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fleuve Halys & les portes de Cilicie n'eft pas la moitié de celle qui fe trouve entre Sardes & le même fleuve Halys. Mais Hérodote est très-corrompu en cet endroit, comme on s'en affure en faifant la fomme des divifions de fa route, qui fe monte à 313 parafanges & 4 ftathmes, ou au plus à 333 parafanges; quoique lui-même faffe monter cette fomme à 450 parafanges ou 13500 stades: 3°. Hérodote dit que la navigation du Pont-Euxin eft, dans fa plus grande longueur, de 11100 ftades. Or cette plus grande longueur fe trouve depuis la Ville d'Odeffus en Méfie en rangeant les côtes de l'Afie mineure & faifant le cabotage jufqu'à l'embouchure du Phase. Cette distance eft réellement de 11100 ftades nautiques. Ainsi c'est par une méprise qu'Hérodote dit enfuite que du Bofphore de Thrace à l'embouchure du Phase, il y a 11100 ftades, & que c'eft-là la plus grande longueur du Pont-Euxin. De l'embouchure du Bofphore au Phase, geant la côte de près, & en allant reconnoître tous les Caps, il n'y a que 8385 ftades nautiques; c'eft Arrien qui nous l'apprend (Arian. Peripl. Pont-Euxin), & cette mefure eft jufte. Dailleurs Hérodote en cet endroit nous fait connoître évidemment que les 11100 ftades qu'il donne à la longueur du Pont-Euxin font des ftades nautiques ou perfiques, puisqu'il les réduit à 1110000 orgyies. La plus grande largeur du Pont-Euxin, prise depuis la Scythie jufqu'à Thémiscyre fur le Thermodon, eft de 3200 ftades, ou de trois jours & deux nuits de navigation, qui feroient 3300 ftades. L'embouchure du Pont-Euxin, qui eft la largeur du Bofphore, eft de 4 stades; sa longueur a environ 120 ftades & s'étend jufqu'à la Propontide qui a de largeur 500 ftades & 1400 de longueur. Quant à l'Hellefpont il n'a que 7 stades de largeur au lieu où il eft le plus étroit, & 400 de longueur. Telles font les mesures du Pont-Euxin, du Bofphore, de la Propontide & de l'Hellefpont, données par Hérodote: 4°. la grandeur de Babylone & celle de Ninive n'auront rien de révoltant, si l'on confidere que leur enceinte n'étoit que celle d'un grand parc ou d'un grand terrein clos de murs, contenant une Ville très-confidérable avec des terres labourables d'une étendue bien plus grande que la Ville, destinées à fournir la fubsistance aux habitans en cas de Siége. Nous parlerons de ces deux Villes ailleurs.

Examinons relativement à ce ftade quelques distances données en Egypte & ailleurs,

L'opinion des Ioniens (Hérod. Lib. II, no. XV.) eft qu'on ne doit appeller Egypte que le Delta dont l'étendue le long de la mer eft de 40 fchenes depuis la guérite de Perfée jusqu'aux falines de Pélufe: que de la mer en avançant dans la terre-ferme l'Egypte s'étend jufqu'à la Ville de Cercafore où le Nil se divise en deux pour paffer à Pélufe & à Canope; & que tout le refte de l'Egypte eft en partie de l'Afrique & en partie de l'Arabie. Ne pourroit-on pas inférer de cet endroit que la guérite de Perfée doit être placée près de Canope & non pas près de Bolbitine où l'a mife M. Danville? Il en résulteroit que cet espace de Canope à Pélufe étant de 1600 ftades ou de 40 fchenes, le schene vaudroit 40 ftades & non pas 60, comme l'enseigne ailleurs Hérodote. Ce qui me confirme dans l'opinion que la guérite de Perfée doit être placée à Canope, c'eft que le canal de Bolbitine n'a point été fait par la nature, mais par la main des hommes, comme l'observe Hérodote. Il eft d'ailleurs peu confidérable, & il n'eft point du tout vraisemblable que les Grecs & les Ioniens aient pris ce canal artificiel pour un des côtés du Delta. Les 40 parafanges de la base du Delta, valant 1600 ftades nautiques, valent auffi 160 milles Egyptiens, 172 milles Romains grands ftades Afiatiques, & 60 lieues de vingt-cinq au degré. La même distance eft d'environ 1300 ftades grands dans Strabon (Lib. XVII.) Le même Auteur l'eftime de 1200 ou de 1300 ftades grands (Lib. XV.) & il ajoute que les côtés du Delta font chacun un peu moindre que la base. Pline (Lib. V, IX.) donne la diftance de Canope à Pélufe de 170 mille Romains, toutes ces distances doivent être prises dans la mer, mais en rangeant la côte & en fe tenant toujours près de la terre ferme.

