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stades; nous avons démontré que les Egyptiens en avoient; & il eft facile de prouver que les Perfes en avoient auffi ; & pour mettre la chofe en évidence, nous rapporterons le récit de Diodore de Sicile, lequel faifant l'hiftoire de la fondation de Babylone, s'exprime ainfi : « Sémiramis, qui étoit née pour les grandes cho» fes, voulant porter fa gloire au-delà de celle de fon époux » conçut le dessein de bâtir d'abord une grande Ville dans la Ba» bylonie; elle fit venir des Architectes & des ouvriers de tous » les endroits de fon Empire, au nombre de deux millions d'hom» mes, & fit préparer tous les matériaux néceffaires à cette en»treprise. Mettant l'Euphrate au milieu de fon plan, elle fit faire >> un mur de trois cents foixante ftades, qui étoit partagé & for» tifié par de grandes & groffes tours: fon épaiffeur étoit telle, » qu'elle auroit fourni l'efpace néceffaire à fix charriots de front: » fa hauteur, à s'en tenir au récit de Ctéfias, feroit incroyable; » mais, au rapport de Clitarque & de quelques autres qui paffe>> rent en Afie à la fuite d'Alexandre, on avoit affecté de donner au circuit des remparts autant de ftades qu'il y avoit de jours » dans l'année, c'est-à-dire, trois cents foixante ».

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On voit clairement par cet endroit que Diodore admet des ftades chez les Perfes, & même dès la fondation de leur Empire. Stade pythique. Il valoit de pléthres 5, de chebels 83, de décapodes 53, d'orgyies 88, de pas doubles 106, de xylons 118, de pas fimples 213, de coudées facrées 266, de coudées lithiques 355, de coudées pythiques ou médiocres 400, de pygons 426, de pieds Grecs 460, de pygmes 474, pieds Romains 480, de pieds géométriques 533, de pieds pythiques ou de mefure naturelle 600, de fpithames 711;, & de toifes du Châtelet 76.09. Le ftade pythique étoit celui de Delphes dans la Phocide, & de Pythion, Ville de Macédoine, où fe célébroient les jeux Pythiens en l'honneur d'Apollon qui y avoit tué le ferpent Python. Ce ftade, comme l'obferve fort bien M. Fréret, conftruit auprès de Delphes à mi-côte du Parnaffe & dans un endroit où il y avoit fort peu de terrein uni, ne pouvoit occuper un grand efpace. MM. Spon (tom. II, pag. 51.) & Wheler (pag. 315 de l'édit. Angloife, in-fol. Lond. 1682.) qui en virent les ruines dans leur voyage, le affurent que peu de terrein qu'il y a dans le lieu où il eft fitué, l'avoit fait faire beaucoup plus petit que celui d'Athenes. Ce ftade, bâti de pierres tirées du mont Parnasse même,

avoit été embelli de plufieurs ornemens de marbre par Hérodes Atticus, qui n'avoit rien changé à fes premieres dimenfions, comme on le voit par un par un paffage de Paufanias (lib. X.). Ainfi celui qui subsiste encore est l'ancien stade Delphique, dans lequel se faifoient les courses des jeux Pythiens. M. Whéler obferve que ce stade, eft confidérablement plus court que celui d'Athenes, bâti par le même Hérodes Atticus, & que M. Vernon a trouvé de 630 pieds Anglois, comme nous le dirons bientôt.

La troisieme année de la XLIII Olympiade, ou l'an 589 avant J. C., les Amphictyons (Paufanias, X.) établirent des prix aux jeux Pythiens, pour tous les genres de combats qui avoient lieu aux jeux Olympiques; car jufqu'alors il n'y avoit eu de prix que pour le chant & pour la mufique. La courfe fut un de ces combats; mais on régla que les enfans feuls feroient admis à disputer le prix, tant de la courfe du fimple ftade, que de la courfe redoublée ou du diaule: ce qui prouve qu'on regardoit ce stade comme proportionné à la force des jeunes gens qui venoient y difputer le prix, & comme étant trop court pour convenir à des athlétes d'un âge plus avancé, & dont la force devoit être mise à de plus difficiles épreuves.

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La grandeur de ce stade fe déduit de quelques combinaisons de mefurages de monumens anciens 1o. de ce que Philon de Byzance (De feptem orbis Spectaculis) donne fix ftades de circuit à la bafe de la grande pyramide d'Egypte ; or d'après ce que nous avons dit jufqu'ici, ce périmetre étoit de quatre ftades Egyptiens; 2o. de ce qu'Hipparque, au rapport de Pline, donne à la circonférence de la terre 264000 ftades, ou, felon d'autres, jufqu'à 285000: le moyen proportionnel entre ces deux résultats feroit de 274500 ftades, ce qui eft fort approchant de 270000 ftades pythiques que doit contenir la circonférence de la terre; le ftade d'Hipparque devoit être également celui de la Macédoine, car ce Philofophe étoit de Stagire, patrie d'Aristote.

