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par ce monarque, l'an 1229, en mémoire de la fameuse bataille de Bouvines, gagnée en 1213 par son aïeul, Philippe-Auguste, contre l'empereur Othon IV et ses alliés, qui disposaient d'une armée de cent cinquante mille hommes. Philippe avait fait vou, dans la joie de cet heureux succès, de bâtir une abbaye en l'honneur de Dieu et de la Sainte-Vierge. Son fils, Louis VIII, acquitta ce vœu en fondant l'abbaye de Notre-Dame-de-la-Victoire, près de Senlis. Son petit-fils, Saint-Louis, n'en fonda pas moins, à Paris, en mémoire de la même bataille, le prieuré de SainteCatherine-du-Val-des-Ecoliers. Il dépendait du grand Valdes-Ecoliers établi sur les confins de la Champagne et de la Bourgogne, à une lieue de Chaumont. Il suivait, comme lui, la règle de Saint-Augustin, mélangée de quelques usages et coutumes de Saint-Victor de Paris. C'est de ce couvent que Saint-Louis choisit quelques chanoines pour les mettre à la tête de l'abbaye de Saint-Martin-ès-Aires.

Nous empruntons à l'ouvrage du P. Helyot et de Lecointe quelques détails sur le costume de ces nouveaux religieux.

Les chanoines du Val-des-Ecoliers étaient habillés de serge blanche avec un scapulaire, sans rochet. Leur robe était serrée d'une ceinture de laine noire ou de cuir, et les prêtres avaient un bonnet carré pour couvrir leur tête. Pendant l'été, soit au chœur, soit en allant par la ville, ils ayaient un surplis. Les prêtres portaient sur le bras une aumuce de peau d'agneau noire, faite de manière à pouvoir · couvrir la tête lorsqu'ils étaient au chœur. Les diacres et les sous-diacres, au lieu d'aumuce, portaient sur le bras un camail plié, les autres portaient le camail sur les épaules. L'hiver, tant au chœur que par la ville, ils avaient une chape noire avec son capuce; mais à la maison ils se couvraient la tête d'un camail. Les diacres, sous-diacres et autres clercs le portaient en tout temps dans la maison, avec cette différence, qu'au lieu d'en couvrir leur tête, ils mettaient un bonnet carré.

>> Les frères convers étaient habillés comme les autres; mais leurs habits étaient plus courts; ils serraient leurs robes et scapulaires avec une ceinture de cuir, et leurs chapes, tant au chœur que par la ville, étaient de couleur tannée. Dans la maison, ils portaient un camail ou bonnet rond de même couleur (1).

>> Ceux qui avaient des prieurés, des cures ou des bénéfices étaient obligés de rendre tous les ans, au Carême ou dans l'octave de Pâques, compte au prieur claustral de ce qui leur restait des fruits des bénéfices ou des aumônes. Pendant la semaine sainte, ils devaient se confesser au prieur claustral ou à quelqu'un des religieux (2). »

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Le seul fait important qui signale le gouvernement de Renaud, c'est la notification de la bulle du pape Honorius III, qui lui est faite, le 3 juin 1233, par Jacques, évêque de Soissons, et Gui, doyen de la même église. Le pape leur enjoignait d'excommunier ceux des vassaux de Blanche et de Thibaut IV, qui cesseraient d'être fidèles au comte et à la comtesse. Ces deux mandataires chargeaient donc l'abbé de Saint-Martin-ès-Aires de citer Simon de Châteauvillain à comparaître devant eux, à Soissons, le 27 courant, pour répondre au comte de Champagne (4).

Au mois d'août 1233 fut présenté à Saint-Martin-ès

(1) P. Hélyot.

(2) Lecointe, Histoire du Val-des-Ecoliers.

(3) Le mss. Jacquot (sigillographie troyenne, p. 175) lui donne le nom de Bernard.

Hist.

(4) Bibl. nat. 5993, fol. 12, 92, 117, 154. - Bibl. de Troyes, no 22, p. 61, 62. D. Bouquet, XIX, 618. Gall. Christ., IX, 368. des comtes de Champagne, t. IV, p. 142, 257. - Pièce justif. AA.

Aires un rouleau des morts, à l'intention de Guillaume des Barres, l'un des plus illustres barons français du cominencement du XIII° siècle. Le titre de l'abbaye de Saint-Martinès-Aires accompagne ceux de Saint-Sauveur, chapelle paroissiale dans la cathédrale, de Saint-Etienne, de NotreDame-aux-Nonnains, des Jacobins, de Montier-la-Celle, de Foicy, des Cordeliers et du Paraclet. L'original est dans le cabinet de M. Dassy, à Meaux.

