Mélanges de littérature et de critique

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E. Flammarion, 1867 - 308 pages

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Fréquemment cités

Page 80 - ... grands ressorts de la tragédie; comment apporter le corps de César sanglant sur la scène * ; comment faire descendre une reine éperdue dans le tombeau de son époux, et l'en faire sortir mourante de la main de son fils % au milieu d'une foule qui cache, et le tombeau, et le fils, et la mère, et qui énerve la terreur du spectacle par le contraste du ridicule...
Page 288 - Soit qu'elle le concentre, soit qu'elle l'épanche largement, elle en tire l'accent suprême : tantôt lui prêtant une vérité plus frappante que la parole, tantôt l'entourant d'un nuage aussi léger que la pensée, elle le précipite ou l'enlève ; parfois même elle le détourne, puis le ramène au thème favori, comme pour forcer l'esprit à se souvenir, jusqu'à ce que la Muse s'envole et rende à l'action passagère la place qu'elle a semée de fleurs...
Page 107 - C'est le même timbre, clair, sonore, hardi, ce coup de gosier espagnol qui a quelque chose de si rude et de si doux à la fois, et qui produit sur nous une impression à peu près analogue à la saveur d'un fruit sauvage. Mais, si le timbre seul était pareil, ce serait un hasard de peu d'importance, bon, en effet, tout au plus, à donner des attaques de nerfs; heureusement pour nous, si Pauline Garcia a la voix de sa sœur, elle en a l'âme en même temps, et, sans la moindre imitation, c'est le...
Page 242 - ... une heure devant ce vieux Raphaël, dont il est original de dire du mal aujourd'hui (cela donne un air de grand connaisseur assurément); pour ces gens, dis-je, qui ont la barbarie, dans un siècle de romantisme, de traverser la galerie de Rubens plus vite que celle des Italiens, ce n'est pas à eux que s'adressent les batailles, les couronnements, les passages du roi, ni les portraits de famille, hélas ! pas plus que les pots de fleurs. Le nom du peintre était autrefois écrit dans la couleur...
Page 4 - ... pour inventer quelque chose de nouveau, d'individuel ; on ne remuait pas la lie de son cœur pour en faire sortir une écume livide ; ces tableaux, ces chapelles, ces églises, ces mélodies suaves et plaintives, c'étaient des prières que tout cela. Il n'y avait pas là de fiel humain, d'entrailles remuées.
Page 81 - J'étais sur le théâtre en humeur d'écouter La pièce, qu'à plusieurs j'avais ouï vanter, Les acteurs commençaient, chacun prêtait silence ; Lorsque, d'un air bruyant et plein d'extravagance, Un homme à grands canons est entré brusquement En criant : Holà ! ho ! un siège promptement ! Et, de son grand fracas surprenant l'assemblée, Dans le plus bel endroit a la pièce troublée.
Page 287 - ... purement humain; ces sortes de scènes sont extrêmement difficiles; c'est la part de la poésie. Car de même que nous avons nombre d'ouvrages au théâtre où le trop grand développement des sentiments et des caractères étouffe l'action, si bien que les personnages semblent des statues qui rêvent dans le vide ; de même nous voyons d'autres pièces dans lesquelles les événements ou, pour mieux dire, les accidents se multiplient de telle sorte qu'il ne reste plus la moindre place ni pour...
Page 65 - George. Ce qui frappe d'abord dans sa démarche, dans ses gestes et dans sa parole , c'est une simplicité parfaite, un air de véritable modestie. Sa voix est pénétrante, et, dans les moments de passion, extrêmement énergique. Ses traits délicats, qu'on ne peut regarder de près sans émotion, perdent à être vus de loin sur la scène. Du reste, elle semble d'une santé faible ; un rôle un peu long la fatigue visiblement.
Page 75 - ... passer; et tout ce qu'il demande pour émouvoir, c'est un personnage sans caractère, mêlé de vices et de vertus, ou, si l'on veut, sans vertus et sans vices, qui ne soit ni méchant ni bon , mais malheureux par une erreur ou par une faute involontaire ; et en effet c'en était assez dans le système des anciens.
Page 130 - C'est une ingénieuse absurdité. La déclamation, c'est la parole, et la musique, c'est la pensée pure. L'opéra d'Otello, comme bien d'autres, le prouverait. Rien n'est assurément plus dramatique et (en prenant le mot en bonne part) plus déclamatoire que la majeure partie de cet opéra. Mais quand le souffle musical arrive, voyez comme tout s'efface devant lui ! Y at-il vestige de déclamation dans la romance ? Si la mélodie enveloppe alors la parole, ce n'est pas comme un lierre qui s'attache...

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