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Hérodote (Lib. II.) obferve que quand le Nil fe déborde, il n'inonde pas feulement le Delta, mais encore la frontiere de la Lybie, & quelquefois celle de l'Arabie. Il fe répand plus ou moins de part & d'autre dans une étendue de deux journées de chemin. Et voilà pourquoi il avoit dit auparavant que l'étendue de l'Egypte le long de la mer eft de 60 fchenes, à la prendre du golfe de Plinthine jufqu'au lac Sirbonide & au pied du mont Cafius. Ceux qui ont peu de terres, ajoute-t-il, la mesurent orgyies; ceux qui en ont davantage, la mefurent par ftades; ceux qui en ont une quantité confidérable, la mefurent par parafanges, qui eft une mesure de 30 ftades nautiques, & enfin ceux

par

qui en poffédent une grande étendue, la mesurent par schenes, qui eft une mesure particuliere aux Egyptiens, & de 60 ftades. Ainfi, dit-il, l'étendue de l'Egypte le long de la mer eft de 3600 ftades. Mais Hérodote s'eft trompé, il y avoit en Egypte trois fortes de fchenes, comme nous le verrons dans la fuite. Le fchene du Delta valoit 40 ftades nautiques, ou 30 grands ftades Afiatiques ou 4 milles Afiatiques; le fchene de la Thébaïde valoit 60 ftades nautiques, 45 grands ftades ou 6 milles, & le fchene de l'Heptanome valoit 120 ftades nautiques, 90 grands ftades ou 12 milles. Or il paroît qu'Hérodote a ignoré cette diverfité de fchenes, & qu'il n'a connu que celui de la Thébaïde; mais les fchenes du Delta n'étoient que 40 ftades nautiques, enforte que les 60 fchenes de la largeur de l'Egypte le long de la côte maritime ne valent que 2400 ftades nautiques, 1800 grands ftades, 240 milles Afiatiques ou 90 lieues de France. C'eft probablement d'après Hérodote que Strabon a auffi donné 3600 ftades à la côte maritime de l'Egypte. Eratofthenes dans le même Strabon, donne 3300 ftades à cette même côte fans affigner de limites; il faut apparemment les placer au golfe Plinthine & dans les environs de Raphia.

de.

Selon M. de Chazelles la Ville d'Alexandrie eft par la latitude de 31° 11' 20"; & felon Pline (Lib. II, Cap. LXVII) & Stra bon (Lib. II & XVII) la Ville de Syene, aujourd'hui Souene, eft précisément sous le Tropique du Cancer, & par conféquent par la latitude de 23° 28′ 16′′. Si l'on n'a point d'égard à l'écart des Méridiens de ces deux Villes qui différent au plus de deux degrés, on trouvera la distance d'Alexandrie à Syene 192 lieues de France: or selon Pline au même endroit, & Strabon (Lib. II), ces deux Villes font diftantes de sooo ftades, & cette mesure est donnée par Eratofthene. Divifant donc le nombre des stades par celui des lieues, on trouve 26 ftades pour une lieue, par où il est évident que ce font ici des ftades nautiques dont la lieue doit en contenir 26.

Il y a aussi loin de la mer à Héliopolis (Hérod. II.) en allant

par les montagnes, que d'Athenes & de l'autel des douze dieux à Pife & au temple de Jupiter Olympien : & fi quelqu'un veut mefurer ces deux diftances, il trouvera qu'elles font égales, ou bien qu'il n'y a pas plus de quinze ftades de différence : car il ne s'en faut que quinze ftades que le chemin qui mene d'Athe

nes à Pife ne contienne 1500 ftades; mais le chemin qui conduit de la mer à Héliopolis fournit jufte ce nombre de ftades.

Syene eft éloigné du fommet du Delta de 4800 ftades, felon Artemidore dans Pline (Lib. V, IX.); or la hauteur du Delta doit être à peu-près égale à la diftance de la mer à Héliopolis; car cette Ville étoit fituée vers la pointe du Delta : d'où ik fuit que la diftance de Syene à la mer, qui fait toute la longueur de l'Egypte, feroit de 6300 ftades. Mais s'il eft vrai qu'Eléphantine foit fituée vis-à-vis de Syene, comme l'affure Strabon qui y avoit voyagé, cette diftance de la mer à Syene ou Eléphantine, fera feulement de 6ooo ftades, comme le dit Aristocréon dans Pline. Juba fait la diftance de Syene au fommet du Delta de 3200 grands ftades, valant 4266 ftades nautiques; enforte que cette distance étant ajoutée à celle d'Héliopolis à la mer, la distance de Syene à la mer ne feroit que de 5766 ftades nautiques.

