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faut l'entendre comme s'il étoit écrit ainfi : Cyathus pendet per fe denarios X. cum oxybaphi menfura dicitur, fignificat cotyles quartam partem, id eft denarios XV. En effet on remarquera, fi l'on veut y faire attention en lifant les Anciens, que non - feulement les Grecs, mais les Romains même, ont prefque toujours défigné le denier Romain fous le nom de la drachme, ce qui a donné lieu de regarder ces deux monnoies comme parfaitement égales, quoiqu'elles ne le fuffent pas.

Nous verrons dans la fuite que la mine Egyptienne ou d'Alexandrie, la mine Romaine ou Ptolémaïque, la mine Attique, & le pondo ou livre Romaine que les Ecrivains Grecs qualifioient également du nom de mine, étoient entr'elles comme 10, 9, 8, 6: d'où il fuit que l'amphore Romaine appellée par les Grecs Métrétès italique, Kéramion, Diota, & contenant 80 pondo d'huile, n'en contenoit que le poids de 60 mines Attiques, ou de 53 mines Romaines, ou de 48 mines d'Alexandrie. Mais comme ici l'on voit deux mines ou livres Romaines, en prenant l'une pour l'autre, & concevant que l'amphore d'huile pefoit 80 mines Romaines chacune de 18 onces, on en conclurra, en réduisant ce poids Romain aux poids d'Egypte, que l'amphore Romaine contenoit 72 mines d'Alexandrie, d'huile d'olives : c'eft-là une méprise où l'on a pu tomber, & où on eft effectivement tombé. On lit dans le Tarif des poids & mesures, inféré dans les Œuvres de Galien, que le Kéramion pese 72 livres ou 80 livres : Kepaμos X ŏ 21. oẞ'. 21. 7. Cléopatre, Egyptien ou Egyptienne, car quelques Ecrivains prétendent que c'étoit une femme, évalue auffi l'amphore Romaine à 72 livres. C'eft une complication d'erreurs; car la mine Romaine & Ptolémaïque de 18 onces du poids Romain, eft une chimere; ce n'eft autre chofe que le pondo de 12 onces réduit à 18 onces de la litre Egyptienne & Hébraïque. Cette litre étoit de 12 onces qui n'en valoient que 8 du poids Romain, enforte que le pondo valoit 18 onces de la litre.

Par la même raison du rapport de ces différens poids, le métrétès Attique pesoit en huile 90 livres Romaines, 54 d'Alexandrie, & 67 mines Attiques; Cléopatre lui donne 90 livres, c'est au poids Romain. Le médimne Attique devoit contenir 108 livres Romaines de bled, 64 mines d'Alexandrie, & 81 mines Attiques. Suidas dit que le médimne étoit du poids de 108 livres: μέδιμνον μοδίων ἕξ, ὡς εἶναι μέτρον ξεςῶν οβ'. ἤτοι λιτρῶν ρη'. L'Auteur

fuppofé Galien paroît dire la même chofe; le médimne Attique eft, dit-il, de 108 livres & de 96 xeftès : mais il y a faute ici dan's les lettres numériques; il faut lire pn', comme dans Suidas, au lieu de un', qui exprime feulement 48; car il ajoute qu'il contient 96 xeftès. Le boiffeau de Paris, fur le pied de 108 livres Romaines le médimne, peferoit 21.09 livres, poids de marc.

Je pense que voilà affez de preuves, & toutes démonstratives, pour détruire l'opinion de ceux qui, fondés fur ce que Cicéron & Cornelius-Népos évaluent le médimne Attique à fix modios, & que Pline paroît regarder l'hémine & la cotyle comme égales, ont cru que le médimne étoit de six modius Romains, tandis qu'il ne contenoit réellement que fix hectos ou modios Attiques, & quatre modius & demi de Rome. Nous avons analyfé les paffages de ces trois Ecrivains, & nous y avons remarqué qu'ils ne contenoient rien qui fût contraire à l'opinion générale de toute l'antiquité.

Nous pouvons à préfent réduire à nos mesures de Paris les mefures Attiques. Le xeftès eft les trois-quarts du fetier; donc le métrétès qui contenoit foixante-douze xeftès, contenoit auffi cinquante-quatre fetiers Romains, revenoit à une amphore & un huitieme, & valoit par conféquent 34 pintes & de Paris.

