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mes, il faut lire 128 drachmes de Néron, comme on le voit (cap. VII.) dans Cléopatre, & (cap. X.) dans Diofcoride. Le Compilateur au même Chapitre (VI.), conclut de ce que la litre Egyptienne n'eft que de 96 drachmes Afiatiques, que la mine Italique contient une livre & demie d'Egypte, ce qui est vrai; mais il conclut auffi delà que la mine Attique vaut une livre trois onces quatre drachmes d'Egypte, en quoi il n'a pas fait attention que les drachmes dans lesquelles il a évalué la mine Attique ne font pas des drachmes Asiatiques, mais des deniers de Néron : la conclufion qu'il tire manque donc de principe. Il ajoute que l'once Italique étoit de fept drachmes; elle contenoit en effet fept deniers de Papyrius: il dit encore que l'once Attique valoit huit drachmes; l'once Attique & l'once Italique étoient égales, & chacune de fept drachmes de Papyrius, ou de huit drachmes de Néron. On voit combien cet Auteur entendoit peu la matiere dont il traitoit; je ne dis pas Galien, car on penfe que ce Tarif n'est pas de lui.

30. La litre Afiatique ou Egyptienne contenoit 96 drachmes Afiatiques, & la mine Attique 100 drachmes Attiques. Cléopatre confondant ces drachmes, & les fuppofant égales, en conclut que la mine Attique eft de douze onces & demie poids Egyptien ou Afiatique; ce qui eft bien éloigné de la vérité : car la mine Attique valoit deux litres Egyptiennes. Ainfi les autres évaluations que l'Auteur fait de la mine Attique en fcrupules, en lupins, en kérations & en chalcos font également fauffes. Je conviens néanmoins qu'il y avoit une mine de la valeur de douze onces & demie de la litre ou rotule, & cette mine eft celle que nous appellerons dans la fuite mine talmudique ou grand argyre; peut-être eft-ce de cette mine que parle l'Auteur.

4°. Le même Cléopatre, après avoir évalué la mine Ptolémaïque à 18 onces ou 144 drachmes poids d'Afie & d'Egypte, fuppofe que ces drachmes font chacune de trois fcrupules, quoiqu'elles n'en valuffent que deux; d'où il conclut mal-à-propos que la mine Ptolémaïque contenoit 432 fcripules, 864 oboles, 1296 lupins, 2612 kérations, & 6912 chalcos.

5o. Cléopatre (cap. VII.) n'eft pas d'accord avec lui-même en donnant au lupin tantôt la valeur de 5 chalcos, & tantôt celle de 4 feulement; ce qu'il fait encore ailleurs (cap. VIII.).

6. Cléopatre dit (cap. VIII.) que la mine Attique eft de 12

onces; & fachant apparemment d'ailleurs que la mine Egyptienne ou la grande mine Aliatique valoit une mine Attique & un quart, il en infère (cap. IX.) qu'il y a une mine de quinze onces: tel eft au moins le principe fur lequel je penfe qu'il a établi cette

définition.

S'il refte quelques doutes fur la rectification que j'ai faite des Tarifs qu'on trouve dans les Euvres de Galien, j'efpere qu'ils difparoîtront par les témoignages des autres Ecrivains dont je rapporterai les autorités.

Le Poëme de Rhemnius Fannius Palæmon, que d'autres attribuent à Prifcien, ne concerne que les poids Romains & Grecs; il peut tenir lieu d'un grand nombre de recherches fur cette partie des poids de l'antiquité, mais on y rencontre auffi quelques difficultés.

Pondera Paoniis veterum memorata libellis

Noffe juvat. Pondus rebus natura locavit

Corporeis. Elementa fuum regit omnia pondus.

Pondere terra manet. Vacuus quoque ponderis ather

Indefessa rapit volventis fidera mundi.

