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l'Archevêque, que fi elle ne fe rendoit pas, la famille ne trouveroit pas mauvais qu'il l'ôtât de la maison, où elle lui nuifoit plus que perfonne, ayant la plume & la langue contre lui. Enfuite il effaya de l'amener à la fignature; il n'apporta pas beaucoup de raifons, parce qu'il les fentoit trop foibles pour la plupart pour perfuader fa niece, mais il infifta beaucoup fur les exemples de plufieurs grands homme qui avoient figné le Formulaire, entre autres de Mr de Ste-Beuve. La fœur lui répondit avec affez de fermeté. Enfuite il mit la converfation fur le procès-verbal, & apprit à fa niéce combien de railleries on faifoit en public de M. l'Archevêque, & combien de reproches il effuyoit à la Cour. Il convint que les Religieufes étoient dans l'obligation de faire des procès-verbaux, puifque M. l'Archevêque ne gardoit aucune formalité : mais qu'on n'auroit pas du relever les moindres actions & les moindres démarches qu'il faifoit; qu'il fembloit que cela étoit fait à deffein de le rendre ridicule. La four lui répondit qu'elles n'avoient pu faire autrement; qu'il avoit bien fallu marquer les circonftances principales de cette fcéne; parce qu'ayant appellé comme d'abus, elles ne pouvoient être jugées que fur cela, le Parlement n'étant pas Juge du fond, mais de la forme dans cette affaire. Le Ma giftrat ne répondit rien à cela, fentant la folidité de la réflexion. C'est auffi la feule chofe qui puiffe juftifier la conduite des Religieufes par rapport à ce procès-verbal que beaucoup de perfonnes blâmérent dans le tems, même parmi les amis de la vérité & de la maison. Ce qui étoit un fureroît de peine & d'affliction pour ces bonnes filles qui fe voyoicht humi liées de tout côté.

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Enfuite la fœur demanda à M. fon oncle, s'il fouffriroit bien volontiers qu'on dît qu'il n'y a que les hérétiques qui aient appellé. Il releva fort cela, & dit non feulement que cela étoit infoutenable, & que le Parlement s'y oppoferoit, mais même que l'appel pouvoit être interjetté du Pape,& que des Evêques y avoient quelquefois recours. Elle lui raconta enfuite les propos ordinaires de M. Chamillard qu'il improuva fort. Mais, dit-il, fi vous vouliez figner, cela mettroit fin à tout. Il lui propofa enfin fi elle le vouloit, de lui faire venir telle perfonne qu'il lui plairoit pour confulter. De quoi la généreufe fille l'ayant remercié, il conclut en difant qu'elle vit donc quelle maison elle aimeroit mieux pour fon exil, parce que M. l'Archevêque avoit pris fon parti; qu'il feroit enforte d'obtenir de lui ce qui lui conviendroit. Son humble foi lui fournit pour réponfe qu'elle ne devoit point prévenir la volonté de Dieu, mais qu'elle laifferoit la chofe à la Providence que d'ailleurs elle fe feroit fcrupule de jouir d'un privilége que pas une de fes fœurs n'avoit eu ; & qu'en quelque lieu qu'elle fût elle s'eftimeroit heureufe de n'avoir plus rien faire qu'à fouffrir en filence. Nous verrons dans le récit de fa captivité, comment elle a vérifié ce qu'elle avoit dit.

Dans le même tems il fut fait un acte capiActe capi- tufaire pour le moins auffi édifiant que tous les proteftation autres, fur un fujet particulier.Depuisque les Officieres avoient été changées, & entre autres la Procédés in- Célériére, le temporel de la maison alloit fort mal, la nouvelle Célériére Dorothée n'y ennouvelles Of. tendant pas gran'dchofe, & n'ayant pas granficiéres en ce de reffource non plus que la foeur Flavie fousqui concerne Prieure. L'abfence de M. Akakia qui avoit fait

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les affaires jufqu'ici, & qui étoit alors pri- les affaires fonnier à la Baftille, augmentoit l'embarras, temporelles, parce que celui qui le remplaçoit, qui étoit un neven de M. de la Brunetiere, n'étoit au fait de rien. La fœur Flavie fe plaignoit quelquefois aux foeurs du mauvais état de la maifon. La foeur Dorothée follicitoit fouvent la Religieufe amie de la Reine de Pologne, d'écrire à cette Princeffe pour lui demander quelque aumône pour P. R. Dans ce détroit, ces nouvelles Officieres penfoient à faire fupprimer par des Arrêts du Confeil plufieurs penfions dont la maifon étoit chargéeenvers quelques particuliers le Duc de Luines étoit du nombre & on ne l'auroit pas ménagé, parce qu'il étoit fufpect de Janfénifme. Les Religieufes répondoient à tout cela, qu'il n'appartenoit pas à tout le monde comme à la M.Angélique de faire vivre fa maison de rien; qué c'étoit une malédiction qui accompagnoit la fignature, & que fi une des Religieufes fidéles à la vérité étoit Célériére, il étoit certain qu'on ne manqueroit pas plus à l'avenir qu'on avoit fait par le paffé. Quant au projet de faire caffer les contrats faits par le Monaftére avec des particuliers ces généreufes filles firent enfemble un acte, par lequel » dans la crainte, difent-elles, que ceux qui ont maintenant le foin des affaires ne faffent des baffeffes & des injuftices, foit en exigeant avec une trop grande rigueur le paiement de ceux qui doivent, ou en s'efforçant de faire caffer les contrats, tranfactions, donations, qu'elles fe font crues obligées en confcience de faire à l'égard de quelques perfonnes qui leur avoient donné leurs biens & qui fe verroient fruftrées de ce qui leur eft du, fous prétexte que ces contrats, &c. Elles

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déclarent qu'elles n'ont nulle part à tout cela; qu'elles renoncent à tout ce qui pourroit reffentir tant foit peu l'intérêt, l'avarice ou l'ingratitude; qu'elles ne s'écarteront jamais des faintes intentions de leurs Meres, qui les ont toujours portées à ne vouloir point d'autre tréfor que celui d'une charité fincére, d'un défintéreffement vraiment chrétien & religieux, à regarder leur pauvreté comme un fond facré qui édifie & confacre les maifons religieufes, & les richeffes au contraire comme des ordures qui fouillent la beauté & la pureté de la maifon de Dieu, & à ne jamais mettre leur confiance pour la fubfiftance du corps dans la prudence du fiécle, mais dans la divine Providence ;... qu'au furplus on n'a qu'à faire ceffer les violences qu'on a exercées contre elles, qu'on verra que Dieu pourvoira abondamment à leurs befoins, tant par leur travail que ces vexations leur ont ôté le moyen de continuer, perfonne n'abordant plus le Monaftére pour donner à travailler, que par les charités de plufieurs perfonnes qui ne les ont jamais abandonnées qui fe font retirées quand elles ont vu qu'elles ne contribuoient plus par leurs libéralités qu'à donner plus de moyen d'y ruiner tout le bien fpirituel. » L'acte eft du 4. Décembre, figné de 41. Religieufes.

Fin du premier Volume.

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