoit à Maubuiffon les filles fans dot, elle y alla. Elle fut bien reçue, parce que fa phifionomie frappa tellement la Mere Angélique, qu'elle dit à la jeune fille qu'elle avoit la mine de bien réussir. Elle fut donc du nombre de ces trente filles que la M. Angélique amena de Maubuiffon à P. R. avec elle. Sa vertu & fes bonnes qualités lui avoient acquis une réputation qui devança fon

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