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qu'étaient les chanoines aux premiers temps de l'Eglise, quelle vie ils menaient et il montre que les disciples de saint Loup n'avaient pas d'autre règle.

Saint Loup mourut le 29 juillet 478 ou 479. Son corps fut déposé dans la chapelle de Notre-Dame. On voyait encore au siècle dernier le lieu de sa sépulture dans une chapelle basse et obscure, dédiée à saint Vorles. Les nombreux miracles qui s'y opérèrent firent bientôt changer le nom de la Chapelle Notre-Dame; on lui donna celui d'Oratoire ou Basilique de saint Loup. Elle conserva ce dernier vocable pendant deux cents ans environ, avant d'adopter définitivement celui de Saint-Martin.

Les précieux restes de saint Loup restèrent longtemps ensevelis dans leur premier tombeau. Enfin, les chanoines se décidèrent à les transférer dans un reliquaire, pour donner satisfaction aux désirs empressés des fidèles. Ce fut la première translation. Il y en eut six autres, en 890, 1148, 1359, 1505, 1778, 1811. Nous en parlerons à ces différentes dates.

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Il appartenait au successeur de saint Loup sur le siége épiscopal de Troyes de lui succéder aussi dans l'administration de l'abbaye naissante. Pendant 45 ans, Camélien entretint et augmenta l'esprit religieux de l'institut. Il eut la joie d'admettre parmi ses disciples le jeune Aventin, dont le nom devait prendre place au catalogue des bienheureux. Nous ne rapporterons ici ni sa profonde humilité, ni son admirable pureté, ni sa grande sagesse, ni son inépuisable charité. Nous renvoyons pour les détails à la Vie des Saints du diocèse de Troyes, p. 117. Mais nous appelons spécialement l'attention du lecteur sur les miracles qu'il opéra fré

quemment dans l'exercice de ses fonctions d'économe de l'église et du monastère. On sait qu'il établit sa cellule auprès du tombeau de saint Loup, dans le cimetière public de ce temps. Après sa mort, on bâtit une petite église au lieu même où il avait passé la plus grande partie de sa vie. Elle subsista jusqu'en 1833, où elle fut démolie.

Saint Camélien mourut le 22 mars 525 ou 535. Il fut enseveli à côté de son prédécesseur et maître. C'est de lui que parlent Camusat et Courtalon sous le nom de l'abbé Himier ou Himère.

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Fut-il successeur médiat ou immédiat de saint Camélien? Nous l'ignorons absolument. Du temps de cet abbé, la réputation de saint Loup et de son église était si grande que Nizier, évêque de Trèves, écrivait à Clodoluninde, reine des Lombards, en 561 : « Que dirai-je des saints évêques Germain, Hilaire et Loup? Les merveilles qu'ils opèrent surpassent toute expression! » Et de fait, de nombreux et éclatants miracles se faisaient à la seule invocation du nom de saint Loup.

Mais ce qui donnera mieux encore une idée de la réputation de saint Loup à cette époque, c'est le traité de paix et d'amitié conclu, selon la tradition (1), sur le tombeau de l'évêque de Troyes par les princes Sigebert, Chilpéric et Gontran. Ces trois frères, d'humeur absolument différente, se faisaient une guerre acharnée pour le partage du royaume des Francs. Ils ensanglantaient les provinces qu'ils prétendaient posséder, et portaient notamment le ravage dans les environs d'Arcis et de Pont-sur-Seine, occupés par Sigebert

(1) Grégoire de Tours (Hist. Franc. lib. IV) dit que ce serment fut prêté sur les reliques de saint Polyeucte, saint Hilaire et saint Martin.

et Chilpéric. Enfin, sur les conseils de l'évêque de Paris, saint Germain, ils se réunirent à Troyes et se jurèrent amitié, en prenant le tombeau du saint à témoin de la sincérité de leurs résolutions (575). Malheureusement ces princes devaient bientôt oublier leur serment.

