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jourd'hui Meldançon) et de Chaillouet (aujourd'hui MoulinsBrûlés), à Troyes, ainsi que le droit d'y moudre sans redevance un demi-muid par semaine. C'étaient les deux tiers d'un droit de propriété que le comte Henri possédait avec André Cementarius (1). Trois ans plus tard, ce dernier vendit cent livres son tiers à l'abbaye de Saint-Martin, mais le comte Henri exempta les religieux des charges qui pesaient sur André (2).

L'abbé Jacques mourut en 1171, le 6 du mois d'août, et fut enterré au milieu du chœur (3).

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Nous trouvons le nom de Vital en 1172, dans une charte de l'évêque de Troyes. Il figure encore en 1173 et 1174 pour la donation que l'évêque Matthieu fait à son monastère de l'église de Maraye-en-Othe (4).

Les conditions de ce bienfait sont assez singulières pour être rapportées ici. Trois fois l'année, à Pâques, à la Pentecôte et à la Saint-Pierre, le prieur-curé de Maraye devait se rendre processionnellement en chape de soie, et précédé de la bannière, à la Cathédrale avec toute sa communauté, deux enfants de chœur et un sous-chantre, et en présence de l'évêque on devait chanter les louanges (laudes).

Ces louanges ou acclamations étaient chantées au milieu du chœur par deux chanoines de Saint-Martin-ès-Aires; deux enfants de chœur, qui, au treizième siècle, se pla

(1) Original, Arch. de l'Aube. Copie, Hist. des Comtes de Champ., t. III, p. 460.

(2) Pièce justificative M.

(3) Gallia Christ., XII, col. 581.

(4) Biblioth. royale de Bruxelles, section des mss. n° 7529, et pièce justificative N.

çaient sur le tombeau de l'évêque Nicolas de Brie, répondaient, assistés du sous-chantre, en chape de soie.

Ces louanges renfermaient des hommages, des souhaits, des prières pour le Souverain-Pontife, pour l'évêque et son chapitre, pour le roi, la magistrature et l'armée. Enfin elles étaient entremêlées de supplications à J.-C. et aux saints.

Après le chant des Litanies, les deux chanoines et les enfants de chœur allaient recevoir la bénédiction de l'évêque, qui leur distribuait ensuite à chacun douze deniers (1).

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L'usage de ces processions existait encore en 1784 pour les chanoines de Saint-Martin, puisqu'au deuxième Chapitre général, tenu le 1° juillet de cette année, les chanoines de la cathédrale chargèrent deux de leurs confrères d'étudier cette question, si l'assistance à la procession était pour Messieurs de Saint-Martin un droit ou un devoir.

L'année précédente, 1173, l'abbé Vital avait signé comme témoin la convention par laquelle Henri, comte de Troyes, règle ses droits et constitue une taille abounée parmi les habitants de Maraye-en-Othe (2).

Il signe, en 1175, une lettre de l'évêque Matthieu pour le monastère de Toussaint (diocèse de Châlons); en 1178, une charte du même évêque, portant que Clérembaud de Chappes renonce, en faveur de la léproserie, aux prétentions qu'il avait élevées sur la possession d'un muid de froment, etc. (3). La même année, il est encore témoin dans une autre charte du même évêque pour un différend entre ce dernier et le prieur de Méry (4).

L'évêque Matthieu était mort, sans avoir pu mener à bonne

(1) Processionnal de l'église de Troyes au XIVe siècle, fol. 41-43. Bibl. du Grand-Séminaire, E 2, et pièce justificative N.

(2) Copie, Bibl. nation. F. français, 4660, fol. 14, et d'Arbois de Jubainville, Hist. des Comtes de Champ., t. III, p. 462.

(3) Notice sur la Léproserie, p. 101.

(4) E. Socard, Cart. de Molême, p. 122.

fin une réforme depuis longtemps désirée par son chapitre. Certains chanoines refusaient de recevoir les ordres et faisaient célébrer la messe par des prêtres étrangers au chapitre. Haïce de Plancy, alors doyen du chapitre et plus tard évêque de Troyes, en écrivit au pape Lucius III, qui lui répondit par une bulle, en date du 27 février 1183, et ordonna qu'à l'avenir aucun prêtre étranger au chapitre ne fût admis à célébrer la messe au maître-autel, excepté les abbés de Saint-Loup et de Saint-Martin-ès-Aires, les chanoines et marguilliers-prètres de l'église cathédrale et le prieur de Saint-Georges en Gaonnay.

Un autre privilége fut encore accordé aux abbés de SaintMartin et de Saint-Loup : celui de prendre place aux siéges les plus élevés du choeur du côté gauche (1).

