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les principaux articles régleraient le commerce des huiles. Sur ces deux sujets les conclusions eussent été promptes et faciles; mais les exigences de l'Angleterre, relativement à l'abolition du monopole des souffres, soulevèrent de graves questions dont la solution et l'historique appartiennent à l'année qui suivra.

CHAPITRE VII.

ESPAGNE.Situation.

Aperçu sur l'état actuel de la cause du pré

tendant. Désunion des généraux de la reine. Etat des armées. -Embarras du trésor. — Position difficile du ministère. - Troubles qui éclatent dans les présides de la côte d'Afrique et sur d'autres points. Accusation dirigée contre le comte de Toréno. — Prorogation des Cortès.-Mesures adoptées durant cette période de la Session. - Reprise des hostilités. Affaires d'Utiel de Lucéna. Chelva chassé de la Manche. Munagorri. Derniers efforts de ce partisan. Dissolution de la légion étrangère.- Statistique des deux armées. Espartero et ses lieutenants. Affaires de Ramalès, de Guardamino, de Belascoin.— Occupation d'Orduna par les troupes constitutionnelles, et rétablissement de la ligne de Pampelune à la frontière. Cabrera et Van-Halen. Inutile tentative de ce dernier sur Ségura. Incendie de cette ville, par le chef carliste. — Llangostera, lieutenant de Cabrera, est repoussé par Ayerbe et Aspiroz.Prise du fort de Taleo, par O'Donnell. Résultat et appréciation de l'ensemble des opérations de la campagne.

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La guerre de succession, qui depuis si long-temps déchirait la péninsule, et qui cette fois était d'autant plus sanglante qu'à la différence de la première, elle était uniquement intestine, cette guerre touchait à sa fin. A ne considérer que les événements de l'année précédente, il ne semblait pas que le dénouement fût si voisin. Ce qui le précipita, ce furent moins les coups portés par l'un et l'autre parti, que la faible nature de celui qui prétendait au trône de Castille; les dissentiments qui partageaient ses conseils, alors que sa cause, plus encore que celle de la reine, avait besoin d'union; enfin l'énergie effrayante d'un de ces hommes que la providence tient en réserve pour les desseins qu'elle se propose, et dont seule elle peut apprécier les mobiles. Seule, en effet, elle peut jager avec équité l'homme qui, aujourd'hui encore, est général de don Carlos et demain s'appellera Maroto!

L'harmonie ne régnait pas davantage dans les armées de la reine. En temps de guerre civile, les hommes placés d'abord sur le premier plan s'effacent souvent ou disparaissent devant d'autres plus habiles ou plus heureux. Les généraux christinos se persécutaient les uns les autres; le vainqueur de Gomez, le pacificateur de la Manche, Narvaez, était contraint de se réfugier à Gibraltar, d'où, à son tour, il accusait Espartero. Un autre général qui, lui aussi, avait rendu des services à la cause constitutionnelle, Cordova, d'abord retiré à Ossuna, fut obligé de chercher un asile en Portugal. Ces deux commandants d'armée, dont on avait dès l'année précédente incriminé la conduite à la suite des troubles de Séville (voir l'Annuaire de 1838) étaient, de l'autorisation même des Cortès, renvoyés devant la juridiction militaire; et quant à Espartero, son influence, toujours grandissante, tenait sans doute à l'avantage qu'il avait de combattre, en quelque sorte, l'insurrection dans son foyer.

Cependant, la situation était critique ; les troupes souffraient, l'armée du nord surtout, et en particulier, la garnison de Saint-Sébastien. Ailleurs, on n'était pas plus heureux. En vain le ministre des finances, M. Pita Pizarro, fit-il les plus louables efforts; la pénurie du trésor était telle, les dernières opérations stratégiques avaient eu si peu de succès, et les allures de l'administration inspiraient si peu de confiance, que ce fut à grand'peine qu'on parvint à réaliser à cette époque de l'année, 24 millions de réaux applicables aux besoins des armées. Aussi, dans une circulaire récente, l'administration recommandait-elle, plus particulièrement que jamais, aux intendants des provinces, de donner aux deniers perçus cette destination urgente.

