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Wauthon 11-22-34 29630

DE

PRÉFACE

L'ÉDITEU R.

L'AUTEUR de cet ouvrage le commença dans le temps qu'un écrit intitulé le Citateur venoit de paroître. Quelques personnes lui ayant parlé de l'impression dangereuse que la lecture de ce livre. avoit produite sur l'esprit de plusieurs jeunes gens, il entreprit de le réfuter. Ce travail ne fut pas long; mais jugeant bien que cette misérable rapsodie seroit bientôt oubliée, et voulant donner à son ouvrage une utilité plus durable, il résolut d'embrasser un plan beaucoup plus étendu, et de dévoiler l'erreur et le mensonge dans les sources où le Citateur les avoit puisés. Si un jugement excellent et un esprit exercé à décou vrir le faux caché sous des apparences séduisantes de vérité, sont des qualités nécessaires pour combattre la philosophie moderne armée de sophismes; personne mieux que Monsieur Gourju, n'a pu entreprendre de lutter contre elle. Ayant passé sa vie dans l'enseignement public, et rien ne lui étant plus à cœur que de prémunir ses disciples contre les piéges tendus à la saine raison par les philosophes du dernier siècle, il avoit étudié d'une manière particulière la tactique de ces maîtres d'erreur. C'est cette tactique qu'il développe dans cet ouvrage : ainsi l'on

n'y trouvera ni la démonstration des vérités que l'impiété voudroit détruire, ni une réfutation critique des objections qu'elle accumule contre leur évidence. Cette louable entreprise a été souvent exécutée par des plumes dignes de défendre une si belle cause.. La philosophie a été mille fois vaincue; mais toujours audacieuse, elle ne se lasse point de renouveler ses attaques. Notre auteur n'a voulu ici que rendre inutiles les armes dont elle se sert en en faisant connoître le défaut et la foiblesse, et pour cela il leur enlève les ornemens dont elles empruntent leur éclat. Ce sont ces vues qui lui ont fait choisir la forme employée dans cet ouvrage.

Il suppose les philosophes réunis en assemblée secrète, dans le dessein de convenir ensemble des moyens les plus efficaces pour détruire la religion. Là, ils s'excitent mutuellement dans leur haine contre elle, et chacun à l'envi expose ce qu'il est en état de fournir pour le triomphe de la cause commune. On sent que n'ayant rien à craindre les uns des autres, ils doivent se communiquer librement toutes leurs pensées, sans chercher à en couvrir le faux de cette éloquence qui les fait accueillir dans leurs écrits. Aussi l'auteur ne rapporte-t-il pas toujours textuellement leurs paroles, mais toujours il présente la substance de leurs raisonnemens avec tant d'exactitude qu'ils ne pourroient en nier ni les principes ni les conséquen

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ces en sorte que cet ouvrage met dans le plus grand jour leur mauvaise foi et leur dangereuse perversité.

On sera d'abord étonné de voir M. Gourju s'occuper spécialement, dans la première partie, du misérable écrit du Citateur, mais les philosophes de nos jours ne pouvant être supposés dans la même assemblée, réunis avec ceux du dix-huitième siècle, il a imaginé une autre fiction où ces fades copistes sont démasqués dans la personne d'un d'entr'eux, n'étant tous eux-mêmes que des Citateurs à la manière de celui qui a pris ce nom.

II y a plusieurs années que cet ouvrage est achevé et qu'il auroit dû voir le jour; mais la censure établie alors auroit-elle laissé imprimer un écrit destiné à venger le christianisme des blasphèmes des philosophes, tandis qu'un gouvernement perfide s'efforçoit de l'avilir, qu'il venoit de décréter l'érection d'une statue à l'un des coryphées de l'impiété (*) qui y sont le plus ridiculisés, et que les premières places de l'état étoient occupées par les écrivains mêmes qu'on y attaque.

M. Gourju dû donc se borner à prémunir les jeunes gens dont l'instruction lui étoit confiée contre le venin répandu dans des ouvrages malheureusement trop fameux. Ce fut ce désir d'être utile qui lui fit accepter la chaire de philosophie établie à Lyon. Avec quel empressement elles étoient

(*) d'Alembert.

suivies, avec quelle avidité elles étoient écoutées ces leçons, où en vrai philosophe, il posoit pour base immuable de la morale les vérités sublimes de la religion, et démontroit l'absurdité des sophismes par lesquels l'impiété avoit osé les attaquer. C'est en exerçant ces nobles et touchantes fonctions, dans cette chaire mème qu'il occupoit depuis trois ans, que cet homme aussi précieux par les qualités de son cœur que par ses rares talens, fut enlevé à cette ville et à ses disciples..... Les larmes qu'ils versèrent sur son tombeau attestèrent leur attachement et leurs regrets mais les principes gravés dans leurs cœurs par ses leçons, seront un éloge plus durable de ses travaux. Puissent les ouvrages qu'il nous laisse en perpétuer les fruits.

On ne trouvera peut-être pas dans celui-ci toute la correction et la précision que l'auteur y auroit pu mettre s'il l'eût retouché, en le faisant imprimer lui-même ; cela eût été d'autant plus avantageux qu'il n'avoit pu le composer que dans les momens rapides qui entrecoupoient ses sérieuses occupations, mais on espère que quelques légers défauts que la difficulté de la forme qu'il avoit choisie rendent encore plus excusables, n'empêcheront pas le lecteur, de sentir le mérite de cet ouvrage.

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