cience, & que tout ce qu'elle pouvoit faire étoit de prier Dieu qu'il l'éclairât, fi elle étoit dans les ténébres. Elle ajouta que la Reine avoit écouté ce dialogue en paix, & avoit dit à M. de Paris de ne pas tourmenter la bonne maman; qu'elle favoit qu'elle aimoit fa petitefille, & qu'elle ne pouvoit pas la traiter autrement; que la Reine étoit fort tranquille for des affaires de P. R. maintenant, & qu'elle difoit que toute opiniâtre qu'étoit la Sœur, elle l'aimoit, & fe fouvenoit bien qu'elle étoit fa filleule. Madame Hebert demanda enfuite à fa petite-fille, fi elle n'avoit point de lettre à lui donner pour la Reine, témoignant avoir grande envie qu'elle lui écrivit. Mais la Sœur luf dit qu'elle n'y penfoit point; & que tout ce qui nous engage avec les gens du monde, & furtout avec les Grands, eft à craindre, parce qu'il éloigne de l'humilité chrétienne & religieufe. Pour une lettre commune, elle ne s'en éloignoit pas, fides perfonnes fages jugeoient que cela fut à propos. La Dame lui dit encore qu'elle avoit compté toute l'hiftoire à M. Colbert; qu'elle lui parloit fouvent des affaires du Couvent ; qu'il n'y en avoit point qui fût plus difpofé à écouter que lui & que M. de Paris a moins d'approbation dans fon cœur & dans fon efprit, que dans fa bouche. Elle lui parla auffi de M. d'AHet dont la lettre & la conduite au fujet de la fignature font, dit-elle, grand bruit. Elle dit qu'elle le connoiffoit particuliérement, & lui raconta des actions de ce Prélat qu'elle regardoit comme héroïques, & dignes du zéle ardent des anciens Evêques. L. La conduire Une des plus grandes peines qu'avoient les Religieufes, étoit d'avoir toujours devant les étrange de la Tome I. Sœur Flavie , afflige & yeux le trifte & fcandaleux fpectacle de l'étran fcandalife les ge conduite de la fœur Flavie. Je ne parle pas Religieufes. feulement de fes fatiguantes & continuelles follicitations auprès des foeurs pour les gagner à la fignature, ni de fa vigilance pour épier tout ce qui fe faifoit nuit & jour. Nous avons vu jufqu'ici à quel point cela alloit. Ce qui touchoit beaucoup plus fenfiblement les fœurs, c'étoit fon dérangement inconcevable pour le cœur & pour la piété, fa fuffifance, & l'eftime groffiére qu'elle avoit d'elle-même, Elle faifoit de tems en tems des Conférences à l'infir merie, & n'occupoit les fours infirmes que du récit de fes vertus, de fa patience pour frir tous les mépris de la maison, des péniten- de les propres yeux, cela ne l'empêcheroit pas de figner, fi Monseigneur le lui commandoit. On ne fçait de quoi s'étonner davantage, on de l'impudente menterie qu'il y avoit dans tout ce difcours, ou de l'extravagance & même de l'impiété qui venoit à la fuite. Au milieu de tous ces excès, & malgré la diffipation peptuelle, & l'évaporation dans laquelle elle paffoit fa vie, elle communioit prefque tous les jours. Une fœur de la Communauté qui étoit plus libre avec elle que les autres, la voyant un jour qui fe marquoit pour la communion après quelque fcéne qu'elles avoient eu enfemble, prit la liberté de lui repréfenter que cela la fcandalifoit; qu'elle la prioit de différer fa commnnion pour s'humilier devant Dieu des grands écarts où elle étoit tombée la veille: Ma fœur, répondit Flavie, ma confcience "eft pure & nette, Dieu-merci; elle ne me reproche point que j'aie dit une feule paro» le contre la vérité. C'eft pourquoi je ne laif>> ferai point de communier aujourd'hui : mais » pour ne vous point fcandalifer, je ne com» munierai point à cette Meffe, je différerai » de communier à la grand'Meffe. » La réparation du mal eft affez plaifante. Pendant qu'elle fe pardonnoit ainfi tout pour la Communion, elle exerçoit une tyrannie intolérable fur les autres à cet égard. Elle faifoit quelquefois retirer de la Ste Table les fœurs Converfes dans le tems même qu'elles s'y préfentoient, ne jugeant pas à propos qu'elles com muniaffent ce jour-là: elle envoyoit une de fes affidées les tirer par le bras, & les faire fortir d'auprès de la grille où elles étoient déja toutes prêtes à communier. Il faut remarquer que les Converfes n'étoient pas interdites de la ככ communion par M. l'Archevêque. Une des raifons qu'avoit la fœur Flavie de priver ces bonnes filles des Sacremens eft qu'elles ne vouloient pas communiquer pour leur inté rieur avec la foeur Dorothée. Ce fut pour la même caufe qu'elle empêcha de communier pendant plus de deux mois une petite fille bien fage qui étoit dans la maifon. Cet enfant s'en plaignit à fon Confeffeur. Le Confeffeur lui dit d'abord qu'elle faifoit bien de ne pas dire Les fautes à la fœur Dorothée: puis il ajouta, » Pour contenter ces gens-là, dites leur quel que petite faute, par exemple que vous avez négligé, étant à la cuifine, de faire bouillir le »pot. Mais, dit-il, pourquoi avez-vous tant » de répugnance à leur dire vos fautes ? N'eft ce pas à caufe qu'elles ont figné ? C'eft en partie pour cela, dit-elle. Mais quoi! vous ?ɔ croyez donc que c'eft un péché? Qui » Monfieur, & bien grand. Comment le fças vez-vous ? Je ne puis pas bien m'exprimer, dit-elle, je n'en ai pas l'efprit; mais la ma »niére dont elles agiffent, après avoir figné, me le fait voir. Car on n'y voit plus la ver tu qu'on voit dans nos fœurs qui n'ont pas figné. Elles font de vraies dévergondées; on »ne fçait ce que c'eft : & puis elles veulent fai» re les maîtreffes: cela eft horrible comme » elles traitent nos fœurs. Si elles me font for tir, je dirai leur vie partout. Une derniére chofe qui outroit cette Ste Communauté, c'étoient les fourberies perpétuelles de cette fille, les calomnies qu'elle ne ceffoit de répandre contre les foeurs, les traduifant fans fin auprès de l'Archevêque & du public, comme des filles fans régle & fans loi, leur reprochant avec impudence les défordres dont elle , difoit que la maifon étoit remplie. Et lorsqu'on ככ , pre LI. Le 29. Novembre l'Archevêque vint à P. R. Enlèvement |