gouvernée par les Jéfuites, & très-oppofée de fentimens aux Religieufes de P. R. Le Médecin qui donna l'atteftation du miracle, déclare qu'elle avoit été faignée près de 120. fois, & que lui & les autres Médecins l'avoient abandonnée. 18. Une Religieufe des Ifles à Auxerre fut guérie de piquantes douleurs & d'une main qu'elle avoit paralitique, par la dévotion à la fainte Epine. 19. Une Religieufe de Sainte Marie de Montargis, qui depuis deux ans ne parloit point, après une neuvaine faite pour elle à P. R. recouvra la parole en un moment, fans aucun reméde humain ; & a toujours parlé depuis parfaitement. 20. Une Religieufe de l'Hôtel-Dieu de Paris, nommée fœur Madelaine de la Paffion avoit au genou une loupe qui groffiffoit depuis deux ans, & étoit parvenue à la grosseur d'un œuf. On parloit d'incifion. Elle pria un ami de lui faire avoir un linge ou quelque image qui eut touché à la fainte Epine, & de la recommander aux priéres des Religieufes. On lui fit une neuvaine dans le Monaftére. Elle appliqua le linge & une image de la fainte Epine fur fon genou dès le premier jour. Cependant un Chirurgien, neveu d'une Religieufe, promit de guérir la loupe fans incifion, & commença de lui appliquer les mouches Cantarides. Le reméde aigrit & enflamma la partie, caufant de grandes douleurs qui empêchoient la Religieufe de prendre fommeil. La Mere Prieure fit faire une confultation de deux Médecins & de trois Chirurgiens, qui tous opinérent pour l'incifion : : & en attendant ils mirent de l'onguent Cérat à la loupe, pour diffi per l'inflammation. La Religieufe qui redou- de 21. La femme d'un Commis au Bureau Général des Finances, nommé M. d'Efpinai, avoit le chagrin de mettre au monde des enfans qui ne marchoient point, Elle avoit eu trois filles, dont la première étoit morte à cinq ans & demi ; la feconde à 18. mois, fans avoir pu toutes les deux mettre les pieds l'un devant l'autre. La troifiéme qui vivoit, âgée de dixfept mois, étoit dans la même impuiffance de marcher. Il lui étoit furvenu une fiévre continue avec un grand dévoiement. Sa mere enyoya à Cachan proche Paris où elle étoit en nourrice,des linges qui avoient touché à la fainte Epine. Sa nourrice lui ayant mis ces linges, elle s'endormit, & à fon réveil elle fe trouva fans fiévre & fans dévoiement. Sa mere alla la voir, & fut bien réjouie de la trouver fans fiévre, & de voir que même elle commençoit à marcher tenue par la lifiére. VII. Beaucoup d'autres miracles de guérifon s'opérérent encore pendant cette année 1656. fur Suite. des malades fur le Pere Bernard Coignet Chanoine Régulier, Prieur de faint Vincent de Senlis fur Madame de Montheny près faint Jacques de l'Hôpital : fur Marie Elizabeth Renard, âgée de vingt-quatre ans, de la paroiffe de faint Laurent: fur un garçon tailleur, de la communauté des Tailleurs, nommé Claude le Roi: fur une petite fille, âgée de deux ans deur mois, fille de M. Bofche rue faint Antoine ? fur une Religieufe de Troies, fille de M. Graffin, Confeiller au Préfidial de la même Ville : fur un jeune Chartreux, nommé Boifard, fils du tapiffier de Sorbonne. Ce dernier miracle eft rapporté dans la 897. & la 904e. Lettres de la Mere Angélique; & le pénultiéme dans une Lettre de l'Abbeffe de Notre-Dame de Troies au Pes re Sénaut Supérieur de faint Magloire, laquelle Lettre exifte encore en original. Tous les au tres font mentionnés dans les manufcrits de ce tems-là qui fubfiftent encore à présent, entr'autres dans l'Hiftoire Eccléfiaftique du xv11. fiécle de M. Hermant. Le Ciel favorifa encore cette fainte Maison les années fuivantes de plufieurs pareils miracles, que je rapporterai ici, où ils trouvent naturellement leur place auprès des premiers 3 afin de ne pas revenir une feconde fois fur le même fujet, & de ne plus diftraire le lecteur de la fuite de l'Hiftoire. Voici ce que je trou ve dans la Rélation de ce qui s'est passé à P. R. de Paris depuis 1661. jufqu'en 1663, écrite par