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qu'elle jugeoit plus convenable de patienter, que de faire à fa fille une trop grande violence. Dans la fuite on revint à la charge. La Dame de Lorraine, Abbeffe de N. D. de Soiffons, tante de la Demoiselle, envoya à Paris une de fes Religieufes propre fœur de la Demoiselle pour travailler à faire fortir celle-ci de gré ou de force. Elle employa d'abord la voie de la perfuafion, & s'efforça de la gagner par des remontrances des conjurations, des larmes. Comme ce moyen ne lui réuffit pas, elle fit entrer Madame fa mere dans le complot; & le même Exempt qui avoit apporté là Lettre de cachet quelques femaines auparavant, y revint muni de la même arme, accompagné de la mere & de la fœur. 11 fallut alors céder à l'autorité tant royale que maternelle. La Demoiselle s'évanouit: on la fit revenir, & elle fut emmenée à la maison où elle vêcut quelque terns féqueftrée du monde.

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Elle étoit en rélation & en commerce de piété avec M. Pafcal. On a de celui-ci une Lettre à la Demoiselle, dans laquelle on trouve des réflexions d'une haute & fublime fpiritualité, qui montrent également la grande foi de M. Pafcal, & la piété de celle à qui il écrit, & qu'il jugeoit capable de goûter des avis auffi relevés. En voici un petit extrait. Le sujet de la Lettre eft le miracle de la fainte Epine. » Ma» demoiselle, dit-il, il y a fi peu de perfonnes à qui Dieu fe faffe connoître par des coups ex»traordinaires, qu'on doit bien profiter de ces . occafions: puifqu'il ne fort du fecret de la >> nature qui le couvre, que pour exciter notre foi à le fervir avec d'autant plus d'ardeur, que nous l'y connoiflons avec plus de certi»tude. Si Dieu le découvroit aux hommes con

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»tinuellement, il n'y auroit pas de mérite » le croire ; & s'il ne fe découvroit jamais, il y >> auroit peu de foi. Mais il fe cache ordinai»rement, & fe découvre rarement. Cet étrange » fecret dans lequel Dieu s'eft rendu impéné» trable à la vue des hommes eft une grande leçon pour nous porter à la folitude. Il eft demeuré caché fous le voile de la nature, qui nous le couvre jufqu'à l'Incarnation: & quand » il a fallu qu'il ait paru, il eft encore demeuré plus caché en fe couvrant de l'humanité...En» fin lorfqu'il a voulu accomplir la promeffe de » demeurer avec les hommes jufqu'à fon der>nier avénement, ila choifi d'y demeurer dans » le plus étrange & le plus obfcur fecret de tous, » qui font les efpéces de l'Euchariftie, &c. » Mile. de Roannes profitant de ces avis falutaires vivoit dans une grande retraite au milieu de fa famille. Elle fit la faute cependant de fe lier de nouveau avec celui qu'on avoit voulu lui faire époufer ;s'expofant ainfi à reprendre l'efprit du monde. Mais une entrevue qu'elle eut avec M. Singlin, la fit rentrer dans fa premiere ferveur. Elle avoit coutume toutes les fois qu'elle communio, de renouveller le vœu qu'elle avoit fait, de l'écrire & de le figner. Tant que M. Pafcal vécut, il lui fut d'un grand fecours, par la confiance qu'elle avoit en lui. Elle la donna enfuite toute entiere à Madame Perier fa four. Celle-ci ayant été obligée de quitter Paris en 1664. Mademoiselle de Roannes laiffée à elle-même, revit le monde, & ayant ob, tenu une difpenfe de fon vou, elle penfa à fe marier. Elle époufa M. de la Feuillade le 29. Avril 1667. Mais le mariage ne fut pas plûtôt fait qu'elle reconnut fa faute, & commença à en faire pénitence. La Providence lui fournit dans.

la fuite plusieurs moyens de la faire, qu'elle accepta avec joie. Le premier enfant qu'elle eut, ne reçut point le baptême. Le fecond vint au monde tout contrefait. Le troifiéme, fut une fille naine, qui mourut fubitement à l'âge de 19. ans. Le 4. a étéM. de la Feuillade qui eft mort fans laiffer de poftérité. Madame la Ducheffe de la Feuillade a eu après fes couches des maladies extraordinaires qui ont donné licu à des opérations cruelles, au milieu defquelles elle eft morte en 1683. Elle a laiffé trois mille livres à P. R. en demandant qu'on y reçût une Religieute Converfe, qui rempliroit la place qu'elle y devoit tenir elle-même. On eut bien de la peine à obtenir de la Cour la permiflion de recevoir cette Novice, à caufe des défenfes faites en 1679. comme nous le verrons. Mais enfin on réuffit, & la fille fit profeffion le 6. Mai 1685. ç'a été la derniére Profeffe. Elle fe nommoit Sœur Louife Juftine Barat.

que

XII.

