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portait alors ce titre usurpé. Mais la main de Dieu s'était appesantie sur lui. Son fils, connu sous le nom de Clarembaudle Ladre, était affligé d'une lèpre hideuse. Reconnaissant en cela une punition du ciel, le comte de Chappes se décida à remettre ses droits entre les mains de Pierre de Marey, prévôt de Saint-Loup et archidiacre de Troyes. Ce dernier, sur l'avis du comte Hugues, offrit à Clérambaud une pièce d'argent et racheta ain-i le droit de conférer les prébendes de Saint-Loup « afin que luy chef des chanoines les peust donner canoniquement, comme c'estoit son affaire. » C'est ce que les théologiens appellent: rachat de vexation, redimere vexationem.

Clérembaud dressa une charte à ce sujet ; elle est de l'an 1114. On la trouve dans Camusat et Des Guerrois. Nous ne la donnons pas ici, parce qu'elle appartient plutôt à l'histoire de l'abbaye de Saint-Loup (1).

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Lambert II. Félix Hardy. — Jean VIII.

Jean IV.

Pierre Ier.
Hodoyn

Richard. Jean VII.

- Nicolas le Gros. - Jacques II. Louis de Melun. Edme Erard. Jean IX. Michel Martin.

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Déjà le nombre des religieux s'était accru sous la direction d'un abbé. Le premier, dont les catalogues nous aient con

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servé le nom, est Guillaume, homme d'une grande douceur, savant et très-versé dans les affaires. Il était mêlé à tout ce qui se traitait d'important à cette époque. Nous le trouvons en 1123 pour une donation de cent sous de rente annuelle faite par le comte Hugues à la léproserie des Deux-Eaux (1); en 1126, avec l'évêque de Troyes, dans une charte où Manassès de Villemaur donne la terre de Chailley à l'abbaye de Pontigny (2); en 1128, pour l'abbaye de Toussaint, au diocèse de Châlons, et pour Boulancourt (3); en 1131, pour le monastère du Der; en 1132, pour la fondation du prieuré de Brienne (4); en 1138, dans la charte de l'évêque Hatton, pour le partage du hameau de Fontaine-Aubron, entre l'évêque de Troyes et Grosselin, de Soissons (5). La même année, il signe l'accord fait entre Manassès et Risendis, abbesse de Faremoutiers. En 1139, il est témoin pour la fondation de Larrivour (6). On trouve sa signature en 1140, dans une charte de l'évêque Hatton, relative à la donation des églises d'Auzon, Longsols et Molins à l'abbaye de SaintLoup (7); la même année, le 1er novembre, dans la bulle d'Innocent II, pour exempter l'abbaye de Crisenon de la juridiction de Molesme (8); en 1142, pour l'accord entre les deux églises de Saint-Florentin-du-Château et Saint-Florentin-le-Vieux (9); la même année, pour le prieuré de Ramerupt (10); en 1143, dans la charte d'Hugues, évêque

(1) Notice hist. sur la Léproserie, p. 91.
(2) Cartul. de l'Yonne, t. Ier, p. 260.
(3) Des Guerrois, Sainct. chrest., p. 179.
(4) Voyage paléogr., p. 330.

(5) Camusat, Prompt., fol. 267 vo, et Des Guerrois, Op. cit., fol. 283 vo.

(6) Camusat, ibid., fol. 317-319, et Des Guerrois, fol. 282.

(7) Archives de l'Aube et Statistique du canton de Ramerupt.

(8) Cartul. de l'Yonne, t. Ier. p. 345

(9) Ibid., p. 357.

(10) D'Arbois de Jubainville, Hist. des Comtes de Champ., t. III, p. 429.

d'Auxerre, pour unir l'église de Saint-Pélerin à celle de Saint-Pierre d'Auxerre (1); en 1145, dans la charte d'Hatton, annonçant que Dudon de Saint-Mesmin donne à l'abbaye de Dilo un droit d'usage dans ses bois de Chennegy, et que le chanoine Itier et le chapitre de Villemaur donnent à cette même abbaye leur terre de Mory et de Vaudeurs, moyennant le cens annuel de 4 setiers de grains (2); en 1147, dans la charte de l'évêque Henri, attestant que GeoffroyFournier, Simon, son fils, et Gaucher, frère d'Herbert-leGros, ont fait don à Pontigny de tout droit d'usage dans leurs terres et bois (3); en 1150, il assiste à la transaction faite entre Evrard, abbé de Saint-Loup, et Pierre, abbé de Montierla-Celle; en 1151, il signe pour le don de la terre de Vauxde-Pars à la léproserie des Deux-Eaux (4); en 1154, dans la charte de l'évêque Henri, à Pierre de Montier-la-Celle, pour la restitution de l'église Saint-Flavit (5); en 1155, la confirmation des donations faites à Boulancourt (6); en 1159, dans le diplôme du comte Henri pour Foicy (7); enfin, dans plusieurs autres chartes pour Montiéramey, Montiérender, Marmoutiers, Clairvaux.

