Images de page
PDF
ePub

dégré de 40. marches pour aller adorer le S. Sacrement, & rendre graces à Dieu. Et depuis ce tems-là elle jouit d'une parfaite fanté. M. Cham, pagne fon pere en témoigna fa reconnoiffance, par un tableau qu'il donna à la maison, où il a, peint fa fille paralitique dans une chaife, & la Mere Agnès à genoux auprès d'elle, faifant la neuvaine. Ce tableau exifte encore, & fe voit dans l'Eglife de P. R. à côté de la grille en dehors, avec l'histoire abrégée de la guérifon.

Je finirai par celle de deux petits enfans de pauvres gens, qui eft atteftée par M. de Pontchateau dans un billet du 17. Juillet 1666. Cette double guérifon fut faite par un petit linge qui avoit touché à la fainte Epine. C'étoit M. de Pontchateau qui avoit été chargé par la Mere Angélique de faire les Rélations des miracles: Auffi l'appelloit-on le Greffier de la fainte Epine,

Voici la teneur du billet dans lequel, outre l'expofé des deux faits, on verra des traits de la noble fimplicité, & de l'édifiante humilité de ce vertueux Seigneur.

Le 17. Juillet 1666. Je vous écris ce billet pour une affaire de charité & d'obligation qui me regarde, & dans laquelle j'efpére le fecours des bonnes perfonnes que vous fçavez. Voici l'hiftoire.

Nous avons auprès de chez nous un porteur d'eau & fa femme, qui eft un bon homme, & fa femme une femme bien paifible, qui ne penfent à rien qu'à vivre doucement de leur travail. Ils n'ont qu'un enfant qui a été extrêmement mala de,jufques la même qu'il ne parloit & n'entendoit plus, & étoit dans une langueur qui me donna grande compaffion; cela me porta à lui donner un morceau de linge qui a touché à la fainte

pour

lui,

Epine, que je garde il y a plus de dix ans, & avec lequel j'avois déja guéri il y a un an & demi un petit enfant d'une fiévre continue avec des redoublemens. Mais j'étois bien en peine comment je ferois prier Dieu n'ofant pas le faire moi-même. Je ne dis pas à ces bonnes gens ce que c'étoit mais je leur dis feulement que je ferois prier Dieu pour leur enfant : & pendant neuf jours je fis quelques prières ; j'offris à Dieu celles que les Religieufes de P. R. des Champs feroient pendant ce tems-là, & celles que j'attendois de leur charité qu'elles feroient à cette intention, quand je pourrois leur demander. Dieu à qui tout eft préfent, a exaucé les priéres de fes fidéles fervantes, & a rendu la fanté à cet enfant qui a commencé de se mieux porter dès le premier jour, peu après à entendre. Enfin au bout de la neuvaine, qui fut lundi dernier, il parla & mangea, & va toujours de mieux en mieux. Je fouhaiterois bien pouvoir moi-même prier nos fœurs de faire quelques priéres en actions de graces pour cela, & pour demander la confirmation de la fanté de cet enfant. Mais en attendant, je vous fupplie de demander cette grace en mon nom á.... & pour moi auffi qui aurois bien besoin d'un miracle pour me convertir & me changer. 11 faut que je vous dife la fimplicité de ces bonnes gens. Ne fçachant pas quel nom donner à ce morceau de linge, ils difent c'eft une que grande dignité que je leur ai donnée ; & le Pere me difoit bonnement ce matin, que Dieu merci & la Vierge & moi, fon enfant fe portoit bien, me donnant ainfi part au miracle. Adieu, quand nous nous verrons, nous en dirons davantage: : car vous pouvez bien juger qu'il y en auroit bien à dire: mais je n'ai voulu rien

[ocr errors]

mettre ici que touchant cette affaire qui me confole en ce qu'elle eft une marque de la bonté avec laquelle Dieu exauce les priéres de nos fours. Ne m'oubliez pas dans les vôtres, & me croyez, s'il vous plaît, tout à vous en J. C. Adieu.

[ocr errors]

VIII.

la Mere An

Ces miracles que je viens de rapporter, ne font pas les feuls. Il s'en eft fait encore beau- Sentimens de coup d'autres ; les mémoires de ce tems-là en gélique fur font foi, & le témoignage de M. de Péréfixe ces miracles, Archevêque de Paris, ne fera point fufpect: Votre fainte Epine, dit-il, (Rélat. de 1664. ) 4 fait une centaine de miracles sque je crois véri- • bles. C'est l'humilité des Religieufes qui a em pêché qu'ils ne foient tous parvenus à la conBoiffance du public.Car dans toutes leurs Rélations, on ne trouve le récit que de trois feule ment de ceux que je viens de rapporter, fçavoir celui de Mademoiselle Perrier, qui eft le premier, & les deux derniers de Mademoiselle de Monglat & de la foeur Champagne. J'ai tiré le récit des autres de l'Hiftoire Eccléfiafti que manufcrite de M. Hermant. Ces faintes Religieufes ont cru devoir fe contenter de s'en édifier, & d'en remercier Dieu dans le filence; fe conformant en cela à l'efprit de leur très fainte Mere, la Mere Angélique, qui s'explique ain dans une de fes Lettres. Pour moi je » vous dirai que je ne fçaurois approuver tant » de recherches, Dieu fçait pourquoi il fait Angélique Arfes miracles, & il en tirera fa gloire en la naud, p. 41, » maniére qu'il lui plaira, fans qu'il foit be lett. 23,, de fes foin tom. 3. que nous nous en mêlions, ni que nous » faflions autre chofe que d'adorer fa divine Providence, & de bénir fa bonté avec une gran » de humilité & reconnoiffance. Cela doic plu→ tôt fervir à ceux qui viendront après nous,1

