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10598.

IMPRIMERIE GENERALE DE CH. LAHURE

Rue de Fleurus, 9, à Paris

LES SUSPECTS EN 1858-

ÉTUDE HISTORIQUE

SUR L'APPLICATION

DE

LA LOI DE SURETÉ GÉNÉRALE


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ARMAND LE CHEVALIER, ÉDITEUR

61, RUE DE RICHELIEU, 61

1869

TOUS DROITS RÉSERVÉS

FRA

CrW T31215

AUG 7 1929

5/2/29

LES SUSPECTS EN 1858.

CHAPITRE PREMIER.

-

INTRODUCTION.

De 1852 à 1858.

Situation intérieure de la France en 1852. — L'Empire. — La nouvelle Constitution. Le pouvoir absolu. Abstention des hommes politiques des anciens partis. Persistance des républicains. — Nécessité d'une diversion. La question d'Orient. Alliance anglaise. guerre pouvait être évitée.

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Sébastopol.

La

La paix de 1856.
Les élections de

Apogée de l'Empire. — Réveil de l'esprit libéral. 1857.

I

La France avait dit oui. Le suffrage universel, intrrogé dans les conditions de liberté que l'on connaît, avait confirmé les pouvoirs dictatoriaux saisis dans la nuit du 2 décembre, par le président Louis-Napoléon Bonapart`.

Non-seulement le vole universel avait approuvé qu'on fût sorti de la légalité pour rentrer dans le droit, mais il avait applaudi à la parole: « Que les méchants tremblent ct que les bons se rassurent. Du moins, interprétait-on ainsi son verdict. C'est pourquoi, de par le vote, on rangeait dans la catégorie des méchants tous ceux qui s'étaient sottement fait tuer pour la loi, gens peu perspicaces, qui n'avaient su deviner la souveraine volonté des sept millions et plus: Baudin et Dussoubs, tués aux bar

ricades parisiennes, Martin Bidauré, fusillé deux fois, et Justin Gayol, l'adolescent, fusillé une seule fois, mais efficacement, derrière le mur du cimetière de Lorgues1; et tous les autres tombés par centaines au coin des rues, au coin des bois, du boulevard Montmartre aux Rochers de Provence.

Il y a mieux le peuple en ses comices reconnaissait qu'il avait été sauvé! De qui? de lui-même. Mais n'importe, il avait été sauvé; il le proclamait par ce vote formidable. Que d'autres s'inscrivent en faux, s'ils l'osent, contre la sincérité de ce verdict populaire, nous n'aurons garde de le faire. A chacun sa responsabilité : au peuple, la sienne.

Louis-Napoléon Bonaparte était donc le dépositaire de la volonté des sept millions d'électeurs qui constituaient la grande majorité du peuple français. Sa puissance n'avait pas de limites.

L'armée qui l'avait mis à même de saisir la dictature avant le jugement du peuple et lui avait prêté des arguments irrésistibles pour convaincre les récalcitrants, l'armée était prête à appuyer de ses baïonnettes et de ses canons le vote de la majorité.

La magistrature, organe et interprète des lois, félicitait le sauveur de la société et, devançant ses désirs, sollicitait le privilége d'appliquer aux défenseurs de la Constitution de 1848 les lois pénales édictées contre ses violateurs.

Le clergé catholique fatiguait le Très-Haut de ses actions. de grâce; l'encens fumait dans les cathédrales, les évêques mitrés, resplendissant sous leurs habits épiscopaux, tenaient à honneur de chanter eux-mêmes le Te Deum d'allégresse; ils faisaient flamboyer en lettres de feu, au

1. Voir notre livre, la Province en décembre 1851, chapitre du Var.

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