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gny, du Saint-Sépulcre et d'autres lieux, il ajoutait ceux des abbayes de N.-D.-des-Vertus (dioc. de Châlons-surMarne) depuis 1522, de Basse-Fontaine en 1526, et de Saint-Loup en 1533. Hâtons-nous de dire qu'il faisait le meilleur usage de ses richesses, et que plus d'une fois les pauvres bénirent ses pieuses libéralités.

En 1538, nous trouvons Jehan Villain, prieur claustral de Saint-Martin-ès-Aires. S'il n'apparaissait dans ces fonctions que sous l'abbé Odard Hennequin, nous en serions réduit à citer seulement son nom, sans pouvoir l'accompaguer des éloges auxquels il a droit. C'est en effet sous le Primatice qu'il fauf le voir, bien que déchargé des soucis du prieuré, s'ingénier à embellir l'église de l'abbaye, les bâtiments claustraux et son bénéfice de Sainte-Maure. C'était un homme entreprenant, ami du beau, large de cœur et d'idées, habile à profiter des heureuses circonstances qui mirent des artistes à sa disposition. Nous le trouverons bientôt à l'œuvre. Jehan Villain resta prieur jusqu'après la mort de l'abbé Hennequin. Il fut alors pourvu d'un canonicat à Saint-Etienne, puis du prieuré de Sainte-Maure.

Quant à Odard Hennequin, il mourut à l'âge de 60 ans, le jeudi 13 novembre 1544, et fut inhumé le lendemain dans la nef de la cathédrale. Sa tombe en bronze, qui a disparu, représentait le prélat en relief, revêtu de ses habits pontificaux. Il portait : Vairé d'or et d'azur, au chef de gueules, chargé d'un lion léopardé d'argent.

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François Primatice ou Primadice (Francesco Primaticcio ou de Primadici), célèbre architecte et peintre italien, était né à Bologne en 1490. Sur sa réputation, François Ier l'appela en France en 1531, lui donna le titre de chambellan et

le gratifia de l'abbaye de Saint-Martin-ès-Aires en 1544. C'est le premier des abbés commendataires de cet abbaye qui n'ait pas été honoré du sacerdoce. On peut supposer de quel œil les religieux virent placer à leur tête un homme illustre, sans doute, par son grand talent, mais absolument étranger à la vie monastique et très-familier avec les sujets. érotiques et mythologiques. Aussi affectaient-ils de ne le mentionner dans leurs registres que sous le nom de saint Martin de Bologne, tandis que lui se faisait un malin plaisir de signer ses œuvres, même les moins scrupuleuses, du titre d'abbé Francesco abbas Primaticcio (1).

Le genre de travaux auxquels se livrait le Primatice ne lui permettait pas de séjourner à Saint-Martin-ès-Aires. Il se contentait d'en palper les revenus et se reposait des intérêts spirituels et matériels de l'abbaye probablement d'abord sur le prieur Jean Villain, qu'il dut trouver en exercice à sa nomination, puis sur Jean Baulard, successeur de Jean Villain, dont nous lisons le nom et la qualité en 1545. On peut croire encore que le Primatice confia ces soins au vicaire général du diocèse, puisque, plus tard, un acte dressé par lui au château de Polisy, le 15 décembre 1554, établit pour vicaire général de Saint-Martin-ès-Aires Jean Thiénot, vicaire général du diocèse de Troyes (2).

Le Primatice a laissé de sa prélature un souvenir précieux. C'est la châsse de sainte Maure, exécutée sur ses dessins et sous sa surveillance pour la seconde translation des reliques de cette jeune vierge. Le Frère Jean Villain, chanoine régulier et ancien prieur de Saint-Martin-ès-Aires, chanoine aussi de la collégiale de Saint-Etienne, voulut supporter les frais de ce travail. La cérémonie de translation eut lieu le 21 septembre 1549, en présence de Pierre Terrillion, prieurcuré de Sainte-Maure, et fut présidée par André-Etienne

(1) Cf. Brulliot, Dict. des monogrammes, t. Ier, p. 51 et 86. (2) Archiv. de l'Aube, F. de l'Evêché, G. 66, fol. 133.

Richer, évêque de Chalcédoine, coadjuteur de celui de Troyes.

Dix ans plus tard, Jean Villain était prieur de SainteMaure; mais il n'oubliait pas pour cela l'abbaye de SaintMartin. Dans un bail des revenus du prieuré de Sainte-Maure, il réservait dix sols tournois pour les bugnets (baignets) du Mardi-gras des novices de l'abbaye.

En 1566, il faisait à Saint-Martin-ès-Aires cadeau d'un aigle de chœur « le mieux travaillé de ceux des églises de Troyes. » Sur le devant étaient les armes parlantes du donateur un vilna ou vilain (1), poisson fort connu, avec le chiffre J. V. et un calice entrelacé d'un ruban. Les deux autres côtés portaient aussi des armoiries à droite, une bande à deux étoiles; à gauche, un chevron brisé avec deux étoiles en chef et une coquille en pointe. Autour on lisait : Frère Jean Villain, prieur de Sainte-Maure, cet aigle-ci a faict faire sans démore. Deo gratias. Req. in pace. 1566.

