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métrétès ptolémaïque étoit la cubature du pied Philétérien, enfin le métrétès d'Antiochus étoit la cubature de la coudée lithique ou coudée royale de Babylone. Les Grecs appelloient encore le métrétès pithos, mefure fiducielle, de peitho je perfuade; & cados en langage du peuple doit être la même chofe que kybos, un cube. Fidelia en latin & pithos en grec paroiffent fynonymes. Il eft parlé de métrétès dans l'Evangile de faint Jean (II, 6.): Erant autem ibi lapidea hydria fex pofita fecundùm purificationem Judæorum, capientes fingulæ metretas binas vel ternas; que l'interprete Syrien rend par le mot rebehin, qui fignifie la même chofe que quadrantal. Cette dénomination convient parfaitement à la cubature du pied géométrique que je crois que les Arabes ont appellée dorach.

Ce fera donc fur la continence de la mer d'airain que nous évaluerons, non-feulement les mesures de la Palestine, mais encore celles de l'Egypte & des pays circonvoisins, & fi ces évaluations quadrent parfaitement avec les poids de l'Afie & les comparaifons que quelques Auteurs de l'antiquité ont faites de ces mefures avec celles des Grecs & des Romains, nous croirons avoir démontré que nous avons reftitué aux mesures anciennes leur valeur abfolue. Procédons maintenant à l'énumération des mefures de capacité des Hébreux & des Egyptiens, &c.

La plus grande mesure des Hébreux dont il foit parlé dans l'Ecriture, étoit le cor ou coros, défigné fous le nom de chomer dans les Prophetes. Le coros ou chomer contenoit dix baths ou batos, ou dix éphi ou épháh, ces deux mesures le bath & l'épháh étant égales, comme on le voit dans Ezéchiel (XLV, II.): Ephi & batus æqualia, & unius menfuræ erunt : ut capiat decimam partem cori batus, & decimam partem cori ephi: juxta menfuram cori erit aqua libratio eorum; ou felon une autre verfion: Epha & bath menfuræ unius funto, ut capiat decimam chomeris bath, & decimam chomeris epha. Le même rapport et encore exprimé fous d'autres termes au même endroit (verf. 14.): Menfura quoque olei, batus olei, decima pars cori eft:& decem bati corum faciunt, quia decem bati implent corum.

On obferve en même temps par ces paffages que le coros ou chomer & l'épháh étoient des mefures pour les grains, & que le batos au contraire fervoit pour les liqueurs. Cette différence eft encore plus caractérisée par le verfet 13: Et hæ funt primitia quas

tolletis :

tolletis: fextam partem ephi de coro frumenti, & fextam partem ephi de coro hordei. Et de même par l'Edit d'Artaxercès dans Efdras (lib. I, cap. VII, 22.): Abfque morâ detis ufque ad argenti talenta centum, & ufque ad frumenti coros centum, & ufque ad vini batos centum, & ufque ad batos olei centum, fal verò abfque menfurá. Et enfin par Ruth (II. 17.): Collegit ergo in agro ufque ad vefperam: & quæ collegerat virga cædens & excutiens, invenit hordei quafi ephi menfuram, id eft, tres modios.

Ce dernier paffage nous donne également le rapport du modios à l'éphi ou épháh; il en étoit le tiers, & par conféquent le coros ou chomer étoit de trente modios. C'eft auffi ce que nous apprend Cédrénus (pag. 94.): ó de nópos &wores podia λ, & encore faint Epiphane: car felon ce Pere, le lethec étoit le demi-coros & valoit quinze modios. Le modios étoit la même mesure que le faton ou feah, car faton ou seah étoit également le tiers de l'épháh & valoit trois gomors & un tiers, fuivant le témoignage des Septante & de Rabbins Jonathas, Onkelos, Maimonides & d'autres. Le faton étoit la trentieme partie du coros, valoit deux hins, fix cabs, 24 logs, 96 rebiita, 144 coques d'œufs de poule, selon un grand nombre de Docteurs Juifs (Fefanus, David. Tanchumus Maimon. Bartenor. Jarchius, & ipfa Mifnia Cilaim, c. 2, 3, & Godolias & Terumot, c. 4, 7.). Jofephe & faint Jérôme font conformes à ce fentiment. Mais faint Epiphane, Evêque de Salamine, dans l'Ile de Cypre, & après lui faint Ifidore, Evêque de Séville, ont brouillé tout cela. Suivant faint Epiphane le modios des Hébreux contenoit vingt-deux xeftès ou logs. Saint Ifidore parlant du modios, affure que c'eft une mefure pour le bled du poids de quarante-trois litres, qu'on le divife en vingt-deux logs, division établie, dit-il, en mémoire 1o. de ce que Dieu au commencement du monde fit vingt-deux travaux, &c., 2°. de ce que l'on compte vingt-deux générations depuis Adam jufqu'à Jacob; 3°. de ce que les Livres du vieux Teftament jufqu'au Livre d'Efther font au nombre de vingt-deux; 4°. de ce que toutes les lettres employées dans la compofition des Livres faints font en tout vingtdeux, apparemment qu'il n'y avoit pas de modios avant Jacob & Efther. Saint Ifidore compte néanmoins trente modios pour la continence du coros.

