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quand il fut nommé à l'abbaye de Saint-Martin-ès-Aires. La bulle du pape Clément XII est du 8 septembre 1732. Il prit possession par procureur le 28 octobre de la même année. Ce fut Charles Soathat, receveur des décimes du diocèse de Seez, qui le représenta en cette circonstance, et la fulmination de ses bulles fut faite par Nicolas de la Chasse, vicaire général et official de Troyes (1).

Jacques-Charles-Alexandre L'Allemant fut député à Paris pour les Comices généraux du clergé de France. Il n'en revint pas, mais il y mourut le 6 avril 1740. Il fut enseveli dans l'église Saint-Roch, et son frère lui fit dresser un tombeau avec cette épitaphe :

<< Plange et Ora

>> Quem religio a teneris pium, morum suavitas omnibus amabilem, mira eruditio muniis suis parem, caritas Deo gratum, in exornandis altaribus magnificum, pauperibus effecit liberalem, in crypta sacerdotibus tumulandis destinata beatam expectat resurrectionem Reverendus in Christo Pater Jacobus Carolus Alexander L'Allemant, sacræ Facultatis Parisiensis Doctor. In urbe Molinensi vicarius generalis et officialis post sex annos discedens, ingens suî reliquit desiderium. Carmelitarum visitator generalis paterno eas fovit affectu. Ad episcopatum Sagiensem evectus, vixit potens opere et sermone. Pro generalibus cleri Gallicani comitiis designatus, Lutetiam cum venisset, assiduis pro diœcesi sua curis et laboribus consumtus, obiit VIII Idus aprilis MDCC XL, anno ætatis 49, pontificatus XII. Hoc doloris et pietatis monumentum posuit frater amantissimus Stephanus-CarolusFelix L'Allemant, de Nantouillet (2). »

L'abbé L'Allemant portait: de gueules au lion d'or.

(1) Arch. de l'Aube, F. de Saint-Martin-ès-Aires. (2) Gallia Christiana, t. XI, col. 709.

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Nous ne donnons que pour mémoire le nom de cet abbé sur la foi du Gallia Christiana (1). Mais il n'en est question ni dans les papiers de l'abbaye, ni dans les Insinuations ecclésiastiques du diocèse de Troyes. Il a donc pu être nommé par le roi en septembre 1740; mais il ne reçut pas de bulles d'institution canonique et ne prit point possession. Il portait d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois têtes de perdrix arrachées de même.

43.

Dominique de Vincent de Savollian.

1741-1754.

François Raulin, prieur.

Dominique de Vincent de Savollian était sous-diacre au diocèse de Gap, quand il fut nommé à l'abbaye de SaintMartin-ès-Aires, le 28 avril 1741. Ses bulles de Rome sont datées du 9 juillet de la même année; mais elles ne furent fulminées que le 10 octobre. D'après la teneur des bulles pontificales, c'était l'Official de Sens qui devait faire cette fulmination; mais l'abbé réclama. Le roi déclara appel comme d'abus, le 30 septembre 1741, et ce fut l'Official de Troyes qui remplit cette formalité.

Dominique de Vincent ne prit pas possession en personne; il fut représenté, le 11 octobre 1741, par son frère Augustin de Vincent de Savollian, tonsuré, seigneur de Monaco, chevalier non profès de Malte et capitaine dans le régiment de Monaco (2).

L'abbé prit pour vicaire général François Patot, abbé

(1) Gallia Christiana, t. XII, col. 583.

(2) Arch. de l'Aube, F. de l'Evêché, G. 115, fol. 181.

de Sainte-Geneviève, supérieur général des chanoines réguliers de la Congrégation de France. La nomination est du 8 janvier 1743 (1).

Nous ne connaissons aucun événement important qui ait signalé l'administration de cet abbé. Ce fut le prieur François Raulin qui dirigea la communauté la plus grande partie du temps.

Nous ignorons la date précise du décès de Dominique de Vincent de Savollian.

Il portait: D'or, au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueules, qui est de Mauléon; l'écu bordé d'azur, à six étoiles d'or, 3 en chef et 3 en pointe, et 3 croissants d'argent, 2 en flanc, 1 en pointe, qui est de Vincent.

44. Michel-François Couet du Vivier de Lorry.

1754-1784.

Michel François Couet du Vivier de Lorry appartenait au diocèse de Metz. Il était licencié de la Faculté de théologie de Paris, membre de la Sorbonne et vicaire général d'Orléans, quand le roi le nomma abbé de Saint-Martin-ès-Aires, le 2 juin 1754. Les bulles pontificales sont du 24 juin de la même année et la fulmination en fut faite le 14 septembre suivant. L'abbé de Lorry prit possession de son abbaye deux jours après par M. Charles-François Bouczo, chanoine de Troyes, en présence du P. Nicolas Joseph de Lar, chanoine régulier de Saint-Martin (2).