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Si nous prenons le cube du pied Grec olympique, & que nous le réduisions en pintes, à raifon de quarante-huit pouces cubiques pour une pinte, nous aurons cette cubature de 35 pintes, laquelle ne differe de la valeur que nous venons d'affigner au métrétès que de de pinte, ou d'un du tout. Cette différence eft trop peu confidérable pour qu'on puiffe attribuer au hazard une égalité si marquée & fi précise entre la capacité du métrétès & la cubature du pied Grec olympique; je pense au contraire qu'on doit regarder la cubature de ce pied comme propre à rectifier quelque léger défaut d'exactitude & de précision qui néceffairement aura dû fe gliffer dans la comparaison des vases Grecs aux vafes Romains par le moyen de l'huile. Cette comparaison n'ayant été faite d'ailleurs qu'avec la cotyle & l'hémine, qui font des vaisseaux de petite continence, le mécompte dans le poids de l'huile pouvoit être de plus de,, fans qu'on s'en apperçût, ou fans qu'il parût mériter qu'on y fit attention. Ainfi nous croyons pouvoir prendre la cubature du pied Grec olympique pour la capacité du métrétès Attique, qui eft par conféquent de 35 pintes mefure de Paris.

Le médimne eft compofé de quatre-vingt-seize xeftès, & con

tient un métrétès & un tiers, c'est-à-dire, 46 pintes & deux tiers: mesure de Paris. Le boiffeau militaire, réputé le boisseau de Paris, contient fix cents quarante pouces cubiques ou treize pintes & un tiers; d'où il fuit que ce boiffeau eft au médimne comme 2 à 7. Nous avons déja dit que le médimne de Sicile fe divifoit en fix modios, comme le médimne Attique; en voici la preuve, tirée des Ecrits de Cicéron (in Frumentaria). La dîme de la récolte des bleds du pays des Léontins s'eft montée, dit cet Orateur, à trentefix mille médimnes, qui s'évaluent à deux cents feize mille modios: Agri Leontini decuma anno tertio venierunt medimnis XXXVI millibus, hoc eft tritici modiis ducentis fexdecim millibus. Si l'on divife 216 par 36, il viendra 6 pour le nombre de modios que contenoit le médimne. Je ferai voir, ajoute Cicéron, qu'il n'y a point de Laboureur qui ait payé moins de trois dîmes, c'est-àdire, trois médimnes par jugere, quoique le jugere n'en rende que dix dans les meilleures années: fuivant l'état porté par la déclaration des Léontins, les terres qu'ils ont en bled chaque année fe montent à trente mille jugeres; ce qui, à raifon de trois médimnes par jugere, fait quatre-vingt-dix mille médimnes, qui fe réduisent à cinq cents quarante mille modios de froment: Profeffio agri Leontini ad jugera XXX millia: hæc funt ad tritici medimna nonaginta, id eft, tritici modia quingenta quadraginta millia. Et une preuve qu'il n'y a point d'erreur de calcul dans ces réductions, c'eft que Cicéron dit encore qu'en tirant de cette fomme les trois cinquantiemes que les habitans de la contrée des Léontins étoient obligés de payer aux Romains outre les dîmes, ces trois cinquantiemes se montent à trente-deux mille modios: Tres quinquagefiid eft, tritici modium XXXII millia quadringentos; ce qui eft vrai. Divifant donc 540000 par 90000, on trouve 6 au quo, tient. Donc le médimne de Sicile étoit compofé de fix modios ou hectos, comme celui d'Athenes.

mas,

Mais le médimne de Sicile valoit auffi cinq modius Romains comme il est aifé de le faire voir par plufieurs inductions tirées du même Plaidoyer de Cicéron contre Verrès, par lesquelles on remarque que ce Préteur faifoit payer le bled aux Siciliens à raifon de trois fefterces le modius, & de quinze le médimne. Il faut rapporter les paroles de l'Auteur : Accipis, dit-il à Verrès, feftertios quindecim pro medimno, tanti enim eft illo tempore medimnum. Reti nes feftertios duodecim, tanti enim eft frumentum Sicilienfe ex lege