Le même Ecrivain dit du faton, que c'eft une mesure de la Palestine, & dont le nom est tiré de l'hébreu; qu'elle contient un

modios & demi; mais qu'il y a un autre faton de la continence de vingt-deux xeftès ou logs, & de même capacité que le modios: Satum genus & menfura juxta morem Palæstina, unum & dimidium capiens modium, cujus nomen ex hebræo tractum eft. Satum enim apud eos nominatur fumtio five elevatio, quod qui metitur, eandem menfuram fumat ac levet. Eft & aliud fatum, menfura fextariorum 22. Capax quafi modius, &c. Tout ce raifonnement eft fondé fur un paflage de faint Jérôme dans fes Commentaires fur faint Matthieu (XIII, 33.), & que voici : Satum genus eft menfuræ, juxta morem Palæstina provincia, unum & dimidium capiens modium. Jofephe (Apraioa, lib. 9, cap. 2.) dit également que le faton eft d'un modios & demi, mais d'un modios & demi Romain: ixus δὲ τὸσάτον, μόδιον καὶ ἥμισυ Ἰταλικόν. Il n'y a rien de vrai dans tout cela. Le faton, feah ou faa, & le modios étoient la même mesure; & cette mefure, comme on pourra le vérifier, valoit un modios & demi d'Athenes; il contenoit 24 & non 22 logs. En effet, qui ne feroit choqué, malgré les pieufes & myftiques obfervations de S.Ifidore, qui n'ont au refte leur principe que dans quelques méprifes de faint Epiphane, ou peut-être plutôt dans le manque de foin de fes Copiftes, de la quotité finguliere que le log ou xeftès tiendroit dans toutes les autres mefures. Ce fyftême feroit des plus extraordinaires, en ce que le nombre 22 n'a point ou prefque point de fous-multiples, ce qui eft néanmoins une chofe effentielle en tout numéraire métrique. Nous aurons lieu de rapporter en grand nombre d'autres preuves deftructives de l'affertion des deux faints Prélats dont nous combattons l'opinion. Obfervons encore que par trois fatons, feahs ou modios, on entend toujours l'épháh; par exemple, les trois fatons de farine dont il eft parlé dans la Genèfe (XVIII, 6.) font un épháh, quoiqu'en cet endroit on fût tenté de fubftituer trois chénices. Les trois fatons dont il eft parlé dans faint Matthieu (XIII, 33.) font également un épháh. De plus les interpretes latins rendent toujours le mot faton par celui de modios. L'interprete Syrien rend le mot modios par celui de faton. Les Septante rendent trois fatons par Tpia μirpa. Saint Ambroife fur faint Luc rend également le faton par le mot menfura.

Le gomor que d'autres prononcent gomer ou homer, que les Syriens & les Chaldéens appellent humra peut être kipls, & Jofephe affaron, étoit un vafe dont fe fervirent les Ifraélites pour recueillir

la mane dans le défert. C'étoit auffi la mesure de ce qu'ils devoient en confommer dans un jour, comme on le voit par l'Exode (XVI, 16 & 18.): Colligat unufquifque ex eo quantum fufficit ad vefcendum : gomor per fingula capita, juxta numerum animarum veftrarum. Le gomor étoit la dixieme partie de l'épháh ou éphi, ce que l'on voit au même endroit (36.): gomor autem decima pars eft ephi. C'eft cette mefure qui eft défignée ailleurs fous le nom de décime ou de mefure, menfura fimilaginis; entr'autres exemples on en trouve un dans les Nombres (XXVIII, 5.): decimam partem ephi fimila.) Jofephe (lib. III, cap. 7, & lib. VIII, cap. 2.) rend ce mot par celui d'affaron, par la raifon, peut-être, que ce vafe étoit la dixieme partie de l'épháh de la même maniere que l'as des Romains étoit la dixieme partie du denier. On trouve le paffage que nous venons de rapporter; favoir, gomor autem decima pars eft ephi, expliqué ainfi dans le Chaldéen : Humrá ejufcemodi eft menfura, quæ decimam trium fearum, hoc eft ephe, partem capit, c'est-à-dire, ce humrá ou homer eft une mefure qui contient la dixieme partie de trois feahs, ou, ce qui eft la même chose, d'un épháh. D'où il fuit que le feah étoit la même chofe que le modios, & également le tiers de l'épháh & la trentieme partie du coros. On lit dans faint Epiphane que le gomor étoit également la dixieme partie de la grande mefure appellée artaba: To do yoμop δὲ γίμορ δέκατον ἦν τοῦ μεγάλον μέτρον, τούτεςι τῆς ἀρταβης : do il fuit que l'artaba d'Egypte étoit de la même capacité que l'épháh des Hébreux.

