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ici d'un prêt qu'on ne fauroit faire fans s'incommoder, ou fans en fouffrir quelque dommage, & qui d'ailleurs feroit fait à quelqu'un en état de rembourfer le principal, & de dédommager le prêteur de la perte qu'il a faite à raison de ce qu'il a prêté. La Loi ne paroît pas comprendre ce cas particulier; elle ne parle même que de l'indigent dans l'endroit que voici: Si vous prêtez de l'argent à mon peuple qui fe trouve dans la néceffité parmi vous, vous ne le contraindrez point cruellement à vous payer ce qu'il vous doit ; vous ne l'opprimerez point par des ufures. Si vous avez reçu de votre prochain fon habit pour gage, vous le lui rendrez avant le coucher du foleil; car c'eft le feul qu'il ait pour fe couvrir, & il n'en a pas d'autre fur quoi il puiffe fe repofer pendant fon fommeil : s'il m'adreffe fes plaintes, je l'entendrai, parce que je fuis porté à la compaffion (Exod. XXII, & Deuter. XXIII.).

Avant la promulgation de ces Loix, Dieu avoit établi l'année Sabbatique & l'année Jubilaire, comme il fuit. Dieu adreffa la parole à Moife fur le mont Sinaï, en difant ( Levit. XXV.): Parlez aux enfans d'Ifrael, & dites-leur: Lorfque vous ferez entrés dans la terre que je vous donnerai, vous célébrerez le fabbat du Seigneur. Six ans de fuite vous enfemençerez vos terres, & taillerez vos vignes, & vous en recueillerez les fruits. Mais la feptieme année fera celle du fabbat de la terre, l'année du repos du Seigneur : vous n'enfemencerez point vos terres, & ne taillerez point vos vignes; vous ne récolterez point ce que la terre aura produit d'elle-même; vous ne recueillerez point vos raisins pour les vendanger, mais vous vous en nourrirez, vous, vos efclaves, les étrangers qui habitent parmi vous, vos bêtes de fervice & vos troupeaux. Vous compterez auffi fept femaines d'années, c'est-à-dire, fept fois fept, qui font quarante-neuf ans. Vous fonnerez de la trompette le dixieme du feptieme mois : ce fera un temps de propitiation dans toute votre terre. Vous fanctifierez la cinquantieme année, & vous l'appellerez un temps de rémiffion des dettes pour tous les habitans de votre pays; car c'eft l'année du Jubilé (Buccina). L'homme retournera dans fa poffellion, & chacun reviendra à fa famille, parce que c'est le Jubilé & la cinquantieme année, &c.

Dieu défend encore (Deut, XIX, 14.) de jamais déplacer les bornes qui auront été établies par les Anciens; il défend également

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(Deut. XV, 4.) que l'on fouffre que perfonne foit dans l'indigence, ni qu'aucun foit réduit à la cruelle & humiliante néceffité de mendier.

Après la distribution des terres au peuple, on procéda (Berruyer, lib. XI, p. 124.) aux choix des Villes qu'on devoit attribuer à la tribu de Lévi, qui n'étoit point entrée en partage des terres mais à laquelle il falloit fournir des logemens avec quelque étendue de terrein pour la nourriture de fes troupeaux.

La famille de Lévi étoit féparée en trois branches, felon le nombre des trois fils du Patriarche fon chef, nommés Gerfon > Caath & Mérari. La branche de Caath, dont étoient Aaron & Moife, eut le premier rang dans les familles Lévitiques, quoiqu'elle ne defcendit pas de l'aîné. Mais dans la branche même de Caath, la famille d'Aaron, qui feule pouvoit donner des Prêtres, forma la principale portion de la tribu de Lévi, & elle fut toujours infiniment élevée au-dessus des autres familles Lévitiques; par la prérogative de fon incommunicable facerdoce. Elle fit donc un rang à part, & pour la diftinguer on partagea en quatre classes la tribu de Lévi. La premiere portion contenoit les feuls Prêtres enfans d'Aaron, fils d'Amram & petit-fils de Caath; la feconde renfermoit les autres enfans de Caath, qui n'étoient que fimples Lévites; la troisieme & la quatrieme étoient compofées des Lévites enfans de Gerfon & de Mérari. Cette diftribution ainfi arrêtée, on partagea auffi en quatre les douze tribus, defquelles on fépara un certain nombre de Villes, felon que les tribus en poffédoient plus ou moins dans leur partage, jufqu'à la concurrence de quarante-huit, destinées à la tribu de Lévi; treize pour les Prêtres, & trente-cinq pour les Lévites. On tira d'abord les Prêtres enfans d'Aaron, & le fort leur affigna treize Villes avec leurs fauxbourgs, ou deux mille coudées de terrein aux environs des Villes, dans les tribus de Juda, de Siméon & de Benjamin. On tira enfuite les Lévites de la famille de Caath, auxquels le fort fit tomber dix Places avec leurs fauxbourgs, quatre dans la tribu d'Ephraïm, quatre dans celle de Dan, & deux dans la demi-tribu de Manaffé. Les Lévites enfans de Gerfon eurent treize Villes dans leur tage, deux à l'orient du Jourdain, dans la premiere demi-tribu de Manaffé, & onze à l'occident du fleuve; favoir, quatre dans la tribu d'Iffachar, quatre dans celle d'Afer, & trois dans celle de Nephthali. Il refta aux Lévites enfans de Mérari douze Villes pour

