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3o En calcaires jurassiques occupés par la culture qui lui convient le mieux, celle de la vigne.

<< Puis vient la critique de l'assolement triennal avec jachère qui règne encore sur beaucoup de points de notre département, assolement qui fait ressortir le blé à un prix de revient trop élevé.

<< Les conditions économiques qui ont donné sa raison d'ètre à ce système cultural n'existent plus de nos jours.

« Autrefois, les barrières fiscales qui isolaient chaque province jusqu'aux derniers temps de l'ancien régime, le manque presque absolu de voies de communication faisaient une loi de produire, dans chaque localité, tout ce qui était nécessaire à la vie.

«

Aujourd'hui, le libre échange et les moyens de transport rapide permettent à certaines contrées lointaines, plus favorisées que nous pour la production des céréales, de nous envoyer leurs blés.

<< Les produits de l'industrie animale ayant dans nos pays des débouchés de plus en plus avantageux, c'est dans l'élevage et l'engraissement du bétail que l'auteur du mémoire voit pour nous le salut.....

« L'auteur, passant à l'application du système qu'il a développé, entre dans tous les détails pratiques sur l'établissement et l'entretien des prairies naturelles et artificielles dans nos différents sols.....

« Depuis que ce Mémoire a été fait (1870), les événements ont pleinement justifié les prévisions de son auteur. Le prix de revient de la viande s'est encore accru dans une importante proportion, et la production se trouve de plus en plus au-dessous des besoins de la consommation....

« Dans notre département, la rareté des ouvriers ruraux et l'élévation excessive des salaires font plus qu'ailleurs une obligation absolue d'adopter de nouvelles combinaisons culturales qui diminuent les mains-d'œuvre et créent d'autres sources de bénéfices.

« Les terres fortes du département ont une aptitude spéciale à produire des plantes fourragères. C'est un grand tort que de combattre leurs tendances naturelles en continuant à les ensemencer presque exclusivement en céréales, au lieu d'en convertir une partie en herbages.

« Il y a donc pour nous un double intérêt d'actualité à augmenter la production du bétail tant au point de vue de l'alimentation publique que de la prospérité agricole.

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Selon les conclusions de ce rapport, vous avez jugé que le mode de culture indiqué dans le mémoire reçu répond complètement à la question mise au concours, et vous avez attribué à l'auteur, M. Jules Benoit, membre associé, la médaille d'or inscrite à votre programme.

Si les procès-verbaux de vos séances attestent vos travaux incessants, vos Mémoires sont comme un écrin précieux où l'on se plaît à conserver et à revoir dans une place d'honneur ceux des écrits de vos sociétaires qui sont les plus dignes d'être répandus et les plus aptes à servir au progrès des arts, des sciences et des lettres. Aussi devons-nous, dans cette rapide revue rétrospective, vous rappeler et signaler à l'assemblée d'élite qui vous entoure quelques-unes des pages consacrées aux sujets agricoles.

Une substantielle et instructive étude de M. Charles Baltet traite de la Culture des arbres fruitiers au point de vue de la grande production; cet ouvrage a déjà eu les honneurs d'une seconde édition, il est comme un bref manuel, digne d'être consulté souvent par tous ceux qui se livrent à la culture des arbres fruitiers et par ceux qui savent goûter en connaisseurs les produits du verger moderne aux formes et aux saveurs si heureusement variées.

Les cultivateurs de notre région ont vu leur richesse s'accroître, depuis un siècle, en proportion considérable; mais trop souvent ils ont réalisé des progrès, et, pour emprunter une expression au langage des économistes, ils ont fait de la richesse sans le savoir; en autres termes le domaine cultivé

et les capitaux s'augmentaient sans qu'ils se rendissent un compte exact de leurs opérations. Assurément on est tenté d'admirer un homme exécutant des merveilles sans voir clair; mais à n'en pas douter, il vaut bien mieux y voir; de même, vous avez pensé qu'il serait utile d'encourager les agriculteurs à sortir de la période empirique, à tout compter, à tout noter, à ne rien abandonner au hasard et à la routine, et vous avez publié les simples notions de comptabilité agricole et d'économie rurale dues à M. Dautremant, membre honoraire de la Société. Peut-être les formules et les modèles proposés par votre collègue ne sont-ils pas définitifs; mais une telle publication ouvre heureusement la voie où il importe de pousser de plus en plus les jeunes agriculteurs.