Ordiar à minimis: poft hæc majora fequentur ;
Nam majus nihil eft aliud quàm multa minuta.
Semi-oboli duplum eft obolus: quem pondere duplo
Gramma vocant: fcriplum noftri dixere priores.
Semina fex alii filiquis latitantia curvis
Atribuunt fcriplo : lentis veracier octo.
Aut totidem fpeltas numerant, triftefve lupinos
Bis duo. Sed fi par generatim his pondus ineffet,
Servarent eadem diverfa pondera gentes:
Nunc variant. Etenim cuncta non fædere certo,
Natura, fed lege valent hominumque repertis.
Scripla tria drachmam faciunt : quo pondere doctis
Argenti facilis fignatur nummus Athenis.
Holce à drachmâ non re, fed nomine differt.
Drachmam fi gemines, aderit, quem dicier audis
Sicilicus. Drachma fcriplum fi adjecero, fiet
Sextula qua fertur. Nam fex his uncia conftat.
Sextula cum dupla eft, veteres dixere duellam.

Uncia fit drachmis bis quatuor: unde putandum
Grammata dicto, quod hæc viginti quatuor in se
Uncia habet: tot enim formis vox noftra notatur
Horis quod mundus peragit noctemque diemque.
Unciaque in libra pars eft, quæ menfis in anno.
Hæc magno Latio libra eft, gentique togata.

Attica nam minor eft. Ter quinque hanc denique drachmis
Et ter vicenis tradunt explerier unam.

Accipe prætereà patrio quam nomine Graii
Mrav vocitant, noftrique minam dixere priores :
Centum ha funt drachma. Quod fi decerpferis illis
Quatuor, efficies hanc noftram denique libram;
Attica quæ fiet, fi quartam dempferis hinc, Mna.
Cecropium fupereft poft hæc docuiffe talentum,
Sexaginta minas, feu vis, fex millia drachmas,
Quod fummum doctis perhibetur pondus Athenis.
Nam nihil his obolove minus, majufve talento,
Nunc dicam folidæ quæ fit divifio libra
Sive affis; nam fic legum dixere periti,
Ex quo quid foli capimus, perhibemur habere
Dicimur aut partis domini pro partibus hujus.
Uncia nam libra fi deeft, dixere deuncem.
Aut fi fextantem retrahas, erit ille dextantis.
Sed nullum reliquo nomen femuncia certum
Dempta dabit, Namque eft hujus fefcuncia triplex.
Dodrantem, reliquum vocitant, quadrante retracto.
Cumque triens defit, beffem dixere priores.
Idem feptuncem dempto quincunce vocarunt.
Poft hæc femiffis, folidi pars maxima fertur.
Nam quod dimidium superat, pars esse negatur,
Ut docuit tenui fcribens in pulvere Mufa.
Cætera dicta priùs, quibus eft femuncia major.
Hac de ponderibus.

On voit en général par ce détail élégant & pompeux de Fannius, que les divifions de la livre Romaine étoient les mêmes que

celles

celles que Columelle attribue au jugere; & comme en cela il est d'accord avec toute l'antiquité, il eft inutile de nous y arrêter davantage. Nous nous contenterons donc d'examiner quelques tres particularités, qui ne font pas également évidente.

Le talent, mot qui fignifie charge ou faix, étoit, felon Fannius, le plus grand des poids anciens, & contenoit foixante mines ou fix mille drachmes; c'est une vérité conftatée par les témoignages de Pollux, de Suidas, de Feftus, de Priscien, & de tous les Auteurs anciens. Mais le talent Attique, qui eft celui dont tous les Ecrivains ont parlé, valoit quatre-vingts livres ou mines Romaines, comme nous l'apprenons de Tite-Live (lib. XXXVIII.), lequel parlant des conditions de paix impofées à Antiochus par les Romains, dit: Argenti probi Attica talenta duodecim millia dato intra duodecim annos, penfionibus æquis. Talentum ne minus pondo LXX. Romanis ponderibus pendat. Les Romains par le Traité avoient ftipulé que l'argent feroit de bon aloi, feroit de l'argent fin, probi, & que le talent feroit de quatre-vingts livres Romaines qui en étoient la valeur légitime, pour éviter toute conteftation de la part d'Antiochus, qui auroit bien pu vouloir s'acquiter en argent de médiocre qualité, & en talens affoiblis. La même évaluation réfulte d'un paffage de Plaute (Moftellar. act. 3, scen. 1, verf. 102 & 114.):

Quatuor quadraginta illi debentur mine,

Talentis magnis totidem quot ego & tu fumus.

