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tion du principe & de la raifon pourquoi on avoit fait une loi que les Ifraélites ne pourroient s'éloigner de plus de deux mille coudées les jours du Sabbath; nous avons remarqué en parlant du pygon, que c'étoit pour conferver le fouvenir du voyage des Hébreux dans le défert, durant lequel ils ne devoient ni s'éloigner ni s'approcher de l'arche que de cette distance. L'évaluation de cet espace à deux mille coudées, eft d'ailleurs autorisée du témoignage unanime de Rabbins; c'eft également l'opinion d'Origene (V. spaμátov.)

Le Mille Romain valoit d'hippicons 2, de diaules 4, de ftades Egyptiens 6, de ftades Grecs 8, de ftades nautiques 9 , de ftades pythiques 10, de pléthres 55, de chebels 92 1, de décapodes 555, d'orgyies 925, de pas Romains (paffus) 1000, de pas doubles 1111, de xylons 1234, de pas fimples 2222, de coudées facrées 2777, de coudées lithiques 3703, de coudées médiocres 4166, de pygons 4444, de pieds Grecs 4800, de pygmes 4938, de pieds Romains 5000, de pieds géométriques 5555, de pieds pythiques 6250, de fpithames 7407, & de toifes du Châtelet 792.6 juste.

Le mille ou milliaire, Mille paffus, Milliarium, étoit la mesure des distances itinéraires chez les Romains; il valoit cinq mille pieds felon Vitruve, Columelle & d'autres Auteurs. Il s'appelloit Mille, parce qu'il étoit compofé de mille paffus chacun de cinq pieds Romains. Pline (Lib. III, C. 2 & 3.) nous apprend que fous l'empire d'Augufte les diftances furent marquées fur les grandes routes. Ces diftances partoient toutes du centre de la Ville de Rome où étoit placée la premiere colonne milliaire. De mille pas en mille pas on trouvoit une nouvelle borne ou colonne avec un numéro qui faifoit connoître aux Voyageurs à quelle diftance ils étoient de la Capitale. On a commencé à exécuter la même chofe en France. Après avoir redreffé, réparé & même multiplié les grandes routes, on a jugé qu'il n'y manquoit plus pour la commodité des Voyageurs que de les mesurer exactement de distance en distance. Chaque intervalle qu'on a défigné par le mot de Mille, comprend mille toifes du Châtelet. Deux de ces milles font la lieue des environs de Paris, qui est petite & ne vaut que deux mille toifes. Chaque mille a été divifé en quatre quarts, également marqués par des bornes plus petites.

Les colonnes qui défignent les milles portent toutes chacune le numéro qui exprime leur distance au centre de la Capitale où l'on doit dreffer un obélifque magnifique dans la Place appellée aujourd'hui le Marché-Neuf, précisément au pied de la Métropole. L'Ile de France eft prefque encore la feule partie du Royaume, qui, par les foins de M. de Trudaine, Confeiller d'Etat, jouiffe de l'avantage d'avoir des routes ainfi divifées.

Mille Egyptien, d'Arabie, d'Arménie, de Palestine, de Syrie & d'Afie, appellé par les Grecs Milion ou Miliarion ; & par les Hébreux, les Syriens & les Chaldéens Mil ou Mila, Kibrat, Barah, vaut 1 mille Romain, 2 Hippicons, 5 diaules , 7 ftades Egyptiens, 8 ftades Grecs, 10 ftades nautiques, 11 stades pythiques, 60 pléthres, 100 chebels, 600 décapodes, 1000 orgyies, 1200 pas doubles, 1333 xylons, 2400 pas fimples, 3000 coudées facrées, 4000 coudées lithiques, 4500 coudées médiocres, 4800 pygons, 5184 pieds Grecs, 5332 ¦ pygmes, 5400 pieds Romains, 6000 pieds géométriques, 6750 pieds pythiques, 8000 fpithames & 856 toiles du Châtelet. Ce mille contenoit 7 ftades en Egypte, en Palestine, en Syrie, dans l'Ile de Cypre, dans l'Afie mineure & dans la Méfopotamie. Il est fait mention de ce mille dans la vie de Marius par Plutarque, où il est évalué à 7 ftades; il en eft parlé fous le même rapport au ftade, dans Dion Caffius, dans Suidas, dans Pomponius Méla. Son ufage s'étendoit jufqu'en Mésopotamie, où on s'en fert peut-être encore: car le Calife Almamoun ayant fait mefurer par d'habiles Aftronomes un degré du Méridien dans les plaines de Sinjar, entre le Tygre & l'Euphrate, ce degré fut trouvé de 66 milles, au rapport d'Alikouski, Aftronome contemporain d'Ouloug-Beg, & qui fut l'un des Aftronomes qui travaillerent aux tables que ce dernier fit dresser.