Ainsi, en toutes circonstances vous vous êtes souvenus que l'agriculture doit tendre à devenir à la fois une industrie méthodiquement conduite et une science positive. C'est cette double tendance, c'est cette alliance de l'esprit scientifique et de la recherche des progrès applicables par une sage pratique qui a inspiré toutes vos décisions, toutes vos discussions, qui a dicté le programme des concours que vous avez institués.

Ce tableau réduit, dans lequel nous avons essayé de comprendre ce que vous avez entrepris pour faire progresser l'industrie et la science agricoles, démontre avec évidence que la Société Académique de l'Aube se rappelle qu'elle a été avant tout et qu'elle ne cessera pas d'être une Société chargée de veiller aux intérêts de la première de nos industries nationales, une Société d'agriculture.

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RAPPORT

SUR LES

TRAVAUX DE LA SECTION DES SCIENCES

PENDANT LES ANNÉES 1870, 1871, 1872, 1873 & 1874

PAR

LE DOCTEUR ARSÈNE VAUTHIER

MEMBRE RÉSIDANT

La Société Académique m'a confié la tâche de présenter un résumé des travaux de sa Section des Sciences pendant les cinq années qui viennent de s'écouler. Les questions scientifiques sont moins faciles à exposer que les travaux littéraires ou artistiques. Je me bornerai donc à une analyse succincte.

La Société a reçu un

OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. certain nombre de communications sur la météorologie, et plusieurs de ses membres ont donné sur ce point le résultat de leurs observations. Un instituteur de Rigny-le-Ferron, M. Gallois, a adressé un mémoire intéressant sur le même objet. A ce propos, une discussion s'est élevée sur la question de savoir si la météorologie constitue bien une science ayant une base certaine et un corps de doctrine. MM. Quilliard et Meugy ont exprimé l'opinion que des faits positifs ne

T. XXXIX.

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permettent pas de la reléguer au rang des études purement conjecturales. Un membre de la section des Lettres, M. Des Guerrois, dans une note écrite qui a été remarquée, a émis l'avis, en s'appuyant de l'autorité de Bacon, qu'on ne devait point désespérer jamais de voir une science imparfaite prendre un développement inattendu et atteindre une certitude qu'elle n'avait point paru posséder tout d'abord. Antérieurement, un de nos membres correspondants les plus distingués, M. le docteur Henry, dans un mémoire sur les trombes et sur la grêle, avait collectionné une série de faits d'où il avait tiré quelques lois. Plus tard, il nous adressa un travail sur les perturbations atmosphériques. Personne n'a oublié qu'il a contribué singulièrement à enrichir la science de données importantes sur l'éther cosmique, par l'observation des variations diurnes barométriques. On sait de plus que, depuis quelques années, les savants de nos observatoires ont pu prédire les gros temps d'une manière assez opportune, pour qu'à l'aide du télégraphe, les marins fussent avertis de se tenir sur leurs gardes, et de mettre en sûreté leurs navires. La météorologie rend donc actuellement des services qu'on ne saurait contester. Pour qu'on puisse arriver à recueillir une collection de documents dans notre département en particulier, il faudrait que toutes les écoles fussent pourvues de thermomètres, de baromètres, d'hygromètres, etc., et qu'on fournît à l'Ecole normale, aux élèvesinstituteurs, les renseignements nécessaires pour qu'ils fussent en état de faire de bonnes observations. Déjà antérieurement, par le don d'un baromètre, la Société a fourni à un instituteur de bonne volonté les moyens de donner de la précision à des recherches commencées.

M. Meugy a lu plusieurs notes sur la température observée à Troyes à divers moments.

Plusieurs membres ont appelé notre attention sur les aurores boréales, à l'occasion de deux magnifiques météores que l'on avait pu admirer en octobre 1870 et en février 1872,

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