Images de page
PDF
ePub

conservé dans cette place par Fouché, duc d'Otrante, et par M. Savary, duc de Rovigo, qui eurent successivement le portefeuille de la police, alors séparé du ministère de la justice. Lorsque le général Malet (voy. ce nom) tenta, sur la fin de 1812, pendant la campagne de Russie, de changer la forme du gouvernement, M. Saulnier fut enlevé avec M. le duc de Rovigo, et déposé à la prison de la Force. Cette tentative aventureuse ayant élé presque aussitôt réprimée, M. Saulnier reprit ses fonctions, qu'il ne perdit que peu de jours avant le 20 mars 1815. Napoléon, de retour de l'île d'Elbe, ayant remis le portefeuille de la police au duc d'Otrante, M. Saulnier reprit de nouveau sa place, et la reperdit, pour la dernière fois, après la seconde restauration. On lui a généralement rendu cette justice, qu'il avait exercé les cinplois qui lui avaient été confiés, et surtout le dernier, avec beaucoup de désintéressement et d'humanité. Nommé, en 1815, par le département de la Meuse, membre de la chambre des députés, il a fait partie de la minorité libérale de cette chambre, qui fut détruite par la célèbre ordonnance du 5 septembre 1816. Réélu immédiatement après par le même département, il se trouva naturellement placé parmi les défenseurs de nos libertés constitutionnelles. Dans la séance du 24 janvier 1817, il se prononça contre le projet de loi sur la liberté individuelle. Il dit : « Le roi, en ouvrant cette session, a dit avec la plus vive expression : La tranquillité règne dans mon royaume;

un témoignage aussi auguste suffit pour nous convaincre que la loi du 29 octobre ne doit être désormais ni réformée ni modifiée. » Il combattit ensuite le rapporteur, qui comparait la nouvelle loi à la suspension de l'habeas corpus, et demanda, en terminant, la pleine et entière exécution de l'art. 4 de la charte. Dans la séance du 24 février 1818, à l'occasion d'une pétition, dont il appuya le renvoi à la commission, il exposa la situation de son département, sur lequel avaient particulièrement pesé les deux invasions de 1814 et de 1815, observant que les mêmes charges avaient également accablé tous les départemens de l'Est. Il présenta une pétition du comte Regnault de Saint-Jean-d'Angely, dans laquelle cet illustre proscrit (aussi bannisans jugement) se plaignait vivement de la sévérité excessive des puissances alliées à son égard, et demandait l'intervention de la chambre pour que les agens diplomatiques de la France le fissent jouir à l'étranger du droit naturel et des gens. M. Saulnier prononça à cette occasion un discours remarquable par sa force et sa sagesse, et demanda le renvoi de la pétition au ministre des affaires étrangères. Il ne refusa dans aucune circonstance son appui aux malheureux et aux justes réclamations d'un grand nombre de pétitionnaires. Réélu à l'expiration de son mandat, il faisait partie de la chambre dont la dissolution totale a eu lieu en 1823. Il n'a pas été nommé, en 1824, à la chambre septennale : M. Saulnier avait, il est vrai, voté

gon

contre les deux lois d'exception, et avec les 95 contre le nouveau système électoral. Son fils, directeur-général de la police à Lyon, dans les dernières années du vernement impérial, et préfet du département de Tarn-et-Garonne pendant les cent jours, en 1815, a fait, depuis la seconde restaura. tion, un voyage scientifique en Égypte, d'où il a rapporté le zodiaque de Denderah, dont plusieurs savans ont donné la description, et qui est maintenant déposé dans les salles du Louvre. M. Saulnier fils n'exerce aucune fonction publique.