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La nomenclature des abbés de Saint-Martin-ès-Aires devient ici assez confuse. Les auteurs du Gallia Christiana n'ont pas suivi le même ordre que Camusat ni Des Guerrois. Les premiers citent après Jean II un nommé P... qui serait signalé le 9 septembre 1230 dans le chartrier de Champagne. Cependant Jean II aurait donné sa signature comme abbé en 1238 et 1239, et ne serait mort qu'en 1245. Ces difficultés subsisteront sans doute longtemps encore sans solution. Nous croyons qu'il nous suffit d'avoir mentionné cet abbé P... pour ne rien omettre de ce qui intéresse cette histoire.

Nous n'en savons pas davantage sur Jean II, qui reposerait dans le chapitre, sous une grande tombe (1).

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Nous ne connaissons aucun fait qui se rapporte au gouvernement de cet abbé. Il était mort en octobre 1245, puisque le 20 de ce mois, Guillaume, prieur de Dosche, et Jean, trésorier de Saint-Martin-ès-Aires, déclaraient au doyen

(1) Gall. Christ., XII, col. 582.

Thibaut et au chapitre de Saint-Nicolas de Sézanne qu'ils avaient notifié au comte Thibaut IV la mort de leur abbé Jean et sollicité auprès de lui l'autorisation d'élire un autre abbé (1).

En ce même mois d'octobre 1245, le couvent de SaintMartin-ès-Aires passait avec Raoul le Teutonique un bail à vie pour une maison, sise rue de la Corderie (aujourd'hui rue Saint-Vincent-de-Paul), et recevait du même Raoul la donation d'un jardin sis en Chaillouet (2).

Jean de Chantemerle fut inhumé dans la chapelle du cloître.

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C'est sans doute cet abbé dont l'initiale se lit dans une charte du chapitre de Saint-Pierre, en 1251. Il avait d'abord été chanoine de Saint-Loup, avant d'être élevé sur le siége abbatial de Saint-Martin-ès-Aires. Son esprit de sagesse et de conciliation le fit choisir avec l'évêque d'Auxerre par le pape Innocent IV pour amener à composition le chapitre de Saint-Pierre et le curé de Saint-Remy, qui s'opposaient au transfert du couvent des Cordeliers dans l'intérieur de la ville (3).

C'est sous son administration que le comte Thibaut IV recula les murs de la ville à l'orient jusque derrière l'abbaye de Saint-Martin, et en coupa le clos par les amas de terre qui formèrent les remparts. Jean de Fleiz réclama contre les

(1) Bibl. nation., mss. ancien fonds 5993, dit Liber pontificum, fol. 440 vo, et pièce justificative BB.

(2) Arch. de l'Aube, F. de Saint-Martin-ès-Aires, et pièce justificative CC.

(3) Arch. de l'Aube, F. de Saint-Martin-ès-Aires, et pièce justificative DD.

T. XXXIX.

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dommages qu'eut à supporter son abbaye (1). Thibaut sut probablement compenser ces pertes; mais nous manquons de documents à ce sujet.

Bien que le Gallia Christiana donne en 1253 un autre abbé du nom de Guillaume, nous croyons que Jean IV conserva plus longtemps son abbaye, puisque, par-devant Milon, abbé de Saint-Loup, Jean, abbé de Saint-Martin de Troyes, et Milon, doyen de Saint-Etienne, un nommé Gui Ragot de Saint-Sépulcre, seigneur de Champlost, vendit, en septembre 1258, au comte Thibaut V, le village de Vireysous-Bar, près de Courtenot, moyennant 2,030 livres (2). La même année, l'abbé Jean faisait un accord avec un prêtre nommé Técelin, pour une maison sise au Bourgl'Evêque (3).

Jean de Fleiz, mort le 21 mai, reposait devant le maîtreautel, du côté droit.

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Hodoyn ou Hondonin du Fay était, comme son prédécesseur, chanoine de Saint-Loup avant d'être abbé de SaintMartin-ès-Aires. Il avait un frère, nommé Odinchus du Fay, qui était aussi religieux à Saint-Loup et donna à cette communauté plusieurs biens situés à Lusigny (4).

Nous ne savons ni la date de son élection au siége abbatial de Saint-Martin-ès-Aires, ni celle de sa translation au siége abbatial de Saint-Loup. Ce que nous pouvons affirmer,

(1) Cousinet, Op. cit., vol. III, fol. 90.

(2) Mss. de la Bibl. nation., ancien fonds latin 5993, dit Liber pontificum, fol. 308, 309.

(3) Pièce justificative EE.

(4) Cousinet, Op. cit., vol. III, fol. 90.

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