Il était d'ailleurs difficile au ministère de mener à fin les actes qu'il méditait. Les attaques, dont il était l'objet, devenaient chaque jour plus incessantes; les agitations, les trou

bles suscités par les exaltés, à Malaga, Valence et quelques villes de l'Aragon, et par les carlistes à Melilla, Alhucemas et Ceuta, situées sur la côte d'Afrique rendaient surtout sa position pénible. Et cependant, ces troubles, qui appelèrent des mesures exceptionnelles, telles que la mise en état, de siége, n'avaient rien qui fût plus inquiétant que les épisodes ordinaires des guerres civiles. En ce qui touchait les villes d'Afrique, en particulier, M. Martinez de la Rosa fit remarquer avec raison, lorsque ce sujet occupa les députés, que les scènes dont elles avaient été le théâtre, devaient d'autant moins inspirer de crainte, que ces places ne servaient que de présides; que d'ailleurs, protégées par une alliée de la reine, par l'Angleterre, il serait bien difficile à un parti quel qu'il fût, de s'en emparer. Le ministère avait à détourner d'autres orages le général Seoane avait dirigé contre le comte de Toreno, une accusation de malversation basée surtout sur la prorogation du privilége des mines d'Almaden. La proposition fut prise en considération et renvoyée à l'examen des bureaux. C'était, en un mot, l'éternelle lutte entre les exaltés et les modérés.

Dans ces circonstances, le Cabinet, dont M. Perez de Castro, naguère ambassadeur en Portugal, devenait le chef, dut prendre un parti; il le fit en prorogeant les cortès (8 février) en attendant qu'il pût, sans trop de secousses, les dissoudre. On ne voilait point les causes de cette grave détermination on ne pouvait, disait le ministère, répondre en même temps aux interpellations des députés, suffire aux soins de l'administration et pourvoir aux besoins incessants d'armées en souffrance. Remarquons, toutefois, que la prorogation des cortès, coïncidait avec la dissolution des Chambres françaises (ministère Molé). Peut-être attendait-on la réunion du nouveau parlement chez une des puissances signataiAnn. hist. pour 1839.

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res de la quadruple alliance, et comptait-on que de ses délibérations surgirait autre chose qu'une simple coopération. Quoi qu'il en fût, il faut mentionner deux importantes résolutions qui marquèrent cette période législative et ministérielle : la première, votée par les cortès et dont l'avenir devait faire ressortir ce qu'elle avait de grave, enlevait aux municilités le droit de remontrance à la couronne; on séparait ainsi, en la centralisant, l'Espagne d'avec son passé, ses souvenirs, ses habitudes locales, si conformes d'ailleurs à sa configuration. C'était une révolution nouvelle que l'on semait sur cette terre déjà si tourmentée ! La seconde de ces résolutions fut la suppression des juntes de représailles ; cellelå, du moins, était efficace; car les exécutions militaires, dont on avait été témoin, couvraient d'un voile de sang tout ce pays. Aussi les chefs eux-mêmes qui avaient donné l'exemple de ces terribles actes de vengeance militaires, Cabrera et Van-Halen, essayèrent-ils d'en rejeter toute l'horreur sur la nécessité et les circonstances dans lesquelles on s'était trouvé placé. Telle était la situation, lorsque furent reprises au printemps les hostilités.

Des faits peu éclatants avaient précédé l'ouverture de la campagne. Des convois de fusils, de munitions destinés aux carlistes, et chargés sur des barques de contrebandiers ou sur des navires étrangers, avaient été capturés une première fois sur la côte de Tortose, une autre aux environs de Barcelonne. Les troupes constitutionnelles, assez maltraitées l'année précédente, remportaient quelques avantages à Utiel, à Lucena, et le brigadier Requena délivrait la Manche des incursions de Chelva. Enfin Aspiroz contraignait Forcadell à se replier sur Talès.

Munagorri, que le gouvernement de la reine avait peu encouragé, suivit bientôt la dissolution de la junte qui, de Bayonne, dirigeait ses opérations; il fit une tentative (18

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