Après avoir recueilli & ramaffé ici ce qu'on trouve dans l'Ecriture, concernant les mefures de capacité des Hébreux; & avoir difcuté toutes les grandes difficultés qui fe rencontrent dans les Ecrivains au fujet des mefures pareilles des autres peuples en général; je crois que pour en faciliter l'intelligence au Lecteur, il est propos de les reprendre toutes & de les préfenter de nouveau dans un ordre plus méthodique. Commençons par les mefures Hébraïques & celles qui y ont rapport.

Hemine, uva, la mine ou livre d'eau pure, mena, halimena en arabe, corboni, fedafa, focharga, cotyle, hemilogon, peres, phiala, alabaftron, hemixeston, paropfis, catinus, tryblion, kylix; font tous noms que les anciens donnent ou paroiffent donner à la même mesure; elle valoit 43 doigts cubiques, 6 cyathes, 4 oxybaphes, 3 mystrons. Elle pefoit en eau pure 8 onces Romaines,

12 onces Afiatiques, so drachmes attiques, 64 drachmes Romaines ou deniers de Néron de 96 à la livre, 96 drachmes Afiatiques; & en huile elle pefoit 7 onces Romaines, 8onces menfurales de l'hémine Romaine, 10 onces Afiatiques, 45 / drachmes Attiques, 58 drachmes de Néron, 87 drachmes Afiatiques. Elle revient à 0.2352 pintes de Paris. La cotyle Afiatique contenoit huit onces d'eau, poids Romain felon Galien; elle contenoit douze onces Afiatiques d'eau pure, c'eft-à-dire, un litre ou une mine vulgaire felon Cléopatre & plufieurs manufcrits Hébraïques vus par Edouard Bernard. Ne croyons donc pas avec faint Epiphane qu'elle contenoit une litre d'huile. Ce vafe qui s'appelloit la mine hè mina ou la livre, étoit l'étalon des poids chez les Orientaux. Une mine ou une hémine d'eau faifoit le poids de la mine commune en ufage pour pefer les marchandises; deux hémines & demie d'eau compofoient le poids appellé la mine facrée ou proprement la mine; & cent vingt-cinq hémines d'eau pure faifoient l'étalon & la valeur du grand poids appellé talent.

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Log, loga, luga, legetha, inion, pfyllion, dicotylon, xeftès, roba, quadrans, cauz, keft, kift, kodda, carura, acfac, evid, aben, poculum, font des noms donnés à la même mesure par les Orientaux. Le log contenoit 2 hémines, 8 oxybaphes, 13 cyathes & 85 doigts cubiques. Il pefoit en eau pure 16 onces italiques, 24 onces Afiatiques, 100 drachmes Attiques, ce qui l'a fait appeller hécatondrachmon par quelques Ecrivains, 128 drachmes Romaines de Néron, 192 drachmes Afiatiques ou 48 ficles. Et en huile il pesoit 14 onces Romaines, 17onces menfurales, 21 onces Afiatiques, 90 drachmes Attiques, 116 drachmes de Néron, 174 drachmes Afiatiques. Un grand nombre d'Auteurs Juifs l'évaluent au poids de deux livres ou mines vulgaires, fans fpécifier en quelle liqueur. D'autres en font monter le poids juf qu'à 50 ficles. Mais il étoit du poids de deux livres d'eau pure; il contenoit le poids de 84 didrachmes de bled, ou de 76 de farine felon les Rabbins Maimonides, Tanchumus & David. Il contenoit d'eau pure 100 drachmes Attiques ou 100 didrachmes, Afiatiques felon le Rabbin David, & 24 onces felon quelques manufcrits Hébraïques vus par Edouard Bernard, fans qu'on dife en quelle liqueur. Saint Epiphane & quelques Ecrivains après lui prétendent que c'étoit en huile que le xeftès d'Alexandrie & de Saïs contenoit deux livres de liqueur. Efychius, qui vivoit en Egypte.

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