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gnement pour tous, nous sommes réduits à repousser l'enseignement à bon marché des congrégations. C'est que nous ne travaillons pas pour le triomphe d'un parti qui sacrifie dédaigneusement la masse à sa domination sur un petit nombre : nous ne cherchons pas à enseigner dans l'ombre, affranchis de l'inspection de l'autorité par des priviléges divers. Nous ne voulons pas isoler nos adeptes pour exploiter leur intelligence au préjudice des vérités que d'autres pourraient leur faire connaître : nous ne craignons pas qu'ils nous abandonnent ; nous appelons des contradicteurs partout où nous prétendons enseigner et nous répétons avec saint Paul à ceux qui nous écoutent : « Je vous parle comme à des personnes intelligentes : jugez vous-mêmes de ce que je dis » Cor. I, ch. X.

C'est que nous travaillons à la régénération de la société entière ; c'est que nous n'avons point de domination à exercer : nous ne cherchons que le triomphe de la raison générale dans la religion comme dans l'industrie et le pouvoir !

Aussi après avoir donné l'enseignement aux masses, nous ne les vouons pas au supplice de Tantale en les plaçant sous le joug d'une servitude industrielle qui devient leur torture en faisant obstacle à toutes les satisfactions que l'enseignement a pu leur faire désirer : au lieu de leur imposer la misère comme nécessité de l'ordre nous proclamons les droits du travail, nous déclarons finie l'exploitation de ce dernier par le capital-argent. Après avoir donné l'enseignement à tous, nous ne laissons peser la déconsidération ou la pauvreté sur aucun travail pénible ou répugnant : l'association répartit de tels labeurs entre tous: elle ennoblit les travaux les plus répugnants en démontrant de quelle utilité particulière ils sont au bienêtre de tous elle attribue l'honneur à ceux qui se dévouent avec plus d'empressement à les accomplir parce que le premier des mérites c'est le dévouement à l'intérêt social!... On prévient ainsi toute disposition à chercher par orgueil ou par égoïsme les professions scientifiques ou administratives.

Ces dernières ne se présentent d'ailleurs aux regards de tous, que comme des charges pénibles qui réclament des mérites et des capacités très-spéciales pour s'y maintenir dans une société où le niveau des esprits s'élève sans cesse avec la raison générale. Chacun est plutôt porté à désirer le bien-être et la liberté d'esprit dont on jouit dans les professions les plus générales et qui ne sont pas moins honorées parce qu'elles sont également utiles. Chacun est satisfait de sa

situation parce qu'il y trouve évidemment tout le bien-être qu'il est possible de réaliser.

Ces résultats peuvent être obtenus par différents systèmes d'enseignement démocratique. Selon nous l'enseignement n'est plus que de deux genres: l'enseignement général et le spécial. Tous les deux sont gratuits; le premier est obligatoire. L'enseignement général comprend tout ce que l'enseignement, dit aujourd'hui secondaire, renferme d'utile à l'instruction d'un être appelé à développer sa raison en vue de réaliser l'ordre moral. Les mathématiques y comprennent toutes les études nécessaires pour faciliter la rectitude du jugement. L'estétique n'y est point négligée. Les langues mortes n'y étant point nécessaires, ce cours d'études peut être achevé vers l'âge de treize ans, époque où doit commencer l'enseignement professionnel.

L'enseignement spécial pour le professorat des lettres, pour les sciences, les beaux-arts et l'administration, est donné à ceux qui ont révélé dans les concours les dispositions qu'il réclame. Le nombre des admissions est dicté par les besoins de la société. Dès-lors plus de faux savants plus de savoir-faire simulant le savoir: la science est réelle. L'égoïsme des familles ne devient plus l'exploitation d'un enseignement trompeur qui détermine l'abaissement du niveau des esprits, comme l'a très-heureusement remarqué M. Thiers dans les classes que ses doctrines ont formées. La force des études spéciales s'accroît sans cesse stimulée par la raison et l'instruction générale : tous les progrès s'enchaînent et se développent par l'action réciproque qu'ils exercent les uns sur les autres.

Voilà comment l'enseignement démocratique prévient tous les effets déplorables qu'on a recueillis par les systèmes oligarchiques. Voilà comment l'ignorance de M. Thiers en science sociale, reste manifeste lorsqu'il a pu dire en déplorant l'abaissement du niveau des esprit causé par les doctrines oligarchiques: Il n'y a de fåcheux que l'esprit démocratique !

Nous ne sommes donc réformateurs que par esprit religieux, qu'en vue d'établir l'ordre moral. Nous ne sommes donc révolutionnaires que contre les doctrines et les pouvoirs qui font obstacle à cet ordre; contre ceux qui dénaturent le christianisme pour y substituer leur domination. Nous ne sommes révolutionnaires que contre les œuvres anti-sociales des rivaux de Dieu, contre les bourreaux de la raison humaine, contre les souteneurs de l'iniquité so

ciale qui impose aux masses la misère et la dégradation par la domínation d'un petit nombre de privilégiés. Mais ce qui ne peut échapper à aucune intelligence, non encore égarée, c'est que dans ce rôle nous sommes les défenseurs des lois providentielles du monde moral; nous sommes les conservateurs du parti évangélique ou chrétien nous sommes les humbles apôtres de la puissante et irrésistible doctrine providentielle de l'ordre qui réalise la justice!