Mademoi

N'oublions pas de rapporter une petite confolation, que reçut cette même année 1657. le Monaftére de P. R. Ce fut la vifite dont il fut felle, Coutine honoré par S. A. R. Mademoiselle, fille uni-germaine da Roi, vifite P. de Monfieur le Duc d'Orléans Gaston, cou- R. & fort é fine germaine du Roi. Cette Princeffe étant difiée. venu rendre vifite à M. d'Andilli, elle entra dans le Couvent, où elle vit tout. En étant fortie, elle témoigna à M. d'Andilli qu'elle y avoit trouvé tout le contraire de tant de chofes qu'on en difoit, & qu'elle étoit entiérement fatisfaite de ce qu'elle y avoit vu. Elle parla depuis à tout le monde de la même maniére; Dieu permettant que cette mailon qu'on vouloit détruire, fut juftifiée par toutes fortes de bouches, même par des perfonnes du fang Royal.

Une autre confolation d'un genre différent,

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Mort deM.

& qui étoit toute fpirituelle, fut la nominafion que M. l'Archevêque fit vers ce tems-là d'un Supérieur de P. R. bien digne d'une telle maison, & dont la maison étoit auffi bien digne. Ce Supérieur fut M. Singlin, homme formé par M. de faint Ciran, qui étoit déja depuis près de vingt ans Confefleur des Religieufes de P. R. & qui l'année précédente avoit été établi fecrettement par l'Archevêché Grand-Vicaire pourP. R. Revêtu de cette qualité, il fit la vifite des deux maifons en 1657. Il y avoit alors 113. Profeffes, dix Novices, neuf Poftulantes, & foixante-seize Pensionnaires.

& ren

Avant que de paffer outre, nous nous arrêterons à entendre le récit de quelques morts de Bagnols & très-édifiantes. J'annoncerai d'abord celle de de plusieurs M. Dugué de Bagnols Maître des Requêtes, Keligieules. qui ayant renoncé au monde à l'âge de 30. ans, fe confacra aux bonnes œuvres, dit de grands fervices à P. R. dont il a fait rétablir le Monaftére des Champs à fes dépens outre fix mille livres de rente qu'il lui a léguées, pour la réception gratuite des filles. Il eft mort âgé de 41. ans en 1657.

La même année mourut la Soeur Marie de fainte Aldégonde des Pommares, qui n'avoit vécu que trois ans & demi dans la maison, & qui y avoit mené la vie d'une bonne Religieufe dé P. R. Je ne fais cette mention particuliére d'elle , que pour une parole très-chrétienne qu'elle prononça peu de tems avant que de rendre les derniers foupirs. Ayant fait appeller fon Confefleur, & lui ayant fait brièvement une répétition de fa confeffion générale, elle parut fort contente & jouiffant d'une grande paix. Quelqu'une lui ayant demandé fi elle n'avoit point de peine de mourir, & fi elle ne fou

haiteroit pas encore quelque tems de vie pour faire pénitence, elle répondit que Dieu favoit mieux qu'elle ce qui lui étoit néceffaire ; que puifqu'il ne lui en donnoit pas, elle n'en fouhaitoit pas davantage.

La même année mourut une jeune fille de condition qui ayant été plufieurs fois fur le point d'être renvoyée de P. R. où elle étoit Novice, pour de grandes imperfections qui ne fe réformoient point, demanda en grace de demeurer toute fa vie derniére poftulante Converfe au fervice de la maison. On ne put refuser une demande auffi humble. Elle a paflé cinq ans dans cet état, & eft morte dans des fentimens fort édifians.

L'année fuivante 1658. mourut la Sœur Marie de fainte Natalie de Rubantel le Camus, veuve de M. le Camus de Buloyer, qui ayant été depuis longtems amie de P. R. s'y retira après la mort de fon mari, à l'âge de 74. ans ; demanda l'habit, & entra avec un courage fans exemple au Noviciat , pour être Scur Converse. Elle mourut avant que fon Noviciat fut fini.

La Mere Marie des Anges Suireau, actuellement Abbeffe, mourut le dix de Décembre de la même année. C'est cette même Religieufe qui avoit été Abbeffe de Maubuiflon pendant 22. ans,& qui y avoit fait tant de bien par fon gouvernement plein de zéle & de fageffe, & par les exemples admirables des plus éminentes vertus. Comme fa vie a été rapportée au long dans le III. Livre qu'elle occupe tout entier, nous fommes difpenfés de rien dire ici de plus à fon fujet. La Mere Agnès de faint Paul Arnaud lui fuccéda.

Neuf jours après la Mere des Anges, mourut

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XIV. Mort de Ma

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