Stade Nautique, petit ftade Afiatique & Egyptien; Afparèze ou Vatavan des Arméniens. Il contenoit de ftades pythiques, de pléthres 6, de chebels 10, de décapodes 60, d'orgyies 100, de pas doubles 120, de xylons 133, de pas fimples 240, de coudées facrées 300, de coudées lithiques 400, de coudées médiocres 450, de pygons 480, de pieds Grecs 518, de pygmes 533, de pieds Romains 540, de pieds géométriques 600, de

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pieds pythiques 675, de fpithames 800, & de toifes du Châtelet
85.60. C'est ce ftade qu'Hérodote (lib. II, c. 149.) définit en di-
fant que
le ftade eft de fix pléthres, de cent orgyies, de quatre
cents coudées ou de fix cents pieds, & il a soin d'avertir qu'en
cet endroit il parle des mefures d'Egypte. Ainfi ce stade étoit
connu en Egypte; il en eft fait mention dans Sidoine Apollinaire,
qui le caractérise par ces paroles: Secundùm menfuras quas ferunt
nauticas ce ftade étoit de dix au mille Egyptien, comme on l'in-
fére d'un endroit de l'Itinéraire de Jérufalem (pag. 669, édit. Wes-
feling), dans lequel, au fujet de la traverfée de Grece en Italie,
on lit: Trans mare ftadia mille, quod facit millia centum. Ce ftade
eft de 666 pour un degré de grand cercle, & la circonférence
de la terre en contient 240000. Eratofthene de Cyrene a donné
une mesure de la terre de 244000 ftades, & Pofidonius, Aftro-
nome Rhodien, une autre de 240000 précisément, fuivant le ré-
cit de Cléomede (Cyclic. theor. ). Il falloit quarante de ces ftades
pour un fchene Egyptien, felon Eratofthene, allégué par Pline,
qui dit (lib. XII, cap. XIV.): Schoenus patet Eratofthenis ratione,
ftadia XL. Le ftade nautique étoit quelquefois employé à déter-
miner les diftances fur terre: par exemple, S. Luc (XXIV. 13.)
eftime à quarante ftades la diftance d'Emaüs à Jérufalem, tandis
que Jofephe (lib. VII, cap. 27.) ne la fait que de trente. Il est
clair que S. Luc & l'interprete Syriaque de Jofephe qui compte
auffi quarante ftades, ont donné leurs mefures en ftades nauti-
ques, lorfque Jofephe a exprimé la fienne en ftades Egyptiens ou
Hébraïques. On fourniroit mille exemples d'évaluations pareilles
de distances exprimées, les unes dans une efpece de ftades, les
autres en un autre, ce qui n'est pas un petit embarras pour les
Lecteurs.

Le ftade dont fe fert Xénophon dans la mesure des distances de la traverfée de l'Afie, eft le même dont fe fert par-tout Hérodote, comme il eft aifé de le prouver. Xénophon (de Cyri exped, lib. VII, pag. 616, edit. in-4°.) égale 34255 ftades à 1150 parafanges, ce qui feroit 29 ftades pour un parafange; de même (ibid. lib. V, pag. 396.) il compte 18020 ftades pour 620 parafanges, c'eft 29 ftades pour un parafange; enfin il compte (ibid. lib. II, p. 126.) 535 parafanges pour 16050 ftades, c'eft 30 ftades pour un parafange. D'un autre côté Hérodote, après avoir évalué en ftathmes & en parafanges la diftance de Sardes à la Cour du

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Roi de Perfe, ajoute (lib. V, cap. LIII.): Si nous avons bien mefuré le chemin Royal en parafanges, & que le parafange vaille trente ftades, comme il les vaut en effet, il y a de Sardes à la Cour du Roi de Perfe, treize mille cinq cents ftades, puifque cette diftance eft de tre cents cinquante parafanges. Le même Hiftorien dit (lib. VI, cap. XLII.) qu'Artaphernes Satrape, de Lydie, avoit fait divifer l'Ionie par parafanges, & il ajoute que c'eft ainfi que les Perfes appellent trente fades : ̓Αρταφέρνες ὁ Σαρδίων ὑπαρχος . . . . τὰς χώρας σφέων (τῶν ιώνων) μετρήσας κατὰ παρασάγγας, τους καλέονσι δι Πέρσαι τὰ τριήκοντα σὰδια. Par-la il eft évident que les fades dans Xenophon & dans Hérodote font de trente pour un parafange, & il eft prouvé par ce qu'ajoute Hérodote, que ces ftades étoient en ufage dans l'Empire des Perses.

