Sous la régence et sous la terreur: talons rouges et bonnets rouges

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Eugène Didier, 1853 - 300 pages
 

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Page 283 - Tout, jusqu'à notre sort commun, semblait fait pour nous réunir. Tous deux sans parents, sans famille, ayant éprouvé, dès le moment de notre naissance, l'abandon, le malheur et l'injustice, la nature semblait nous avoir mis au monde pour nous chercher, pour nous tenir l'un à l'autre lieu de tout, pour nous servir d'appui mutuel, comme deux roseaux qui, battus par la tempête, se soutiennent en s'attachant l'un à l'autre.
Page 287 - Je serai tout entier au sentiment de mon malheur, au souvenir de ce que la mort m'a fait perdre ; ma dernière pensée sera pour vous, ma chère Julie, et tous les sentiments de ma vie vous auront pour objet. Que ne puis-je en ce moment expirer sur ce tombeau que j'arrose de mes larmes, et dire comme Jonathas : J'ai g mité un peu de miel et je meurs.
Page 287 - Toute la nature va se couvrir pour moi d'un crêpe funèbre ; mais elle ne me manquera pas, elle ne sera plus rien pour moi. En rentrant tous les jours dans ma triste et sombre retraite, si propre à l'état de mon cœur, je croirai voir écrites sur la porte les terribles paroles que le Dante a mises sur la porte de son enfer : Malheureux qui entrez ici, renoncez à...
Page 288 - ... gros et pointu, plusieurs traces d'une expression assez fortement prononcée. Il avait les yeux petits, mais le regard vif; la bouche grande, mais son sourire avait de la finesse, de l'amertume et je ne sais quoi d'impérieux. Ce qu'il était le plus aisé de démêler dans l'ensemble de sa figure, c'était l'habitude d'une attention pénétrante, l'originalité naïve d'une humeur moins triste qu'irascible et chagrine. Sa stature était petite et fluette; le son de sa voix si clair, si perçant,...
Page 283 - ... de calme et de justice, d'être aimée comme vous l'étiez par moi, et de n'être point heureuse. Mais vous n'êtes plus; me voilà seul dans l'univers! il ne me reste que la funeste consolation de ceux qui n'en ont point: cette mélancolie qui aime à s'abreuver de larmes, et à les répandre sans chercher personne qui les partage. Dans le triste état où je suis, une maladie serait un bien pour moi ; elle adoucirait mes peines morales en aggravant mes maux physiques, et peut-être me conduirait-elle...
Page 286 - Non seulement je n'espère plus le bonheur, je ne songe pas même à le chercher ; je m'en ferais un reproche et presque un crime. Non, non, non, ma chère Julie, je ne veux, après vous, être aimé de personne; je me mépriserais d'en aimer une autre que vous : je n'ai plus besoin d'aucun être vivant; mon affliction profonde suffit à mon âme pour la pénétrer et la remplir; et dans mon malheur, je rends encore quelques grâces à la nature, qui, en nous condamnant à vivre, nous a laissé deux...
Page 282 - Pourquoi troubler vos cendres de mes regrets, que vous ne pouvez plus soulager ? Adieu, adieu pour jamais ! Hélas ! pour jamais ! ma chère et infortunée Julie! Ces deux titres m'intéressent bien plus que vos fautes à mon égard ne peuvent m'offenser. Jouissez enfin et pour mon malheur, jouissez sans moi de ce repos que mon amour et mes soins n'ont pu vous procurer pendant votre vie. Hélas ! pourquoi n'avez-vous pu ni aimer, ni être aimée en paix ? Vous m'avez dit tant de fois et vous m'avez...
Page 287 - ... nous a laissé deux précieuses ressources, la mort pour finir les maux qui nous déchirent, et la mélancolie pour nous faire supporter la vie dans les maux qui nous flétrissent. Douce et chère mélancolie, vous serez donc aujourd'hui mon seul bien, ma seule consolation, ma seule compagne! vous me ferez sentir bien douloureusement, mais bien vivement, ma cruelle existence : vous me ferez presque...
Page 281 - Mais vous n'êtes plus ! vous êtes descendue dans le tombeau, persuadée que mes regrets ne vous y suivraient pas ! Ah ! si vous m'aviez seulement témoigné quelque douleur de vous séparer de moi, avec quelles délices je vous aurais suivie dans l'asile éternel que vous habitez ! Mais je...
Page 288 - Lavater eût cependant aperçu dans les replis de son front, dans le mouvement inquiet de ses sourcils, dans la partie inférieure d'un nez tout à la fois gros et pointu, plusieurs traces d'une expression assez fortement prononcée. Il avait les yeux petits, mais le regard vif; la bouche grande, mais son sourire avait de la finesse, de l'amertume et je ne sais quoi d'impérieux.

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