L'abbé de Lorry fut successivement vicaire général d'Orléans, de Rouen, de Condom, prieur commandataire de Saint-Sépulcre et de Saint-Adérald de Villacerf, évêque

(1) Arch. de l'Aube, F. de l'Evêché, G. 115, fol. 287. (2) Arch. de l'Aube, F. de l'Evêché, G. 118, fol. 228.

de Vence (fin de décembre 1763, et sacré le 1" mai 1764 par l'archevêque de Rouen), transféré à l'évêché de Tarbes en 1769, conseiller du roi en tous ses conseils, présidentné des états de Bigorre; enfin il fut de nouveau transféré à l'évêché d'Angers, le 4 août 1782. C'est là que le trouva la Révolution.

Quoique le tarbéen Bertrand Barrère, dans le journal le Point du jour, fasse l'éloge de son beau libéralisme, l'abbé de Lorry refusa de prêter le serment exigé des prêtres. Il quitta son diocèse d'Angers et se retira d'abord à Rouen, puis à Paris, où il eut le bonheur de se soustraire aux recherches dirigées contre les ecclésiastiques non assermentés.

Le fait saillant du règne abbatial de Michel de Lorry, est la suppression de la Maîtrise spirituelle de l'hospice SaintBernard, possédée par les religieux de Saint-Martin-èsAires. Nous en dirons quelques mots.

D'après les auteurs troyens (1), l'hospice de Saint-Bernard aurait été directement fondé par saint Bernard, archidiacre d'Aoste en Piémont, avant l'an 1008, doté par les comtes de Champagne, et desservi par les chanoines réguliers de Saint-Augustin, sous la haute direction du monastère de Saint-Bernard de Montjoux, en Suisse. Le chanoine de Saint-Urbain, Nicolas Bertrand, n'est pas du même avis pour ce qui regarde la fondation de l'hospice. Il en fait honneur à l'évêque Henri de Carinthie, qu'il donne à tort comme un des fils de Thibaut-le-Grand. Selon lui, ce prélat aurait voulu honorer le souvenir de notre illustre saint Bernard de Clairvaux, en fondant sous son patronage un hôpital avec le titre de prieuré, et ce serait le comte Henrile-Large qui l'aurait doté. Quant aux religieux qui desservaient l'établissement, il n'existe aucun désaccord, et

(1) Camusat, Prompt., fol. 398. Des Guerrois, Sainct. chrest., fol. 297 vo. Courtalon, t. II, p. 338.

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non-seulement ils célébraient l'office canonial, mais ils géraient aussi les intérêts matériels de la maison (1).

En 1393 cependant, les Augustins demandèrent au roi et obtinrent la permission d'élire un administrateur laïc pour veiller aux affaires temporelles du prieuré; ils ne se réservèrent que la direction spirituelle.

Successivement destiné à recevoir les pèlerins de SaintJacques et les passants étrangers, à élever les jeunes garçons pauvres depuis l'âge de six ans jusqu'à celui de dix ans (1617), à offrir un asile aux filles repenties (1692), cet hospice subsista jusqu'à ce que M" Poncet de la Rivière, évêque de Troyes, donnât aux religieuses de Saint-Bernard le monastère abandonné des Carmélites (1749). Alors les administrateurs des hospices réunis, qui percevaient depuis 1630 les revenus de l'hospice Saint-Bernard, résolurent de supprimer cet établissement dont les charges leur paraissaient trop lourdes. Déjà, en 1709, un accord, intervenu entre eux et le maître spirituel, avait réduit et fixé la pension de ce dernier à 200 1. Depuis ce moment, les bâtiments et la chapelle menaçaient ruine et exigeaient de grandes réparations. Les administrateurs en demandèrent donc la démolition, ainsi que la translation du titre et des fondations. à la chapelle de l'Hôtel-Dieu-le-Comte. L'évêque de Troyes, J.-B. Champion de Cicé, chargea son frère Jérôme Marie de procéder à une enquête de commodo et incommodo. Elle eut lieu le 5 janvier 1760, et fut favorable au projet des administrateurs. Aussi, le 30 avril suivant, l'évêque de Troyes rendait ce décret :

"..... Sur les conclusions définitives de Notre Promoteur qui a requis spécialement que ladite translation fût faite en la nouvelle chapelle de l'Hôtel-Dieu, et non en celle de l'hôpital Saint-Nicolas, qui par son état et son emplacement peu commode pourra dans la suite être ex

(1) Arch. de l'Aube, F. de Saint-Martin-ès-Aires, copie.

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