πλινθος Ce mot grec plinthe fignifie proprement une tuile; mais en terme d'Architecte, le plinthe eft un folide quarré qui entre dans la compofition des colonnes des cinq ordres. Пwéia exprime un bataillon quarré; on ne peut donc pas douter que πλίνθιον, qui eft un diminutif de Twos, ne fignifie un petit folide prifmatique, ayant fes faces latérales rectangulaires, & que une foit une lame prise dans un tel folide, c'eft-à-dire, un parallelipipode, ayant ici fix paleftes de longueur, trois de largeur & un d'épaiffeur, ce qui fait dix-huit paleftes cubiques. Evaluons cette folidité en pouces du pied de Roi fur le palme du pied pythique, qui eft celui de Delphes; je la trouve de 214 pouces cubiques & un peu moins d'un dixieme. Suppofant à préfent que ces demi-plinthes étoient les uns d'or pur, & les autres également d'argent pur, les premiers donneront la valeur du talent de 56.60 livres poids de marc, ́enforte que la grande mine Afiatique qui en fera déduite, fe trouvera de 18.110 onces de Paris. Les plinthes d'or blanc fuppofés de l'argent pur, ne donneroient pour le talent que 47.93 livres. C'est trop peu, & l'on en doit inférer que ce que l'Hiftorien appelle de T'or blanc, eft ici un alliage d'environ un quart d'or fur trois quarts d'argent; car alors le talent qui en feroit déduit, vaudroit cinquante fept livres poids de marc. Chacun des plinthes d'or vaudroit au moins 180000 liv., & chaque plinthe de l'alliage 540co liv., en fuppofant décuple la proportion de l'or & de l'argent, comme elle l'étoit chez les Anciens; enforte que les 117 demi-plinthes feroient de notre monnoie 6822000 liv. Le fecond moyen que nous employons pour déterminer le rapport de la mine Afiatique aux poids de Paris, eft le poids de ce que l'hémine Afiatique pouvoit contenir d'eau pure. Nous avons dit en parlant de ce vafe qu'il avoit été imaginé pour fervir d'éta1on à la petite mine ou litre par fa continence en eau ; & comme il falloit deux & demie de ces petites mines pour faire la grande, nous en déduifons la grande mine de 18.234 onces de París en fuppofant que c'étoit de l'eau de pluie dont elle contenoit une livre, & de 18.398 en fuppofant qu'elle contenoit une livre d'eau de riviere. Le troisieme moyen eft de la déduire de l'amphore Romaine qui contenoit 80 livres d'huile, on la trouve de 18.269 onces de Paris. Le quatrieme moyen eft de la déduire encore de l'amphore Romaine Romaine qui contenoit douze cents livres de mercure-vierge ou vif-argent, felon Vitruve; elle eft de 18.212 onces. Le cinquieme moyen eft de la compofer des monnoies Hébraïques qui nous reftent. Edouard Bernard (de Menf. & Pond. lib. 11, pag. 128 & 129.) ayant examiné & pefé avec la plus fcrupuleufe exactitude, une once Asiatique ou double ficle d'argent revêtu de caracteres Samaritains, mais qu'il prend pour un ficle, cette piece s'eft trouvé balancer deux cents quatre-vingt-huit grains de la livre de Troy d'Angleterre, ce qui revient à trois cents cinquante & un grains de la livre, poids de marc de France. Plufieurs pieces de monnoies des Ifles Grecques voifines de l'Asie de Thase, de Ténédos, de Rhodes, &c. & des Villes de Périnthe, de Lariffée, de Meffine & de Carthage, portant toutes le caractere de la plus haute antiquité, ont été également trouvées par le même Edouard Bernard de douze pennys ou de 288 grains de la livre de Troy. Toutes ces monnoies que ce Savant prend pour des tétradrachmes étoient des octodrachmes ou diftateres. Il a pefé encore d'autres pieces également de l'Ifle de Thase, qu'il appelle tridrachmes, mais qui étoient des hexadrachmes; elles contenoient le poids de neuf pennys de la livre de Troy. Un hexadrachme de Mithridate Eupator pefoit auffi environ neuf pennys. Un didrachme d'Alcibiade que l'Auteur appelle drachme contenoit trois pennys du poids de Troy. La mine Afiatique déduite du poids de ces monnoies, favoir, de trente onces d'argent, de quarante hexadrachmes & de cent vingt didrachmes, fera de 18.284 onces de la livre de Paris. Le fixieme moyen de rétablir la grande mine Afiatique & Egyptienne eft de la compofer de cent vingt-cinq drachmes Attiques. Eifenfchmid (de Pond. & Menf. pag. 42.) affure avoir trouvé le poids de 333 grains de la livre de Paris à un tétradrachme trèsancien & très-bien confervé qu'il avoit en fa poffeffion. Ce tétradrachme étoit caractérisé par une Pallas cafquée du côté de l'effigie, & par une chouette au revers accompagnée d'un rameau d'olivier & de cette épigraphe A9E. Le