Faut-il de ses appas m'être si fort coiffé ! 995 Sot, n'as-tu point de honte? Ah! je crève, j'enrage, 1000 Je veux entrer un peu, mais seulement pour voir 1005 FIN DU TROISIÈME ACTE. 2 ACTE IV. SCÈNE PREMIÈRE. ARNOLPHE. J'ai peine, je l'avoue, à demeurer en place, Et bien qu'elle me mette à deux doigts du trépas, 1020 Et ces bouillants transports dont s'enflammoit mon cœur Quoi? j'aurai dirigé son éducation Avec tant de tendresse et de précaution, Je l'aurai fait passer chez moi dès son enfance, 1025 I. Les éditions de 1665, 66, 73 portent, faute évidente, sa disgrâce, pour la disgrâce. Et j'en aurai chéri la plus tendre espérance, 1030 Non, parbleu! non, parbleu! Petit sot, mon ami, 1035 SCÈNE II. LE NOTAIRE, ARNOLPHE'. LE NOTAIRE. Ah! le voilà! Bonjour. Me voici tout à point Comment faire? 1. UN NOTAIRE, Arnolphe. (1734.) 2. Parmi les critiques que souleva l'École des femmes, il y en a une plus fondée que les autres, et que de Visé ne manqua pas de faire : « Est-il vraisemblable qu'Arnolphe passe toute une journée dans la rue; que Chrysalde s'y trouve deux fois; qu'Horace s'y trouve cinq ou six; que le Notaire s'y trouve aussi? » (Zélinde, p. 112.) On aura remarqué que Molière a tout fait pour sauver cette invraisemblance, en tâchant chaque fois de motiver la présence des différents personnages sur la scène. Le respect de l'unité de lieu rendait à peu près inévitable ce défaut qui est commun à bien d'autres pièces françaises; ces rues, ces places publiques, où il ne passe que les personnages de la pièce, ne se voient qu'au théâtre; mais c'était une convention admise, et l'extrême simplicité de la représentation, nécessitée en partie par la présence des spectateurs qui encombraient la scène, rendait cette invraisemblance moins sensible qu'elle ne le serait aujourd'hui. 3. Que vous me souhaitez faire. (1665.) 4. ARNOLPHE, se croyant seul, et sans voir ni entendre le Notaire. (1734.) LE NOTAIRE. Il le faut dans la forme ordinaire. ARNOLPHE, sans le voir 1. A mes précautions je veux songer de près. LE NOTAIRE. Je ne passerai rien contre vos intérêts. ARNOLPHE, sans le voir. Il se faut garantir de toutes les surprises. LE NOTAIRE. Suffit qu'entre mes mains vos affaires soient mises. 1045 J'ai peur, si je vais faire éclater quelque chose, LE NOTAIRE. Hé bien, il est aisé d'empêcher cet éclat, ARNOLPHE, sans le voir. Mais comment faudra-t-il qu'avec elle j'en sorte? LE NOTAIRE. Le douaire se règle au bien qu'on vous apporte. ARNOLPHE, sans le voir. Je l'aime, et cet amour est mon grand embarras. LE NOTAIRE. On peut avantager une femme en ce cas. ARNOLPHE, sans le voir. Quel traitement lui faire en pareille aventure? 1050 1055 I. ARNOLPHE, se croyant seul. (1734.) · La même variante se reproduit avant les vers 1044, 1048, 1052, 1054, 1056 et 1060. 2. Quittancer, c'est, dit l'Académie (1694), « décharger une obligation, en écrivant sur le dos, au bas ou à la marge, que le débiteur a payé tout ou partie de la somme à laquelle il étoit obligé. 3. Faire notre contrat. (1682, 97, 1710, 33.) LE NOTAIRE. L'ordre est que le futur doit douer la future Si.... 2 ARNOLPHE, sans le voir. LE NOTAIRE, Arnolphe l'apercevant. Pour le préciput3, il les regarde ensemble. 1060 peut comme bon lui semble Je dis que le futur Douer la future. ARNOLPHE, l'ayant aperçu *. LE NOTAIRE. Il peut l'avantager Lorsqu'il l'aime beaucoup et qu'il veut l'obliger, 1. Du tiers de dot. (1734.) Dans le Thrésor de Nicot (1606) dot est masculin, comme dans Montaigne ; les dictionnaires de la fin du siècle le font tous féminin: Richelet, qui a les deux formes dote et dot, Furetière, l'Académie. Au temps de Molière, le genre du mot était encore douteux; il le fait masculin ailleurs et en prose: <«< C'est une raillerie que de vouloir me constituer son dot de toutes les dépenses qu'elle ne fera point, » (L'Avare, acte II, scène v.) — Quant à l'expression: douer une femme, pour lui assigner un douaire, Richelet (1680) la donne; mais l'auteur des Observations publiées en 1690 avec les Nouvelles remarques de Vaugelas, L. A. Alemand, avocat au Parlement, blâme à ce sujet Richelet; il faut dire assigner un douaire à une femme, et il ajoute (p. 162): « C'est comme nous parlons tous à présent au Palais. »> 3. Le préciput (quand il s'agit de conventions matrimoniales) est un avantage que l'on stipule, par le contrat de mariage, en faveur du survivant des conjoints, et qui se prend sur la communauté avant le partage des biens. (Note d'Auger.) — La formation du mot est étrange, et le t, dit M. Littré, inexplicable. On disait en latin præcipuum, dans notre ancienne langue précipuité. 4. Les mots l'ayant aperçu sont supprimés dans l'édition de 1734. 5. Ici encore l'édition de 1734 remplace Euh? par Hé? a « Pourtant treuve-je peu d'avancement à un homme de qui les affaires se portent bien d'aller chercher une femme qui le charge d'un grand dot. » (Essais, livre II, chapitre VIII.) |