SAUMAREZ (SIR JAMES), amiral anglais, qui occupe encore aujourd'hui un rang distingué parmi les officiers-généraux de la marine britannique, est né dans l'île de Guernesey, en 1757. Il descend d'une famille française, dont le chef accompagna, dit-on, Guillaume-le-Conquérant, lors de son invasion en Angleterre. Son père exerçait avec succès la profession de médecin, et deux de ses oncles s'étaient distingués au service de mer. Le jeune Saumarez suivit dès l'enfance la car rière de ces derniers, et à l'âge de 15 ans, il était midshipman sur le vaisseau du capitaine Alens, habile marin, avec lequel il croisa dans diverses mers pendant plusieurs années. Revenu ensuite dans sa famille, il fit de bonnes études, et s'occupa sans relâche. du soin d'achever lui-même sou éducation, qui n'avait été qu'ébauchée Lors de la guerre que fit, l'Angleterre à ses colonies de l'Amérique septentrionale, il passa sur le vaisseau le Bristol, et

accompagna sir Peter Parker, qui commandait une escadre dans l'Atlantique. En 1976, il se distingua à l'attaque de Sullivan, et fut nommé lieutenant de vaisseau. On lui confia ensuite le commandement du cutter the Spitfire; mais ce bâtiment ayant été fortement avarié, il eut bientôt ordre d'y mettre le feu, pour qu'il ne tombât pas entre les mains de l'ennemi, et de s'embarquer comme simple passager pour revenir en Angleterre. La France et la HolJande ayant pris part à la guerre d'Amérique, le lieutenant Saumarez fut bientôt remis en activité, et s'embarqua avec sir Hyde Parker. Il se distingua éminenment au célèbre combat de Doggers-Bank, où cependant les braves amiraux hollandais Kontman et Kinsbergen soutinrent assez glorieusement l'honneur de leur pavillon, pour avoir le droit de s'attribuer la victoire. Le lieutenant Saumarez fut chargé de remplacer, dans le commandement du vaisseau le Preston, le capitaine Green, qui avait perdu un bras au commencement de ce combat, un des plus acharnés des temps modernes, et à son retour en Angleterre, il fut nommé capitaine en pied de la Tisiphone. Il joignit ensuite l'amiral Hood, qui commandait la flotte des IndesOccidentales, et qui lui confia le vaisseau le Russel, de 74 canons. Le 12 avril 1782, il se signala de nouveau dans le combat que l'amiral Rodney livra au comte de Grasse. Après avoir successivement commandé l'Embuscade et le Raisonnable, il fut chargé, en 1793, de croiser dans les parages

de Cherbourg, avec la frégate le Croissant,, de 36 canons. Il y eut un engagement avec la frégate française la Réunion. Ce combat de vaisseau à vaisseau, au commencement d'une nouvelle gucrre, fut célébré en Angleterre comme un triomphe signale. Sir James Saumarez fut alors créé chevalier, et la bourgeoisie de Londres lui fit don d'une superbe vaisselle. L'année suivante, il eut le commandement d'une petite escadre, avec laquelle il manœuvra habilement, échappa à une escadre française supérieure en force, et se réfugia dans un port de l'île de Guernesey. I joignit ensuite la grande flotte commandée par l'amiral Howe, qui croisait dans la Manche, et eut le commandement du vaisseau de ligne l'Orion. Placé ensuite sous les ordres de sir John Jervis ( depuis lord Saint-Vincent), il croisa avec lui dans la Méditerranée, fit le blocus de Cadix, et prit part, en février 1797, à la bataille du cap Saint-Vincent, où les Anglais remportèrent la victoire. Une médaille d'or lui fut décernée pour ses services dans cette campagne. Revenu en Angleterre, il contribua puissamment à apaiser la dangereuse révolte des matelots, qui éclata à cette époque sur la flotte stationnée à Nore (voy. PARKER, RICHARD). Le vaisseau l'Orion, commandé par sir James Saumarez, fit depuis partie de la flotte de l'amiral Nelson, qui courut à la recherche du général en chef Bonaparte, embarqué à la tête de l'expédition d'Egypte. Après avoir éprouvé une violente tempête dans le golfe de Lyon, la flotte anglaise