même Eisenschmid en a pefé plufieurs autres qui fe font trouvés plus foibles de quelques grains, mais auffi qui étoient vifiblement endommagés. Le P. Merfenne (de Mens. & Pond. p. 26.) a examiné des tétradrachmes Attiques de 310 grains, c'eft trop peu. Edouard Bernard a trouvé aux drachmes Attiques les plus entieres, fans l'être parfaitement, O o à ce qu'il paroît, le poids de 67 grains de la livre de Troy de Londres, ce qui revient à 81 grains de Paris. Prenant donc le quart du tétradrachme d'Eifenfchmid, de 333 grains, nous en déduirons la drachme de 83 grains, & 125 de ces drachmes rendent pour la mine Afiatique 18.067 onces de Paris. Le feptieme moyen d'évaluer la mine Asiatique eft de la compofer de 140 deniers de Papyrius, tels qu'ils avoient cours avant Augufte & fous fon empire. Edouard Bernard (page 105.) a examiné & pefé plusieurs deniers de ce temps-là, ils contiennent deux pennys & treize grains, c'eft-à-dire, ajoute-t-il, 61 ou 61, ou même 62 grains de la livre de Troy, ce qui revient à 74}, 75,75 grains de la livre, poids de marc de France. Or 140 de ces deniers font 18.220 onces de Paris, ou même 18.368, en suppofant qu'Edouard Bernard ait véritablement trouvé 62 grains de Troy au denier; mais il me femble qu'il ne le dit que par conjecture. Le huitieme moyen eft de la compofer de 160 deniers de ceux qui avoient cours fous l'Empire de Néron & dans la suite. Eisenschmid ayant pefé un grand nombre de deniers frappés dans tout l'intervalle des regnes de Néron & de Septime Sévere, les a trouvés tous également du poids de 65 grains de la livre de Paris. Edouard Bernard en a auffi trouvé du poids de 53 grains de Troy qui ne vaudroient que 64 grains de Paris. La mine Afiatique compofée de 160 de ces deniers vaudra 18.056 onces de Paris. Le neuvieme moyen eft conjectural; j'ai penfé que le kération ou la filique de Anciens étoit ce qu'on appelle en France pois chiche, en conféquence j'ai examiné cette femence & j'ai trouvé que 2880 pois chiches valoient le poids de 18.300 onces de Paris. Pour dixieme moyen j'ai tenté de compofer l'ancienne mine Afiatique de 160 des aureus, du poids chacun de trois fcripules dont nous parlerons dans la fuite; mais ils font trop foibles & la mine qui en feroit déduite ne vaudroit que 17.778 onces de Paris. que Enfin pour onzieme moyen j'ai examiné le poids des grains de bled dont la mine contenoit 11520, comme nous le verrons dans la fuite; mais nous avons prouvé ci-devant le bled d'Egypte & d'Afie avoit plus de poids que celui de France, auffi le nombre mentionné de grains de bled ne m'a-t-il produit que 17.200 onces de Paris; je ne doute ne doute pourtant pas que fi l'on choififfoit les grains, ce que je n'ai pas fait, on ne trouvât plus de dix-huit onces. La mine Afiatique eft encore évaluée à 1440 femences de Lupins par tous les Anciens; j'en ai pefé que j'ai pris chez deux Grénetiers différens, les uns m'ont donné un poids trop fort & les autres un poids trop poids trop foible. Raffemblons ici fous les yeux du Lecteur toutes les évaluations précédentes de la grande mine Asiatique. Manéh déduite des plinthes d'or pur de Créfus 18.110 onces. 18.067 $18.220 18.368 18.056 18.300 18.264, Ou Manéh déduite de l'hémine Afiatique d'eau de pluie 18.234 La grande mine Asiatique vaut. La mine ou livre Romaine 10520 grains 18 onces. 8416 14 18 23 10 24 7 1/1/0 C'est ici le point démonftratif de la vérité de tout ce qui a été dit précédemment. Les mefures linéaires étalonnées dans la nature & immatriculées fur les proportions du corps humain, devoient rendre les mesures de capacité; celles-ci devoient reproduire les poids, & les poids les monnoies: or il exifte encore aujourd'hui des anciennes monnoies, tant de celles des Hébreux que de celles des Grecs & des Romains; elles fe rapportent aux poids déduits des mefures auffi parfaitement que puiffe l'exiger dans cette matiere le Géométre le plus fourcilleux; d'où l'on doit conclurre que les anciennes mesures font rétablies dans toute leur intégrité. Ét telle eft la démonftration du grand problême qu'on fe propofoit de réfoudre. Ce n'eft pas fans beaucoup de peine que j'ai pu pénétrer au travers des ronces & des épines qu'offre aujourd'hui le Théâtre de l'ancien monde; en cherchant dans les ruines de ce grand édifice écroulé je crois avoir recouvré quelques morceaux précieux échappés à la rouille & aux injures du temps. Avec plus de loifir, de conftance & de travail, les fentiers difficiles s'applaniroient peu |