L'abbé Vital, avant de mourir, eut la consolation de voir le nombre de ses religieux considérablement accru et leur subsistance assurée par la générosité de grands personnages. C'est ainsi que le cardinal Guillaume de Champagne, archevêque de Sens, intimement lié d'affection avec Vital, donna à son chapitre de Saint-Martin la moitié des bénéfices de l'église de Neuvy-Sautour (2), et confirma (3) la donation de l'église de Sormery et ses dépendances, faite à l'abbaye par l'un de ses prédécesseurs. De son côté, le comte Henri accorda à l'un des chanoines de Saint-Martin une prébende (4) dans son église de Saint-Etienne, et le comte Erard de Brienne confirma, en 1179, les donations de Gauthier Ier, son père, qui consistaient dans le droit d'usage dans ses prairies pour tout le bétail de l'abbaye, et dans ses forêts pour

(1) Camusat, Prompt., fol. 124, et Cousinet, Op. cit., fol. 61. (2) Voir la pièce justificative O.

(3) C'est ainsi qu'il faut rectifier le passage des Mémoires de M. David, qui a trait à Sormery. Voir pièce justificative P.

(4) Elle fut supprimée en 1654 et remplacée par une rente annuelle de 200 liv. que payaient les chanoines de Saint-Etienne.

bâtir et se chauffer. La seule restriction à ce bienfait était que les bêtes ne pussent passer la nuit dans ses forêts sans sa permission (1).

L'abbé Vital mourut le 7 des ides de décembre (7 décembre 1184), et fut inhumé à l'entrée du chœur (2).

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Odon était chanoine régulier de Saint-Martin-ès-Aires avant d'en être l'abbé. Nous ne savons s'il fut installé l'après le mode prescrit par l'évêque Manassès ou s'il l'était déjà quand fut rendue l'ordonnance épiscopale. Quoi qu'il en soit, il y avait désaccord sur les droits d'installation des abbés de Saint-Martin et de Saint-Loup, quand, en 1184, Manassès de Pougy résolut d'y mettre ordre. Nous donnerons de la charte de cet évêque ce qui a rapport seulement à notre sujet.

« Moi, Manassès, par la grâce de Dieu, évêque de Troyes, à tous ceux à qui ces présentes lettres parviendront à perpétuité, savoir faisons à tous présents et à venir qu'il existe entre nous et notre chapitre un différend pour.......... l'installation des abbés après leur bénédiction..... Après avoir accepté la médiation de Manassès, évêque de Langres, par la grâce de Dieu, et d'Haïce, notre doyen, nous avons fait l'accord suivant..... Nous accordons qu'en vertu de l'autorité du chapitre, le doyen, s'il est présent, installera les abbés de Saint-Loup et de Saint-Martin, après leur bénédiction, sans qu'il puisse s'élever aucune contradiction. En cas d'absence du doyen, cette cérémonie sera faite par le chanoine semainier de la grande prébende, sauf le droit du doyen. Si un

(1) Voir au chapitre des Revenus l'article de Rachisy et pièce justificative Q.

(2) Gall. Christ., XII, col. 581.

chanoine qui n'est pas de la grande prébende remplaçait le chanoine semainier, de quelque manière que cela ait lieu, le chanoine-prêtre, qui sort de semaine, remplira cet of

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En 1188, le pape Clément III chargea l'abbé Odon de juger l'affaire relative à la donation faite au prieur Thibaut et aux moines de Saint-Jean.

La même année, nous le trouvons dans la charte de Notre-Dame-aux-Nonnains pour un partage de revenus et pour la fixation des droits de l'abbaye sur la paroisse NotreDame (2). En 1191, Barthélemy donne à l'abbaye de SaintMartin l'église de Sainte-Maure avec la chapelle de Vannes. Toutefois, cette succursale n'était pas alors desservie pour les offices religieux. Les habitants se rendaient à SainteMaure. Ce fut longtemps après que l'abbaye de Saint-Martin fit aux gens de Vannes le don d'un terrain autour de la chapelle pour leur servir de cimetière. Plus tard encore, elle consentit à l'établissement d'une desserte, en nommant un de ses membres pour prieur. C'était ordinairement le prieur de Sainte-Maure qui cumulait ces titres. Mais il était le plus souvent remplacé par quatre chanoines réguliers de SaintMartin, qu'on appelait les chapelains du prieur. Les premiers titres qui en parlent sont deux sentences, l'une de 1498 et l'autre de 1502, en faveur des prieurs Jean Garnier et Pierre Bouquet. Ils rappellent les obligations et la rétribution de cette desserte créée depuis quelque temps seulement. Il y eut à cette occasion de fréquentes altercations sur la quotité des services et le règlement des honoraires. Une transaction de 1551, dûment homologuée, les rapporte et détermine les droits et les obligations respectifs des parties.

(1) Camusat, Prompt., fol. 178 v°. - Cousinet, Op. cit., t. III, p. 63.

(2) Gall. Christ., XII, Inst., col. 276, et Breyer, mss., p. 144.

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