Extrait des Lettres de la "Mere Marie

lett. 919.

&

[ocr errors]

*

[ocr errors]

33 pour leur faire révérer la conduite de Dieu; qu'à nous en diftraire. Le monde en fait af» fez de bruit, & je crois que c'est le deffein de » Dieu qu'il en parle, & que nous nous en tai» fions, non-feulement nous, mais tous nos » vrais amis. » La Mere Agnès fe conduifoit par les mêmes principes. Elle laiffa paffer huit jours fans rien faire fçavoir à l'Eccléfiaftique qui lui avoit prêté la fainte Epine, du miracle opéré fur la Demoifelle Perrier. Elle étoit alors Prieure, & fa grande retenue fut caufe que même dans la maifon le miracle ne fut connu que peu • à peu; les unes ne l'ayant fçu que 3. jours après, quelques-unes même feulement au bout de 15. jours. Le pieux Eccléfiaftique dans le remerciement qu'il fit à la Mere Agnès de la nouvelle confolante qu'elle lui avoit apprife, la loue de l'humble retenue qu'elle avoit eue pour ne pas divulguer le miracle, » vu que plufieurs, dit»il, par la malice du tems, ont une telle avers fion de votre maifon qu'ils ne voudroient pas le croire; mais s'imagineroient plutôt que vous l'auriez mis en avant donner pour T quelque haute eftime de votre maison, ou » pour d'autres intérêts que ces perfonnes fe forgeroient en l'efprit, felon leur humeur & fantaisie.»

[ocr errors]

: Detels fentimens portent avec eux un goût de fimplicité & un air de fincérité qui infpirent une créance pleine & entiére au récit que ces Religieufes ont fait de quelques-uns de ces miracles, & au témoignage qu'elles rendent en général à beaucoup d'autres qu'elles n'ont point écrits. Qu'on ne croie pas au refte que ni la Mere Angélique, ni les Religieufes à fon exemple, fuffent indifférentes fur les œuvres miraculeufes dont le Seigneur gratifioit leur

maison,

l'on

maison, » Ce n'eft pas, dit la Mere Angélique
Lettre 919. que je ne fois bien aise
» faffe un état bien exact de ce qu'on en ap-
que
prend fans empreffement. » Ce qu'elle enten-
doit donc en recommandant le filence au fujet
des miracles, » c'eft, 10. qu'en faifant un grand
» éclat, on rifqueroit de perdre l'humilité.

[ocr errors]

ככ

en

Laiffons faire Dieu, dit-elle Lettre 920. & »ne l'obligeons pas à fe retirer de nous » prenant une vaine complaifance en fes œu» vres. » 20. Tous ces mouvemens empreffés pour publier ces merveilles, font une fource de diftractions & de diffipation, chofe que la M. Angélique craignoit infiniment pour fes Religieufes. Tout cela, dit-elle Lettre 919. » doit plûtôt fervir à ceux qui viendront après nous pour leur faire révérer la conduite de » Dieu, qu'à nous diftraire: & dans la Lettre » 74. Au nom de Dieu qu'on ne parle point de ce miracle,... puifqu'au lieu de produire dans ces » filles une nouvelle, fecrette, & intérieure con» fiance en la Ste Vierge, il n'a fait que du » bruit. Je m'assure que pas une ne l'a priée » enfuite de la délivrer de fes imperfections.

IX.

Ecrits con

tre les miracles refutés par M. Paf

Ce fut cette protection vifible que Dieu accorda à P. R. par les miracles de la fainte Epine, qui fufpendit pour un tems la perfécution du côté des Puiffances, conformément à cette parole du Pleaume 87. Fac mecum fignum in bo- cal. num ut videant qui oderunt me & confundantur. Faites paroître fur moi, Seigneur, un figne de votre bonté, afin que mes ennemis le voient, & foient couverts de confufion. Car on fit la remarque dans le tems que ces paroles du Pfeaume étoient l'Introït de la Meffe du jour même que fe fit le premier miracle de la fainte Epine. Mais files coups d'autorité furent arrêtés, il

Tome I.

R

« PrécédentContinuer »