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affez haut pour être vue de dehors. Toutes les Religieufes communiérent à la Meffe. Après la Meffe on chanta le Te Deum & le Célébrant donna la Relique à baifer au peuple. L'affinence du monde fut fi grande à P. R. ce jour-là, qu'il fut débité à la porte du Monaftére pour cent francs de Sentences de l'Official fur le miracle, à un fou la pièce. La Cour elle-même crut le miracle, & le Cardinal Mazarin avoit été le premier à folliciter le Grand-Vicaire de Paris d'en faire la publication. Une circonftance très-remarquable fut que ce Grand-Vicaire, qui avoit eu des ordres pour faire une visite à P. R. à mauvaise intention, le miracle étant furvenu, fit au lieu de la vifite les procédures pour conftater le miracle. M. Pafcal, oncle de la petite Perrier, fut fi frappé de l'événement, que ce fut ce qui lui donna occafion de mettre fur le papier toutes fes penfées fur les miracles, qui font imprimées; & fa fœur la Religieufe, qui eft la Sœur fainte Euphémie, qui avoit eu toute jeune un fi grand talent pour la poësie, compofa un poëme françois de plus de 200. vers fur cette guérison miraculeufe: il se trouve dans le recueil des piéces de P. R. imprimé en 1740. in-douze. Le pere & la mere de la jeune Demoiselle ont fondé dans la fuite à perpétuité dans la Cathédrale de Clermont ( où fe voit une infcription qui conferve la mémoire du miracle) une Meffe en mufique qui s'y chan te encore le 24. Mars. Il ne faut point oublier le témoignage récent qu'a donné au miracle de P. R. le Pape Benoît XIII. l'ayant cité dans fes homélies fur l'Exode, qu'il a fait imprimer, & dans lefquelles il prouve que les miracles n'ont pas ceffé dans l'Eglife.

Après cette guérifon, & la fête qui en fut cé

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lébrée, on rendit la Relique à M. de la Potterie qui la remit dans fa Chapelle. Comme il fe trouva un peu incommodé du concours qui étoit grand chez lui pour la dévotion que ce miracle avoit excité dans le public envers la fainte Epine, & que d'ailleurs il ne fe fit chez lui aucun miracle, comme il ne s'en étoit pas fait non plus ni aux Carmélites ni aux Urfulines, entre les mains de qui la Relique avoit paflé quelque tems, il jugea qu'il vaudroit mieux la dépofer pour toujours à P. R. & qu'il fembloit que c'étoit-là que Dieu la vouloit. Elle n'y fut pas plûtôt revenue les miracles que recommencérent & fe multipliérent. Le Reliquaire y eft encore aujourd'hui. Tous les Vendredis on l'expofe dans l'Eglife le matin ; & les antres jours on le montre à ceux qui le demandent. Le tableau du miracle eft auffi dans l'Eglife.

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2. Le 2e qui fut vérifié & attesté par un fecond mandement des Grands-Vicaires de Paris du 28. Août, eft la guérifon de la Demoifelle Baudran. C'étoit une jeune Parifienne de quinze à feize ans, malade depuis fept ans. Maux de tête, colique, débilité générale, extrême difficulté de refpirer, c'étoit-là fes maux habituels: mais le pire de tous étoit une enflure prodigieufe depuis les quatre derniéres années. Elle avoit dans le ventre une loupe très-groffe, palpable & flottante. Le Vendredi avant la Trinité elle commença une neuvaine à la fainte Epine. Le jour de la fête à fix heures du foir elle fut vifitée par deux Médecins & deux Chirurgiens; après une longue confultation, il fut arrêté qu'on lui ouvriroit le ventre avec un rafoir. Ce que la malade ayant entendu, elle en fut faifié d'effroi : & le monde

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étant forti de la chambres elle fe leva, & alla fe profterner devant le faint Sacrement & la fainte Epine; ou ayant été environ une demiheure, elle fe trouva guérie, La guérison étoit fi parfaite, qu'étant revenue à fon lit pour fe coucher,elle s'apperçut que fon ventre étoit tout défenflé fans aucune forte d'évacuation; & dès ce moment tous fes maux difparurent. Les Médecins & les Chirurgiens qui revinrent le lendemain pour faire l'opération, furent furpris de trouver cette fille dans le meilleur état de fanté où l'on pût être, le ventre tout plat, la parole & la voix revenues parfaitement, le teint même & la couleur du vifage rétablis.

3. Les Grands-Vicaires de Sens conftatérent auffi un miracle qui s'étoit fait dans la Ville de Provins, fur une Religieufe de la Congré gation, & le rendirent public par un Mandement.