Il

y a par eau d'Héliopolis à Thebes (Hérod. Lib. II, no. IX.) neuf journées de chemin qui font une diftance de 4860 ftades, c'eft-à-dire, de 81 fchenes; mais par terre, depuis la mer jusqu'à Thebes, il y a 6120 ftades & 820 de Thébes jufqu'à la Ville d'Eléphantine. D'où il fuit que felon Hérodote la distance de la mer à Eléphantine, qui eft l'extrêmité méridionale de l'Egypte, eft de 6940 ftades, faifant 260 lieues. Cette même diftance ne feroit que de 6000 ftades, felon Ariftocréon dans Pline (Lib. V, IX.) où on lit qu'Eléphantine eft plus méridionale que Syene de 128 ftades.

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La différence en latitude entre Syene & Alexandrie eft de 7° 43′ 4′′; à quoi ajoutez 24 prifes fur la Carte de M. Danville, pour la distance du parallele d'Alexandrie au fond du Delta, toute l'étendue de l'Egypte en latitude, fera de 8° 7′ 4′′; ce qui fait 5412 ftades nautiques, ou 4059 grands ftades qui valent 203 lieues environ pour la longueur directe de l'Egypte. Mais comme on ne peut voyager dans ce pays qui eft rempli de fables arides qu'en fuivant le cours du Nil; & que ce fleuve fait beaucoup de grandes finuofités, principalement dans la haute Egypte; je penfe que l'évaluation de la longueur de l'Egypte, en fuivant le fleuve, donnée par Hérodote, n'eft pas trop grande, ou ne l'eft pas de beaucoup."

Telles font les mefures de l'étendue de l'Egypte, données

par Hérodote, & il eft aifé de voir qu'il n'y a employé que le ftade nautique. Par tout ce que nous avons dit on peut juger combien fon ufage étoit étendu dans toute l'Afie & dans l'Afrique même. Mais il étoit d'ailleurs fpécialement affecté à la navigation. Il fervoit dans tout l'ancien continent à mesurer les traverfées fur la mer, les diftances des Villes maritimes, des Ports, des rades, des promontoires, &c. On le trouve employé jusque fur les côtes de la grande Bretagne & de la Gaule, & dans d'autres parties de l'Europe.

Strabon (Lib. IV.) dit que quelques Ecrivains déterminent la distance de l'embouchure du Var au Port de Vénus, qui est aujourd'hui Port-Vendre dans le Rouffillon à 2600 ftades, & d'autres à 2800. Cette diftance eft celle qu'y trouvoient les Navigateurs qui faifoient le cabotage & ne quittoient point la côte durant leur navigation. Si l'on veut fe donner la peine de mefurer cette côte avec fes finuofités occafionnées par des golfes & des promontoires, on la trouvera fur la Carte de la Gaule par M. Danville, de 105 lieues, qui font jufte 2800 ftades nautiques.

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C'eft ce ftade qu'il faut entendre ordinairement dans la réduction des journées de navigation des Anciens, appellées en grec dromos, nychthemerios plous, & en arabe mogra. Par exemple, Hérodote (Lib. IV, n°. LXXXVI.) évalue la navigation d'un jour & d'une nuit, ou de 24 heures, à 1300 ftades, en ces termes: Lorfque les jours font grands, un Vaiffeau fait par jour environ 70000 orgyies de chemin, & 60000 durant la nuit ainsi le Pont-Euxin, dans fa plus grande longueur, eft de neuf jours & huit nuits de navigation, qui font 1 10000 orgyies, c'està-dire, 11100 ftades. Il fuit donc que felon Hérodote, la journée de navigation eft de 48 lieues de vingt-cinq au degré. Ptolémée (Géog. I, IX.) eftime la navigation de vingt-quatre heures ou du jour & de la nuit à mille ftades, mais ce font ici des grands ftades Afiatiques; Ptolémée n'en emploie pas, d'autres, cette journée de navigation eft de 50 lieues de France. El Edrifi & Abulphéda eftiment la journée de navigation de 100 milles qui font 37 lieues. Ces obfervations peuvent fervir à réduire en mesures itinéraires plufieurs diftances exprimées en journées de navigation dans les anciens Ecrivains. Par exemple, Diodore de Sicile (Lib. V.) dit que l'Ifle Piryeufe eft diftante des colonnes d'Hercule de

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