entra dans un port de l'île de Sardaigne, où elle répara ses avaries, et reçut un nouveau renfort de dix vaisseaux de ligne. Sur un avis reçu du ministre anglais à Naples, sir William Hamilton, que l'escadre française avait été reconnue dans ces parages, Nelson se hâta de remettre à la voile, et espérant gagner l'ennemi de vitesse, il traversa, à l'aide des bons pilotes siciliens dont il s'était pourvu, le golfe de Messine avec sa grande flotte, entreprise assez périlleuse, qu'aucun amiral n'avait encore tentée. Pendant ce temps, l'escadre française tournait la Sicile au midi, s'emparait de Malte, et arrivait sans perte en Egypte. Nelson ne put la joindre qu'après que le débarquement des troupes eut été heureusement effectué; mais il l'attaqua aussitôt dans la rade d'Aboukir, où se livra une des batailles navales les plus sanglantes dont les fastes inaritimes aient fait mention. Par une manœuvre hardie, et qu'on avait jugé impossible avant le succès, Nelson passa entre la terre et les vaisseaux français embossés dans la rade. La victoire fut complète, et sir James Saumarez, qui y avait contribué par son habilité et sa valeur, fut chargé, après l'action, du commandement des prises faites sur les Français. Avec une escadre sous ses ordres, il alla sominer Malte de se rendre; mais le général Vaubois, qui y commandait, rejeta toutes ses propositions, malgré le peu d'espoir qu'il avait d'être secouru, après les désastres de la marine française à Aboukir, dönt on eut grand soin de lui faire pas

[blocks in formation]

Saumarez laissa quelques vaisseaux pour bloquer ce port, se rendit ensuite à Gibraltar, puis à Lisbonne, et de là en Angleterre, où il fut reçu avec de grands honneurs. Une seconde médaille d'or lui fut décernée; il eut la décoration de l'ordre du Bain, et l'emploi lucratif de colonel des troupes de la marine. En 1800, il monta un vaisseau de 80 canons, et croisa long-temps devant le port de Brest. Nommé contreamiral l'année suivante, et baronuet de la Grande-Bretagne, il reçut en outre le commandement de l'escadre qui était stationnée devant Cadix. Dans le mois de juin 1801, il eut un engagement avec le contre-amiral français Linois, qui lui enleva plusieurs vaisseaux, et le força à la retraite; et au mois de juillet suivant, il soutint un nouveau combat des plus acharnés contre les flottes française et espagnole, près d'Algésiras. Le vaisseau espagnol du Sant-Antonio fut pris par les Anglais, qui se retirèrent ensuite, mais qui n'en représentèrent pas moins cette affaire indécise comme une victoire signalée. Les deux chambres du parlement votèrent des remerciemens publics à sir James Saumarez; la ville de Londres lui accorda le droit de cité, lui fit présent d'une superbe épée, et le roi Georges III lui envoya la grande décoration de l'ordre du Bain, qui lui fut remise avec solennité par le général O-Hara, gouverneur de Gibraltar, devant toute la garnison de cette place. Pendant la courte suspension d'hostilités qui suivit la paix

d'Amiens, cet amiral se rendit à Guernesey, au sein de sa famille. Il venait d'obtenir une pension de 1200 liv. sterlings, lorsque de nouvelles craintes de guerre se manifestèrent; le gouvernement lui confia le commandement de l'île de Guernesey. En avril 1809, il fut nommé au commandement d'une flotte de 24 vaisseaux de ligne, qui croisa dans les mers du Nord, et qui devait agir de concert avec les Suédois, alors alliés de l'Angleterre et en guerre avec les Danois et les Russes. Cette campagne n'eut pas de grands résultats. L'amiral anglais avait, disait-on, formé le projet d'attaquer les ports de Revel et de Cronstadt; mais les dispositions prises dans ces villes furent telles que ce dessein ne put s'effectuer. Sir James Saumarez s'est depuis retiré à Guernesey, où il avait épousé une de ses compatriotes, qui lui a donné plusieurs enfans. M. SAUMAREZ (Richard), frère du précédent, est né, comme lui, à Guernesey. Dès sa jeunesse, il a suivi la même carrière que son père, et s'est distingué dans l'exercice de la médecine et de la chirurgie. Il a été nommé chirurgien en chef du grand hôpital de la Madeleine. On lui doit plusieurs ouvrages estimés, dans lesquels il s'est souvent efforcé de mettre l'art qu'il professait à la portée des esprits les plus ordinaires. Il a publié : 1o Dissertation sur l'univers en général et les élémens en particulier, 1795, in-8°; 2° Nouveau Système de physiologie, 1798, 2 vol. in-8°; 3° Principes et but de la philosophie, 1811, in-8°; 4° Principes des

