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répande par-tout, & qu'on en ajoûte encore cent mille autres mesures du ris des années pasfées, qui ne foit pas corrompu, ou qui ait au moins fix ou fept parties de bon fur dix.

J'ordonne à ces mêmes Officiers, dont la négligence eft puniffable, d'avoir encore foin de faire transporter ces deux cens mille mefures jufqu'à Tien-tcing, & que ce transport se false à leur frais. De plus, je n'ignore pas que le ris qu'on a distribué cette année aux Soldats de Tien-teing, n'étoit pas bon. Si dans la fuite on leur donne du ris femblable, je punirai les Officiers qui font chargez de veiller à la diftribution. Il y a quelques années qu'on avoit tranfporté cinquante mille mefures en differens endroits, afin qu'on pût s'en fervir dans le

befoin:

befoin on l'a laiffé corrompre. C'est encore la faute des Officiers ; je leur fais grace : qu'ils fe corrigent: Les Greniers Publics ont befoin de réparation ; qu'on prenne de l'argent à la Cour des Aydes & qu'on les répare. Qu'un tel préfide aux réparations. S'il s'acquitte de cette commiffion avec exactitude, j'y aurai égard. J'oublierai fes fautes paffées, & je lui donnerai de l'emploi. Si au contraire il fait les chofes né gligemment, je le ferai punir.

On voit par cet ordre, que les moindres affaires vont à l'Empereur. Il eft informé de tout: il entre dans le plus grand détail : il gouverne & décide de tout par lui-même. C'eft ce qui fait la bonté du Gouvernement Chinois. Un Empereur n'a pas le temps de fe dis XIX. Rec.

vertir. Il faut qu'il mette fon divertiffement à remplir le devoir d'Empereur, & à faire enforte par fon application, par La vigilance, par fa tendreffe pour les Sujets, qu'on puiffe avec verité dire de lui qu'il eft le Pere & la Mere du Peuple. C'est l'expreffion Chinoife. Sans cela il tombe dans un Souverain mépris. Pourquoi, difent les Chinois, le Tien l'a-t-il

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On laiffe le mot Chiñois Tien fans le traduire, parcequé dans les Livres Canoni ques & dans les Interprêtes des Livres Canoniques, felon les différens fujets, il eft pris tantôt pour le Ciel matériel, & tantôt pour un Etre qui voit tout, qui connoît tout, qui gouverne tout, qu'on ne peut tromper, qui récompenfe le bien, qui putnit le mal, qui eft fans conmence nënt, fans fin, fans égal, jufte, miféricordieux, &c. Les Chinois difent que le pere est le Tim du fils, le mari eft le Ten de la femme, le Vice-Roi est le Tien de la Province. L'Empereur eft le vie du Royaume. Dans les autres endroits où on lifa le mot Tien, il faut le fouvenir de cette note.

mis fur le Trône? N'eft-ce pas pour nous fervir de Pere & de mere?

Memorial d'un Sur-Intendant de deux Provinces qui parle à l'Empereur avec une noble hardieffe.

Dans la troifiéme année du Regne de l'Empereur, un grand Seigneur, qui étoit Géneraliffime de l'Armée, & qui avoit rendu des Services confidérables à P'Empire dans la derniere guer re, que les Chinois ont eûë depuis peu contre un Prince de Tartarie, s'écarta de fon devoir, abufa de l'autorité que l'Empereur lui avoit confiée, parut tramer des intrigues de rébellion, & pour s'enrichir commit des injuftices énormes. Il fut

fa

accufé. Les accufations portées contre lui demandoient mort. Cependant à cause de fon mérite & de fa dignité, l'Empereur voulut que tous les principaux Mandarins, non feulement de la Cour, mais de tout le Royaume, envoyaffent leur fentiment fur cette affaire. Le *Tfong-tou de Nan-king, qui à la Sur- Intendance des deux Provinces Kiang-nan & Kiangfi, envoya le fien, & il ajoûta dans fon Memorial on condamne à mort Nien-Kenz-Yao, (c'est le nom de l'accufé, ) la condamnation eft jufte. Mais on laiffe impunis les crimes de Long coto, qui a tourné le dos ** à la raison, & a violé les Loix les plus inviolables de l'Etat. Long coto étoit proche parent * Nom qu'on donne à ceux qui fontSur Latendants de deux Provinces.

**Expreflion Chinoise.

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