Anséric se recommande surtout au souvenir de la postérité pour avoir dirigé saint Winebauld dans les sentiers de la vertu. Ce jeune Nogentais vivait dans le silence et la retraite aux environs de son pays natal, quand l'évêque Gallomagne lui députa l'un de ses clercs pour l'engager à venir le trouver dans sa ville épiscopale. Le saint ermite craignait de ne plus revoir son cher oratoire, s'il faisait ce voyage. Mais il redoutait plus encore de désobéir à son évêque. Il se mit en route. Chemin faisant, il délivra son compagnon d'une fièvre ardente qui dévorait ses membres. A cette nouvelle, Gallomagne insista davantage pour garder Winebauld dans sa ville de Troyes : « Nous avons besoin que vous restiez, dit-il, et que vous priiez pour mon troupeau. » Puis il le supplia de se consacrer au service de Dieu dans la basilique de saint Loup. Winebauld y consentit; mais il ne demeura pas longtemps sous la conduite d'Anséric. Dieu le destinait à succéder à cet abbé, qui mourut presque aussitôt (1).

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Après la mort d'Audéric, les religieux et le peuple tricasse n'eurent qu'une voix pour demander Winebauld comme abbé.

Le saint moine venait de recevoir l'ordination de prêtre. Le pontife, regardant cette unanimité de désirs comme

(1) Camusat, Promptuarium, fol. 288-290. Cousinet, Op. cit. Vol. III, fol. 6.

l'expression de la volonté divine, se rendit à leurs vœux et donna à Winebauld la consécration abbatiale.

Sa réputation de sainteté le fit choisir pour aller demander au roi Clotaire le rappel de saint Leu, archevêque de Sens, exilé par ses ordres. Nous ne pouvons nous étendre sur ces faits, non plus que sur ses miracles, relatés déjà dans la Vie des Saints du diocèse de Troyes.

Saint Winebauld mourut le 6 avril 620 ou 623 et fut inhumé dans son abbaye. Ses reliques furent transportées dans le nouveau monastère de la Cité (1) avec celles de saint Loup, au moment de l'invasion des Normands. Quand la paix fut rétablie, les religieux de Saint-Loup conservèrent la plus grande partie du corps de saint Winebauld; mais ils ne voulurent pas priver les habitants de l'ancienne abbaye d'un souvenir précieux pour leur piété ; ils y reportèrent un bras du saint, afin qu'il reçût aussi les hommages des fidèles au lieu même où il avait exercé sa juridiction spirituelle.

L'histoire a enregistré une autre translation en 1180, une visite officielle le 13 septembre 1448, une autre par Camusat, au mois de février 1608, enfin une translation faite par M de Barral, le 20 septembre 1718.

Au xi siècle, on célébrait la fête de saint Winebauld sous le rit double, à l'abbaye de Saint-Loup, et l'on faisait seulement mémoire de saint Prudence. Le contraire avait lieu pour le reste du diocèse. La fête de la translation des reliques se faisait le 16 mai. A partir du XVIIe siècle, la fête solennelle de saint Winebauld se célébra le deuxième dimanche après Pâques (2).

(1) Voir à la page 23.

(2) Camusat, Prompt., fol. 288-300.- Cousinet, Op. cit., vol. III, fol. 6-20.- Vie des Saints du diocèse de Troyes, p. 153-160.

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Si Theudecaire succéda immédiatement à saint Winebauld, il conserva plus de 40 ans la direction du monastère. Il eut, en effet, les relations les plus intimes avec saint Frobert, qui ne fonda son abbaye que vers 660. Son bonheur était de s'entretenir des choses spirituelles; il y trouvait ses plus chères délices. Un jour qu'il conversait ainsi avec l'abbé de Montier-la-Celle, vers la troisième heure du jour, les anges du ciel firent entendre leurs harmonieux concerts: ils célébraient dans leur ineffable langage la gloire de l'indivisible Trinité. Frobert entendit le premier ces chants célestes; il en goûta quelque temps les douceurs, puis il attira l'attention de Theudecaire, qui, à son tour, admira ces merveilles, et les fit plus tard connaître au peuple chrétien (1).

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Léon avait été l'un des disciples les plus chers à saint Frobert, avant de devenir religieux de Saint-Loup. Son extrême douceur surtout le fit choisir pour succéder à Theudecaire. Il remplissait les fonctions d'abbé de Saint-Loup au temps de la mort de saint Frobert, et il l'assista à ses derniers moments (2).

C'est à peu près au temps de Léon (quelques-uns disent en 724) que les religieux de Saint-Loup, souvent troublés

(1) Camusat, Prompt., fol. 8 vo. Cousinet, Op. cit., vol..III, fol. 20.

(2) Camusat, Prompt., fol. 10. fol. 21.

Cousinet, Op. cit., vol. III,

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