Répétons-le donc en terminant: Non, ce n'est point au nom de la liberté, ce n'est point en vue de relever le niveau des esprits, qu'on peut livrer aux jésuites l'enseignement de la jeunesse, c'est au nom des libertés de privilége et de monopole qui constituent l'exploitation des uns par les autres, telle que nous l'avons subie si spécialement jusqu'à la Révolution de 1848.

Les hommes qui comme M, Thiers ont connu et déploré l'influence des jésuites; ceux qui viennent signaler l'abaissement du niveau des esprits dans l'enseignement secondaire et supérieur, ceux-là ne pourraient se disculper jamais du délit qui consisterait à abandonner aujourd'hui l'enseignement à l'influence du parti-prêtre; ils devraient compte de cet acte à la postérité: car elle exhumera de la poussière les arrêts nombreux de nos parlements, rendus dans les temps où la monarchie accomplissait encore sa tâche providentielle : et devant ces arrêts si bien motivés, devant les protestations et les efforts régénérateurs de la démocratie, elle prononcera l'anathème contre tous oligarques restaurateurs du jésuitisme au XIX siècle!.

Mais M. Thiers est réduit à ce moyen pour tenter par un effort suprême d'arracher à la Révolution son principal caractère: il déclare ne pouvoir souffrir qu'elle soit essentiellement sociale; et cependant c'est ainsi seulement qu'elle vient établir L'ORDRE QUI RÉALISE LA JUSTICE! Avec la plupart des privilégiés, M. Thiers a peur; il frémit à l'aspect du Socialisme qu'il ne comprend pas encore. L'enseignement monopolisé par le clergé lui apparaît dans son trouble comme un port de relâche pendant l'orage: il compte sur sa bravoure pour échapper à toute captivité: il crie à l'ancien parti libéral qui hésite à brûler ses vaisseaux: Acceptons cet abri : Quid times, Cæsarem vehis? Mais ce César où est-il? où l'apercevrontils sur leur horizon?... Vain espoir; nous l'avons démontré : dans le port où ils se réfugient, leur navire social ne peut être radoubé qu'avec des matières qui doivent le consumer: Caci sunt et duces cæcorum. Ce César sauveur est justement dans ce qui les épouvante!

Chefs de l'oligarchie, c'est à la démocratie que vous léguez la tâche de sauver la raison et les droits de l'humanité si étrangement compromis par vos doctrines de privilége! Marchez ou tremblez, doutez ou marmottez avec dépit des patenôtres, qu'importe à la société : la démocratie a sa foi elle a sa science: c'est elle qui doit sauver le monde ! car soyez en sûrs, elle n'hésitera jamais à répéter en chœur le cri du poète romain: « Dulce et decorum est pro patria mori! »>

FIN DE LA PARTIE ORGANIQUE

(QUI SE VEND SÉPARÉMENT ).

Lecteur! si cette doctrine répond au cri de votre conscience et de votre raison, ne renfermez pas ce livre dans une bibliothèque ; mettez-le à la portée de votre entourage; faites-le lire; car il a des chapitres pour tous les âges, tous les sexes et toutes les professions.

Les propagateurs de cette doctrine vont demander au citoyen ministre de l'intérieur un local dans lequel ils puissent tenir une conférence publique sur les devoirs qui correspondent aux droits reconnus par la législation et sur les nécessités de l'industrie. Afin de faciliter à tous, les moyens d'adresser toutes objections, et d'obtenir toutes les explications qui pourront être désirées, chacun pourra présenter des objections par écrit, même pendant le cours de la conférence, en les déposant sur le bureau d'un secrétaire établi ad hoc dans la salle. Ces objections devront être signées de celui qui les présentera. Il y sera répondu autant que possible dans la même séance. Lorsque les notes contenant des objections ou demandes d'explications ne seront pas trop longues et lorsqu'elles ne contiendront rien qui ne puisse être dit publiquement sans inconvénient, il en sera même donné lecture. Nous mettrons ainsi en pratique le devoir exposé page 125 comme l'un de ceux qui correspondent aux droits de la presse périodique.

La suite de cet ouvrage sera publiée par livraisons conformément aux titres exposés à la table des matières. Elle sera suivie de publications destinées à en mettre les différentes parties à la portée de toutes les intelligences et de tous les intérêts.

La société qui publie cette doctrine recevra avec gratitude toutes les communications et réflexions critiques ou autres qu'on voudra bien lui adresser en vue de concourir à la réalisation de son œuvre. Adresser franco à l'auteur, rue de la Banque 5 à Paris.

TABLE DES MATIÈRES.

Pages.

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PENSÉE GÉNÉRALE de la partie organique de cet ouvrage.
INTRODUCTION POLITIQUE, ou pensée générale de la partie critique.
RÉGIME DE LIBERTÉ.

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Ses premiers essais par des libertés de privilège.

Méconnaissance des devoirs dictés par ce régime.

sifs de ce système sous la monarchie constitutionnelle.

-

Effets subver-

17

THÉORIE des rapports corrélatifs qui subsistent entre les droits et les de-

voirs, où loi providentielle du monde moral.

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-

- Objection à la doctrine

24

DEVOIRS RENIGIEUX ET SOCIAUX. Comment à la cause naturelle de ces

devoirs, les pouvoirs de privilége ont substitué une cause de subver-

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Sous le régime démocratique les devoirs ne sont plus une

30

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PRIVILEGES subversifs de l'ordre moral et acquis au capital-argent par

la législation.

Priviléges par la répartition des impôts, Privi-

-

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