par

leur habitation, quatre dans la tribu de Zabulon, & huit dans les tribus de Ruben & de Gad, de l'autre côté du Jourdain. Voici le texte qui regle la quantité de terrein que pourront pofféder les Lévites :

Hæc quoque locutus eft Dominus ad Moyfen in campeftribus Moab Super Jordanem contra Jericho. Præcipe filiis Ifrael ut dent Leviis de poffeffionibus fuis urbes ad habitandum, & fuburbana earum per circuitum ut ipfi in oppidis maneant, & fuburbana fint pecoribus ac jumentis: quæ à muris civitatum forinfecùs per circuitum, mille paffuum fpatio tendentur. Contra orientem duo millia erunt cubiti, & contra meridiem fimiliter erunt duo millia: ad mare, quoque, quod refpicit ad occidentem, eadem menfura erit, & feptentrionalis plaga æquali termino finietur, eruntque urbes in medio, & foris fuburbana (Num. XXXV.).

Pour mesurer & évaluer l'étendue de ce terrein accordé aux Lévites, il faut connoître deux chofes : 1°. l'efpece de coudée qui en affigne les dimensions; 2°. la forme & l'étendue du plan de chaque Ville Lévitique, dont dépend l'étendue de la banlieue, fuivant la Loi ci-deffus.

le texte

A l'égard de la coudée, son espece eft caractérisée par même de la Loi, qui égale deux mille coudées à mille pas, ou mille bêmes aploun; il s'agit donc du pygon ou de la coudée commune, égale à 12.84 pouces du pied de Roi.

Quant à l'étendue des Villes Lévitiques, on peut l'évaluer fur le nombre des habitans qu'elles devoient contenir. Le nombre des Lévites depuis l'âge d'un mois, fe montoit à 23000 fous Moïfe, & à 22000 fous Jofué. Ajoutant les femmes, on trouvera 46000 ames fous Moife, & 44000 fous Jofué : fuppofant 48000 ames, c'en étoit mille pour la population de chaque Ville Lévitique. En accordant que cette population ait été doublée dans la suite comme le fut la population des autres tribus, la population de chaque Ville Lévitique n'a pu être que de deux mille habitans; & d'ailleurs, fi elle a été plus grande, il n'en résultera rien pour le calcul que nous voulons faire, parce qu'il n'a pas été poffible que la Nation ait augmenté le domaine Lévitique à raison de ce que cette tribu fe multiplioit, parce que la population croiffoit également dans les autres tribus, & que d'ailleurs il étoit expreffément défendu par la Loi de déplacer les bornes qui avoient été mifes par les Anciens. Pour la forme de chaque Ville, le texte

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femble indiquer que fon enceinte devoit être circulaire, quæ à muris civitatum forinfecùs per circuitum, mille paffuum fpatio tendentur; mais pour ne nous point tromper en donnant trop peu d'étendue à la bande extérieure de terrein qui doit fervir de banlieue & de territoire, fuppofons que le plan de la Ville eft quarré, & que la bande territoriale qui l'environne fert à compléter un quarré plus grand.

Ces points éclaircis, je compare l'aire de chaque Ville Lévitique à l'aire de Paris, & je compte dans cette Ville 589000 habitans. Or l'aire de Paris avec fes fauxbourgs eft de 6188 arpens; donc, à proportion de la population, l'aire de chaque Ville Lévitique n'aura été que d'un peu plus de 21 arpens, qui font un quarré de 168 toifes en tout fens. Les terres des Lévites s'étendoient à l'entour à la distance des murs de mille bêmes aploun, ou de 2000 pygons, qui font 357 toises environ : par conféquent la bande de terre en quarré qui environnoit la Ville valoit arpens. Les Prêtres poffédoient treize Villes; donc ils jouiffoient de 7241 arpens; & les Lévites, qui en avoient trente-cinq, jouif foient de 19495 arpens.