sciences physiologiques et physiques, 1812, in-8°; 5° Discours prononcés devant la société de médecine, 1815, in-8°.

SAUNDERS (WILLIAM), médecin extraordinaire du prince de Galles, et doyen des médecins de l'hôpital de Guy, s'est rendu recommandable non-seulement par un grand nombre d'excellens ouvrages, mais encore par ses bienfaits envers l'humanité, en faisant adopter le système de la vaccine à Saint-Domingue. M. Saunders est membre de la société royale de Londres. On lui doit : 1° Traité sur le mercure, employé dans les maladies vénériennes, in-8°, 1767; 2° Observations sur l'antimoine, in-8°, 1779; 3° Traité sur le kina, in-8°, 1782; 4° Traité sur l'acide mephitique, in-8°, 1789; 5o Sur la structure, l'économie et les maladies du corps humain, in-8°, 1793; 6° Oratio harvei instituto habita in theatro collegii regalis medicorum Londinensis, avec des observations intéressantes sur le régime des eaux et sur les bains chauds et froids, in-8°, 1800. Il a encore publié des remarques sur l'hépatite de l'Inde, 1809, in-8°.

SAURAU (LE COMTE FRANÇOIS), d'une des premières familles de la Styrie, est né à Vienne. Il fit ses études au collège Thérésien, entra dans l'administration, et devint successivement conseiller au gouvernement de Prague en 1786, capitaine de la ville de Vienne en 1789, conseiller aulique au directoire-général de la monarchie en 1791, et adjoint au vieux comte de Pergen, ministre de la police. Contrarié par le baron de Thugut, ministre des affaires étrangères,

et n'ayant à sa disposition que des moyens insuffisans, il parvint cependant à déjouer, par sa fermeté et sa vigilance, deux conspirations qui se tramaient à la fois à Vienne et dans la Hongrie. En 1795, il fut nommé président de la régence de la Basse-Autriche, et continua de diriger la police. Les victoires des Français, sur le Rhin et en Italie, avaient tellement abattu le courage des Autrichiens, que le gouvernement ne trouvait aucun moyen d'arrêter, en 1797, la marche du général en chef Bonaparte sur Vienne. Le comte de Saurau, au moyen des réunions patriotiques qu'il avait organisées précédemment, ranima le courage de ses compatriotes, qui étaient au moment de se lever en masse lorsque les préliminaires de la paix furent signés à Léoben. Environné de l'amour du peuple et de l'estime de son souverain, qui lui fit présent d'une terre en Hongrie, il fut, dans la même année, chargé du ministère des finances. Les désastres de la guerre et une mauvaise administration avaient réduit le trésor à un tel état de pénurie, que le gouvernement ne savait comment soutenir la nouvelle guerre, qu'après même le traité de Campo-Formio, il se disposait à faire à la république francaise. C'est alors que le baron de Thugut émit son projet d'accroissement des obligations de la banque, projet funeste qui faillit détruire entièrement le crédit du gouvernement autrichien. Le comte de Saurau s'opposa fortement à son exécution; mais il fut obligé de céder à l'empire que son adversaire avait sur l'esprit de l'empereur. En

« PrécédentContinuer »