æftimatum,

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æftimatum, eft ejufmodi æftimatio legis, ut cæteris temporibus tolerabilis ficulis, te Prætore etiam, grata effe debuerit. Eft enim modius lege feftertiis tribus ut æftimatus fuit antè te Prætorem: ut tu in Epiftolis ad amicos tuos gloriaris, feftertiis duobus. Sed fuerit tribus Jef tertiis, quoniam tu tantum à civitatibus in modios fingulos exegifti tu non modo omnes accipere (quod oportebat) noluifti, fed etiam dare quod non debebant coegifti. Il dit ailleurs: Pretium autem SenatusConfulto conftitutum decumano in modios fingulos feftertii terni. Puis il ajoute Duobus pretiis unum & idem frumentum vendidifti : femel civitatibus feftertiis quindecim in medimnum : iterum Populo Romano à quo feftertios XX in medimna pro eodem illo frumento abftulifti. Il dit encore dans un autre endroit : Hoc reprehendo, quod cum in Sicilia feftertiis binis triticis modius effet, ut iftius Epiftola ad te declarat, fummum feftertiis trinis, tum ifte pro tritici modiis fingulis ternos ab aratoribus denarios exegit. On peut confulter au refte le Discours même de Cicéron, où d'autres exemples confirment que le médimne des Léontins étoit compofé de fix modios du pays & de cinq modius Romains, ce que nous vérifierons bientôt par de nouvelles autorités : d'où nous concluons que ce médimne étoit de la capacité de 51 pintes, mesure de Paris. Si nous évaluïons ces mefures en poids de bled, nous trouverions qu'à raifon de vingt livres de bled pour un boiffeau mesure de Paris, le médimne Attique en devoit contenir 70 livres, & celui de Sicile 77 livres & Mais avant d'aller plus loin, il eft bon de faire ici quelques obfervations fur le poids du bled.

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Le bled eft d'autant meilleur qu'il a plus de poids; mais cette derniere qualité lui vient de deux causes, la fécondité des années, & la bonté du terroir. Suivant les expériences qu'un Obfervateur a faites à Alençon, dont on trouve le détail dans le Journal d'Agriculture du mois d'Avril 1772, un boiffeau, mesure de Paris, du plus beau bled, pefant 22 livres, produit 18 livres d'excellente farine, 4 livres de fon, & 37 livres de pain de la meilleure qualité; & s'il eft moulu économiquement, 2 livres de fon, 20 livres de farine, & environ 41 livres de bon pain de ménage.

Un boiffeau de bled du poids de 20 livres, contient 16 livres de farine, mais ne les donne pas à la mouture, & 4 livres de fon. Cette farine prend moins d'eau à proportion à la boulangerie, que celle du bled pesant 22 livres.

Un boiffeau de bled du poids de 17 livres, contient 13 } livres

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de farine, mais elle ne fe fépare pas bien du fon, & 4 livres de fon. Un boiffeau de bled pesant 16 livres, contient de même 10 livres de farine, & 5 livres de fon. Enfin un boisseau du plus mauvais bled pefe treize livres, produit 3 à 4 livres de farine d'une très-médiocre qualité, 9 à 10 livres de fon, & 6 ou 4, même moins, de pain de qualité inférieure.

&

Eifenfchmid, dans fon Traité des poids & mefures (pag. 90.) affure qu'on a reconnu par expérience à Strasbourg, que dans les années extraordinairement abondantes, les fix land-fefter de cette Ville pefoient environ deux cents livres, poids de Strasbourg, tandis que dans les plus mauvaises années la même quantité de bled pefoit à peine cent cinquante livres, même poids. Suivant eet Auteur, le land-fefter eft de 952 pouces cubiques du pied de Roi, plus 72 d'où il fuit qu'à proportion le boiffeau militaire de France, réputé le boiffeau de Paris, contiendroit 21 livres, poids de marc, & de bled dans les années très - fertiles, & 16 17 feulement dans les années ftériles. Dans les bonnes années, le fetier de Paris, compofé de douze boiffeaux, peferoit environ 259 livres, & dans les mauvaises 194 feulement.

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Selon M. du Pré de Saint-Maur (Effai fur les monnoies, p. 49.), dans les difettes, les Magiftrats chargés de la police de la Ville de Paris ont fait de temps en temps des effais pour parvenir à régler le prix du pain, & de ces effais, rapportés au fecond Tome du Traité de la Police, il réfulte que le fetier de bled, mesure de cette Ville, depuis 1418 jufqu'à 1700, s'eft balancé, pour le poids, de 205 livres à 244• Selom que le grain étoit plus nourri, le fetier rendoit plus ou moins en poids, en farine & en pain. Tout le monde fait, ajoute-t-il, que dans les mauvaises années le bled pese moins, & rend moins de farine que dans les bonnes, & que la même quantité de grains ou la même mefure du même bled ne pefe pas parfaitement la même chofe dans les divers temps de F'année. Il eft notoire, dit-il encore, que la mesure des grains dans le Soiffonnois n'a pas changé depuis 1728 ; & la différence entre le poids des grains vendus fur le marché de Soiffons depuis 1728 jusqu'à 1742, montre que notre fetier de Paris peut varier de 205 à 240 livres. Le très-beau bled qui fe vend dans le grenier des Marchands, peut pefer 260 livres le fetier, année commune; mais cela ne fait point regle, parce que ce font des bleds paffés au crible Normand, & pour lesquels on prend plus de foin. De ces obfervations &

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