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L'étendue de la Terre-fainte, fur l'Orbis Romanus de M. d'Anville, contiendroit environ fix millions d'arpens. Je fuppofe avec M. Templemann qu'elle n'en contenoit qu'un peu plus de cinq millions; & je trouve que fur ce pied les Prêtres Juifs poffédoient en terres la 706 partie de toutes celles de l'Etat ; & les simples Lévites, la 262 partie.

On objectera peut-être que les Villes chez les Juifs n'étoient pas élevées, & les maisons compofées de plufieurs étages, comme elles le font à Paris; mais outre qu'il ne s'agiroit ici que d'une conjecture, je réponds que dans l'étendue de Paris je renfermet beaucoup de terrein employé en jardins, en potagers, en places, le baffin de la Riviere, les Quais, les Eglifes, les Palais, &c. qui ne se trouvoient pas dans les Villes Lévitiques: d'ailleurs nous nous logeons plus fpacieufement que ne faifoient les Ifraëlites, & que ne font encore aujourd'hui les peuples d'Orient,

Le Prophete Ezechiel (cap. XLV & XLVIII.) de la part de Dieu rappelle aux Ifraëlites, lorfqu'ils vont être rétablis dans l'héritage de leurs peres au retour de la captivité de Babylone, les Loix concernant le domaine du Prince ou du Roi, celui des Prê txes, & celui des Lévites. Il commence par divifer toute la TerreBbbb

fainte en treize parties. Ces portions font autant de lifieres ou bandes paralleles entr'elles & à l'Equateur, qui traverfent d'occident en orient tout le pays depuis la mer Méditerranée jusqu'aux déferts de l'Arabie du côté de l'Euphrate & du golfe Perfique. Douze de ces divifions font pour les douze tribus qui devoient avoir part aux terres, & la treizieme doit renfermer le domaine du Roi, celui des Prêtres, & celui des Lévites. Ces parts font affignées, dans l'ordre qui fuit, à chacune des tribus, en partant du nord fur les frontieres de la Syrie pour defcendre vers le midi jufqu'aux frontieres de l'Arabie; favoir, Dan, Afer, Nephthali, Manaffé, Ephraïm, Ruben, Juda; enfuite les Prémices, c'est-àdire, le domaine du Roi, des Prêtres & des Lévites; puis Benjamin, Siméon, Iffachar, Zabulon & Gad.

La Zone deftinée pour le domaine du Roi & de la tribu de Lévi, eft réglée à vingt-cinq mille coudées de largeur; & comme il paroît qu'elle devoit avoir une de fes extrêmités appuyée fur la mer entre Joppé & Accaron pour paffer par le nord du lac Afphaltite, & traverser tout le midi de la Pérée, on peut lui donner trente lieues, de 25 au degré, de longueur. Du milieu de cette Zone, le Prophete retranche un terrein quarré de vingt-cinq mille coudées fur chaque côté & en tout fens. Ce quarré contient la part des Prêtres, celle des Lévites, avec l'emplacement d'une Ville, fes fauxbourgs, fon territoire, fes jardins & fes vergers. Le furplus de la Zone, après la fouftraction de ce quarré, eft le domaine du Roi. Le terrein des Prêtres eft un rectangle ou quarré long, ayant vingt-cinq mille coudées de longueur fur dix mille de largeur. Le terrein des Lévites eft de même forme & de même grandeur. Celui de la Ville & de fes dépendances eft un rectangle de vingt-cinq mille coudées de long fur cinq mille de large. La Ville doit être au milieu de ce dernier rectangle, & fon aire fera un quarré de quatre mille cinq cents coudées fur chaque côté fans comprendre fes fauxbourgs; ce qui fait un périmetre de dixhuit mille coudées, valant trente-fept ftades nautiques & demi. La nouvelle Ville avec fes fauxbourgs doit être également un quarré de cinq mille coudées fur chaque côté, & de vingt mille de circuit, faifant quarante-un ftades nautiques & deux tiers.

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J'ai déja dit que la coudée dont il s'agit dans tous ces mefurages eft la coudée commune ou le pygon, qui avoit un palme de moins que la coudée lithique ou coudée vraie & de mesure natų

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