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tant l'abnégation de soi jusqu'à faire le sacrifice de son honneur, est-ce que moi par exemple, je pouvais être cet homme-là?

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Je ne parlerai pas, si vous le voulez d'une famille, d'une patrie où il m'eût fallu rentrer les yeux baissés ; les yeux baissés, entendez-vous, Monsieur; mais je parlerai d'un Condé, à qui j'étais comptable de cet honneur; puisque me donner à son Roi, c'était se porter, envers lui, garant de ma fidélité.

Mais je parlerai d'un ministère anglais qui, plein de confiance en ma droiture, ne se refusa jamais à aucune des mesures' que j'avais la franchise, je dirai la hardiesse, de lui proposer dans l'intérêt de Louis XVIII.

Je parlerai de mon Souverain légitime, de Frédéric-Guillaume, pour qui ce n'est pas assez d'un coeur en reconnaissance de ses bontés pour moi : n'est-ce pas lui qui, connaissant l'étendue de mon dévouement aux Bourbons, et se confiant à ma foi, me chargea près d'eux de missions délicates?

Quand on m'accuse, ne pas détourner à l'instant le soupçon de ces deux puissances, ne pas les désabuser aussitôt: plutôt mourir.

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Je m'applaudis d'autant mieux de l'avoir fait, que, méconnu, repoussé d'une terre où je pensais m'être acquis un asile honorable, bientôt, peut-être, il ne me restera plus d'espoir que dans leur munificence, pour réparer les sacrifices où m'entraîna mon zèle.

J'ai rempli ma tâche, Monsieur; en me lisant, n'oubliez pas, je vous prie, qu'elle me fut imposée par vous, et ne trouvez pas étrange que j'apporte à défendre ma cause autant de persévérance que j'en ai mis à soutenir celle des Bourbons.

LOUIS FAUCHE-BOREL.

A UN INCONNU.

Il est assez ordinaire de voir des écrivains conserver l'incognito, en déposant, dans les feuilles publiques, des articles dont ils salissent les passants; mais ce qui n'est pas commun, c'est de rencontrer un homme de lettres, qui, sans être mu que par la vérité, a le courage de la dire, celui de vous rendre justice, et s'enveloppe encore de l'anonyme pour échapper à vos remercîments; c'est ce que j'ai éprouvé cependant.

Puisque l'auteur de l'article intitulé: La Semaine dernière, inséré dans le Journal Général, n°. 634, s'est dérobé à l'expression de ma reconnaissance, je le prie d'en agréer ici le témoignage bien sincère. Rien ne m'a fait plus de plaisir, rien surtout ne m'a fait plus de bien, tant la chose yenait à propos, que ce qu'il a dit de moi.

Oui, je suis un royaliste d'instinct, comme il l'a très bien fait observer; et, pour lui en donner la preuve, je proteste, quels que soient les maux que j'aie souf

ferts et que je souffre, je proteste que ce que j'ai fait pour le Roi je le ferais encore.

Je demande à mon inconnu la permission de transcrire ici son article: je lui dois de faire connaître que ma réponse à Monsieur le substitut n'est que le développement des moyens qu'il a lui-même indiqués en prenant l'initiative de ma défense.

EXTRAIT DU JOURNAL GÉNÉRAL, No. 634,' Article: Semaine dernière.

« Un des évènements les plus remarquables de la semaine dernière, est le jugement qui a condamné le nommé Perlet, comme coupable d'escroquerie et de calomnie envers le sieur Fauche-Borel. Les services rendus par ce dernier à la cause royale, lui avaient acquis l'intérêt et la bienveillance des véritables amis du Roi. On a subtilisé, dans ces derniers temps, sur ce sentiment d'amour et de fidélité pour nos princes. On a distingué les royalistes de sentiment des royalistes d'opinion. On a oublié une troisième classe: c'est celle des royalistes d'instinct. J'appellerais ainsi ceux qu'un dévouement irréfléchi et sans bornes, fruit de la première éducation

et des institutions monarchiques attache à cette famille de princes sous lesquels la France a été heureuse et florissante. Je n'hésiterai pas à mettre dans cette dernière classe M. Fauche-Borel. Son attachement à la maison de Bourbon participe de celui que porte à son maître cet animal fidèle élevé dans nos foyers, et qui, quelquefois victime de nos méprises, vient encore caresser la main qui l'a injustement frappé; du reste, intrépide dans le danger, ne mesurant jamais l'obstacle, prêt, au moindre signal à tout braver et à verser son sang pour celui envers lequel il se croit lié par l'amour et la reconnaissance. Il est fâcheux qu'on soit trop souvent obligé de chercher les modèles d'un pareil dévouement dans une autre espèce que la nôtre; mais quand, par hasard, un homme s'élève à cette hauteur et à cette noblesse de sentiment, doit-on craindre d'en déshonorer le principe par une comparaison avec l'animal chez qui ces prodiges sont vulgaires. Enfin, je n'ai rien trouvé de mieux pour caractériser le dévouement de M. Fauche Borel à la sainte cause de la légitimité. Si l'on trouvait quelque caractère d'exagération dans cette expression de mes senti

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