gement de fe taire, que d'ac cufer des gens qu'on ne pou voit convaincre d'aucune action mauvaise, & dont les réponses étoient fans repliques que ces Mandarins avoient été très-embaraffez, lorfque les fix Dames vinrent fe préfenter pour faire infcrire leurs noms dans le Re giftre; mais qu'ils avoient été interdits & faifis d'étonnement lorfqu'ils virent ces cinq jeunes enfans les prier de leur accorder la même grace; & que l'un d'eux leur demanda s'il étoit néceffaire d'avoir quinze ans accomplis, pour pouvoir confeffer J. C. & répandre fon fang en témoignage de fa Foi.

Je pourrois vous traduire les autres Lettres que je reçus en même tems de quelques autres de ces Princes; mais comme elles n'ajoûtent rien à celle du

Prince Jean, je me contente de. vous rapporter le Mémorial présenté à 1 Empereur de la part du Général du Fourdane. Il est bon de vous faire obferver que quand on préfente des Mémoriaux à l'Empereur, on expose à la tête du Mémorial le sujet dont il s'agit.

Mémorial préfenté à l'Empereur par le Général du Fourdane, pour faire mourir ceux qui ont embraffé une fauffe Loi.

Nous vos fujets Ché-moute, &c. après avoir mûrement examiné toutes chofes, nous avons trouvé que Sourghien troifiéme fils de* Sou-nou & Courtchen fon onziéme fils avoient embraffé la Loi du Seigneur du Ciel, de

Il eft bon de fe fouvenir de ce qu'on a déja dit, › que le grand nom du Chef de la famille de ces Princes eft Sourniama, & que le petit nom eft Sou-now.

même que leurs fils & leurs.« freres, aufquels ils ont appris à « méprifer les Loix, à vivre à«‹ leur gré, fans frein & fans nulle« retenuë. Nous vos fujets ayant« ordonné févérement aux fils & " petits-fils de Sou-nou d'abandon-« ner cette fauffe Loi; Sourghien « & Courtchen ont répondu qu'ils « l'avoient embrassé depuis long-« tems, & qu'ils mourroient plû-« tôr que de l'abandonner.

Nous vos fujets, nous avons « confideré que les fils & petits-«<< fils de Sou-nou étant déja cou- « 'pables, ils euffent dû refpecter « les bien-faits de Votre Majefté, « & montrer leur reconnoiffance « par une attention fcrupuleufe à « obferver les Loix: Mais au con- « traire ils font entrez dans une « Loi fauffe: ils vivent felon leur « caprice fans difcretion & fans « régle. Ils ont péché griévement «

» contre les Loix. Ainfi Sourghien » & Courtchen, qui ont protefté » qu'ils mourroient plûtôt que » d'abandonner la Loi du Sei» gneur du Ciel, font très-dignes » de haine, & ont donné des » preuves manifeftes de leur opi» niâtreté; ils ne méritent pas de » vivre.

C'est pourquoi nous jugeons » que Sourghien & Courtchen, com»me étant à la tête de ceux qui » font profession de la Loi Chré✔ tienne, doivent être décapitez, pour donner un exemple qui »retienne tous les autres.

"

Que l'autre fils de Sou-nou & »fes petits- fils Letay, Legen "F. Jamga, Loubequet, Oabequet, » Tourtay, Chourtaz, &c. qui ont "embraffé la Loi Chrétienne,

foient chargez de chaînes, en» fermez dans une Prifon,& étroi»tement gardez.

Pour ceux qui ne font pas « Chrétiens,qu'ils fervent en qua- «‹ lité de Soldats dans les Bannie- « res, & qu'on les observe atten- « tivement. S'il arrive que quel-« ques-uns d'eux faffe quelque «< chofe au mépris des Loix, nous « en informerons Votre Majefté. « Il eft à remarquer que les Princes Pierre & Paul, qui avoient crû pouvoir diffimuler, & qui fe retracterent enfuite, font compris comme les autres dans cette accufation du Général fous leurs noms Tarta res.

Cette accufation arriva à PeKing le 15 de la douziéme Lune, c'est-à-dire le 8 de Janvier 1727 & fut préfentée à l'Empereur. Le Général n'attribuoit à ces Princes aucun autre crime que celui de leur religion. Il condamnoit cependant les uns à