Images de page
PDF
ePub

s'appelle Chu- King: il décrit les vertus de divers heros, que les grands Empereurs prennent pour leurs modeles. Le troifiéme qui s'appelle Chi-King, eft un recueil de Cantiques au nombre de trois cens, qui fous les images que la poëfie -fournit, chantent le même objet. On prétend qu'autrefois il y en avoit encore deux de la même beauté & de la même autorité. L'un s'appelloit LiKing, & établiffoit des cérémonies afin de regler l'extérieur. L'autre fe nommoit Yo King, & traitoit de la Mufique, afin de mettre la paix audedans. Ces deux derniers livres ne font point venus jufqu'à nous.

C'eft avec raifon que le fçavant Voffius avoit loué l'antiquité de ces livres. M. l'Abbé R***. croit-il l'avoir refuté par

l'imprimerie qui n'eft pas fi an cienne qu'on dit, par le papier Chinois qui eft trop fin pour durer long-tems, & par le burles que conte d'une vieille qui cola contre fa muraille les livres de Confucius & de Mencius alors écrits fur de l'écorce, & par ce meyen les fauva du feu de l'Empe reur Ching?

Les Chinois n'ont jamais fongé à écrire fur de l'écorce. Mais avant l'invention du pa. pier, les planches de bois & les tablettes de Bambou fur lef quelles ils gravoient & écrivoient leurs Kings étoient beaucoup plus durables, que le plus fort & le meilleur parchemin d'Europe. On écrivit donc d'abord avec un pinceau de fer fur des tablettes de Bambou enfuite on fe fervit du pinceau pour écrire fur du fa

tin. On grava de plus les King fur de dures & de larges pierres. Enfin fous la Dynaftie des Han on inventa le papier qui n'eft point fi fragile que croit M. l'Abbé R***. Mais fût-il beaucoup plus fin qu'il n'eft, les planches de bois demeurent entieres; quand la broffe commence à les ufer, on les renouvelle.

[ocr errors]

Au refte Tfin chi-hoang, en faifant brûler ces livres, n'avoit en vûë que de fe maintenir dans la tranquille poffeffion du Trône, dont il s'étoit rendu maître. Les Lettrez de ce temslà ne pouvant fouffrir un Roy qui vouloit être abfolu, abufoient du Chu-King & ayant fans ceffe à la bouche un Tching tang qui chaffa l'infame Kié, & un ou vang qui détrôna le Tyran Theon, ils fouffloient de

Tous côtez le feu de la révolte} c'est ce qui engagea le nouveau Monarque à ôter aux Lettrez Chinois des livres, qui entre leurs mains caufoient du trouble. Lyi King neanmoins fut épargné parcequ'étant moins intelligible que les deux au tres, il étoit moins dangereux. On conferval de même les autres livres de Médecine, d'Agriculture, &c. Ce fut alors que plufieurs lettrez voulant fauver du feu des monumens qui leur étoient fi chers, ouvrirent les murs de leurs maifons, & les -enfevelirent là comme dans un tombeau de brique, d'où; ils efperoient les retirer quand l'orage feroit paffé. Voilà ce qui a fondé le conte, rapporté fur la foy: des Arabes,ide çerte vieille qui colla contre fa my gaille les livres de Confucius.

[ocr errors]
[ocr errors]

Le

Le

peu de connoiffance que M. l'Abbé R***. a de ces livres, paroît par ce qu'il dit page 346. La table des combinai fons des lignes au nombre de 64 eft une énigme affez inutile, & de laquelle on peut trer quel fens on voudra. Mais outre qu'elle n'ap prend rien, il est aise de connoitre que c'est une mauvaise copie de quelques fragmens du Timée & d'autres écrits des Pythagoriciens. Et un peu plus bas, aprés avoir cité un endroit du P. Martini, qui devoit lui ouvrir les yeux, il ajoûte: lorsqu'enfuite on trouve que les Philofophes Chinois prétendent tirer de ces lignes com binées non-feulement les principes de la Phyfique, mais encore les regles de la Morale; on a peine à croire que ceux qui débitent de pareilles vifions, le faffent ferieufement. XIX.Rec,

X

« PrécédentContinuer »