Ce qui fignifie: Il lui eft dû cent foixante mines, c'est-à-dire, cent foixante livres Romaines, qui font deux talens chacun de quatrevingts livres.

Or puifque quatre-vingts livres Romaines valent foixante mines Attiques, il en résulte que la mine Attique vaut une livre Romaine & un tiers, ce qui revient à cent douze deniers de quatrevingt-quatre à la livre Romaine, ou à cent vingt-huit deniers de quatre-vingt-feize à la livre, & ce qui s'accorde parfaitement avec ·les évaluations que Diofcoride, Cléopatre & Galien ont faites de la mine Attique en drachmes ou deniers Romains. Par l'inverse, il est évident que la livre Romaine étoit les trois quarts de la mine Attique, & par conféquent valoit foixante-quinze drachmes Attiques; la même livre valoit deux cents quatre-vingt-huit fcripules;

N n

donc la mine Attique en valoit trois cents quatre-vingt-quatre; & la drachme Attique, qui en étoit la centieme partie, valoit trois fcripules & vingt-un vingt-cinquiemes; cependant ce n'est pas le compte de Fannius, qui n'y fait entrer que trois fcripules cela vient de ce que ce Grammairien, qui n'avoit pas affez étudié les combinaisons de fes poids, a confondu la drachme Romaine de fon temps, laquelle étoit le denier de quatre-vingt-seize à la livre Romaine, & de la valeur de trois fcripules, avec la drachme Attique, qui étoit de fept vingt-cinquiemes plus grande. C'est cette même confusion qui a fait évaluer le fcripule à deux oboles Attiques par le même Fannius, & peut-être par les Auteurs de Galien.

Cependant on infère du calcul de Fannius, tout fautif qu'il eft, que la drachme Attique étoit compofée de fix oboles, ce qui eft vrai, fuivant le témoignage des autres Ecrivains, de Pline, de Pollux, de Celfe, &c. Voici ce que Pline nous apprend des poids Grecs (lib. XXI, cap. XXXIV.): Et quoniam in menfuris quoque ac ponderibus, crebrò Græcis nominibus utendum eft, interpre tationem eorum femel in hoc loco ponemus. Drachma Attica (fere enim Atticâ obfervatione Medici utuntur) denarii argentei habet pondus. Eademque fex obolos pondere efficit. Obolus X. chalcos. Mna quam noftri minam vocant, pendet drachmas Atticas centum. Je pourrois obferver que Pline eft également dans l'erreur lorfqu'il croit qu'il y a égalité entre le denier Romain de fon temps & la drachme Attique car le denier du temps de Pline étoit à la taille de quatre-vingt-seize à la livre Romaine; mais il me fuffit de trouver dans cet Auteur que la drachme Attique étoit de fix oboles Attiques. Le témoignage de Celfe par rapport à l'obole, fixieme partie de la drachme, n'eft pas moins précis & formel: voici fes paroles (lib. V, cap. 17.): Sed & antea fciri volo in unciâ pondus feptem denariorum effe: unius deindè denarii pondus dividi à me in fex parid eft, fex fextantes, ut idem in uncia denarii habeam, quod Græci in eo quod obolum appellant, id ad noftra pondera relatum, paulò plus dimidii fcripuli facit. Ainfi la drachme Attique étoit divifée en fix oboles chez les Grecs, de la même maniere que Celfe divife le denier de quatre-vingt-quatre à la livre, en fix fextans; mais l'obole Attique valoit plus de la moitié du fcripule; car le fcripule Romain ne valoit qu'une obole Attique & neuf fei ziemes.

tes,

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