pour

Les intérêts d'autrui ne faisaient pas oublier à Guillaume ce qu'il devait à sa communauté. Le berceau d'un couvent est comme celui d'un nouveau-né; on se plaît à l'embellir et à lui faire accueil par de gracieuses offrandes. Ce témoignage de sympathie ne manqua point à la jeune abbaye de Saint-Martin, et Guillaume en fit soigneusement enregistrer les titres authentiques. Déjà un nommé Raoul, qui tenait un accin de la libéralité de Bavon, en avait fait hommage à

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l'abbé et aux chanoines réguliers de Saint-Martin. En 1120, Marc, fils du même Bavon, confirma cette donation et y ajouta une partie de sa terre de Campo Huinegonis franche et exempte de toute charge, tant en dîmes qu'autres usages, et tout ce qu'il possédait tant en champs qu'en bois, depuis la terre de Campo Huinegonis jusqu'à une fontaine dont il sera plusieurs fois question dans l'article des revenus de l'abbaye à Rachisy (1).

Ce bel exemple fut bientôt suivi par Ulric de Piney, qui, son tour, donna, en 1121, toutes ses terres de Rachisy, exemptes de tout droit et de toute servitude (2).

En même temps, Itier de Chappes, surnommé Le Moine, donnait une portion de sa terre de Rachisy, « depuis une fontaine qui est au-dessous du chemin de Sacey jusqu'au pré de Garnier de Brunelle. » Il accordait également aux chanoines droit de justice pour punir toutes sortes de crimes; droits d'usage pour tous leurs besoins, en bois, eaux, pâturages ou autres; enfin, il y ajoutait un pré au finage de Barberey (Barberies). Toutefois, cette donation n'était pas absolument exempte de charge : les religieux devaient lui payer trois sols six deniers de cens pour sa terre de Rachisy.

Un autre membre de la même famille de Chappes ne voulut pas rester en dehors de ce mouvement généreux. Non content de ratifier la donation d'Itier-le-Moine et la cession d'une autre terre faite par Flandrine, sa mère, Clérembault de Chappes offrit à Saint-Martin-ès-Aires, la même année, pour le salut de l'âme de ses parents, une maison avec le four (3).

Une autre preuve de la sollicitude de Guillaume pour les intérêts matériels de son abbaye, c'est la contestation qui fut

(1) Voir la pièce justificative D.

(2) Voir la pièce justificative E.

(3) Archives de l'Aube, F. de Saint-Martin-ès-Aires, original et pièce justificative F.

portée devant le comte Thibaut Ier. Nous nous souvenons que dès les premiers jours de son existence, en 1104, le monastère de Saint-Martin avait reçu de la munificence du comte Hugues certains moulins et un cours d'eau, nommé les Bains-du-Comte. Gauthier, abbé de Montiéramey, prétendait à leur possession. Guillaume maintint ses droits. L'affaire fut exposée devant le comte Thibaut; mais Gauthier, se défiant de la valeur de sa cause, se retira, et l'abbaye de Saint-Martin fut déclarée seigneur légitime de ces biens (1). L'évêque Hatton avait publié une charte semblable à la même époque (2).

Si Guillaume acceptait les présents, il savait en faire aussi. Le couvent de Foicy venait de s'établir au territoire de Saint-Parres. Pour lui souhaiter la bienvenue, Guillaume lui donna tout ce que l'abbaye possédait à Jully, près de Bar-sur-Seine, soit en terres, soit en prés ou bois, et qui venait de la donation de Clérembaud de Chappes, dont nous avons parlé. Ce don fut fait dans le chapitre de l'église de Saint-Martin-ès-Aires, en présence de Pétronille, première abbesse de Fontevrault, de Geoffroy, évêque de Chartres, et de Gui, frère de saint Bernard (3).

Mais surtout Guillaume faisait fleurir la piété dans sa communauté. A peine existait-elle, que déjà on sollicitait ses prières. On sait qu'au moyen-âge les personnes pieuses faisaient circuler dans les couvents une pancarte appelée Rouleau des morts, et demandaient aux religieux de prier pour leurs parents défunts. L'abbaye de Saint-Martin-ès-Aires reçut, dès l'an 1113, un de ces rouleaux, « long de dix-sept aunes et demi-quart. » C'était pour Mathilde, fille de Guillaume-le-Conquérant, et première abbesse de la Trinité

(1) Archives de l'Aube, F. de Saint-Martin.

· Vallet de Viriville,

les Archives historiques du dép. de l'Aube, p. 237 et 395.
(2) Archives de l'Aube et pièce justificative G.
(3) Voir pièce justificative H.

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