Quatre ans plus tard, le même Villain résignait en faveur de Jean Thévignon et se retirait à Saint-Martin-ès-Aires. Il signala de nouveau sa générosité, en faisant sculpter par les élèves du Primatice plusieurs statues destinées à l'ornementation de la nef de l'abbaye, et portant aussi ses armoiries.

Enfin, en 1584, il fonda à Saint-Martin-ès-Aires quatre anniversaires, et, au don d'un demi-arpent de terre, sis aux Parfonds, finage de Sainte-Maure, il ajouta celui de divers autres objets précieux, spécifiés dans la même charte. Cette pièce est assez intéressante pour que nous la rapportions presque en entier :

<«< A tous ceux qui ces présentes lettres verront Claude Jacquot, escuyer, licencié ès loiz, prévost de Troyes et garde du scel aux contrats de ladite prévosté, salut. Savoir faisons

(1) Nom vulgaire donné à un petit poisson d'eau douce, très-commun dans la Seine.

que... moyennant la donation et fondation que ledit frère Jehan Villain fait ausditz religieux, prieur et couvent par ces présentes... iceux religieux pour ce ont promis et promettent par ces présentes pour eux et leursditz successeurs en icelle abbaye de dire et célébrer au grand autel d'icelle après Prime dites à tousiours perpétuellement les messes et anniversaires cy après déclarez. C'est à savoir à chacun jour du lendemain des fêtes Nativité Notre Seigneur, Pasques, Penthecouste, à chacun lendemain desditz jours après lesdites Primes dites une messe basse, et à la fin de chacune messe De Profundis sur la fosse dudit Villain, et le lendemain du jour de feste de Toussaintz qui est le jour des Trépassez se dira une messe haute de Requiem, et à la fin d'icelle en allant sur la fosse dudit Villain pour dire le Libera, on dira le Psalme Miserere mei Deus secundum, laquel'e messe se dira à telle heure qu'il sera advisé par lesditz religieux à celle fin d'y assister tous. Aussi seront tenuz et ont promis lesditz religieux de dire par chacun an après Primes dites le lendemain de chacune des quatre festes Notre-Dame savoir Assomption, Nativité, Annonciation et Purification dire une messe basse du jour de chacune desdites festes et à la fin de chacune desdites messes aller dire De Profundis et prières accoustumées sur la fosse dudit Villain. Item seront tenuz lesditz religieux de par chacun an à tel jour que ledit Villain sera décédé à tousiours perpétuellement dire et célébrer un anniversaire solennel en la manière qui s'en suit, savoir la veille dudit décès vigiles, et le jour dudit décès commandises, la messe haute et à la fin de ladite messe le Psaume Miserere mei Deus secundum, en allant dire le Libera et jetter de l'eau béniste sur ladite fosse, lequel anniversaire se dira à telle heure que lesditz religieux adviseront afin qu'ils y puissent tous assister. Et sera tenu le trésorier de ladite abbaye fournir quatre cierges pour célébrer ladite messe qui se dira ledit jour des Trépassez et aussi de faire sonner icelle aux trois grosses cloches de ladite église par l'espace d'autant

qu'on pourroit mettre à dire le Psaulme Miserere mei Deus secundum. Item sera tenu ledit trésorier de durant lesdites sept basses messes fournir un cierge qui sera alumé durant chacunes d'icelles messes qui sera sonnée à la petite cloche du petit clocher à branle par l'espace d'autant qu'on mettroit à sonner deux fois Tierce et à la fin la clochette par neuf coups, lesquelles messes seront sonnées par le religieux qui les célébrera. Sera tenu ledit trésorier de fournir quatre cierges qui seront allumez durant ledit anniversaire qui se dira le jour du décès dudit Villain, et quant à la sonnerye, ledit trésorier sera tenu de le faire sonner aux grosses cloches, le tout selon et ainsi que l'on a accoustumé sonner iceux qui se disent en ladite abbaye, et moyennant ce que dessus et non aultrement ledit frère Jehan Villain a donné, cédé, quité et transporté dès maintenant à tousiours perpétuellement audit prieur et religieux de ladite abbaye et à leursditz successeurs un demi-arpent de pré, assis en la paroisse SainteMaure, lieu dit les Parfonds, etc. à charge que lesditz prieur et religieux seront tenuz paier par chacun an sur la rente dudit pré au terme Saint Martin diver la somme de 27 sols 6 deniers tournois. Et outre ce que dessus et à icelle fin que lesditz religieux aiyent plus grand zèle et dévotion à dire lesditz services, ledit frère Jehan Villain a donné à ladite abbaye et ausditz religieux un calice d'argent pezant trois mards, doré d'or entièrement, pour servir à tousiours à dire les grandes messes au grand autel les bons jours dimanches et festes en ladite abbaye et pareillement ausdites messes et services cydessus, lequel calice ledit sieur abbé comme lesditz religieux ne pourront vendre ni engager pour quelque subside ou emprunt qui pourroit advenir. Item ledit frère Jehan Villain pareillement donne à ladite abbaye une chazuble de satin de Burges blanche, aiant les offrois de drap d'or, un missel pour dire et célébrer les messes et services avec deux nappes d'autel ouvrées, lesquelz calice, chazuble, nappe et missel ledit frère a mises et dès maintenant met ès

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