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Année 1661.

Ordre de fai

re fortir les

Les Jéfuites furent dédommagés de l'échec qu'ils eurent dans l'affaire des Cafuiftes par cette Bulle d'Alexandre VII. qui avoit été follicitée par le Clergé de France, & qui arriva en 1657. dans laquelle le Pape confirme la Bulle d'Innocent X. & décide nettement le Fait de Janfenius.

Après ces quatre ou cinq années révolues, XVIII. la perfécution recommença contre P. R: Voici quels en furent les préludes, dont il faut faired'aPenfionnaires bord le récit. Le Lieutenant Civil d'Aubrai futen, des deux mai- voyé par la Cour le 23. Avril 1661. pour ordonfons, & de ner de faire fortir dans 3. jours toutes les pendiffiper les é- fionnaires qu'on élevoit dans la maison, & touhors. Vifites tes les poftulantes. Un Commiffaire du Châted'Officiers de let fut chargé dans le même tems d'une pareille

coles du de

Juftice.

expédition pour P. R. des Champs. La perte de cette Communauté avoit été réfolue le Mercredi-Saint, 13. Avril. On peut facilement conjecturer à la follicitation de qui le Roi prenoit une telle réfolution, par la proximité des grandes Fêtes où l'affaire fe concluoit. Le Confeffeur de S. M. furprenoit aifément fa Religion dans l'exercice de fon miniftére. Dans le mois de Mai fuivant, le même Lieutenant-Civil muni des Ordres de la Cour, alla au Chênai & aux Troux, pour diffiper les petites écoles qu'on y tenoit, & qu'on y avoit transférécs de P. R. lors de la premiere expédition qui s'étoit faite en 1656. Il fit celle-ci avec éclat. Il étoit accompagné du Procureur du Roi M. de Rians, de deux Secrétaires, d'un Gentilhomme, de trois Confeillers, de deux Commiffaires du Châtelet, Camufet & Picart, du LieutenantCriminel, d'un Exempt de robe courte.

La maifon du Chefnai appartenoit à M. de Bernieres, Maître des Requêtes, dont il a dé

ja été parlé, ami & homme de confiance de la feconde Ducheffe de Longueville; perfonnage de grande piété, très-affectionné à P. R. qui avoit contribué à l'augmentation des logis de la maifon de Paris, & qui a eu une de les filles Religieufes dans le Monaftére. Il mourut cette même année 1661. exilé depuis un an à Houdun. La petite Communauté qui étoit au Chefaai, confiftoit en deux Précepteurs & fept enfans, deux fils de M. de Berniéres, un de leurs coufins, & quatre enfans de quelques-uns de fes amis: le refte étoit les domeftiques de la maison & les gens de la Ferme. Ces Officiers entrérent, trouvérent les fept enfans occupés à leurs petits exercices, & furent même témoins de quelque répétition que leurs Maîtres leur firent faire devant ces Meffieurs. Après quoi ceux-ci firent commandement aux deux Précepteurs de fortir fur le champ, & de s'en aller à Paris, & donnérent 24. heures aux domeftiques pour avertir les parens, & faire retirer les enfans. Un Commiffaire du Châtelet demeura pour achever de faire exécuter l'ordon

nance.

De-là ces Meffieurs allérent à P. R. des Champs, & vinrent d'abord aux Granges, où ils ne trouvérent rien du tout. La maifon étoit abfolument déferte, habitée feulement par un M. Charles qui faifoit fonction de domeftique. Les bas & les fales étoient remplies de fagots, de paille, &c. Les chambres étoient fermées, chaffis crevés, vîtres caffées. Il fallut donc paffer outre. Ils defcendirent à P. R. & envoyérent avertir M. d'Andilli qu'ils venoient lui rendre vifite. Celui-ci vint au-devant d'eux, les mena à l'Eglife où ils furent affez de tems; puis il les fit promener dans le jardin, & les retint

enfin à coucher eux & toute leur fuite. Comé me ils ne trouvérent perfonne nulle part, ils mirent fur leur procès-verbal, M. d'Andilli & fon fils, c'est tout. Ils y avoient mis pour l'ar *ticle des Granges, vu maifon, perfonne. Le Lieutenant-Civil converfant avec M. d'Andilli le foir, lui dit une parole, que ce qui arriva dans la fuite à ce Magiftrat, fit bien remarquer: Vous feriez bien étonné, Monfieur, fi dans l'Eglife Dieu m'avoit donné le mouvement de demeurer ici avec vous. Il auroit été en effet fort heureux d'y demeurer: il fe feroit garanti d'une mort auffi tragique que celle qui lui arriva quelque tems après, ayant été comme nous l'avons dit plus haut, empoisonné par sa propre fille la Marquife de Brinvilliers.