4. Il fe faifoit à P. R. up, grand concours de peuple & de perfonnes de toute condition. Les Pélerins qui y venoient, prioient le long des rues, comme dans les ftations du Jubile. On vendoit des livres pour la dévotion à la fainte Epine. On difoit des Meffes depuis cing heures du matin jufqu'à midi ; & les places pour dire la Meffe chacun, en fon rang, étoient retenues par les Prêtres trois mois auparavant. On vit venir à P. R. le Prince de Conti, à qui Dieu avoit touché le cœur depuis quelque tems; le Prince Palatin; M. d'Aubigni, & plufieurs autres perfonnes de grande diftinction. La reconnoiffance y amenoit le Prince Palatin: il venoit rendre graces à Dieu de ce qu'il avoit prolongé les jours de la Princeffe fon épouse, en la retirant de l'extrémité où elle étoit. Il avoit eu recours à la fainte Epine deux jours aupa

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ravant avec une très-grande confiance; & M. d'Aubigni fon parent, & parent auffi du Roi d'Angleterre, avoit écrit à ce fujet à M. de Bagnols le billet fuivant: » M. de Bagnols eft "prié par fon très-humble ferviteur d'Aubigni de faire toucher le préfent mouchoir à la fainte Epine de P. R. & de faire recomman» der aux priéres de toutes les bonnes Religieu→ fes Madame la Princeffe Palatine qui est à l'extrémité depuis ce matin ; & de me renvoyer le mouchoir qui y aura touché, avec » une ou deux images de la fainte Epine. » Il étoit neuf heures du foir, lorfque ce billet fut envoyé : & dès que le linge qui avoit touché à la fainte Epine, fut appliqué fur l'eftomach de cette Princeffe réduite en un péril évident de mort, elle fe trouva mieux à l'inftant, & dans la fuite elle recouvra parfaitement la fanté.

douze ans

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5. Dans le tems que les Grands-Vicaires procédoient aux informations & à la vérification du miracle de la Demoiselle Baudran, il s'en fit un autre qui paroiffoit encore plus extraordinaire que le précédent. Ce fut en la perfonne d'une petite fille, penfionnaire, âgée de toute contrefaite de naiffance & reconnue pour telle par la fage-femme qui étoit encore vivante, boiteufe au point qu'une de fes jambes étoit plus courte de demi-pied que l'autre, fourde depuis quelque tems, ne voyant pas d'un œil où il y avoit un dragon, ayant la bouche fi biftournée, qu'on avoit peine à entendre ce qu'elle vouloit dire. Après une neuvaine à la fainte Epine, elle fut guérie de tous ces maux, & la jambe courte s'allongea fucceffivement.

6. Une Religieufe de la maison de Dieu de

VI.

Vernon Diocèle de Rouen, paralitique des
deux jambes depuis deux ans, qui ne pouvoit
marcher qu'avec une très-grande difficulté, &
qui avoit été inutilement aux eaux de Rouen,
pour y chercher le reméde à fon infirmité
étant revenue à Paris, eut dévotion d'aller
P. R. révérer la fainte Epine. Elle fe trouva
guérie auffitôt qu'elle l'eut baifée, & s'en re-
tourna quelques jours après à fon Couvent
affez forte pour faire à pied près d'une lieuë.
Cette Religieufe étoit fœur de M. de Merçai
Ecuyer de la Reine d'Angleterre, & niéce du
Commandeur de Merçai. Le miracle fut attesté
par le Médecin & le Chirurgien de Vernon,
dont la Prieure de Vernon envoya les certifi-
cats avec le fien.

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7. Madame Durand, femme d'un Procureur Suite des mi-de la Cour, avoit entr'autres infirmités un voracles. miffement continuel depuis deux ans dix mois, qui lui faifoit rejetter toute nourriture. Elle fe fit porter à P. R. le 18. Juillet pour demander à Dieu fa guérifon par l'attouchement de la fainte Epine. Elle fe fentit guérie dans le moment qu'elle l'eut baifée : & pour affurer, elle prit de la nourriture fur le champ au Couvent, & elle la retint fans peine : elle n'a eu aucun retour de fon mal.

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8. Un Officier de la Fauconnerie vint de Vincennes où étoit la Cour, & présenta à M. Singlin fon enfant, âgé de dix mois, porté entre les bras de fa mere, qui fe mouroit d'une fiévre très-violente, & n'avoit pas tetté depuis quatre jours. M. Singlin dit la Messe, fit baifer la fainte Epine à l'enfant après la Meffe. Auffitôt l'enfant s'émut, cria, & tetta fort bien, & le pere s'écria: Mon enfant eft guéri. Quelques jours après il le rapporta à P. R. en plei

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