J'observerai ici qu'il est fait mention de ftades de 7 au mille, dans Suidas, dans Saint-Epiphane, dans Héfychius, dans Moïfe de Khorène & peut-être dans d'autres Ecrivains; il s'agit du ftade Egyptien dont le mille Romain contenoit 6, ou envi

ron 7.

Dolichos, cet efpace étoit de 1 mille Egyptien, de 12 mille Romain, de 4 hippicons, de 8 diaules, de 12 stades Egyptiens, de 13 ftades Grecs, de 16 ftades nautiques, de 18 ftades pythiques, de 96 pléthres, &c., & de 1369.6 toifes

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du Châtelet. Je ne fais quel étoit l'ufage de cette mesure; Héron l'évalue à 12 ftades qui doivent être des ftades Egyptiens, d'autres l'évaluent à 24.

Nous avons déja obfervé que le pied philétérien fe retrouvoit parfaitement aujourd'hui dans la lieue d'Allemagne de 15 au degré, dont il eft la vingt millieme partie & la cinquieme partie du pas ou de la braffe d'Allemagne actuelle. Nous n'ofons rien inférer delà, & nous penfons que fi cela fe trouve ainfi ce

n'est qu'un effet du hazard. Nous avons dit auffi que le pied pythique fe reconnoiffoit à Marseille, à Montpellier, à Nérac, Vérac, à Monaco, à Gênes, &c.; & nous croyons que ce n'eft point par une rencontre fortuite que cette mefure fe trouve établie dans ces Villes. On fait par les témoignages d'Hérodote (Lib. I.) & de Strabon (Lib. IV.) que la Ville de Marseille en particulier fut fondée par une colonie de Phocéens, qui, comme il paroît, apporterent avec eux les mefures Delphiques en ufage dans la Phocide. A cela près nous ne voyons en Europe que trois mesures anciennes, meres & fondamentales de toutes les mesures diverses qui y font actuellement en ufage; favoir, le pygon ou pied de Drufus, le pied Romain & le pied géométrique Afiatique. Nous avons parlé plus haut des lieux où il refte des veftiges du pygon & du pied Romain; nous allons rechercher ici quels font les contrées & les Villes qui confervent encore aujourd'hui le pied géométrique. M. d'Anville, dans fon favant Traité des mefures itinéraires, nous fournira ici beaucoup de matériaux & nous en tirerons d'ailleurs.

Par une Loi d'Alphonfe X, furnommé le Sage & Roi de Léon, dans le treizieme fiecle, il y a une mefure juridique en Caftille, qu'on appelle Cordel de la Corte. Cette corde ou chaîne contient trente pas géométriques, Paffada, Paffos, cinquante vares de Caftille ou d'Espagne, cent cinquante pieds géométriques de Castille. Dans le Code des Loix de Caftille (Ley IV, Part. 1, tit. 13), on lit: Que la paffada aya cinco piés de omé mefurado, y en el pié quinze dedos. C'eft fans doute par comparaifon à l'ancien pied Romain, que le pied de Caftille, qui naturellement & dans l'origine contenoit feize doigts, a été ainsi réduit à n'en contenir que quinze, c'est-à-dire, quinze doigts des feize que contenoit le pied Romain, comparaifon qui n'eft pourtant pas parfaitement exacte.

Le vare de Castille évalué à trois pieds géométriques antiques d'Afie, reviendroit à 369.792 lignes du pied de Paris, & en fuppofant que le degré du Méridien contienne 57075 toiles du Châtelet, le vare reviendra à 369.9 lignes environ. Or voyons à quoi l'évaluent les Savans qui l'ont examiné. Le pied Efpagnol a été donné par Géaves de 920 milliemes parties du pied Anglois; on en déduit le vare de 373 lignes du pied de Paris. Eifenschmid d'après Riccioli évalue le vare à 367.6 lignes. Selon la mesure du pied Efpagnol, donnée à M. de la Condamine, par D. Pedro Peralta, Ingénieur à Lima, & évalué à 122.43 lignes, le vare n'en contiendroit que 367.29. Selon D. George Juan, dans la Relation Efpagnole des opérations qui ont été faites au Pérou, pour la mesure de la terre, le vare vaut 371 lignes du pied de Roi. Cette derniere évaluation eft celle qu'adopte M. d'Anville, & elle eft à-peu-près conforme à celle qui fe déduit du pied de Tolede, trouvé par M. Petit de 123.7 lignes, dont le triple eft 371.1. Mais fi nous nous contentons de prendre un moyen entre ces cinq valeurs du vare comparé au pied de Roi de Paris, nous aurons 369.998 lignes, quantité excédente de bien peu celle que nous avons déduite de la mesure du degré du Méridien ; & cette différence ne nous empêchera certainement pas d'affirmer que le pied géométrique de Castille ou d'Espagne est égal au pied géométrique d'Afie, & contenu quatre cents mille fois dans un degré du Méridien. Delà il suit que la corde Espagnole de la Corte vaut 25 orgyies, braffes ou ftatures anciennes; 30 pas géométriques, paffadas, bema diploun; 50 vares, comme nous l'avons dit; 60 pas fimples de Voyageur, bema aploun; 120 pygons, pieds Tongres ou Bataviques, &c.