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Hérodote (lib. II, cap. CXLIX.) définit ce ftade & fes fous multiples en difant: Cent orgyies de mesure naturelle font le ftade de fix plethres. L'orgyie eft une mesure de fix pieds ou de quatre coudées ROYALES DE BABYLONE. Le pied contient quatre paleftes. Il pelle cette définition (lib. IV.) en mefurant la largeur de l'ifthme de Suès, ou la distance entre la Méditerranée & le golfe Arabique: Cette distance eft, dit-il, de cent mille orgyies, qui font mille ftades. Il la rappelle encore (lib. IV, cap. LXXXVI.) en donnant les dimenfions du Pont-Euxin: Le Pont- Euxin, dit-il, a dans fa plus grande longueur 1110000 orgyies, qui font 11100 ftades.

La Ville d'Ephese eft par la latitude de 37° 58', & la Ville de Suse, aujourd'hui Soufter en Perfe, par la latitude de 31° 25'. La différence des méridiens entre ces deux Villes eft de 23° 27'. Ces pofitions font fuffifamment déterminées par celles de Smyrne & d'Ifpahan qui font dans le voisinage des précédentes, & dont les latitudes & longitudes ont été obfervées par d'habiles Aftronomes. Or on trouve par le calcul trigonométrique que l'arc terreftre de grand cercle compris entre Ephefe & Sufe, eft de 20° 17 30", qui valent 507 lieues & un tiers chacune de vingt-cinq au degré. Hérodote eftime la diftance de ces deux Villes de 14040 ftades de trente pour un parafange; favoir 54c d'Ephefe à Sardes (Lib. V, Cap. LIV), & 13500 de Sardes à Sufe (Lib. V, Cap. LIII.) Ce nombre de ftades en tant que ftades nautiques, fait 5 26 lieues de France: enforte que la route royale, mefurée & marquée par ftathmes & parafanges, n'excede la route directe calculée géométriquement que de 19 lieues,

différence qui, fur une fi grande diftance, ne paroît pas trop confidérable pour compenfer les finuofités & les détours inévitables de la route dreffée les Perfes.

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Dans l'Ile de Samos il doit exifter un monument en partie naturel & en partie artificiel, qui pourroit fervir à rectifier les mesures nautiques. On y voit, au rapport d'Hérodote (Lib. III, Cap. LX.), une montagne qui a cent cinquante orgyies de hauteur. Elle eft percée de part en part. Les Samiens ont fait par-deffous un chemin qui a fept ftades de long; huit pieds de. large & autant de hauteur; & le long de ce chemin ils ont fait un canal de vingt coudées de profondeur & de trois pieds de large, par lequel on faifoit venir l'eau d'une grande fontaine dans la Ville.

M. Fréret établit un ftade de 1111 au degré, en se fondant, 1°. fur une mefure de la terre dont parle Ariftote dans fon Traité du Ciel (Lib. II, Cap. 14.), & qu'il croit avoir été prife par Anaximandre, difciple de Thalès, vers l'an 550 avant J. C., 29. fur la traverfée de l'Afie mineure, évaluée, dit-il, à 7650 le même ftades par Hérodote, 39. fur la mesure du Pont-Euxin par Hérodote qui compte 11100 ftades depuis le détroit de Byzance jufqu'à l'embouchure du Phase, 4°. fur la grandeur de l'enceinte de Babylone qui lui paroît incroyable, fi on l'évalue fur tout autre ftade.

A cela je réponds, 1°. qu'il n'eft point certain que la mesure de la terre, donnée par Ariftote, foit du difciple de Thalès puifque ce Philofophe ne dit point de qui il la tient; de plus, quand elle feroit d'Anaximandre, s'il eft vrai, comme quelques Ecrivains le rapportent, que ce Mathématicien concevoit la forme de la terre comme un cylindre dont l'axe étoit triple du diametre, il n'a pu nous en donner une mefure exacte. Celle que rapporte Ariftote ne peut donc paffer que pour une mesure conjecturale: 29. je ne trouve point que la traversée de l'Asie mineure foit évaluée à 7650 ftades par Hérodote; j'y trouve au contraire que depuis la Ville de Sardes en Lydie jufqu'à l'entrée de la Cappadoce & fur les bords du fleuve Halys, Hérodote compte 94 parafanges, ce qui fe trouve affez exact fur la Carte de l'Afie mineure par M. Danville; delà jufqu'aux confins de la Cilicie Hérodote compte 104 parafanges. Ce dernier nombre est inadmissible, car cette derniere diftance comprise entre le

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