les Religieufes. » Le Mercredi de la fe maine Sainte 13. Avril 1661. le Confeil fe » tint en Cour pour avifer des moyens qu'on » tiendroit pour exécuter le deffein qu'on avoit pris depuis fi long-tems contre cette maifon... Entre cette délibération & le jour qu'on com» mença à l'exécuter, il plut à Dieu d'opérer » une merveille en cette mailon que nous de»vons regarder comme une arrhe de la conti» nuation de fon affiftance & de fa protection » dont nous avons toujours reffenti des effets » extraordinaires. Ce fut en la perfonne de ma » Sœur de Monglars, qui étant boiteuse depuis * un an, par un accident qui faifoit juger fon » incommodité incurable, fut miraculeufe» ment guérie le Jeudi de Pâques 21. Avril > par l'interceffion de notre Pere Saint Bernard, » à qui elle avoit fait une neuvaine à cette » intention. J'ajouterai ici le petit détail qu'en > donne M. Arnaud dans une Lettre à M. » Hermant du vingt-quatre Avril. Mademoi» felle de Monglat, âgée de treize ans, avoit > tous les os du corps déboëtés, fur-tout la » hanche étant rentrée au-dedans du ventre. Depuis deux ou trois mois une de ses jambes » s'eft trouvée de quatre ou cinq grands doigts plus courte que l'autre, & quand elle fe met» toit à genoux, il falloit qu'elle mît un gros livre fous un de fes genoux: autrement elle » auroit été toute pliée d'un côté. Cela obligea de lui donner un foulier qui étoit plus haut que l'autre de quatre bons doigts ; & » il y a un mois qu'on fut encore obligé de le » rehauffer. Etant dans cette incommodité & beaucoup d'autres, elle fit une neuvaine la femaine Sainte à faint Bernard, afin qu'il lui » obtînt de Dieu quelque foulagement à fes maux, pour pouvoir entrer au Noviciat, en 5 ayant une très-grande & très-folide envie » quoique fort jeune, parce qu'elle a l'efprit » fort avancé, & une piété toute extraordinaire pour fon âge. Elle s'eft trouvée beaucoup plus » forte dans cette neuvaine, & Mercredi der» nier elle trouva tout d'un coup la jambe allongée, de forte que fon foulier l'incom» modoit beaucoup & en > ayant pris deux égaux, il fe trouva qu'elle ne boitoit plus » en aucune forte. Cela a continué depuis ce tems-là, & il y a apparence que cela con>>tinuera toujours. » Cette Demoiselle de Monglat étoit niéce du Duc de Luines. Elle сс כל fut dans la fuite obligée de fortir de P. Ri comme les autres penfionnaires: elle s'eft faite Religieufe de Gif, en a été Abbeffe, & y a établi la Réforme. Je rapporterai ici tout de fuite une autre guérifon merveilleuse, dont je préviens le tems, afin de réunir tout en un feul corps. , , Au commencement de l'année 1662. dans la grande crife de la fignature, la fœur Catherine Ste Sufanne, fille du célébre peintre M. Champagne, fut guérie miraculeufement d'une paralifie de 14. mois. Elle avoit été pendant tout ce tems fans pouvoir marcher fe remuant avec grande peine dans fon lit où fur une chaife. Sa jambe & fa cuiffe droite étoient entreprises. La fiévre ne la quittoit prefque point ni jour ni nuit, & le feu extrême qu'elle fentoit dans la jambe lui avoit prefqu'entiérement ôté le fommeil. Les Médecins avoient épuifé leur art toutes les efpéces de remédes avoient été effayées inutilement, fans parler de trente faignées qu'on lui avoit faites dans le cours de fon mal. Après plufieurs neuvaines de prières réitérées pour elle dans la maison, on pria la Mere Agnès d'en faire une particuliére. Elle la commença le 29. Décembre, & la finit le jour des Rois. Jufques-là point de foulagement. Mais le lendemain pendant la préface de la grand-Meffe que la malade entendoit de fa chambre, il lui vint en penfée de fe lever de fa chaife, & d'effayer de marcher. Elle le fit, s'appuyant d'abord aux meubles & aux murailles, puis fans fe tenir à rien. Etonnée de ce qui fe palle, & toute tremblante, elle n'ofe fortir de fa chambre, fe met à genoux à l'Elévation fe reléve marchant avec liberté. On la méne à la chambre de la Mere Agnès; elle defcend un |