Le ftade nautique & Espagnol ancien vaut 4 cordeles, 100 orgyies, 120 paffadas, 200 vares de Caftille, 240 pas fimples, 480 pygons, 600 pieds de Caftille.

Le Mille Européen, Migerio, Migeria en Espagnol, Millu en Allemand, n'appartient pas plus aux Efpagnols qu'aux Gaulois, aux Germains, aux Bretons & aux Sarmates même; car c'étoit le Werft de Ruffie avant le regne de Pierre le Grand. Il contenoit & contient encore 8 ftades, 33 cordeles, 833 orgyies, 1000 paffadas ou pas géométriques, 1666 vares, 2000 pas fimples, 4000 pygons, 5000 pieds géométriques. C'eft ce

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mille qui eft défini à huit ftades un tiers par Polybe dans Strabon ( Lib. VII, p. 223.), ὡς 3' Πολύβιος προςιθεὶς τῷ ὀκταςαδίῳ η δίπλεθρον, ὅ στι Τρίτον ςαδίον. C'eft à ce mille qu'il faut évaluer la plupart des diftances de l'Itinéraire Romain d'Antonin, affignées entre les Villes, foit de l'Espagne, foit de la Gaule, foit des Ifles Britanniques, &c. Strabon (Lib. III, p. 117.) ainfi que l'Itinéraire indique 12 milles de distance entre la Ville de Gadès & le temple d'Hercule, & dans ce nombre de milles on trouvoit, comme il le remarque, un rapport à celui des travaux attribués à la Divinité principale du peuple Tyrien, auquel Gadès devoit fa fondation. Ce temple, dit M. d'Anville, étoit fitué fur une monticule qui eft ifolée en haute marée, & le petit Fort de San-Pedro en tient la place. Cette diftance, à partir d'un point pris au centre de Cadix, eft de 21400 vares, felon un plan levé dans le plus grand détail par le Chevalier Renau Ingénieur & Mathématicien très-habile. Les douze milles de Strabon & de l'Itinéraire ne feroient que 2000 vares; mais il n'eft pas dit qu'il fallût prendre cette diftance du centre de Gadès. La distance de Cafar Augufta à Numance eft de 800 ftades felon Strabon, & de 95 milles felon l'Itinéraire Romain; il faudroit 96 à raifon de 8 ftades pour un mille. L'efpace en droite ligne de Mérida à Salamanque, eft, felon M. d'Anville, d'environ 130 milles de 60 au degré; cet efpace eft donc de 173 milles Efpagnols: or l'Itinéraire Romain, par un détail de diftances particulieres en fait compter 180. D'Olifipo à Calle ou Porto, l'itinéraire fait compter 209 milles par des lieux connus, Scalabis ou Santarem, & Conimbriga ou Coimbre; M. d'Anville eftime cette diftance de 150 milles de 60 au degré, qui valent 200 milles Efpagnols, & s'accordent fuffifamment avec le nombre donné par l'Itinéraire. Selon Elius Spartien, Historien Latin qui vivoit fous le regne de Dioclétien, le mur ou rempart dont Adrien avoit couvert la Province Romaine de Bretagne pour féparer les Romains d'avec les Pictes qui habitoient ce qu'on appelle aujourd'hui l'Ecoffe, avoit quatre-vingts milles d'étendue. La trace s'en reconnoît facilement fur du local. Du bord de la Tine, dit M. d'Anville, peu au - deffus de fon embouchure, près d'un lieu nommé encore actuellement Wal's-end, c'est-à-dire, la fin du rempart, ce retranchement allât aboutir au-delà de Carlile, fur le bord de Solwayfirt, à une

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