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Le lendemain ces Meffieurs partirent pour les Troux, bien fatisfaits des politeffes de M. d'Andilli, & fort étonnés de la fauffeté des délations qu'on faifoit en Cour. Ils ne firent pas meilleure capture aux Troux. Il ne s'y trouva que les deux enfans de M. de Bagnols, qui étoient les maîtres de la maison, & qui y demeuroient avec le Précepteur que M. leur pere leur avoit donné avant que de mourir: Ainfi ils laifférent les chefes dans l'état où ils les avoient trouvées. Revenons à P. R. de Paris.

Les Religieufes malgré le grand feu de la perfécution ne laifférent pas de faire le Dimanche de Quafimodo 25. Avril quatre Novices & le lendemain trois autres. C'étoient des Poftulantes qui follicitoient depuis long-tems pour qu'on leur donnât le voile, & qui le demandérent alors avec une nouvelle instance de peur qu'on ne les mît dehors avec les autres penfionnaires. La jeune Demoiselle de Luines fe préfenta auffi à la Communauté, & de- .

manda

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manda qu'on lui fit la grace de la joindre aux fept autres. La Mere Abbeffe lui répondit qu'on avoit toute la bonne volonté de lui accorder ce qu'elle fouhaitoit, mais qu'on ne pouvoit rien faire fans le confentement de Meffieurs fes parens. La Demoiselle écrivit à M. fon pere le même jour, pour obtenir fon agrément. Le pere ne la refufa point abfolument; mais comme il ne croyoit pas pouvoir rien conclure fans le communiquer à Madame de Chevreufe, il le fit: & la Dame de fon côté en ayant parlé à la Reine mere pour la preffentir, Sa Majefté, lui répondit que toutes les Novices fans exception fortiroient. Par cette réponse la demande de la jeune. Demoiselle fe trouva décidée & on ne lui donna point l'habiti langa s

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XIX.

Ordre pour

& les

Le quatriéme Mai le Lieutenant-Civil revint à P. R. avec une Lettre de cachet par la faire fortir de quelle le Roi ordonnoit d'ôter l'habit à ces fept p. R. les Noderniéres Novices, & de les faire fortir avec vices toutes les Poftulantes ; faisant défense aux Re- Poftulantes. ligieufes de recevoir des filles, ni de leur faire La Mere écrit prendre l'habit. Le lendemain pareil voyage & pareil meffage à P. R. des Champs.

:

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La Mere Abbeffe fe crut obligée d'écrire au Roi elle adreffa la Lettre à M. le Tellier qu'elle fupplia de la préfenter à Sa Majesté. Dans cette Lettre, après avoir protesté de l'obéiffance entiére que la maifon cft bien réfolue' de rendre à tous les ordres de Sa Majefté

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elle repréfente au Roi que celui de renvoyer: » les Novices & les Poftulantes, & de n'en plus » recevoir à l'avenir,paroît annoncer l'abolition » totale de l'Inftitut ; que fa confcience l'oblige » de faire entendre refpectueufement à S. M. que la fuppreffion d'un monaftére légitime»ment établi pour donner des fervantes à JeTome I.

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au Roi.

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»fus-Chrift dans toute la fuite des fiécles, n'eft a pas une affaire où l'autorité féculiére toute feule ait coutume d'influer ; que l'autorité de l'Eglife, du reffort de qui elle eft, ne doit procéder en ce cas qu'après un jugement ca» nonique & folemnel, & fur des informations » juridiques, qui auroient manifefté des dé» fordres confidérables dont la maifon feroit » coupable: ce qui n'eft pas dans celle de P. » R. qui n'a jamais reçu que des approbations de fes Supérieurs après plufieurs vifites faia tes de tems-en-tems. Elle fupplie Sa Majefté de ne pas imputer à mauvaise inten» tion, fi les filles de P. R. ont quelque peine, à fe réfoudre d'arracher de la maifon tant de filles que Dieu y avoit unies à lui & à elles » par tous les liens de la charité. Elle remar» que en paffant, que parmi ces Novices & >> Poftulantes que le Roi ordonne de renvoyer, 5 font ces deux mêmes filles qui ont été guéries » de maladies incurables, par deux miracles vérifiés & folemnellement publiés par les » Grands-Vicaires du Diocèfe: qu'au furplus, » en recevant les derniéres Novices, la maison » n'avoit pas cru aller contre l'ordre de Sa Ma» jesté qui ne défendant que de recevoir à l'ave nir des filles dans la maison pour y être Novices, ne défendoit pas de donner l'habit aux » filles qui y étoient déja.

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Le Roi reçut fort bien cette Lettre, & la luț avec attention. Etant entré chez la Reine mere à fon lever, il la lui montra, & lui en fit des éloges, ainfi que l'a rapporté Madame la Comteffe de Brienne qui y étoit préfence. Cepen dant les ordres de la Cour s'exécutoient. Le 30, Avril le Lieutenant - Civil étoit venu pour voir fi l'ordre touchant les penfionnaires avoit été exécuté. Il l'étoit en partie; l'éloignement

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