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URANIE.

La comédie ne peut pas mieux finir, et nous ferons bien d'en demeurer là.

FIN DE LA CRITIQUE DE L'ÉCOLE DES FEMMES.

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ET DONNÉE DEPUIS AU PUBLIC DANS LA SALLE DU PALAIS-ROYAL

LE 4 NOVEMBRE DE LA MÊME ANNÉE 1663

PAR LA

TROUPE DE MONSIEUR, FRÈRE UNIQUE DU ROI

NOTICE.

(Voyez ci-dessus la Notice sur l'École des femmes.)

La Critique de l'École des femmes était dirigée contre les écrivains irrités du succès de Molière; l'Impromptu de Versailles fut surtout une réplique aux attaques des comédiens jaloux.

La rivalité entre l'Hôtel de Bourgogne et la troupe de Molière datait de l'installation de celle-ci à Paris en 1658. Les grands comédiens, la seule troupe royale, comme la Gazette ne manque pas de le répéter, passaient pour exceller dans le genre noble et ne jouaient guère autre chose. Mais la supériorité de Molière et de sa troupe dans le genre comique n'était plus contestée que par les beaux esprits, qui affectaient d'ailleurs de regarder la comédie comme un genre secondaire1. En outre, Molière avait des idées très-particulières et qu'il ne réussit pas à faire partager à son siècle, sur la déclamation théâtrale: il trouvait que celle des grands comédiens manquait de naturel, et il avait déjà placé dans la bouche de Mascarille cette critique sous forme d'éloge : « Il n'y a qu'eux qui soient capables de faire valoir les choses; les autres sont des ignorants qui récitent comme l'on parle; ils ne savent pas faire

1. De Visé, opposant la tragédie à la comédie et Corneille à Molière, écrit : « Voyons présentement si ce qu'il a dit est véritable, si les pièces comiques doivent étouffer les sérieuses, et si les bouffons méritent plus de gloire que les grands hommes. Les uns n'ont rien que de ridicule dans leurs ouvrages, et ne travaillent que pour la rate, et les autres n'ont rien que de solide et ne travaillent que pour l'esprit.» (Lettre sur les affaires du théâtre, p. 87 et 88.) Nous n'avons pas besoin de faire remarquer que Molière n'a nullement dit que « les pièces comiques dussent étouffer les sérieuses. » Mais il était nécessaire de lui prêter cette opinion, pour amener l'antithèse si heureuse entre la rate et l'esprit.

ronfler les vers, et s'arrêter au bel endroit et le moyen de connoître où est le beau vers, si le comédien ne s'y arrête, et ne vous avertit par là qu'il faut faire le brouhaha1? » C'était donc plus qu'une concurrence entre les deux théâtres, plus qu'une animosité intéressée; c'était une lutte entre deux genres et entre deux systèmes.

La faveur du Roi, qui s'était déclarée pour Molière, même avant la représentation de l'École des femmes, avait causé beaucoup d'inquiétude aux grands comédiens. On trouve, sur le Registre de la Grange, cette note à la date du 24 juin 1662 : « La Reine mère fit venir les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, qui la sollicitèrent de leur procurer l'avantage de servir le Roi, la troupe de Molière leur donnant beaucoup de jalousie. » Il ne semble pas que cette démarche ait eu beaucoup d'effet, car la Gazette, qui mentionne d'ordinaire les représentations à la cour quand elles sont données par l'Hôtel de Bourgogne, n'indique, si nous ne nous trompons, depuis juin 1662 jusqu'au succès de l'École des femmes, qu'une représentation donnée par la troupe royale, celle de la Sophonisbe de Corneille, «< dans l'appartement de la Reine, » devant le Roi2. Nous devons dire que plus tard Louis XIV tint la balance un peu plus égale entre les deux troupes, et que l'Hôtel de Bourgogne obtint « de servir le Roi » presque aussi souvent que la troupe de Molière. C'était, il est vrai, à une date où les pièces de Racine, toutes représentées à l'Hôtel de Bourgogne, sauf la première, étaient venues relever la tragédie, que le génie épuisé de Corneille ne pouvait plus soutenir.

Dans la Notice de l'École des femmes, nous avons rappelé les principaux incidents de cette querelle, qui se termina, du côté de Molière, par une victoire décisive, l'Impromptu de Versailles. Il ne nous reste plus qu'à donner la liste des représentations, soit à la cour, soit à la ville, toujours d'après le Registre de la Grange:

[1663.]

« Le jeudi 11 octobre (1663), la troupe est partie, par ordre du

1. Les Précieuses ridicules, scène 1x (tome II, p. 93).

2. Gazette du 3 février 1663 voyez la Notice de M. MartyLaveaux, tome VI du Corneille, p. 451.

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